samedi 26 juin 2010

De Palavas à Arles

Bien reposé, je repars le mercredi en suivant le canal du Rhône à Sête. Le chemin est tout droit, un peu monotone, mais j'ai la chance de voir quelques pélicans entre Palavas et Carnon. J'arrive vers 16h45 à Gallargue le Monteux. Un couple de pèlerins est déjà arrivé. Nous sommes chaleureusement accueillis par Isabelle, une femme pétillante, pleine de vie et battante. Nous allons dîner tous ensemble dans un petit restaurant. Le gîte est installé dans l'ancienne école maternelle.
Le lendemain, je reprends le chemin, mais comme souvent, je ne suis pas toujours le GR et coupe au plus court quand c'est possible. Je traverse une région couverte de vignes et de vergers. Sous quelques abricotiers je récupère de beaux abricots bien mûrs gorgés de jus et de soleil. Je dois un peu les disputer aux fourmis, mais je me régale. J'arrive ainsi à St Gilles, à la "Pause du Pèlerin" qui m'a été chaudement recommandée par Isabelle. Jacky m'y accueille très gentiment et me donne une confortable petite chambre avec douche face à la basilique. Après la douche et la lessive, je pars faire un tour dans ce joli village médiéval en commençant par la basilique car elle ferme à 18h. A la fin de ma visite, ils ferment, mais plusieurs personnes se dirigent vers la crypte: j'apprends qu'il va y avoir une messe. J'en profite et je reste. La basilique est très belle, sa façade magnifique et la crypte est immense.
Au repas du soir, nous sommes huit, Jacky, deux canadiennes pèlerines, deux hospitaliers belges et leur fils handicapé par la sclérose en plaque, et une autre hospitalière de Nîmes. Le repas est très détendu et sympathique.
Après une bonne nuit, je repars tranquillement car aujourd'hui, je n'ai qu'une petite étape d'une vingtaine de kilomètres. Je suis le chemin qui longe la route à travers les rizières. Je découvre un peu le travail des paysans avec des tracteurs aux roues métalliques ressemblant à des lames de scies circulaires. Arrivant vers 13h à Arles, je m'arrête dans un petit restaurant sandwicherie "autrement". Je prends un sandwich à la tapenade, salade, tomates, jambon et une salade de pâtes, puis un dessert au fromage blanc. M'asseyant à la table de Pascal, nous bavardons un moment. Il m'avait dit en arrivant que c'était une bonne adresse. Je me suis régalé. Au moment de repartir, comme je cherchais un cybercafé pour imprimer un document, il m'invite gentiment à aller chez lui, à deux pas, pour le faire. Après l'avoir quitté, je me dirige vers l'office du tourisme pour me mettre en quête d'un hébergement. Je passe à la poste pour expédier un document, puis je m'installe dans le parc en face afin de passer quelques coups de téléphone. Marie-Claude mon ancienne secrétaire a essayé de me joindre plusieurs fois. Je l'appelle et je l'ai un bon moment au téléphone ainsi que Martial le chef d'atelier. Ils me racontent leurs déboires, comment cela se passe à l'entreprise. C'est la catastrophe! Il y a un peu de reprise d'activité, mais il va y avoir deux licenciements: Marie-Claude et un métallier qui a été embauché au début de l'année. L'ambiance est épouvantable. Les nouveaux patrons ne sont pas à la hauteur et font de nombreuses erreurs de management. Je suis vraiment désolé que cela se passe ainsi.
Après cet échange qui dure un bon moment, je recherche un logement pour la nuit. C'est Annie, dans la vieille ville qui m'accueille. Il y a déjà deux autres pèlerins, Rémi et Sylvie, deux canadiens du Québec. Nous dînons tous ensemble, Annie nous a préparé un excellent repas avec des spécialités de la région et les discussions sont très sympathiques. Nous échangeons nos adresses au cas où. Me voilà avec de nouveaux contacts au Canada. Je sens que je vais y aller l'an prochain!
Comme j'ai un peu d'avance sur mon calendrier, je décide de rester un jour ici afin de visiter la ville et de recadrer mon planning.

dimanche 20 juin 2010

En route vers Montpellier

Après un très bon week-end passé avec mon frère Bernard et Dany son épouse, je reprends le chemin lundi 14 juin au matin. Le temps est couvert et bruineux. Dany m'accompagne jusqu'au bout de leur chemin puis je suis la route jusqu'à Avignonnet de Lauragais. Comme il n'y a aucun commerce là ni par la suite, j'achète un casse-croûte à la boulangerie. En coupant le chemin le long de la Rigole, je constate que le chemin est très boueux. Je reste donc sur les petites routes. A midi, je mange mon casse-croûte dans un abri bus, seul abri rencontré sur le chemin. Il pleut sans cesse. J'arrive à Revel vers 14h15 et j'appelle Cécile, une nièce, qui est vétérinaire dans ce village, mais je tombe sur son répondeur. Je continue donc en direction de l'abbaye d'En Calcat. Revel a été inondée la veille et l'on en voit les traces un peu partout dans la ville basse. Il y a eu jusqu'à un mètre d'eau par endroit. Je continue ma route, la pluie est de plus en plus dense et j'arrive trempé à l'abbaye. Cela ne m'a pas empêché, peu avant l'arrivée, de cueillir des cerises sur des cerisiers qui bordent la route. Elles étaient délicieuses. Mouillé pour mouillé, je me suis régalé. Je suis accueilli "gentiment" par un frère, mais un peu froid: comme je n'avais pas réservé, il m'installe dans le local d'accueil où il y a déjà deux routards d'installés. L'un des deux, ayant subi une expulsion et vivant "la route" par force, il est un peu privilégié par les moines et mange avec eux. Moi, pélerin, je reste avec le deuxième routard. Il est gentil, pas mauvais bougre, mais je ne comprends pas tout ce qu'il me dit car il mange tous ses mots. Il fait la route depuis 20ans à travers toute la France. Il me fait des commentaires sur les accueils des divers gîtes d'accueil en France. Il pourrait faire un guide du "routard" des accueils en France. Il pratique beaucoup les abbayes et monastères. Après le repas, ayant appris par hasard que je suis allergique à la fumée de cigarette, le frère m'installe dans une chambre à l'hôtellerie. L'accueil change! Je suis maintenant mieux accueilli. Après les complies, superbes, chantées par une cinquantaine de moines, je monte me coucher.
Le lendemain, je pars sous un ciel couvert et menaçant, mais je n'aurai pas de pluie de la journée. Je passe à Castres où je prends un menu dans un restaurant rapide, puis j'attaque la Montagne Noire. C'est beau et sauvage, cela fait penser au Morvan ou aux Vosges. Arrivant vers 17h à Boissezon, j'attends un peu Muriel qui vient m'ouvrir le gîte. Nous bavardons un moment sur le village perdu au creux de la vallée très encaissée. Il n'y a que 200 habitants, pas d'économie locale, mais les habitants se battent pour maintenir la vie et une vie de village. Tous font plusieurs choses dans ce but. L'épicière ouvre son magasin de 18 à 19h après avoir fermé la crêche qu'elle tient. Le gîte est beau, propre, bien aménagé.
Il pleut toute la nuit et au matin, je pars sous un ciel très bas et une pluie continue. Au fur et à mesure que je monte dans la montagne, je m'enfonce dans les nuages. La forêt est noire, la Montagne Noire porte bien sont nom. C'est beau et sauvage. Comme il pleut sans cesse et que mes chaussures qui ont près de 2000km ne sont plus étanches, j'ai rapidement les pieds trempés. A un moment, dans la brume j'aperçois une biche qui broute des feuilles d'arbre. Avec la pluie dans les feuillages, elle ne m'a pas entendu. Je peux ainsi m'approcher sans bruit jusqu'à moins de 50m. Elle me voit et se sauve. Dans la brume, c'était féérique. Avec mon GPS, je modifie mon itinéraire et prends des petites routes pour couper au court et aller au plus vite. Dans l'après-midi, le temps s'améliore peu à peu. J'appelle l'office du tourisme de Salvetat pour bénéficier du gîte municipal. Malheureusement l'OT est fermé exceptionnellement ce jour-là! Comme je ne sais pas si je trouverai les clés du gîte et que juste avant Salvetat il y a une auberge qui fait l'accueil des pélerins, je m'y arrête.
Le lendemain 17 juin, je pars de bonne heure par beau temps. Je traverse Salvetat, joli petit village perché sur un promontoire au-dessus de l'Agout. La région est très belle, très accidentée et boisée, sauvage. C'est magnifique. Le chemin d'Arles est très beau mais plus difficile que celui du Puy car plus accidenté. Grâce à mon GPS, je ne suis pas toujours le GR, je coupe à travers bois et rejoint Villelongue, un petit village au bord du lac de Lauzas. Je longe ce lac encaissé. C'est très beau. A Candoubre, je bifurque et monte sur le plateau, évitant Murat sur Vèbre et tous les zigzags qui suivent. Je passe au pied de plusieurs éoliennes et rejoint le chemin vers Ginestet. Ce raccourci me fait gagner près de 4 ou 5km! La redescente dans la vallée de la Mare est belle et j'arrive à Castanet le Haut, un joli petit village blotti en fond de vallon. En suivant le tracé d'une ancienne voie ferrée puis la route, j'arrive à St Gervais sur Mare chez Mr Bras où sont déjà trois autres pélerins. Après une soirée sympathique, j'apprécie le lit après cette longue journée en montagne (48km!).
Comme je veux arriver rapidement à Montpellier afin de passer deux jours avec ma soeur Odile avant qu'elle ne s'absente, je prends des raccourcis. Entre St Gervais et Lodève, mon tracé me fait gagner 15km tout en passant par des coins magnifiques, de jolis villages fortifiés et des montagnes dominant les vallées. Aujourd'hui, la vue porte si loin que je vois la mer méditerranée. En passant sous quelques beaux cerisiers, je maraude un peu et me régale des fruits gorgés de soleil. Aujourd'hui il fait très beau et chaud. La descente sur Lodève est belle et je m'arrête au hameau de Belbezet chez des gens très sympathique, très portés sur l'écologie, le relationnel. Ils me font goûter la spiruline fraîche, c'est bon!
Le lendemain samedi, je descends sur Lodève, traverse la vieille ville en faisant un tour dans les vieux quartiers, puis m'enfile sur le chemin qui remonte sur le coteau opposé. Là je suis le chemin, je n'ai pas trop le choix car le terrain est très accidenté. Avant d'arriver à Arboras, je croise Jean-Charles et Mathilde de la Drome et qui viennent de commencer le chemin. Ils sont assez surpris par ma cadence. Nous bavardons un petit moment bien sympathique. Après Arboras, je m'enfile dans la montagne, passant par des sites avec des traces datant du néolithique. L'arrivée sur St Guilhem le Désert est saisissant: on arrive en haut du cirque de l'Infernet. La vue est magnifique, les parois abruptes. J'ai accéléré mon rythme et vais au petit trot car le temps est menaçant, le ciel orageux. La descente sur St Guilhem est très belle et j'arrive dans un joli village moyenageux aux rues étroites et bien entretenues. C'est très beau. De nombreux touristes sillonnent le village, photographiant les vieilles pierres pleines de cachet. L'abbaye étant complète, je me rend au gîte de la Tour où je suis le premier pélerin. Une Polonaise Suisse m'y rejoindra dans la soirée. Après la douche et la lessive, je vais faire un tour pour visiter le village et dîner dans un petit restaurant. Quand je reviens au gîte, la pluie s'est mise à tomber.
Le lendemain dimanche, comme je n'ai que 30km pour aller à Montpellier, je commence par aller faire un tour à l'abbatiale. Romane, bien restaurée, elle est magnifique. Comme j'arrive au moment des laudes, j'en profite et participe à l'office. Je visite ensuite le cloître avant de repartir. La messe étant à 11h00, je pars sur la route espérant trouver une messe sur mon chemin. Malheureusement, avec la désertification, je n'en trouverai aucune. Le chemin suit la vallée de l'Hérault jusqu'à St Jean de Fos avec le pont du diable, puis jusqu'à Aniane que je traverse. Le chemin s'enfonce un moment dans le bois parallèlement à la route. Quand il emprunte la route à travers bois, j'y suis depuis 5 minutes quand une voiture qui me croise klaxonne. Je me retourne, c'est un bourguignon (21)! Tiens, un pélerin qui m'aurait reconnu? Quand je m'approche, j'ai la surprise de voir mon cousin Jean-Paul au volant. Comme il est dans la région, il loge chez ma soeur Odile et lui a proposé de me récupérer à Montpellier. Il m'a laissé un message sur mon portable. Comme je ne l'ai pas allumé, je ne le savais pas. En attendant mon appel, il est venu à ma rencontre au cas où. A cinq minutes près, nous nous serions manqués car j'étais dans les bois. Il me ramène à Palavas où Odile et Jean-Louis accueillent des amis à déjeuner. Comme il y a quelques restes, Odile me prépare une belle assiette à laquelle je fais honneur. Dans l'après-midi nous allons faire un tour sur le canal assister aux joutes nautiques.
Je passe deux jours à Palavas, passant de bons moments avec ma soeur et mon beau-frère: promenade, visite de la cathédrale de Maguelone, fête de la musique à Palavas et Montpellier, théâtre.... J'en profite pour préparer les étapes suivantes.

