mercredi 24 octobre 2012

Fermeture de la boucle dans l'Atlas


Mercredi 24,  ( 7h, +225m, -355m, max 1720m)

Nous démarrons vers 8h après un déjeuner rapide. Nous commençons par traverser des champs trempés par la pluie, mais qui doivent souvent être humides car les joncs y poussent abondement. Nous atteignons les gorges d’Agouti, canyon très étroit et très encaissé qui serpente à travers les contreforts rocheux. Le paysage est magnifique, les strates des couches sédimentaires sont soit horizontales, soit verticales faisant de véritables murs que l’érosion à parfois réussi à traverser. Les parois sont abruptes et leur couleur ocre fait penser aux canyons du grand ouest américain. C’est grandiose ! Servant là aussi de route de liaison entre les villages, nous croisons de nombreux indigènes soit à pied, soit à dos d’âne ou de mulet. Nous traversons à plusieurs reprises le cours de l’oued car zigzagant entre les parois verticales du canyon, notre chemin est souvent barré par le cours d’eau. Peu avant la sortie du canyon, nous grimpons sur la paroi d’un canal d’irrigation qui suit le bas de la paroi rocheuse. 

A la sortie du canyon, nous passons à proximité d’un campement berbère pour touristes. Dans le village suivant, Ali nous montre le mode de fabrication des murs en pisé, par coffrage. Le chemin emprunte ensuite un ressaut du terrain qui surplombe la vallée, nous donnant une vue splendide sur les jardins et kasbahs du fond de la vallée. Vers 11H30, nous descendons au bord de l’oued pour retrouver Ahmed et Amou au pied d’une falaise creusée d’habitations troglodytes remontant à trois ou quatre siècles. L’érosion ayant fait tomber une partie de la falaise, les habitations sont en partie détruites. Le repas est du même type que les jours précédents : des pâtes et des légumes crus variés. C’est frais et toujours aussi bon. Nous terminons par des tranches d’orange saupoudrées de cannelle. Pendant la sieste qui suit, nous apercevons des gamins du village qui escaladent pieds nus la falaise et grimpent dans les habitations troglodytes. Pierre traverse l’oued et tente de grimper. Malgré les conseils d’un gamin, il n’y arrive pas, renonce et reviens accompagné de ce dernier et suivi des autres. Odile leur distribue des bonbons et une gamine se laisse photographier à côté d’elle. Elle lui donne ensuite une poignée de bonbons.
Nous levons le camp et partons en direction de la kasbah au bord de l’oued derrière notre campement. Là nous bifurquons et suivons tout un dédale de sentiers et de canaux d’irrigation au milieu des jardins du fond de la vallée. Les jardins sont luxuriants, il y a beaucoup d’arbres fruitiers. Des cognassiers couverts de beaux fruits qui serviront pour les tajines, des figuiers, des pêchers, des amandiers, des pommiers, des noyers font de l’ombre aux cultures maraîchères : navets, courgettes, tomates, poivrons, aubergines, pommes de terre, etc… Les vignes alternent avec les champs de maïs et les champs de luzerne. Celle-ci sert aussi bien de fourrage pour les bêtes qu’aux hommes pour le tajine. Mélangée au couscous, la luzerne est énergétique et apporte de la chaleur en hiver. Les jardins sont séparés par des haies de rosiers dont l’essence sera tirée par distillation des fleurs, d’où le nom de Vallée des Roses. En remontant le coteau, nous rejoignons une piste qui conduit à l’entrée du canyon donnant accès à Boutaghrar. Nous croisons plusieurs mini-bus surchargés de monde et de matériel. Des groupes de jeunes gens s’accrochent ou sont juchés sur les galeries déjà bien chargées d’énormes colis. Ils reviennent des souks de la ville où ils ont fait le plein en vue de la fête de l’Aïd. 

A l’entrée du canyon, la piste traverse la rivière pour rejoindre la route sur le coteau d’en-face. Pour notre part, nous continuons sur le même versant en suivant un canal d’irrigation qui nous fait passer le goulet. Nous redescendons dans le fond de la vallée et traversons l’oued à l’entrée de Boutaghrar. Fatiguée, Elisabeth nous quitte et rejoint l’hôtel pendant que nous montons un petit vallon qui nous conduit sur le plateau dominant le village. Dans les derniers mètres de la montée, nous enfilons nos ponchos car il se met à pleuvoir. Cela ne dure pas longtemps mais suffisamment pour bien mouiller. La vue sur les vallées confluentes est splendide et sympathique car nous sommes juste au bord d’une falaise qui surplombe le village. Nous redescendons par un éboulis et rejoignons l’hôtel. C’est avec plaisir que nous découvrons de belles chambres avec deux ou quatre lits, douches et wc. Cela fait du bien après les gîtes plus que rustiques de la randonnée. Nous apprécions la douche chaude et après un bon verre de thé sous une tente touareg sur la terrasse, nous faisons nos lessives.
A 18h30, nous rejoignons la salle commune pour dîner d’un bon couscous et prendre congé de nos trois sympathiques muletiers. Amou nous accompagne dans le désert. Puis, en buvant une verveine, Elisabeth nous apprend un jeu de dés, le 5000, ce qui est l’occasion d’une bonne partie de rigolade avant de rejoindre nos chambres pour une bonne nuit de repos.

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