dimanche 12 février 2017

Passage rapide à Brisbane

On m’avait dit que Brisbane n’avait pas grand intérêt, c’est vrai. Je n’y suis resté que deux jours et c’est suffisant. Un peu fiévreux en arrivant, j’en ai profité pour me reposer mais voir quand même un peu ce qu’il y a à voir. 
Quelques beaux monuments style Victorien tentent de garder leur place au milieu de nouveaux édifices type gratte-ciel. Afin de les mettre en valeur, quand un nouveau bâtiment est construit au-dessus d’un ancien, la nouvelle façade qui domine est en retrait de l’ancienne.
Le Queensland Museum n’est pas très riche, mais il permet quand même de comprendre un peu l’histoire des aborigènes et comment ils ont vécu l’invasion européenne.
La St John’s Cathedral est peut-être la dernière cathédrale néogothique construite au monde puisque commencée en 1901, elle n’a été achevée qu’en 2009.
Le City Botanic Garden est un très beau parc bordé par le fleuve qui traverse Brisbane. Les gros lézards peu farouches voisinent les ibis à cou noir, les cacatoès blancs et les Kookaburas rieurs qui s’ébattent en liberté comme chez nous les pigeons.
Le Lone Pine Koala Sanctuary est un parc animalier qui est intéressant à voir car on y voit beaucoup de koalas, ils en ont plus de 150. Espèce en voie de disparition, la mission principale de ce parc en est l’étude et la protection. Depuis le début de leur action, le nombre des koalas a peu à peu augmenté dans le monde. 
On peu les approcher et même se faire prendre en photo avec eux, mais c’est cher. Jolie peluche, souvent endormie coincée dans les branches d’un arbre, c’est un animal vraiment mignon.
Il y a par ailleurs un grand enclos dans lequel des kangourous et des wallabies sont en liberté. On peut les approcher, leur donner à manger, voire les caresser. Ce sont des animaux très pacifiques et peu farouches. Parfois, on voit une petite tête ou des pattes sortir de la poche de la mère.
Il y a aussi dans ce parc plusieurs autres espèces d’animaux endémiques : le wombat, 
le démon de Tasmanie, la chauve-souris à tête grise, 
le Laughing Kookaburas, oiseau à grosse tête et gros bec dont le cri ressemble à un rire de vieille mégère, 
le casoar, le dingo, l’ornithorynque, et plusieurs autres animaux n’existant nulle part ailleurs.
Une démonstration de chiens de berger époustouflante montre les relations entre les chiens, le berger et les moutons et comment sur de simples ordres du berger, ils peuvent faire passer le troupeau où il veut.

Sur les conseils du Guide du Routard, j’ai fait à la tombée de la nuit une promenade en CityHopper, un ferry gratuit qui relie plusieurs points de la Brisbane River qui traverse la ville. Cela permet de voir Brisbane sous ses plus beaux atours. Le jeudi 2, je m’envole pour Sydney.








Album de Brisbane:     https://goo.gl/photos/yhiBHfQzZoh2UioZ8

samedi 11 février 2017

Espiritu Santo, un petit coin de paradis.

Escale rapide à Port Vila pour changer d’avion et j’arrive à la tombée de la nuit à Luganville. Un taxi m’attend ainsi qu’une petite famille qui doit loger comme moi dans la rue de Zaza. Elle nous attend à la descente du taxi et nous répartit dans les logements. J’ai droit à un pavillon pour moi tout seul. La petite famille qui est arrivée avec moi et avec qui je partagerai quelques jours est un médecin militaire de Nouméa, Rémi avec sa femme Déborah et leurs quatre enfants. 