dimanche 13 juin 2010

De Lourdes à Toulouse et Pechauriol

Après un aller et retour éclair en Franche Comté et Bourgogne pour des questions administratives, me voilà de retour vers 13h au gîte de la Ruche à Lourdes le 31 mai, jour de mon anniversaire. Avec son habituel sens de l'accueil, Jean-Louis s'inquiète tout de suite de savoir si j'ai déjeuné. Comme je lui réponds par la négative, il s'empresse de me proposer une bonne soupe et une grillade. J'avais l'intention de prendre un casse-croûte en ville en faisant quelques courses après avoir déposé mon sac au gîte. Je passe donc un moment avec lui et un autre pélerin, puis je me rends en ville. Mes emplettes faites, je vais au sanctuaire faire un tour à la grotte et assister à la messe de 18h30. Je rejoins ensuite le gîte où d'autres pélerins sont arrivés. Après le repas, pendant la procession aux flambeaux, je vais une dernière fois me recueillir à la grotte où je renouvelle mes intentions dont certaines bien particulières qui me tiennent à coeur.
Après une bonne nuit de repos, je reprends le camino en suivant le chemin de Bernadette qui passe par Bartrès où se trouve la maison de sa nourrice. Le chemin est beau et coupe collines et vallées souvent boisées. Quand le paysage est dégagé, j'ai une jolie vue sur les Pyrénées enneigées. Je teste le ressemelage de mes chaussures et les nouvelles semelles intérieures. Ce n'est pas top. Le ressemelage est un peu trop épais ce qui fait que mes pieds ont tendance à glisser vers l'avant, et il y a un léger décalage au pied droit. C'est infime, mais je le sens. Quant aux semelles intérieures, elles sont un peu trop épaisses et en fin de journée, je sens que mes doigts de pied sont coincés. A la mi-journée, je mets les nouvelles sandales pour les tester aussi. Ce n'est pas mal, mais je marche moins bien qu'avec les chaussures. J'arrive ainsi à l'abbaye de Tarasteix. Bien que n'ayant pas prévenu, je suis bien accueilli. C'est un peu la "cour des miracles". C'est une abbaye qui a été crée fin du XIX° par un juif allemand converti qui est entré dans les ordres après un miracle à Lourdes le guérissant de la cécité. Celui-ci étant décédé rapidement, avant la reconnaissance par Rome de son ordre, l'abbaye a vite été abandonnée et tombait en ruines. Il y a 35 ans, le père Mercier, père blanc vicaire puis curé de la cathédrale de Djibouti a dû rentrer en France car les autorités ne pouvaient plus assurer sa sécurité. Comme c'est un inconditionnel de la messe en latin, il n'a pas trouvé sa place en France. Cette abbaye en ruine lui a été donnée. Il s'y est installé avec ses parents et son frère, et en 35 ans, ils l'ont peu à peu remise en état, construit une nouvelle chapelle avec un clocher, un cloître, etc... L'ont rejoint quelques personnes laïques seules, un peu "paumées" qui bénéficient du gîte et du couvert en échange de travaux et services dans l'abbaye. Ils sont quatre auxquelles viennent se rajouter quatre personnes légèrement handicapées mentales confiées par l'administration. Ils vivent de l'accueil des pélerins ou visiteurs et de dons. Tout cela donne une ambiance un peu particulière et curieuse, hors du temps. Les deux pélerins qui sont arrivés en même temps que moi ont éprouvé la même impression. Je m'installe, prends ma douche et rejoins ce petit monde à la chapelle pour le chapelet avec le père qui vient d'arriver. Avec ses lunettes d'écaille rondes et cette ambiance, on se croirait en 1950. Le repas est pris en commun.
Après une bonne nuit paisible, je reprends le chemin à travers bois, crêtes et vallons verdoyants en direction de Monlezun. Comme je dois faire un aller et retour sur Paris ce week end pour la communion de ma petite fille Aude, il faut que je rejoigne Auch jeudi soir d'où je peux prendre un car puis un train. Sur le chemin auparavant, il n'y a rien. Mes étapes seront donc longues. Au passage, je découvre des artistes peignant une scène champêtre sur un château d'eau. Le tableau couvre tout le bâtiment. Le résultat devrait être assez réussi, vu l'état d'avancement. A Monlezun, je trouve refuge chez une ancienne paysanne qui accueille les pélerins chez elle depuis plus de vingt ans. Très gentille, aux petits soins pour ses hôtes, elle vient me chercher à l'église de Monlezun et m'installe dans une chambre très confortable avant de me préparer un excellent repas très copieux. Elle se désole de me voir laisser une partie des plats alors que j'ai bon appétit et que je suis repu. Très heureuse de bavarder, elle me raconte sa vie et ses déboires avec ses locataires.
Le lendemain jeudi, en passant à l'Isle de Noé, je rentre chez un cordonnier pour faire rectifier les talons de mes chaussures, j'ai attrappé une ampoule sur le côté du pied droit. Malgré son scepticisme, il fait ce que je lui demande et le résultat s'avère satisfaisant à gauche, mais à droite, il faudra que je fasse la même chose à Auch avant d'être de nouveau bien dans mes chaussures. L'étape est longue et j'ai prévenu ma nièce Marion chez qui je ferai étape que je ne devrais pas arriver avant 19h. Une dizaine de kilomètre avant Auch, fatigué, chagriné par ma chaussure droite et trouvant que 19h c'est tard, je décide de faire un peu de stop. Je suis rapidement pris par des gens très sympathiques qui me déposent vers 17h30 en centre ville à 200m de chez Marion.
Mon car étant à 12h50 le lendemain, j'ai le plaisir de passer une soirée et une matinée très sympathiques avec elle et son ami Fred. Cela me permet de mieux les connaître étant donné que lors des réunions de famille, je suis plus avec mes frères et soeurs qu'avec les jeunes. Après l'aller et retour sur Paris où j'ai le plaisir de voir tous mes enfants et les enfants de Florian, je passe une nouvelle soirée sympathique chez elle avant de repartir le lendemain matin sur les chemins.
Je suis maintenant sur le chemin d'Arles et je croise quelques rares pélerins surpris de me voir à contresens. La fréquentation est quand même assez clairsemée. La région du Gers est belle et les vallons et collines sont sympathiques à parcourir. J'arrive au gîte le Grangé vers 18h où Lilie et Andréas m'accueillent très gentiment. Il y a déjà deux autres pélerins d'Aix. Nous passons une excellente soirée autour d'un délicieux repas préparé par nos hôtes. Pour ne pas arriver trop tard, j'ai coupé la boucle de Gimont, me privant paraît-il de la découverte d'une jolie chapelle, mais cela m'a donné l'occasion de rencontrer Gérard, un retraité en recherche spirituelle, s'interrogeant sur l'existence de Dieu. Faisant demi-tour, il m'a accompagné durant une petite demie-heure, s'intéressant à mes motivations dans mon pélerinage.
La pluie est tombée drue toute la nuit et le sol est détrempé. Au matin, sur les chemins, des paquets de terre se collent sous les chaussures et au bout des bâtons. Je ne suis donc pas le GR et adapte mon itinéraire pour ne marcher pratiquement que sur des petites routes goudronnées. Je rejoins ainsi le gîte municipal de Léguevin où je suis seul.
Le lendemain jeudi je dois passer Toulouse, j'en profiterai pour aller voir la soeur de Marion, Cosette qui vient d'accoucher. Je suis le GR, mais c'est de la route et presque tout le temps des rues d'agglomération. A Pibrac, je visite la basilique de Sainte Germaine de Pibrac. La paroisse est en pleine effervescence car ce week-end c'est le pélérinage annuel de cette Sainte locale. A Colomiers, saturé par le macadam et le béton des bâtiments, je prends le bus puis le métro pour le centre de Toulouse. J'arrive ainsi vers midi chez ma nièce et passe avec elle et Elden, son mari, un moment bien agréable, découvrant ma nouvelle petite nièce, Claire, qui n'a que 5 jours et qui est très mignonne. A 15h30 je reprends le chemin en quittant Toulouse en métro puis bus jusqu'à Castanet Tolosan. Je suis ensuite le canal du midi et j'arrive au gîte de Bazeiges vers 19h. L'ami Gilbert, hospitalier pittoresque, m'accueille très chaleureusement. Trois autres pélerins et la nouvelle hospitalière sont déjà là. Nous dînons ensemble dans une ambiance très sympathique. Gilbert a fait plusieurs chemins et deux des autres pélerins aussi, nous partageons nos expériences dans une ambiance très détendue. Un gîte occupé est quand même plus sympathique que vide. Le lendemain matin, Gilbert m'accompagne un moment jusqu'au canal où nous nous séparons. lui retourne au gîte et moi je rejoins Pechauriol, une ferme où habitent mon frère Bernard et Dany son épouse, dans la commune d'Avignonnet Lauragais. La promenade le long du canal est très agréable, ombragée. J'arrive à Pechauriol vers 13h.
Je passe un très bon week end avec la famille de mon frère, avec sa fille Marion de Auch et ses deux filles de Toulouse, Cosette et Mélanie et leurs conjoints. Il m'offre aussi ma première leçon de pilotage, ce qui me confirme dans mon intention de passer le brevet pilote. Demain lundi 14, je reprends le chemin pour rejoindre Montpellier.

jeudi 27 mai 2010

Lourdes

Comme me l'a dit Jean Louis en arrivant, je suis gâté par Notre Dame: Fatima avec le Pape et Lourdes avec le Pélérinage Militaire International, ce sont vraiment deux évènements marquants.
Après avoir déposé mon sac, pris ma douche et lavé mon linge, je descends en ville visiter un peu les lieux de vie de Bernadette. Je rejoins le sanctuaire pour aller à la messe dans la basilique du rosaire. Une belle messe dans un lieu magnifique. Je rejoins ensuite la Ruche où je retrouve Jean-Louis et les autres pélerins pour dîner. Repas chaleureux et très convivial. Jean-Louis est aux petits soins pour nous. Le cadre est magnifique avec une vue privilégiée sur le sanctuaire. Nous en sommes à 5 minutes à pied! A 21h30 nous descendons pour la procession aux flambeaux. Après un petit tour à la grotte je monte me coucher.
Le lendemain samedi, je me lève à 6h car je veux aller aux piscines et Jean-Louis m'a conseillé d'y aller de bonne heure. J'y suis pour 7h30 et il y a déjà du monde. L'attente se fait tranquillement en priant ou en bavardant un peu avec mon voisin qui ressemble comme deux gouttes d'eau à un camarade militaire de Besançon.L'ouverture des piscines se fait à 8h40 et nous passons une heure après environ. Je fais ensuite un tour dans le sanctuaire puis dans la ville. A midi je vais au marché me faire un casse-croûte puis je vais à la gare pour me renseigner pour les trains de lundi pour Besançon. Une agence de voyage m'avait donné un horaire pour le matin, mais je voulais réserver. D'après la préposée, il n'y a pas de train avant lundi soir et à un prix qui me semble élevé. Je passe dans un cyber café et fais une réservation dans le train du matin, moins cher que celui du soir! Je vais ensuite au sanctuaire faire un chemin de croix et suivre la procession du Saint sacrement du pélérinage militaire. La cérémonie dans la basilique St Pie X est très belle, animée par une musique et un choeur militaire.
Après la messe à la basilique du rosaire puis le dîner au gîte, je vais à la procession aux flambeaux du pélérinage militaire qui se termine par une prestation grandiose avec projecteurs et fumées formant une voûte au-dessus de l'esplanade où une croix a été dressée. L'esplanade est couverte de monde. L'animation est belle et recueillie.
Le dimanche, réveil à 7h30, la messe internationale est à 10h dans la basilique St Pie X Quand j'y arrive, la basilique est déjà pleine et la musique emplie l'espace. La messe, présidée par l'évêque aux armées est concélébrée par de nombreux évêques, plusieurs dizaines, et de très nombreux prêtres. Bien recueillie, la messe est très belle.
Lors des différents cortèges lors des processions aux Saint Sacrement, aux flambeaux ou autres, les uniformes de parade des différentes armées mettent une touche festive qui rend très solennelle la cérémonie. Les délégations viennent du monde entier: Europe, asie, afrique, amérique du nord, Canada, amérique du sud. Les tenues sont splendides. Le vatican est représenté par un délégation de gardes suisses en grande tenue. Les Uniformes traditionnels Croates sont remarqués car ils tranchent parmi les autres.
L'aprés-midi une cérémonie de clôture sur l'esplanade termine le pélérinage militaire. Le soir, à la procession aux flambeaux il y a encore beaucoup de militaires et prier à la grotte avant minuit est difficile car il y a beaucoup de monde.
Ce soir, je ne me couche pas trop tard car demain je dois prendre le train de bonne heure pour un aller et retour sur Besançon et Dijon pour des questions administratives.

De Fatima à Lourdes

Je prends le car à 18h30 pour la gare de Fatima qui est dans un petit village à .... 25 km de Fatima. La gare est fermée mais entièrement rénovée.Le train d'Encontramento arrive 20 minutes plus tard. Là je prends un billet pour Madrid en train couchette, l'attente est de 3h. Je vais dîner dans un petit bar, puis j'attends au buffet puis à la salle d'attente. J'arrive au matin à Madrid où je prends mon billet pour Pamplune. A la descente du train de nuit, je retrouve Javier et Estrella que j'avais rencontrés à Fatima. Ils arrivent de Lisbonne. Nous faisons le trajet ensemble jusq'à Atocha et attendons ensemble. Nos échanges sont très sympathiques. Les places étant réservées pour Pamplona, nous voyageons séparément, mais nous nous retrouvons à la descente du train et échangeons adresses et photos. Le gîte Paderborn étant plein, je vais au gîte municipal près de la cathédrale, il est installé dans un beau bâtiment. Je fais connaissance d'un groupe de français qui fait le chemin à petit rythme. Comme il est tôt, j'en profite pour aller visiter la cathédrale, son cloître et son trésor. C'est magnifique.
Au matin, je reprends le sac et pars en direction de Roncevaux. Le temps est à la pluie. Pour sortir de Pamplona, je prends un bus qui m'amène au début du chemin à Huarte, le long de la rivière. Je croise plusieurs pélerins surpris de me voir à contre-sens. Quand je tombe sur des personnes peu sûres d'elles, j'en joue un peu pour mettre le doute dans leur esprit. Cela me donne l'occasion de faire quelques rencontres sympathiques. J'arrive ainsi à Roncevaux vers 16h30, trempé! Après ma douche, je donne aux hospitaliers une grosse lessive: comme cela mon linge sera propre et sec. Je fais connaissance avec Odette, Geneviève et Chantal, trois canadiennes qui arrivent de St Jean Pied de Port en taxi: la neige et le brouillard sont tels que les autorités ont interdit le passage du col à pied. Je les retrouve au dîner et nous sympathisons bien. Comme elles démarrent leur chemin, elles me demandent quelques conseils. Après le repas, je leur donne quelques informations sur les gîtes en Espagne et je leur règle leurs sacs à dos. Finalement nous échangeons adresses et invitations. Elles auraient bien aimé que je fasse demi-tour!
Le lendemain matin, le départ se fait sous la pluie, mais je ne veux pas prendre de taxi pour St Jean Pied de Port, d'une part parce que je suis tout seul, d'autre part parce qu'avec mon GPS je ne risque pas de me perdre. Je décide de tenter ma chance. Comme le sol est détrempé, qu'il y a quand même pas mal de neige paraît-il, je ne prends pas le sentier mais la route jusqu'à la chapelle au-dessus de Roncevaux. Je prends ensuite la petite route forestière. Je trouve en effet la neige à partir de 1200m. Elle est de plus en plus épaisse. Au col, il y a entre 30 et 50cm. Mais sur le versant français, très vite cela diminue et sur toute la partie jusqu'à la fontaine de Roland, soit sur trois ou quatre kilomètres, il n'y a que 10 à 15 cm de neige. D'autre part, il y a de nombreuses traces de pas. On ne risque pas de se perdre. Dans le col, il y a une ancienne chapelle transformée en refuge avec cheminée. Je m'y arrête un moment. J'y trouve deux jeunes qui font le chemin des cols. Ils se sont arrêtés là pour faire sécher leur matériel qui est trempé. Nous bavardons un bon moment puis je reprends le chemin. Ce n'est que bien après la Fontaine de Roland que je trouve les premiers pélerins "téméraires" qui ont tenté le passage. Je les rassure et leur dit qu'ils peuvent continuer mais de suivre la route côté espagnol. J'en trouverai une dizaine d'autres dans la descente. A tous, je leur donne quelques infos sur le chemin. Il n'y a pas de raison de bloquer le passage d'autant que côté français, le temps se dégage. Lors de mon premier passage il y avait moins de neige mais plus de brouillard. Je n'avais même pas vu la vierge. Là, je l'ai vue. Par contre, le sol est très boueux beaucoup plus que lors de mon premier passage. Les bâtons sont très utiles pour se tenir debout. Peu à peu, je découvre une vue superbe sur la vallée française. En regardant un vol de six ou sept vautours au-dessus de moi, je ne vois pas un trou dans la route, fais une chute et me tord violemment les doigts de la main gauche. Je continue mon chemin jusqu'à St Jean Pied de Port et retourne au gîte la Caserna où j'avais été la première fois et où j'avais laissé des documents sur le chemin français. Il n'y a encore personne. Je laisse mon sac et vais jusqu'à l'accueil pélerins pour leur dire de laisser les gens monter, que le passage est facile et donner quelques informations pratiques. Comme c'est dimanche, j'espérais trouver une messe, mais il n'y en a pas. Je retourne au gîte où arrivent peu après Christina, femme de boulanger belge et Christian. Nous serons seuls avec Alain l'hospitalier. Nous passons une soirée sympathique après le bon repas préparé par Alain. Je donne quelques informations sur le col pour démystifier un peu le passage.
La nuit a été bonne, mais ma main a enflé. Gérard, le deuxième hospitalier qui est venu le matin me dépose à la clinique où je fais des radios. J'attends un bon moment les résultats, mais il n'y a rien de cassé. Ce n'est qu'une bonne entorse. Je pars finalement tard de St Jean Pied de Port. De passage à midi à St Jean le Vieux, j'hésite à m'arrêter. La tenancière du bistrot où je déjeune téléphone à un hôtel sur le chemin, mais il est fermé. Elle me dit que je trouverai quand même un gîte dans quelques kilomètres. Je pars donc après déjeuner. Le temps est beau et le paysage magnifique. Je passe le col de Gamia, le temps se dégage encore plus et la vue est magnifique. Je descends dans la vallée. Avisant une paysanne, je lui demande si elle connait un gîte ou un hôtel dans le coin. Elle me fait entrer chez elle et m'aide à trouver en téléphonant à plusieurs endroits dont plusieurs sont fermés ce jour-là. Finalement elle me trouve une chambre dans un hôtel à quatre kilomètres de là sur mon chemin. Nous bavardons un bon moment avec elle et son mari qui nous a rejoint. En repartant, je passe devant un artisan fabriquant de makilas, les fameuses cannes basques. Je m'arrête, il m'explique les techniques et me montre quelques exemplaires. C'est très intéressant et beau. Cela fait envie.
J'arrive rapidement à l'hôtel à St Just où je suis accueilli par un patron fan de chasse à la palombe. J'ai une chambre confortable et un dîner copieux et excellent.
Le lendemain, je reprends le chemin sous un ciel un peu couvert et brumeux. En passant dans la vallée suivante, le temps se dégage. A Baringhien, je m'arrête dans une boulangerie pour acheter du pain et une part de pizza. Finalement, pour le même prix, la boulangère m'a rajouté du jambon dans mon pain. Une cliente m'indique un coin sympa au bord du gave pour pique-niquer, il suffit de traverser un champ avec quatre ânes. Le coin est effectivement très agréable. De temps en temps je bavarde avec des gens interpelés par mon sens de marche.
J'arrive ainsi à l'Hôpital St Blaise un tout petit village ancienne étape pélerine dont il reste une superbe petite église bien rénovée. Je suis accueilli à l'église par une permanente qui m'indique le gîte et le code d'accés. Après une visite guidée de la petite église, je rejoins le gîte qui est tout neuf et bien équipé. Par téléphone, j'appelle un restaurant pour savoir s'il est ouvert. Quand il apprend que je suis pélerin, bien qu'il soit fermé, il me propose un plateau repas. Il me prépare un plateau très copieux et excellent: soupière de garbure (4 assiette!), grosse assiette de civet de sanglier, grosse part de gâteau basque et quart de vin. Je me suis régalé, mais à la fin, je suis repu!
Le lendemain, je passe au restaurant pour lui rendre le plateau et le remercier. Il me conseille de suivre le chemin, il est bien balisé et bien équipé. En effet, il traverse des bois agréables, des palombières et les passages des ruisseaux se font sur des petits ponts tout neufs. C'est intéressant de voir les installations techniques des palombières avec des postes d'observation au sommet des arbres, des échelles de plusieurs de mètre...
J'arrive ainsi à Arudy où le gîte est chez le curé. Il m'accueille gentiment avec un autre pélerin qui est déjà là et qui lui répare sa porte et sa sonnette. Marc est belge de Liège, comme il voyage en autonomie complète, il a un sac de 25kg! Le curé est très chaleureux et donne pleins d'information sur les chemins car les ayant fait, il les connait bien. Il fait l'accueil pélerin depuis deux ans et c'est venu par hasard. C'est une étape très sympathique. Le lendemain matin, pendant que je suis une petite route dans une jolie vallée, je suis rattrapé par le prêtre qui passait par là et qui m'a donné un schéma pour que je ne me trompe pas un peu plus loin.
Peu avant Bétharam, j'arrive à un chemin de croix somptueux: chaque station est une véritable petite chapelle. Je m'arrête pour téléphoner au gîte de Lourdes. Jean-Louis me répond qu'il est complet et même en surnombre. Il me propose de se renseigner à la cité St Pierre. De mon côté, j'appelle les soeurs mais je tombe sur un répondeur. En arrivant à Lestelle Bétharam, je visite un peu le sanctuaire qui est là, et je constate qu'il y a un gîte chez les pères de Bétharam. Comme il reste encore 15km jusqu'à Lourdes et qu'il est déjà 16h, je décide de m'y arrêter. Je suis gentiment accueilli, et on m'installe dans le dortoir ou je suis seul. J'appelle Jean-Louis pour lui dire que je m'arrête et lui demande s'il peut m'accueillir le lendemain. A 18h45, je participe aux vêpres avec les pères puis je vais dîner dans un petit restaurant et me couche de bonne heure.
Le lendemain vendredi, je pars tranquillement sur Lourdes en suivant le Gave de Pau. Le chemin est magnifique, le temps est beau. Je traverse une superbe futée et arrive ainsi à l'entrée de Lourdes. Jean-Louis passe à ce moment-là et me repère. Il me confirme qu'il m'attend pour le soir. Je passe un moment à la grotte, et comme il est midi, je vais chercher un casse-croûte en attendant l'ouverture de l'accueil où je veux demander le programme des cérémonies du pélérinage militaire. Pendant que je mange mon casse-croûte, je vois passer plusieurs pélerins de tous pays en uniformes de toutes sortes. Cela me renvoie à des souvenirs d'il y a quarante ans. Doté du programme des cérémonies et manifestations et d'un plan de la ville, je rejoins la Ruche, le gîte de Jean-Louis. Je m'y installe avant d'aller faire un tour de la ville.