Pendant que Déborah fait manger et couche les enfants, Zaza nous emmène Rémi et moi au nakamal voisin pour sacrifier à la tradition du kava mais surtout nous donner les info et mettre au point les jours à venir. Le nakamal est un bar un peu spécial, très sombre, avec des lumières tamisées car la lumière forte fait mal aux yeux des buveurs de kava. 
Le kava est une boisson tirée du jus des racines du poivrier sauvage. C’est une boisson qui a un goût de terre, qui est deg…. , qui ankylose la langue et la bouche, comme le produit pour endormir du dentiste. Les buveurs de kava en boivent plusieurs de suite et se trouvent dans un état second qui leur permet de dormir en oubliant les soucis. Traditionnellement, on dit : « malok » et on avale cul-sec le schell (un petit bol en demi noix de coco). Il vaut mieux avaler cul-sec, on sent moins le goût. On peut ensuite se rincer tout de suite la bouche à l’eau, il y a des robinets avec une rigole en-dessous qui permet de cracher. Nous mettons au point avec Zaza les modalités du séjour sur l’île, ce qui lui permet de passer rapidement quelques coups de téléphone pour que tout coule sans accros. Pour ma part, elle m’a concocté un bon petit programme très sympa dans la suite du séjour à Tanna.
Le lendemain, elle nous met Rémi et moi entre les mains de Malcom un Australien, ancien scaphandrier, qui a un club de plongée. Il nous amène au bateau et nous confie à l’un de ses moniteurs local qui se révèlera très professionnel. Il faut avouer que j’avais très envie de faire les deux plongées mythiques du Vanuatu mais comme j’ai passé mon niveau un en 2011, que je n’ai pas replongé depuis et que je n’ai que huit plongées, je ne suis pas très à l’aise. J’ai la chance de plonger avec Rémi qui a son niveau trois, qui est médecin sportif qualifié plongée, et avec un moniteur pour moi tout seul. Je me sens donc un peu plus en confiance. Pendant toute la durée des deux plongées que nous ferons, Simon, le moniteur ne me lâchera pas et me guidera. Cela me permet donc de bien profiter des moments. Je regrette de ne pas avoir d’appareil étanche car cela vaut vraiment le coup.
La première plongée se fait sur le Coolidge. C’est un bateau de croisière américain, comme le France, qui au cours de la deuxième guerre mondiale a été transformé en transport de troupes. Lors d’une rotation entre la Nouvelle Calédonie et San Francisco, il a fait escale à Luganville et a sauté sur une de leurs mines. Le capitaine a fait échouer le navire pour permettre au passagers de se sauver, il n’y a eu que deux morts. Après l’abandon du navire, celui-ci s’est couché, puis a peu à peu a glissé sur le récif et coulé entre 20 et 70 m de profondeur. Tout est resté à l’intérieur et les plongeurs se régalent en venant visiter les ponts, les cales, les coursives, les salons et les suites de la première classe. Au cours de cette plongée, nous parcourons le pont avant où nous voyons les canons, les obus dans les casiers, les douilles éparpillées sur le pont, les fusils et divers autres matériels dont une marmite de cuisine avec à l’intérieur des assiettes et de la vaisselle.
Dans la cale, les véhicules sont renversés, on y voit des jeeps, des chars, des camions….
La deuxième plongée devait permettre d’aller plus loin dans le bateau, mais comme je ne reste pas suffisamment car je consomme trop vite, nous faisons la deuxième plongée sur Million Dollars Point. C’est un point de la côte où les américains ont jeté à la mer tous les matériels qu’ils n’ont pas voulu remmener en Amérique et qu’il ne voulaient pas que le japonais récupèrent. Il ont jeté là des dizaines de véhicules : jeeps, camions, bulldozers, chariots élévateurs,  etc… , ainsi que deux barges. Ils ont mis ensuite des explosifs et ont tout fait sauter. Comme c’est tout au bord de la plage, certains débris la jonchent d’ailleurs encore, on part directement du bord de l’eau et on s’enfonce pour voir entre dix et trente mètres tous ce matériels abandonnés représentant plusieurs millions de dollars, d’où le nom du spot. C’est impressionnant ! Les véhicules sont entiers avec leurs pneus ou leurs chenilles. Me sentant en confiance, je profite bien du spectacle qui est unique.