jeudi 13 mai 2010

FATIMA

Je demande au tôlier de la pension ou je pourrais trouver un plan de l'itineraire vers Fatima. Il me conseille de suivre les personnes en gilet jaune de securite. C'est vrai que la veille j'en ai vu plusieurs qui traversaient la ville. Je n'ai vu qu'une fleche au sol "Caminho de Fatima": a la sortie de la gare. Depuis plus rien.
Partant a 9h30 et passant devant l'office de tourisme, je m'y arrete pour demander une carte des chemins, ils n'ont strictement rien. Je fais donc comme me l'a conseille le tôlier, je suis les pelerins en gilets jaune, ou plutot, je les double et ils me servent de balisage, remontant ainsi toute la colonne. Au debut, je suis amuse car je vois beaucoup de femmes qui ont mis des serviettes peroidiques dans leur chaussures, et j'en trouverai beaucoup d'usees (non usagees) au bord de la route. Nous suivons en permanence la nationale. Remontant peu a peu toute la colonne, je repere les groupes aux marquages d'identification sur le gilet. Le plus gros groupe vient de Paredes sous le parainnage OCDP. Les gens sont en tenues habituelles, jupes ou pantalon peu appropries, chaussures de ville, mais surtout beaucoup de tongues, de sandales plastiques ou de pantoufles. De temps en temps des basckets, mais des chaussures de marche hautes ou basses tres peu. Ils ne portent pas de sac ou un simple petit sac pour des affaires pour la journee. Tout au long du chemin, il y a des soutiens logistiques (Apoïos aos peregrinos): postes de soins ou des personnes soignent les pieds, les genoux, les brulures sur les jambes dues au frottement des vetements..... Je vois aussi beaucoup de vehicules distribuant bouteilles d'eau, fruits, casse-croutes. Comme on est au bord de la nationale et que je ne vois aucune fontaine, je beneficie de ce soutien et j'apprecie. Peu a peu, mon amusement se transforme en respect, puis en admiration vis a vis de ces gens car ils sont tres nombreux et quand je les double, beaucoup recitent le chapelet. Cela change totalement du Camino de Santiago, ce n'est pas du tout la meme ambiance. Ils avancent a petite allure et manifestement, beaucoup souffrent. Pour ma part, je fais figure d'extra terrestre avec mon sac a dos, mes bâtons et mon allure rapide.
J'arrive ainsi a 15h30 a Pombal, l'office de tourisme est ferme le lundi, je vais donc a l'hotel de ville ou j'apprends qu'il n'y a pas d'albergue pour les pelerins mais que quelque chose s'est installe au complexe sportif. Je m'y rends, c'est un bivouac pour les pelerins. Quand je demande s'il y a possibilite d´hebergement, on m'accueille gentiment et me montre un emplacement dans un hangar avec quelques feuilles de carton parterre. Avec mon dos, si je me couche directement sur le sol, je ne suis pas sûr de me relever le lendemain. Je demande s'il n'y a pas des matelas. Comme je suis seul, on me conduit vers le groupe OCDP ou un des responsables me repond qu'il faut attendre le responsable du groupe et comme il marche on ne sait pas quand il sera la. Je vais donc faire un tour des hotels pour essayer de trouver une chambre, mais je reviens bredouille, tout est complet. A mon retour, le responsable, un pretre, est arrive et m'accueille tres gentiment. Il me dit qu'il pense pouvoir me preter un matelas, mais il faut attendre que tout le monde soit arrive. Comme il parle le Francais, il m'explique que les gens marchent depuis cinq jours, qu'ils feront environ 250 kilometres en six jours. OCDP est un organisme caritatif au service des handicapes. Ils sont plus de 480 pelerins dans ce groupe. Il m'invite a attendre et me propose de diner avec eux. Il me met entre les mains de Jose et Mario qui me vendent un ticket repas et me proposent un siege. Comme Jose parle l'espagnol, nous bavardons un moment. Quand il me demande d'ou je viens et que je lui dis avoir fait 2400km en pres de 70 jours, il n'en revient pas. Nous sympathisons bien et il m'explique un peu comment se passe ce pelerinage qui se produit chaque annee. Beaucoup de pélerins le font tous les ans. A l'heure du repas, mario m'emmène à la popotte. Nous bénéficions d'un excellent repas fait sur des tripattes. Quand je revois le padre, il me dit qu'il me donnera un matelas après la messe car tout le monde n'est pas encore là. La messe a lieu à 22h30 dans le gymnase, au milieu des matelas et des gens installés. C'est cependant une très belle messe, très priante, chantée et qui se termine par une distribution par le père d'écharpe blanche et de chapelets. C'est finalement à 0h15 que je peux avoir un matelas. Je suis crevé! Je me couche et m'endors tout de suite bien que nous soyons plus de 700 dans le gymnase.
A 3h30, je suis réveillé par le premier groupe qui part, c'est celui que j'avais doublé en dernier. A 4h30, c'est le deuxième groupe qui démarre. Enfin, à 5h30, c'est le réveil du groupe de Paredes. Je me lève donc, fais mon sac et vais déjeuner. Je pars à 6h30, presque tous les portugais sont déjà partis. La veille, nous n'avons marché pratiquement que le long de la nationale qui va de Coimbra à Leiria. Il y avait un trafic intense, mais nous étions protégé par des rangs de balises. Beaucoup de camions ou d'automobilistes nous saluaient par des coups de klaxon. La file s'étalait à perte de vue. Aujourd'hui, nous quittons rapidement la nationale pour prendre des petites routes ou des chemins carrossables. C'est plus sympathique et moins pénible. Je suis de nouveau repéré et beaucoup m'interpellent mais je ne comprends pas, ils parlent portugais. Mais leur appel est chaleureux et interrogatif. Quand ils voient ma coquille sur le sac, ils comprennent vite. A un moment, je double un couple de jeunes français de la région parisienne qui fait le pélérinage avec les portugais. Je ralentis et nous bavardons un moment. La famille de la jeune femme est d'origine portugaise, son grand-père a fait le pélérinage durant 30 ans. Elle me cite de nombreux cas: une femme de 80 ans le fait tous les ans depuis 40 ans. Je suis de plus en plus admiratif et je me prends d'affection pour ce peuple qui exprime ainsi sa foi. A 10h00, je passe à l'étape du repas de midi de OCDP, je prends un casse-croûte et continue. Tout le long du chemin, je bénéficie ainsi du soutien logistique qui est bien organisé: eau, casse-croûte... Vers 11h, je rattrappe le groupe parti à 3h30 et bientôt, je me retrouve en tête avec peu de pélerins devant moi. En fin de matinée, le temps se gâte et la pluie nous surprend 5km avant Fatima. Arrivant à 13h30 a Fatima, je ne vais pas à l'auberge des pélerins car je suis persuadé qu'elle sera pleine. Je commence tout de suite a chercher une chambre dans un hôtel. Le père m'a bien proposé de me donner un matelas, mais j'ai besoin de me reposer et de faire de la lessive. Dans le gymnase, ce n'est pas possible. Après quelques hôtels pleins dont un qui me propose les trois nuits pour 200 euros(!), je trouve un hôtel 3 étoiles qui me propose une petite chambre pour un prix très correcte. Je m'y installe, d'autant que je suis à 200m du sanctuaire. On ne peut pas trouver mieux. Après ma douche, je profite du chauffage pour faire une bonne lessive et mettre mon linge à sécher. Depuis une semaine, j'ai dû limiter les lessives, le temps et les conditions n'étaient pas favorables.
Comme il y a une messe à 18h30, une heure avant je vais faire un tour au sanctuaire pour me recueillir et visiter un peu. La messe, très belle, est dans la nouvelle basilique, il y a beaucoup de monde. Après l'office, j'avise des pélerins d'OCDP, je leur demande où ils sont installés. Je rejoins leur bivouac car je tiens à remercier le padre pour leur accueil et lui faire part de mes sentiments: je suis profondémment touché et admiratif. Je lui demande son adresse internet car je tiens à lui envoyer quelques conseils aux pélerins pour diminuer les souffrances inutiles. Ils ne connaissent pas les principes de base pour limiter les ampoules, les tendinites, douleurs articulaires, etc... Notre échange est très chaleureux et il m'invite à me joindre à eux dans le futur. Pourquoi pas! A la fin de notre entretien, je suis interpellé par deux journalistes de Visao qui ont suivi le pélerinage avec le groupe OCDP. Ayant eu connaissance de mon périple, ils veulent m'interwiever. Ils ont trouvé une portugaise qui parle couramment le français, ayant vécu en France. Durant plus d'une heure je réponds à leurs questions et leur explique mes motivations.
De retour à l'hôtel, je dîne puis je me couche. Je suis crevé. Je dors comme une masse et ne me lève pas une fois. A 6h, je me réveille car le père m'a invité à me joindre à eux pour faire le chemin de croix. Le rendez-vous est à 6h30 à la chapelle des apparitions. Je ne comprends pas les textes ni les commentaires, mais je suis le groupe et prie avec eux. Cela fait bien longtemps que je n'en avais pas fait un.
Je rentre rapidement à l'hôtel pour déjeuner et à 9h je suis de nouveau à la chapelle des apparitions: il y a une messe en français. C'est une messe avec quatre évêques et de 30 à 50 prêtres. Cette messe est très belle, émouvante, surtout quand à la fin il y a le chant "J'irai te voir Marie": superbe, je me sens profondément touché, bouleversé... Je suis bien.
De retour à l'hôtel, je fais quelques courses et je recherche les horaires de train: c'est une vraie galère! Que ce soit à l'office du tourisme ou dans les agences de voyages, impossible de trouver les informations. Finalement, c'est sur internet que je trouve, mais péniblement et sans avoir de prix. Fatigué, je mange rapidement dans un petit restaurant, puis je vais faire une sieste. Je dors profondément et n'arrive pas à me lever pour aller à la procession du Saint Sacrement.
Je rejoins le sanctuaire à 16h30. Il y a déjà beaucoup de monde. Nous attendons la venue du Pape. Nous suivons ce qui se passe sur le terrain d'atterrissage grace à de grands écrans. Finalement, l'hélicoptère du Pape arrive, fait un survol de l'esplanade sous les ovations du peuple puis va se poser plus loin. Nous suivons toute son approche grace aux grands écrans. Quand il entre sur l'esplanade, c'est un accueil très chaleureux qu'il reçoit. Les acclamations et les chants superbes d'un choeur d'enfants repris par la foule montrent l'attachement des pélerins au successeur de Pierre. Le Pape se recueille devant la statue de Marie à la Capelinha puis ouvre officiellement les cérémonies. C'est encore très profond et émouvant, les participants sont attentifs et recueillis, les chants sont superbes.
En repartant, je croise deux pélerins de St Jacques que je repère à la calebasse accrochée au sac. Ce sont deux mexicains de Guadalajara: Javier et Estrella. Nous bavardons un moment ensemble.
Je retourne dîner et me reposer un moment à l'hôtel avant le chapelet de 21h30. Quand je reviens, l'esplanade est couverte de monde, c'est une mer d'étoile qui couvre l'esplanade. c'est magnifique et impressionnant. Il y a plus de monde que dans l'après-midi. c'est difficile de circuler. Le Pape lance le chapelet, il entame les prières en latin et l'assistance lui répond, chacun dans sa langue. Au Gloria tout le monde le chante en latin en levant son lumignon, puis des chants alternent avec les dizaines de chapelet. Chants superbes, repris en choeur par les portugais: un choeur de centaines de milliers de voix! La soirée est superbes, émouvante, profonde.
Suit ensuite la procession qui va conduire la statue de Marie de la capelinha (chapelle des apparitions) à l'autel extérieure au pied de la basilique, en vue de la messe internationnale. La procession commence par les drapeaux et bannières, multiples et innombrables suivies des nombreux évèques, plusieurs dizaines, puis les prêtres encore plus nombreux, plusieurs centaines. Enfin, suit le palanquin couvert de fleurs de la vierge Marie. Marie, petite et frêle comme une toute jeune fille, elle remonte et fend la foule au pas lent des porteurs. Elle semble si fragile et pourtant, elle est acclamée, chantée comme notre mère, notre reine. Marie, voit comme tes enfants t'aiment et t'acclament. Elle domine tout juste la foule et remonte ainsi toute l'esplanade, les chants sont splendides et repris par toute la foule immense, pieuse et en adoration. C'est profondément émouvant. On ne peut rester insensible à ce qui se passe. Ce fut une soirée profondément touchante.
Comme il est déjà minuit et que je suis allé à la messe le matin, je vais me coucher.
Je me lève à 6h et vais faire un tour à la chapelle des apparitions il y a déjà beaucoup de monde. Je suis impressionné par les pélerins portugais qui descendent toute l'esplanade sur les genoux pour aller prier à la capelinha. Certains souffrent manifestement mais poursuivent leur chemin. Je me recueille un moment et retourne à l'hotel pour déjeuner.
De retour à 10h pour la messe avec le Pape, l'esplanade est déjà noire de monde. Certains ont même dormi sur place. il est plus difficile de se déplacer que la veille. Encore une fois, la cérémonie est superbe et agrémentées de chants magnifiques. Au moment de la communion, de nombreuses ombrelles se sont dispersées le long de l'allée centrale avec le prêtre distribuant la communion. Je me suis donc peu à peu rapproché, mais à partir de la moitié du chemin, le déplacement se fait de plus en plus difficilement. Je vois les ombrelles partir une à une. Je me résouds donc à une communion d'intention, mais certaines reviennent et la distribution reprend. Certaines feront la navette plusieurs fois avec l'autel. J'avance peu à peu mais péniblement: 8m, 6m, 5,50m, 4m, 3m,.... le temps passe et je crois que je ne pourrai communier. Finallement j'arrive à me glisser vers un des derniers prêtres qui partage ses dernières hosties pour en donner un petit bout à chacun. Je suis privilégié et peut en recevoir une parcelle. La distribution de la communion a duré près d'une heure.
De retour à l'hôtel, je déjeune et libère ma chambre. Ayant quelques heures à attendre le car qui doit m'amener à la gare, j'en profite pour mettre à jour mon blog.
Ces quatre jours passés avec les pélerins portugais et le Pape ont été profondément marquants et touchants. Je suis heureux d'avoir pu y participer et venir déposer aux pieds de Marie toutes mes intentions en cette occasion unique et exceptionnelle. Je repars le coeur plein de joie et d'espérance en ayant hâte de retrouver Marie à Lourdes. Je viens de découvrir que ce sera le Pélérinage Militaire International. Encore un évènement marquant.

De Ponte de Lima a Coimbra

Toute la soiree et la nuit la pluie est tombee abondamment. Je suis pessimiste et m'equipe en consequence: le couvre-sac sur le sac a dos, le poncho et le pantalon de kawe accroches a la ceinture du sac. Je pars d'un bon pas, j'ai decide de rejoindre Bracelos a 35km et suivant l'heure essayer de prendre un train pour COIMBRA qui est a environ 80km de Fatima quitte a arriver vers 20h a Coimbra. Le chemin part plein ouest, ce qui m'etonne avant que je ne comprenne: on va changer de vallee. Depuis que je suis au Portugal, le balisage est parfait. Il n'y a aucun risque de se tromper, les fleches jaunes vers Santiago sont abondantes et les bleues vers Fatima le sont aussi: de plus, elles sont bien placees et quand il y a risque d'erreur, comme en France, les mauvaises directions sont barrees: cela change de l'Espagne ou c'etait tres aleatoire et succinct.
Le temps est bien couvert au debut, mais cela se degage peu a peu. Je traverse de jolis paysages verdoyants. Je croise tres peu de pelerins, moins que la veille. Finalement, avec mon rythme, j'arrive a Bracelos a 15h15. C'est une jolie petite ville au centre medieval. Je ne m'attarde pas et me dirige directement vers la gare pour savoir a quelle heure il y aurait un train pour Coimbra. Petit clin d'oeil du ciel et belle chance pour moi, il y a un train dans .... 2 minutes, juste le temps de prendre le billet et le train entre en gare. Je passe d'ailleurs sur les voies juste derriere le dernier wagon. A Porto, c'est pareil, le temps de changement de train est de quelques minutes.
J'arrive ainsi a Coimbra a 18h. La ville est en fete, beaucoup de jeunes en spencer, cape, tricorne, haut de forme et canne de couleur. Je traverse une partie des faubourgs pour rejoindre le centre et trouver l'officina de turismo. Les portugais que j'interrogent me comprennent mais ne parlent pas l'espagnol "ch'est donc diffichile de comprendre che qu'ils dijent en portouguech". Dans une caserne de pompiers, j'ai la chance d'en trouver un qui parle l'espagnol et qui m'indique ou est l'office de tourisme, que l'albergue de los peregrinos se trouve a l'auberge de jeunesse et qui m'explique aussi que ce week end est la fete annuelle des etudiants. Ce qui explique ces tenues qui semblent des uniformes. L'office de tourisme est malheureusement ferme. Je retourne vers le pompier pour qu'il m'indique le chemin de l'albergue quand j'avise une pancarte d'une petite pension. Je crains que l'auberge de jeunesse ne soit envahie par les etudiants. Coup de chance, la pension a une chambre de libre a prix tres correct et la chambre est confortable. Je ne vais donc pas plus loin. Le tôlier parle un peu le francais et me dit que j'ai de la chance car entre le pelerinage a Fatima et la fete des etudiants il n'y a plus une chambre de libre depuis trois jours. Il m'explique aussi que cette fete des etudiants dure tout le week end et que c'est leur carnaval avec chars etc...
Je vais diner dans un petit restaurant voisin puis comme d'hab fait douche et petite lessive. Je suis inquiet, avec les jeunes dans la rue, c'est tres bruyant. En fait, etant bien fatigue et les boules quies etant efficaces, je m'endors tres vite et profondemment. Le petit dejeuner n'etant servi qu'a 8h30, je me leve a 7h.

samedi 8 mai 2010

Sur le chemin de Fatima, de Santiago a Ponte de Lima

Le soir, apres avoir mis a jour mon blog, je suis alle au petit magasin alimentaire qui est installe dans le gite. Je fais quelques empletes dont de quoi me faire a diner. Pendant que je prepare mon repas, je vois arrive le couple que j'avais vu a Cezur Menor et revu quelques jours plus tard dans un autre gite. Nous dinons ensemble. Ils me racontent qu'ils ont fait une grosse etape aujourd'hui car ils doivent rentrer d'urgence chez eux pour un probleme de famille. Pendant que nous dinons, arrivent Felix et Pilar. Nous tombons dans les bras les uns des autres heureux de nous retrouver. Nous echangeons un moment en buvant un cafe puis nous allons nous coucher.
Ayant pris une chambre seul, je passe une excellente nuit. Au moment de partir, je traverse le dortoir ou dormaient Pilar et Felix, nous nous faisons nos adieux et echangeons nos adresses. Je prends le chemin de Fatima. La sortie de Santiago est longue et penible. Je perds rapidement le chemin et trace donc sur la route. Les explications qui m'ont ete donnees au bureau du tourisme sont tres succinctes. Au bout d'un moment je retrouve le chemin et tente de le suivre. En Espagne, suivre le chemin Portugais a l'envers est une vraie gageure. C'est deja mal fleche dans le sens Portugal - Santiago, mais dans le sens inverse, c'est pire. Quand on arrive a un carrefour on ne sait pas d'ou vient le chemin. Je vais soit au compas, soit tel un sioux je recherche les traces de chaussures et de pneus de velos, soit au pif en esperant ne pas m'etre trompe. Quand au bout d'un moment je revois de fleches jaunes je suis rassure. Mais il m'est arrive plusieurs fois de ne rien retrouver, alors je pars au compas ou suis la nationale jusqu'a l'etape suivante. Il m'est meme arrive de faire une boucle de 3km pour rien et de revenir presqu'au point de depart. C'est plutot rageant. Quand je suis sur le chemin, on traverse des campagnes superbes et les paysages sont magnifiques. Je fais une premiere etape a Calza de Reis, une ville thermale. Le gite est ferme pour travaux, je prends alors une chambre dans un hotel thermal. Le deuxieme soir, je m'arrete a Redondela une jolie ville moyennageuse dont le gite est en plein centre dans une ancienne maison bien restaure. Le gite est superbe et tout neuf. En discutant avec mon voisin de lit, j'apprends que le Pape sera a Fatima pour l'Ascension, le 13 mai qui est une date importante pour Fatima puisque c'est la date de la premiere apparition. Je decide donc de faire le necessaire pour y etre ce jour-la. Un couple Francais croise sur le chemin m'en donne la solution: l'entree et la sortie de Porto sont tres longues et penibles, ils ont pris le train pour l'eviter, je ferai de meme pour passer cette partie. Je vais donc voir comment decouper mon itineraire sachant que je fais en moyenne 40km par jour.
Le troisieme jour, je passe au Portugal par le pont International et passe une nuit au gite de Valenca. comme le gite n'ouvre qu'a 18h (heure portugaise = France -1h), je visite la citadelle qui domine la ville. A 18h, je me retrouve au gite pour apprendre qu'il est plein, reserve par un groupe de cyclistes. Je suis avec Brigitte, une allemande. Le responsable du gite nous donne cependant a chacun une chambre individuelle avec cabinet de toilette prive. Finallement ce n'est pas si mal. Comme pour entrer et sortir il faut une cle et qu'il n'y en a que deux, je fais la paire avec Brigitte. Nous allons faire nos courses ensemble a l'intermarche voisin, puis nous allons diner dans un bon petit restaurant. Comme Brigitte parle le francais, nos echanges sont interressants et sympathiques. Dommage que nous nous croisions.
Pendant la derniere journee en Espagne, il a plu le matin, mais l'apres-midi cela s'est degage. Le lendemain samedi, aujourd'hui, le temps est a la pluie toute la journee. Les regions traversees sont tres belles mais gachees par le temps. Brigitte m'avait conseille le gite de Ponte de Lima, je fais donc le necessaire et y arrive a 15h30. Mais le gite n'ouvre qu'a 18h. Je fais donc un petit tour dans la ville avec un russe en attendant l'ouverture. Le gite est tout neuf, tres propre. Mon souci est trouver le moyen de faire secher mon linge, tout est mouille et il n'y a pas de chauffage. Je ne fais donc pas de lessive. Je me cuche avec mon tee-shirt et mon slip humides, ils secheront sur moi dans mon duvet. Demain sera l'etape qui precedera Porto.