Le lendemain, je rejoins Daniel, Patricia, Logan leur fils et sa copine pour la sortie à Millenium Cave. C’est un site perdu dans la brousse géré par un village nivane. Au cours du trajet, nous empruntons une belle piste bien plane, très large et bien droite, anciennement goudronnée dont les bords goudronnés se perdent dans la végétation.  Le chauffeur de taxi nous dit que c’est l’ancien aérodrome construit par les américains pendant la guerre pour leurs bombardiers. 
Notre chauffeur nous amène jusqu’à un village où nous laissons le véhicule, puis à pied, à travers la brousse, il nous conduit au village de Vunaspef. Sala qui sera l’un de nos guides nous accueille. 
Nous déposons nos sacs et équipés de vêtements et de chaussures qui ne craignent pas l’eau, nous le suivons à travers la brousse. Serge le deuxième guide ferme la marche et porte un sac étanche. 
La piste monte et descend, tantôt creusée de marches dans la terre, tantôt équipée d’échelles rudimentaires mais solides. Nous arrivons au fond du lit d’un ruisseau qui s’enfonce dans la terre. 
Nous le suivons et découvrons la Millenium Cave, une caverne traversante de plus de 400m de long, de 3 à 8 m de large et de 15 à 50 m de haut. Elle est occupée par des milliers d’hirondelles qui ont fait leurs nids dans les trous du rocher et par des chauve-souris. Les anciens connaissaient cette grotte pour venir y chasser les hirondelles, mais ils n’avaient jamais été au fond. C’est Serge, qui un jour qu’il péchait la crevette dans un torrent est entré dans une grotte se demandant ce qu’il allait trouver et il a débouché de la grotte connue. Pendant longtemps, elle n’était connue que d’eux. C’est en 2000 qu’ils ont équipé et lancé le circuit. D’où le nom : millenium. Les bénéfices reviennent au village pour construire et faire tourner l’école et le jardin d’enfants. Nous suivons donc le cours du ruisseau avec de l’eau de la cheville au genou et débouchons de l’autre côté du massif dans un torrent surplombé de falaises.
Après un casse-croûte nous suivons le torrent, tantôt escaladant des rochers, tantôt se laissant couler dans le cours d’eau pour ensuite suivre à la nage un canyon de plusieurs mètres de haut .
C’est magnifique ! L’eau est d’une pureté, d’une transparence que l’on voit facilement le fond à plusieurs mètres et les poissons qui nagent autour de nous.
Par un sentier du même type que précédemment, nous remontons au village. Cette balade n’est pas difficile, mais assez physique et certains éprouvent le besoin d’aller dormir. Nous restons la nuit ici pour partager un peu la vie du village.
Sala nous conduit voir une femme qui prépare le lap lap, plat traditionnel à base de légumes, ignames et poulet, qui est cuit dans des feuilles de bananier sur des braises et couvert par des pierres chauffées dans les braises.
Puis je vais faire un tour dans les jardins. Comme ils ne vivent que de leurs récoltes, leurs jardins sont immenses. Il n’y a pas comme chez nous des carrés de ceci ou de cela, tout pousse ensemble, ils forment des lignes de plantation, mais on trouve mélangés, du maïs, des ignames, des ananas, des tas d’autres légumes au milieu de plants de cacahuètes. Sala me présente un peu son jardin puis au retour au village, avec ses confrères, ils se mettent à préparer le cava.
Quand on voit la boisson, ce n’est pas très engageant, mais quand on voit comment ils le font, cela donne encore moins envie d’en boire. On se demande d’ailleurs comment on ne tombe pas malade en buvant ça. C’est peut-être antiseptique après tout.