mardi 4 mai 2010

Leon a Compostelle, Fisterra et Muxia

Me voila reparti d'un bon pied et une bonne allure. J'ai retrouve toute ma forme et cela fait du bien. J'ai bien apprecie ces deux jours de repos a Leon. D'une part cela m'a bien repose, d'autre part, j'ai revu des pelerins que j'avais semes. Le premier jour de repos, je vois arriver Pilar et Felix que j'avais rencontres a Bercianos. Avec Pilar qui comprend le francais, comme elle me demande mes motivations, je lui raconte mon histoire. Je retrouve Albin et Moricio le deuxieme jour. Un diner en commun nous permet d'echanger plus profondemment. Le jour du depart je les retrouve sur la place du chateau St Marc et ne les reverrai plus ensuite. Sans forcer je prends un rythme de 5,5 km a l'heure, je me sens en bonne forme. Arrive a 12h15 a St Martin ou doivent s'arreter Albin et Moricio, je casse la croute et reprends la route. A 14h15 j'arrive a Hospital de Orbigo. J'hesite a m'arreter: le gite semble sympa, mais j'ai fait 33 km et je me sens en bonne forme et demain mon etape devrait etre de 38km plus accidentee. Je continue donc jusqu'a Santibanez. Le gite est tres rustique, voire sommaire: douches et wc dans la cour, chambres ressemblant a des chambres de caserne. Nous sommes peu nombreux (8) et l'hospitalier, Hercule, est tres sympa. De toute facon, je n'irais pas a l'etape suivante qui est assez loin. Hercule nous fait un excellent repas tres copieux. Comme il ne fait pas chaud, Hercule allume le poele de la salle commune. Le souci est toujours de faire secher le linge.
Le lendemain, depart avant le lever du soleil, la nature est tapie dans une petite brume legere qui s'etire en lambeaux et donne une touche poetique a la nature. Depuis Leon, le paysage est beaucoup plus beau et sympathique. On monte peu a peu sur le plateau et surprise! Au loin, j'appercois une grange avec comme un petit etal devant(?). C'est surprenant. Plus je m'approche, plus je me rends compte que c'en est un: offert aux pelerins qui peuvent laisser "a donativo" quelque chose, il y a du cafe chaud, des jus de fruits, des biscuits, des fruits, de la confiture, du lait, du lait de soja. Tres genereux, j'en suis heureux car je suis parti sans dejeuner, il n'y avait rien. Deja, la veille, a la sortie de Villadango, il y avait une table devant une maison avec des biscuits, des bonbons pour les pelerins. Ces gestes sont touchants et bien agreables.
Le paysage change peu a peu, on attaque les monts du Leon qui montent serieusement. Le paysage est de plus en plus beau, je prefere de loin a la Meseta. au passage je double Pilar et Felix qui sont heureux de me voir en bonne forme. Je traverse Astorga qui a une tres belle cathedrale. A 14h15, j'arrive a l'etape prevue de Rabanal. En forme, je decide de continuer. Si je peux arriver a Santiago le vendredi, je pourrai faire ma radio de controle sans etre bloque car le week end du 1 mai est ferie en Espagne. Finalement je continue jusqu'a Foncebadon un petit village de montagne. Le gite paroissial etant plein, je vais au gite prive tenu par Oscar qui nous fait un excellent diner. Comme nous sommes peu nombreux, c'est calme et la nuit paisible. La table est tres cosmopolite: Francais, Danois, Italien, Belge Flamand, Allemand.
Le depart du lendemain se fait dans la brume et le brouillard. Le passage a la Croix de fer est dans les nuages. Lors de la redescente sur Molinesca, de loin, je reconnais Bernard le luthier avec sa barbe blanche et ses sandales. Je ralentis pour bavarder un peu puis reprends mon rythme. A Ponferrada a 13h15, je vais dejeuner devant le chateau. C'est une jolie ville moyennageuse qui s'est tres etendue ces dernieres annees. Pour sortir de Ponferrada, je ne suis pas le camino qui fait des detours dans la ville neuve, mais je file tout droit sur 7km. J'ai prevu de m'arreter a Carcabellos, une jolie ville medievale, mais la gite qui est a la sortie de la ville est .... ferme! soit je reviens en arriere sur 1km pour un gite eventuel ou je continue 8km plus loin. En forme, je choisis la deuxieme solution et arrive a Villafranca au gite Ave Fenix. C'est un gros gite sympathique tenu par un homme tres type. Repas en commun apres un benedicite, meme si tu n'est pas croyant! Et attention au telephone qui sonne a ce moment, cesar rouspete! La soupe fourre-tout est bonne et tient bien au corps. Autour de moi c'est tres cosmopolite: Slovenie, Estonie, Bresil, Autriche, Allemagne. Tres sympa, mais il est bon de pratiquer un peu d'anglais quand meme. Comme nous ne sommes que trois dans mon dortoir, la nuit est reposante.
La journee suivante sera plus dure car il y a beaucoup de denivelees. J'irai jusqu'a Alto di Poio, un gite prive dans un bar sur un col. Nous ne sommes que quatre pelerins, mais l'ambiance n'est pas sympathique. L'un d'eux est un mauvais coucheur: il n'a pas apprecie que je ne lui prete pas tout de suite ma savonnette pour laver son linge alors que j'allais prendre ma douche. Quand a la fin de ma douche l'eau est devenue brutalement froide, je lui ai demande de prevenir l'hotesse: il m'a repondu "non". Bien l'esprit pelerin! Pour ne pas le revoir, le lendemain, j'ai encore trace. Je suis arrive a Ferreiras un gite dans un petit village. il ne restait pas beaucoup de place, mais j'ai pu avoir un lit. J'y ai fait la connaissance d'une coreenne charmante, un peu entreprenante, troublante, et qui m'a ensuite presente son mari. Il y a de plus en plus de monde sur le chemin, mais l'apres-midi cela s'eclaircit car beaucoup de gens s'arretent vers 13 ou 14h apres 15 ou 20 km. A Melide, le gite est installe dans des algeco dans un gymnase. Il y a beaucoup de monde. J'y fait la connaissance de Michel de Pau et de Rene. Le contact avec Michel est tres chaleureux. Quand je lui parle de mon retour, il me donne ses coordonnees pour m'accueillir chez lui si cela correspond a une etape. Alors que nous etions un peu critique sur le chemin espagnol, Rene est venu defendre les espagnol, emerveille par ce peuple croyant, etc... amusant!
Il a plu toute la nuit, mais au matin le temps est beau et frais. Les chemins sont souvent en sous-bois, ombrages et bordes d'eucalyptus odorants. J'aime bien la Galice. Les villages sont plus pauvres et ont moins de caractere que les autres regions traversees, mais les vallons et la nature sont plus beaux. Suivant les conseils de Michel de Lauzerte, j'arrive ainsi au village de vacances de Monte do Gozo, a 4 km de Santiago. C'est une grosse structure, mais les chambres ne sont que de huit. L'hospitalier nous conseille de ne pas manger a la cafeteria, tres cher mais dans un petit restaurant qui est tres copieux. Les parts sont pratiquement pour deux personnes. Je profite des installations de laverie pour faire une grosse lessive. Pendant que j'attends au bar la fin de ma lessive, je vois debarquer Rene qui fait le chemin tantot a pied tantot en bus. Nous bavardons un bon moment ensemble puis je vais manger.
Le lendemain matin, vendredi 30 avril, je me leve de bonne heure et part des 6h30. J'arrive sur le parvis de la cathedrale a 7h10. Il n'y a pratiquement personne. Je fais un premier tour de la cathedrale pour la visiter, et passer au tombeau de l'apotre. A 9h, le bureau des pelerins ouvre et je vais faire faire ma compostella. Ils tiquent et me disent que je n'ai pas respecte les regles. Vu que je faisais de grosses etapes, il aurait fallu que je fasse mettre deux tampons par jour sur ma credential. Il est vrai qu'ayant fait les 305km de Leon a Santiago en 7 jours, je n'ai pas beaucoup de tampon dans les 100 derniers kilometres. Mais finalement vu tous les autres tampons, ils acceptent de me faire le document (en latin). Je vais ensuite deposer mon sac a la consigne et je retourne a la cathedrale. La tout etant ouvert, je passe par la porte sainte, vais faire l'abrazzo a la statue de l'apotre qui domine l'autel, vais prier un moment dans la crypte devant le tombeau de St Jacques, puis je refais un tour de visite plus approfondi de la cathedrale. A midi, nous avons une tres belle messe des pelerins. La cathedrale est pleine y compris de touristes ce qui pose quelques problemes aux pretres lors de la communion. En effet certains viennent recevoir une hostie comme on va chercher un ticket, ils repartent avec l'hostie dans la main. Le pretre qui surveille chacun, l'interpelle et lui fait manger l'hostie tout de suite. A la fin de la messe nous avons la chance d'avoir la mise ne route du Fumero. 5 a 6 hommes sont necessaires pour le balancer.
Apres avoir dejeune dans un petit restaurant, je me dirige vers un centre de soin pour faire une radio de controle de mes poumons: Le voile de la pneumonie a disparu mais une tache est visible et inquiete le medecin. Il fait appeler une ambulance qui m'emmene a l'hopital voir un specialiste. La-bas, comme en France je dois attendre longtemps mon tour. Finallement une autre radio sous un autre angle fait apparaitre que la tache ne doit être qu'un reflet dû a une superposition de côtes. Je repars a 20h45 rassure, tout est rentre dans l'ordre. Un taxi me depose au gite des pelerins du petit seminaire, le plus pres de la cathedrale.
Apres une bonne nuit, je repars de bon matin pour rejoindre Fisterra. Ayant pris un bon rythme les jours precedents, j'envisage de le garder et de faire le trajet en deux jours au lieu de trois. Le chemin est varie et beau, les paysages agreables. Je vois tres peu de pelerins. Si beaucoup vont a Santiago, peu vont jusqu'a Fisterra. Le chemin est moins bien balise qu'avant Santiago, il y a moins de bars ou restaurants, moins de gites et moins de fontaines. Je fais etape dans un beau gite prive a mi-chemin, tenu par un bar. Le repas est excellent. C'est le lendemain que je vois apparaître la mer du sommet d'un dos d'âne du chemin. Quand j'arrive a Fisterra, je m'installe au gite municipale ou on me delivre le document de fin du chemin. Un Francais qui est arrive le matin me dit que son compagnon est alle jusqu'au phare et qu'il n'y a rien a voir, que cela ne presente aucun interet. Comme j'avais prevu d'y aller le lendemain matin, je m'en dispense. Le soir je m'offre un petit repas de fruits de mer bien frais. Pour plusieurs pelerins, c'est la fin, ils reprennent le car le lendemain pour rentrer chez eux. Certains sont tres emus.
Il pleut pendant la nuit et au matin juste avant de partir. Apres le petit dejeuner dans le bar, au moment de partir, la pluie cesse et je prends le chemin sous un ciel qui se degage. le paysage est la encore tres beau. On sent que l'on est pres de la mer, il y a beaucoup de vent et il ne fait pas tres chaud. J'arrive a Muxia vers 14h et ayant bien depasse l'albergue, je vais directement au sanctuaire qui est au bout du village. La basilique materialise le lieu ou aurait accoste la barque ramenant le corps de l'apôtre St Jacques apres son martyre. Elle est battue par les vents et par gros temps, les vagues passent par dessus les rochers et viennent s'ecraser sur le mur de la basilique. A l'arrivee au gite, je depose mes affaires, me change et vais manger car il est deja 15h et j'ai faim! Apres la douche et la lessive habituelles, je vais faire un tour vers la secherie de congres qui est assez speciale. Les congres sont ouverts et decoupes en filets pour faciliter le sechage. Puis je reviens au gite ecrire les quelques cartes postales que j'ai achetees. Pour diner, je vais dans un bar dont la patronne, Chelo est d'un temperament bon vivant et truculent.
Le lendemain 4 mai reveil 6h car le car passe a 7h30. Je le prends pour rentrer a Santiago. Arrive a 9h30, comme lors de mon premier passage, je fais le tour de la basilique avec les etapes traditionnelles, puis je vais faire quelques courses avant de revenir pour midi a la messe des pelerins. Aujourd'hui, elle est preside par l'eveque et comme la derniere fois, elle est superbe. Une religieuse a voix superbe anime les chants et chante l'office. A la fin de la messe, nous avons la chance d'avoir a nouveau la mise en oeuvre du Fumero. Apres un repas de pelerin dans un restaurant, je termine mes cartes et vais a la poste me soulager de mes radios que je trimbale depuis Leon. Un apres-midi tranquile a l'albergue me permet de mettre a jour mon blog.
Ici se termine la premiere partie de mon periple. Si je n'ai pas apprecie la Meseta, j'ai bien aime les monts du Leon et de la Galice. C'est beau et tres varie. J'ai eu l'occasion de faire quelques belles rencontres, mais c'est vrai que je n'ai pas pu vraiment les approfondir. C'est un choix: la plupart des gens ne font que 15,20 ou 30 km alors que moi j'en fais 30 a 50. A midi, j'en ai deja fait entre 20 et 25, je me vois mal m'arreter alors que je suis en bonne forme et trenailler toute l'apres-midi. C'est vrai que c'est a ces occasions que les contacts se font, mais comme je veux etre a Cotignac le premier week end de juillet apres etre passe a Fatima et Lourdes, il est certain qu'il y a des choix a faire.

jeudi 22 avril 2010

Burgos a Leon

Apres avoir vu le medecin et achete les medicaments prescrits, je reprends le chemin vers 10h. Vu l'heure, j'envisage de ne faire qu'une petite etape de 20 km. Au passage, dans une epicerie, j'ai achete une bouteille de boisson energetique que consommait l'un des espagnol de Villafranca: Aquarius. Peu a peu, je reprends le rythme. Dans les monts au-dessus de Hornillos ou j'ai l'intention de m'arreter, je recupere un espagnol qui a demarre a Burgos et qui a deja des ampoules et est fatigue. nous marchons de concert jusqu'a l'etape. Le gite est deja plein, il ne reste qu'une place. Je me sens mieux que le matin et l'etape suivante est a 11 km, je laisse donc la place a l'espagnol et repars. Le plateau est interminable et monotone. D'apres mon rythme, je devrais arriver a Hontanas, mais toujours cette platitude. Tout d'un coup une pancarte annonce: Hontanas 0.5 km .... En effet, le village est dans un creux et on ne l'appercoit qu'en tombant dessus. A l'auberge je retrouve Marc un Francais que j'avais rencontre quelques jours auparavent a Najera et Bernard un Luthier qui est a son troisieme chemin. La petite auberge ou nous sommes est bien sympathique.
Le lendemain 17 avril je decide de joindre Fromista car je veux aller dans une pharmacie. Le chemin est long et interminablement monotone. Decidement je regrette les chemins Francais. On fait peut-etre de plus petites moyennes mais c'est plus beau et varie. Cela plait a certains, pas a moi, cette platitude est d'une tristesse qui m'ennuie. En arrivant a Fromista, j'ai de la chance, bien que nous soyons samedi, la pharmacie est de garde. Je peux donc faire mes achats. Quand j'arrive au gite, il est 15h30. Douche puis lessive. Quand je veux aller manger, tout est ferme parce que c'est la fete au village. Je trouve bien un restaurant de luxe qui accepte de me faire a manger mais a des prix exorbitants. Au gite, le gerant accepte mais difficilement de me faire un bol d'eau chaude pour que je me fasse une soupe mais n'accepte pas que je me fasse des pates. Il faudra que j'attende 19h pour manger, c'est long! A 19h donc, dans le restaurant ou je m'arrete, je m'installe a une table ou il y a Colette, francaise, deux Hollandaises et un couple Sud africain: Le repas est tres sympathique. Colette partage mon sentiment sur le paysage et sur les frequentations du chemin, beaucoup de touristes. La nuit je tousse et crache beaucoup.
Les deux jours suivants seront pareils, longs et monotones avec des lignes droites interminables (17km). Le temps est tres variable: le dimanche la pluie et le soleil alternent en permanence et je n'arrete pas de mettre et d'enlever le poncho; le lundi, cela va mieux, il ne pleut pratiquement pas. Le poncho est pres mais je ne l'utilise pas. Au passage a Sahagun, je me soulage un peu en renvoyant mon duvet qui est trop chaud et que je n'utilise pas depuis plusieurs jours et d'une polaire. Je fais etape a Calzadilla de la Cueza (36km) et arrive a Bercianos le lundi soir (33 Km): C'est un gite paroissiale avec un accueil pelerin chretien. Je suis agreablement surpris et content les hotesses Rosa (Espagnole) et Carmen (Quebecoise) sont tres accueillantes et au petits soins pour les pelerins. Compte tenu de ma toux, elles m'installent dans une chambre seul au lieu du dortoir. Le repas se fait en commun et l'ambiance est chaleureuse et sympathique. Nous ne sommes qu'une quinzaine. Cela change des autres gites. Apres avoir assite au coucher du soleil et fait la vaisselle, nous avons un temps de priere ensemble. Cela me reconcilie un peu avec l'Espagne.
Au petit matin, je repars d'un bon pas. La boisson Aquarius me fait du bien et je prends un bon rythme. J'aimerais aller jusqu'a Leon pour revoir un medecin car apres cinq jours de traitement, je trouve que l'amelioration n'est pas significative. durant 35km je marche a 6km a l'heure. Cela va bien. A Villarente, l'etape que j'avais envisagee, je decide de continuer jusqu'a Leon car je me sens bien, mais je ralentis un peu. Finalement j'y arrive vers 17h apres 47km. Je suis accueilli a l'auberge du couvent des Benedictines. Quand je demande s'il est possible d'avoir une chambre seul (a cause de ma toux), les hospitaliers tres gentiment me donnent la seule qui est libre. Je suis bien installe avec cabinet de toilette prive. Apres la douche, je me rends au centre de soins ou je rencontre un medecin. Apres examen, il me fait faire une radio et identifie un voile au poumon: cela semble un debut de pneumonie. Il me prescrit des antibiotiques durant 10 jours et me dit de refaire une radio de controle dans 10 jours. Je comprends mieux ma fatigue generale. Quand je reviens au gite et que je donne le resultat de la visite, les hotes me proposent de prendre un ou deux jours de repos. Etant bien installe je reste donc deux jours. Cela me fait beaucoup de bien d'autant que lachant la pression, je me rends compte que je suis quand meme bien fatigue. Je passe donc ces deux jours a me reposer, visiter la cathedrale et l'eglise San Isidore qui est le panteon des rois d'Espagne. C'est magnifique. J'en profite pour regler des affaires personnelles et a mettre a jour mon blog. Les hospitalieres Madalena (Italienne) et Pilar (Espagnole) sont pleines de sollicitude a mon egard, cela change des accueils plus economiques des autres gites .
Ce que j'apprecie beaucoup dans ce gite, c'est que je retrouve un accueil chretien: le soir, a 21h30, il y a possibilite de participer aux complies avec les soeurs benedictines. Nous sommes accueillis par une religieuse qui donne des explications avant l'office et invite a la priere et la meditation par un petit discours sur le sens du chemin.
Je reprends donc le chemin demain 23/04. Je pense que ces deux jours de calme et de repos m'auront fait le plus grand bien. En principe, si je garde mon rythme, je devrais arriver a Santiago dans dix jours.

dimanche 11 avril 2010

St Jean Pied de Port a Burgos

Jeudi matin, reveil de bonne heure pour partir rapidement. La, cela change des jours precedents car on trouve beaucoup de monde sur le chemin. On attaque tres fort par un raidillon. Tres rapidement, le ciel se bouche et nous nous trouvons dans les nuages. Il ne fait pas tres froid, mais tout est bouche. Je ne vois meme pas la Vierge. Je double beaucoup de personnes et marche de concert avec un espagnol, mais par la suite, il me semera. le passage du col se fait dans le brouillard. A midi, j'avise une ancienne chapelle qui a ete transforme en gite. Il y a meme une cheminee avec un insert, et tout ce qu'il faut pour faire un feu: buches, petit bois, papier et briquet. J'ai failli mettre en route une flambee, mais comme je ne voulais pas rester longtemps, je ne le fais pas. La redescente sur Roncevaux est assez raide: Ayant mis six heures pour passer, j'arrive vers 13h a l'accueil pelerin puis au gite qui est situe dans l'ancien hopital des pelerins du moyen age. Il y a plus de 100 ou 150 lits alignes. Tout au long de l'apres-midi cela va se remplir. Apres ma douche et ma lessive quotidienne, je profite de mon temps libre pour aller visiter la basilique, superbe, le musee, le cloitre, et deux anciennes chapelles du moyen age. Entre temps, Christelle et Monica sont arrivees. On constate que l'allemand ronfleur est a deux lits d'elles! Apres le diner dans un des deux restaurants de Roncevaux, nous allons a la messe, en espagnol bien sur: Nous entendons la liste des differentes nationalites: les espagnols et les allemands sont les plus nombreux, mais tous les continents sont representes: Australie, Japon, Coree, tous les pays d'europe ou presque, USA, Canada, Chili, Argentine, mexique, etc....
Extinction des feux a 22h, la nuit est bercee par les ronfleurs qui se donnent parfois la repartie. Pour ma part je n'entends presque rien grace a mes boules quies.
Le lendemain, je me leve des 5h30 pour partir rapidement et fuir ce remue-menage qui me derange. Je demarre a 6h30 et espere prendre un petit dejeuner au village suivant. Il y a bien un bar d'ouvert mais pas de pain, rien a manger. Ce n'est que vers 9h30 que je trouverai quelque chose. A 12h15 j'arrive a l'etape que j'avais prevue. Rien n'est ouvert et je suis en pleine forme alors je continue. Un cycliste espagnol me double et nous faisons le point ensemble. Il va jusqu'a Pamplona. Quand j'arrive a l'etape suivante, Arre, avant Pamplona, il n'est que 15h30 et je me sens capable de continuer. Je continue ainsi jusqu'a Cezur Menor, apres Pamplona soit 55 km dans la journee. Au passage je visite un peu Pamplona car le chemin traverse la vielle ville. Je suis content d'arriver. Les trois jours suivants, c'est pareil, j'avance bien, le chemin n'est pas difficile, il est bien entretenu, c'est une veritable autoroute. Je fais donc etape a estella (42km), Viana (41km), et Najera (43km), mais depuis un ou deux jours je tousse un peu et les derniers kilometres sont un peu longs et difficiles a terminer. Je decide donc de ralentir un peu et pour l'etape suivante je m'offre un petit hotel a Castildelgado arrive vers 15h, je me couche et dors, mais je suis souvent reveille par ma toux. J'ai beaucoup avance parce que les chemins etant bons, ils sont faciles, cela me permet un peu de fuir la vague de touristes qui a pris le chemin, car je ne ressents pas la meme chose qu'en France. Aux gites, quand on discute, on sent que ce chemin n'a rien de spirituel pour beaucoup: je suis un peu decu des rencontres pour l'instant. Les gens sont sympas, mais il n'y a rien de profond. Alors j'avance. Au debut, les paysages sont interessants, mais rapidement on attaque les plaines interminables avec des lignes droites de 15 a 20 km. C'est triste et monotone, il n'y a presque rien a voir. Les premiers villages sont superbes avec de belles maisons assez riches, de belles eglises mais tout est ferme. Puis peu a peu cela devient desertique, des villages pauvres et fermes, des eglises toujours fermees. J'avance.
Apres ma nuit qui m'a fait du bien, je me sens quand meme fatigue. L'etape suivante est donc courte (24km). Je m'arrete au gite de Villafranca. Comme il est 13h, je demande aux trois espagnol qui sont la ou je peux acheter des provisions, ils me proposent de faire le repas, en echange j'achete une bouteille de vin. La halte fut sympa, les compagons sympas aussi, mais grands buveurs: 8 ou 10 bouteilles a 4. Au fur et a mesure, d'autres pelerins arrive. L'apres midi je me repose et soigne les ampoules (pas belles) d'un italien, d'un espagnol, d'une autrichienne....
Le lendemain je pousse jusqu'a Burgos 33km. La traversee de la zone industrielle ne m'interesse pas, je prends donc un bus, d'autant que je me sens fatigue. Le gite municipale est neuf et superbe. Je fais quelques courses pour diner et le petit dejeuner. Je passe une nuit a tousser et cracher.
Le lendemain matin 16/04, je vais voir un medecin qui diagnostique une bronchite et me prescrit des antibiotiques.

samedi 10 avril 2010

Condom - St Jean Pied de port

Le dimanche soir, j'appelle mon camarade de promotion et ami, Alain You qui est pere abbe de l'abbaye de Maylis pour lui demander si je peux venir et en particulier suivre le triduum Pascal. Il me reponds que l´'abbaye sera pleine, mais qu'il va voir comment faire. Le lendemain il me rappelle et me confirme qu'íl peut m'accueillir, mais que je serai loge dans la cloture avec les moines donc en silence. Pas de probleme pour moi bien sur, bien au contraire. Qu'y a-t-il de mieux que de celebrer la mort et la resurection du Christ dans un monastere. Par contre quand je lui annonce que j´arriverai jeudi soir, je comprends que c'est un peu genant avec le temps de silence, mais qu´il me consacrerait quand meme un peu de temps.
Le lendemain lundi, je prends la route sous un beau soleil et passe par Larressingle qui est un splendide petit village medieval. Je file ensuite vers Eauze ou je suis attendu par Pauline et Marcel. Mon passage leur a ete annonce par Isabelle qui a d'ailleurs demande a Pauline de me transmettre un message. En arrivant, je fais un crochet par le centre pour visiter la cathedrale et prendre l'adresse du gite a l'office du tourisme. Comme ils ont une soiree formation alpha, ils me proposent de me joindre a eux pour le diner et suivre la projection de la cassette. Ce que j'accepte, cela me donne l'occasion de rencontrer le tres sympathique cure qui est hollandais et quelques paroissiens tres accueillants.
Le lendemain par contre je repars sous un ciel bien charge et peu de temps apres, je suis oblige de mettre sur-pantalon et poncho. Comme les chemins sont peu praticables, je prends des petites routes. J'arrive trempe a Nogaro vers 13h. Je prends mon casse-croute dans un bar et quand je repars, le temps etant toujours a la pluie et au vent de travers, je prends le chemin le plus court: la nationale. Vais-je m'arreter dans le premier gite? Je passe dans le village vers 15h et j'avance bien: je continue donc tete baisse vers Aire sur Adour. J'y arrive vers 19h apres avoir fait 46km. Apres la douche et la lessive, je vais prendre un diner dans un petit restaurant qui est deja ferme mais qui m'ouvre quand meme quand elle apprend que je suis pelerin.
Il ne me reste que 42 km jusqu'a l'abbaye. Le lendemain je les parcours rapidement et arrive vers 16h30 a l'abbaye. Vers midi, j'avais appele Alain pour lui annoncer que j'avais gagne une journee. Il me recoit royalement car il me met a disposition la suite episcopale qui comprend une chambre, un bureau et un cabinet de toilette prive. Entre le mercredi soir et le jeudi, j'ai la possibilite de beneficier de deux entretiens bien profonds avec lui et d'une confession tres marquante. Par la suite, je peux suivre la plupart des offices et le triduum pascal. Ces ceremonies sont si belles et les moines chantent si bien que l'on ne voit pas le temps passer. Pourtant, les ceremonies du jeudi saint et du vendredi saint ont dure 2h30, la vigile pascale plus de 3h30 a partir de 22h45. Meme les enfants tres nombreux etaient pris par l'ambiance, ils etaient sages et recueillis, ne perdant pas une miette des evenements. Le pere abbe etait rayonnant au cours des offices. Ce sont les plus belles fetes pascales de ma vie. J'ai eu l'occasion de rencontrer quelques familles et de partager avec elles. Je garde un excellent souvenir de ces moments privilegies. Ils ont pourtant ete un peu perturbe au debut car le chicot de mon bridge commencait a me faire mal depuis deux jours. Alain a pris pour moi un rendez-vous chez le dentiste et m'a prete une voiture. Le jeudi soir, juste avant la ceremonie, je me suis fait arracher le chicot, une infection commencait dessous. Elle s'est par la suite transformee en sinusite.
Le lundi matin je prends conge des moines par une belle journee ensoleillee. Alain m'emmenne dans le clocher pour voir la vue. On a une vue splendide sur les pyrenees. Depuis Lectoure, je les vois de temps en temps, mais bien sur de plus en plus pres. Passant par Amou, j'avais l'intention de faire quelques courses pour mon casse-croute, mais j'avais oublie que le lundi de Paques c'est ferie: tout est ferme! Meme les bars et restaurants. Je me dis qu'il va me falloir mendier un bout de pain. Pas facile! Je me trouve toujours une excuse et j'arrive a la sortie du village sans rien. Je m'arrete devant la derniere maison pour boire un peu, comme je finis ma gourde, je suis alors interpelle par une dame qui me propose de me la remplir. J'en profite pour lui demander un bout de pain. Elle me donne gentiment un bon morceau de pain complet aux cereales, deux croissants et deux pommes. Mon Dieu qu'il etait bon ce dejeuner!
La route jusqu'a Orthez se passe bien et je suis accueilli au gite municipale par deux benevoles. Superbe gite dans un batiment ancien, bien equipe.
Le lendemain je reprends la route sous une journee pluvieuse et je trace jusqu'a St Palais. Je prends des raccourcis par rapport au GR car parfois il fait des detours. Le gite est tenu par deux benevoles belges tres sympathiques. Fatigue, je me fais un petit frichti a base de soupe et de pates de ma reserve. Bernadette, gentiment me donne deux saucisses et une tomate. Finalement c'est copieux.
Apres une bonne nuit de repos, je reprends la route sous la pluie. J'evite certains troncons du GR car trop boueux. Je me trouve meme devant un gue infranchissable car les eaux sont abondantes. A midi, je m'arrete dans un petit restaurant pour manger mon casse-croute et commande une bonne soupe bien copieuse et bien chaude. Apres le repas, je reprends la route mais je ne suis pas le GR car mon experience du gue, la pluie, les detours que fait le GR m'incitent a prendre au plus court. Je suis donc la grande route jusqu'a St jean Pied de Port ou j'arrive vers 17h. J'appelle un premier gite qui est malheureusement plein, mais l'hotesse me donne les coordonnees d'un autre gite accueil chretien. Mon interlocuteur me confirme qu'il peut m'accueillir. Je commence par passer a l'accueil pelerin, dans la citadelle ou on m'enregistre. Alors que jusque la je n'avais vu quasiment personne, la, je decouvre beaucoup de monde qui prend le chemin. Avant d'aller au gite, je fais quelques courses: paires de chaussettes car les miennes sont deja pas mal reprisees, embouts de batons car je suis bientot sur la ferraille, quelques courses alimentaires pour le lendemain, pharmacie pour mon hypertension.... Puis je rejoins le gite ou sept autres pelerins sont deja la, mais ils demarrent de St Jean Pied de Port. Apres un repas chaleureux avec les hotes et les pelerins, la nuit est un peu mouvementee car l'un des allemands ronfle comme une locomotive! Je sympathise avec deux jeunes femmes francaises qui vont faire le chemin par petits bouts.

dimanche 28 mars 2010

Conques à Condom

Mon récit précédent s'est terminé brutalement car étant à l'office du tourisme de Conques, j'ai dû m'arrêter brutalement au moment de la fermeture.

La nuit à Golinhac a été paisible. Comme durant la journée je ne dois pas traverser de village avec commerces, j'attends l'ouverture de l'épicerie pour acheter un casse-croûte. Le temps est superbe, un beau soleil réchauffe l'atmosphère. Le chemin jusqu'à Conques est plus facile que la veille. Arrivant à 15h30 à Conques, cela me donne le temps de visiter le trésor de la basilique et le musée, puis de squater l'ordinateur de l'office de tourisme afin de mettre à jour mon blog, et enfin de faire un tour dans le village. Cette petite cité médiévale est magnifique et bien restaurée. Je suis accueilli à l'abbaye par des hospitaliers bénévoles. Au repas, j'ai la bonne surprise de retrouver Alain qui arrive d'Estaing. Il n'est pas passé par Golinhac, il a pris une variante plus facile, mais a quand même fait près de 40km dans la journée. Le repas avec les hospitaliers est très sympathique, chaleureux. Les échanges sont riches. Comme chaque soir, nous échangeons des messages avec Caroline. Comme la liaison téléphonique n'est pas bonne, nous communiquons par sms:
- Caroline: "jcapte que dalle! on s'appelle 2m1 soir. A Conques jdevrais avoir du réseau! Ca sera plus simple. J'espère que tt va bien pr toi."
- moi: "Pour moi tvb. J'espère que tu n'en as pas trop bavé aujourd'hui. demain ce sera plus cool. conques est très joli. Alain est arrivé jusqu'ici. demain il ira probablement comme moi à Livinhac. A demain"
- Caroline:"Mais il est fou!! Il s'est fait plus de 40km dans la journée! Je suis fier de vous, vs avez un super rythme. Jvous appelle 2m1 pour faire le point"
Au cours de nos marches et de nos soirées dans les gîtes, nos échanges sont devenus de plus en plus profonds, créant entre nous une certaine complicité, une amitié. Alain et moi avons pris Caroline en affection, elle nous appelle ses petits papas.
Après une bonne nuit de repos, nous profitons de notre présence à l'abbaye pour bénéficier des laudes, puis de la messe. A l'issue, nous recevons de la part d'un des pères, la bénédiction du pèlerin devant l'autel de Ste Foy. Nous déjeunons ensuite avec les hospitaliers. Pendant qu'Alain visite un peu Conques, je passe à la poste pour m'alléger des vêtements d'hiver et je reprends le chemin. Il commence par une montée raide vers la chapelle Ste Foy qui nous donne une vue splendide sur Conques. Le temps est superbe et je prends mon casse-croûte de midi devant la chapelle St Roch de Noihlac. Jolie petite chapelle avec de beaux vitraux modernes mais chatoyants. Le chemin reste en crête jusqu'à Decazeville où la descente et la remontée sont rudes. Je fais étape chez "Corinne la pèlerine" (Dioscore) près de l'église St Roch. Comme elle était à Conques, nous l'attendons une heure au soleil avec Alain qui vient de me rejoindre. Nous avons des échanges profonds. Je lui relate l'agonie et le décès de mon père qui nous a beaucoup marqué par sa profondeur spirituelle. Quand Corinne arrive, nous allons prendre notre douche chez le curé d'en face car Corinne a des problèmes de douche. Elle nous fait un excellent repas bio et les échanges au cours du repas sont riches et profonds.
Le lendemain, nous faisons nos courses à Livinhac et nous reprenons la route chacun de notre côté. Mais avec nos arrêts respectifs, nous nous suivons de peu et nous retrouvons de temps en temps. Ces moments de solitude nous permettent chacun de réfléchir, méditer et prier. A midi, nous nous retrouvons au pied de l'église de St Félix, jolie petite église du XI° siècle très curieuse. Nous pique-niquons au soleil sur des bancs. L'après-midi nous cheminons ensemble jusqu'à Figeac. Là, Alain va visiter le musée Champolion, très intéressant, pendant que je fais un tour dans les ruelles moyenâgeuses et à l'église St Sauveur qui a une superbe chapelle avec des boiseries peintes représentant des tableaux de la bible. Je prends ensuite le chemin qui remonte sur le plateau par le "Cingle". J'y rencontre deux jeunes élèves de terminale. Ils m'offre gentiment du chocolat et nous échangeons pendant un moment bien sympathique. Je reprends ensuite jusqu'à la Cassagnole où Alain me rejoint. Nous sommes chaleureusement accueillis par Marie-Claude qui nous installe dans un gîte avec coin cuisine. Pendant que je lance la lessive avec elle, nous avons ensemble un échange profond. Alain et moi achetons quelques provisions et nous préparons notre dîner que nous partageons en échangeant. Alain fait peu à peu un cheminement intérieur qui l'émerveille. Par téléphone nous avons Caroline qui nous suit une étape derrière et nous convenons de nous retrouver à Moissac d'où ils partiront ensemble pour Paris.
Après une nouvelle nuit de repos, nous repartons à travers le plateau du Quercy sec et désertique. Nous apercevons de nombreuses casettes (huttes de bergers en pierre) et quelques dolmens. Je n'ai pas suivi le chemin que j'ai préparé, mais le GR et je le regrette. Nous arrivons au dessus de Cajarc avec une jolie vue sur la ville. Nous passons par la poste où je m'allège encore un peu, le temps étant de plus en plus beau et chaud. Nous nous installons au gîte municipale qui est propre et confortable. Quelques courses nous permettent de faire quelques provisions pour notre dîner et notre déjeuner du lendemain. Nous échangeons encore et je suis touché de voir l'émerveillement d'Alain à se laisser transformer et cheminer.
L'étape du lendemain nous amène à travers de longues forêts et des chemins bordés de murs de pierre jusqu'à Vaylats au couvent des Filles de Jésus. Après la douche, lessive et courses, nous suivons les vêpres de 18h puis nous partageons le souper avec les soeurs et un hospitalier bénévole qui est là en convalescence.
Le lendemain, nos routes se séparent car je file vers Cahors alors qu'Alain coupe en direction de Lascabanes. J'arrive à Cahors vers 14h30 et galère un peu pour trouver un hébergement car beaucoup sont fermés. L'office de tourisme me trouve quelque chose au foyer des jeunes travailleurs. Ma soeur Hélène arrive par le train et nous nous retrouvons. Après notre installation et ma douche, nous faisons une petite visite de la vieille ville puis nous allons à la messe à l'église St Barthélémy. Nous dînons dans une brasserie avant de rejoindre le foyer.
Après une bonne nuit de repos nous prenons le chemin de Lascabanes sous un ciel plutôt humide. Nous passons par le pont de Valendré, superbe! En arrivant en haut de la côte nous sommes obligés de nous couvrir de nos ponchos. Le chemin a été modifié pour passer devant un gîte et c'est là que nous voyons que les GR ont un côté économique plus que de tradition. En passant par ce gîte, comme nous cherchions des toilettes, nous sommes gentiment invités à boire un café. Le chemin est boueux, nous marchons sous le vent et la pluie. A midi, nous nous abritons sous un porche d'école pour casser la croûte. Comme nous sommes près d'un bureau de vote, plusieurs citoyens passent bavarder un peu avec nous. Nous repartons mais le temps se lève un peu, la pluie s'arrête. Hélène marche à son rythme et je règle le mien sur le sien. A deux kilomètres de Lascabanes, elle commence sérieusement à fatiguer. Là, Caroline qui a suivi le même chemin qu'Alain nous rejoint. Nous arrivons au gîte où nous nous installons. Après la douche, à 18h, nous sommes accueillis à l'église par le père Kerveillant, prêtre ouvrier de la mission de France, ermite à Lascabanes, veilleur sur le chemin. Il nous accueille par le lavement des pieds, comme le Christ, et l'eucharistie. C'est un moment assez fort. Nous retrouvons ensuite l'hôtesse du gîte avec son doux sourire. Elle nous a préparé une excellente soupe et un poulet au vinaigre succulent. Après le repas, je passe un moment à échanger avec Caroline qui elle aussi chemine intérieurement.
Le lendemain, nous démarrons tous les trois ensemble, mais à un moment, Caroline bifurque vers Moncuq alors qu'Hélène et moi continuons sur le plateau. Comme elle fatigue vite, je prends un raccourci et évite les dénivelés. Le temps est variable, mais nous évitons la pluie et le temps s'améliore peu à peu. A midi nous retrouvons Caroline près de Montlauzun. Nous déjeunons avec un chien très gentil mais un peu collant. Il se couche souvent sur les pieds douloureux d'Hélène. L'après-midi nous continuons ensemble et à quatre kilomètres de Lauzerte, Alain arrive à notre rencontre. Après avoir avancé un peu, il a fait demi-tour pour nous rejoindre. Nous arrivons au gîte de Lauzerte où Bernadette et Michel nous accueillent. Le gîte est superbe, luxueux. Hélène étant arrivée épuisée, Michel lui propose de l'emmener un bout de chemin en voiture le lendemain. Il nous emmène visiter des caves de Lauzerte qui ont servi de carrière lors de la construction de la ville. Nous dînons avec nos hôtes, très accueillants et plein d'histoires sur le chemin et les pèlerins. Nous passons une excellente soirée.
Au matin, nous laissons Hélène pour faire les dix premiers kilomètres qui ne sont que montées et descentes. Michel avait bien vu, Hélène aurait vite été épuisée. Parti sous le soleil, nous trouvons la brume dans une vallée, elle nous quitte à Duffort la Capelette où nous retrouvons Hélène. Après un pique-nique au soleil près d'une chapelle, nous marchons ensemble jusqu'à cinq kilomètres de Moissac en échangeant de temps en temps deux par deux. Là, Hélène sentant venir la fatigue, nous interpellons une voiture qui par chance va à Moissac. Le chauffeur la prend en charge et la dépose à la gare où nous la retrouvons une heure après. Hélène a décidé de rentrer à Paris avec Alain et Caroline. Nous nous installons au gîte Ultrëia tenu par Rom, un Irlandais qui après avoir fait le chemin et vécu la maladie de sa femme a décidé de changer de vie. Au cours du repas, les échanges sont riches et profonds.
A 6h15 le lendemain matin, mes trois compagnons embarquent dans un car qui les amène à Agen au TGV de Paris. Après ces quinze jours, je me sens un peu seul. Nos échanges ont été tels que des liens se sont noués et je suis heureux d'avoir pu assister au cheminement intérieur de mes deux compagnons. Je suis aussi heureux d'avoir pu marcher un peu avec Hélène. Cette nouvelle journée est un peu rude du fait de la solitude et du macadam sur une bonne partie du chemin. J'arrive à Flamarens chez Isabelle et Xavier. C'est Nadine qui m'accueille. ce n'est que vers 20h que mes hôtes arrivent. Le repas du soir avec échanges est sympathique et me fait un peu oublier la solitude. Nous nous séparons après la prière familiale pour aller dormir. C'est le lendemain matin juste avant mon départ que j'ai un partage un peu plus profond avec Isabelle. Le chemin est un peu plus court que la veille car les gîtes suivant étant fermés, je m'arrête à Lectoure, ce qui me permet de visiter la cathédrale et la ville qui ont un cachet particulier. Je m'arrête dans un gîte où il n'y a pas de chauffage ni de repas. Je me fait un repas rapide et me couche rapidement. Cela accentue le sentiment de solitude.
Comme le lendemain mon rendez-vous avec mes amis Michèle et Philippe est à 20h à Condom, je fais le détour par La Romieu où je visite l'abbatiale et le cloître sous un beau soleil. Comme je suis arrivé à midi, je m'offre un petit repas dans le petit restaurant Angeline, sur la place du village. L'hôte est très sympathique et me raconte la légende des chats d'Angeline. Quand j'arrive à Condom vers 18h, je file à la cathédrale pour la visiter ainsi que le cloître. Elle est magnifique et mérite elle aussi le détour. En attendant l'heure du rendez-vous je m'abrite dans un café.
Vers 20h15, mes amis arrivent et m'emmènent chez eux. J'y passe deux jours de repos qui me font beaucoup de bien et me permettent de les retrouver. Le dimanche soir ils me ramènent à Condom pour que je reprenne la route demain matin. Ce n'est que dans un petit hôtel que je trouve un gîte, car tout est fermé.