Les racines sont déjà épluchées et coupées en tout petits carrés. Ils utilisent un vieux hachoir à viande pour broyer les racines. Ils commencent par donner quelques tours pour sortir ce qui reste de la veille puis on commence à broyer. Comme c’est du bois, cela résiste et chacun notre tour on s’amuse à tourner la manivelle. C’est tellement dur que les hachoirs ne durent pas une éternité, il y a autour quelques cadavres bien usés. 
Il en sort une pâte grise qu’il mettent ensuite dans un vieux sac de jute et ils lavent abondamment l’extrait pour en tirer la substance voulue. Cela donne un jus gris qu’ils tamisent ensuite avec un vieux chiffon et le cava est prêt à boire…..
Nous rejoignons ensuite la salle commune où un repas nous a été préparé. René le deuxième fils du chef du village nous fait offrir un collier de bienvenue par des enfants et nous fait un petit discours avant de partager …. Le cava… bien sûr ! Puis nous passons à table pour déguster un succulent repas traditionnel. Je ne me souviens pas de tout ce qui nous a été servi, mais nous nous sommes régalés. Il y avait une salade de papaye verte, c’est comme du concombre, une salade de fougère, un régal, le lap lap bien sûr, extra et plusieurs autres plats dont des crevettes de la rivière. Les villageois ont attendu que nous ayons fini pour manger à leur tour. Pendant le repas, René répond gentiment à nos questions sur la vie au village. 
Nous rejoignons ensuite le bungalow où nous sommes installés pour dormir. C’est une paillotte sur pilotis comme celles des villageois avec un toit de feuilles de bananiers et des murs en roseaux tressés.
Le lendemain matin, aux aurores, je me lève car je repars pour l’étape suivante. Un villageois me reconduit jusqu’au village suivant où je retrouve le taxi qui est venu me chercher et qui me dépose devant chez Zaza. Je prends juste le nécessaire dans mes affaires et un autre taxi m’emmène à Port Olry. Ah ! Port Olry, un vrai avant goût du paradis. 
Mais avant, en cours de route, on fait une halte au bord d’un « trou bleu ». Il y a comme cela sur l’île, plusieurs « trou bleu ». Ce sont des trous d’eau douce qui communiquent avec la mer et dont le niveau varie en fonction des marées. On les appelle « bleu » parce qu’ils sont d’un bleu irréel. Le bleu de la photo est le bleu réel. A se demander s’il n’y a pas du colorant dedans. Mais l’eau est si belle, si pure que l’on voit le fond à près de quinze mètres. 
On fait un petit tour à Port Champagne une très belle plage comme sur les cartes postales mais qui est envahie par les passagers d’un bateau de croisière Australien qui a jeté l’ancre dans la baie. Les autochtones en ont profité pour dresser leurs petits étalages pour essayer de vendre quelques souvenirs, et il semble que ça marche.  
Début d’après-midi, j’arrive à Port Olry. C’est un petit village de pécheurs très tranquille avec quelques bungalows construits au bord de la plage.
Une plage de sable extrêmement fin, blanc, propre, une eau bleu aux tons multiples, des cocotiers penchant la tête et des arbres multiséculaires. Le rêve !
Mon bungalow est à l’ombre d’un beau tamanou d’au moins cinq cents ans, séparé de la plage par une pelouse de vingt mètres. Soir et matin, il est doux de commencer et de terminer la journée par une baignade dans une eau à température idéale.
Maurice, mon hôte, me prête gentiment palmes, masque et tuba pour admirer les fonds marins. En fin d’après-midi, je retrouve Rémi et Déborah qui sont là depuis deux jours. Le soir, je m’offre un crabe de cocotier pour goûter.
Le lendemain, dimanche matin, je vais à la messe au village. Comme à Port Vila, la messe est tantôt en français, tantôt en bichlama, mais les chants sont magnifiques et la messe très priante et recueillie. 
Puis Florian et son épouse, autres vacanciers comme nous, militaire de Nouvelle Calédonie aussi, ont organisé avec leur hôte, une journée barbecue au bord d’une autre plage. Rémi et Déborah sont de la partie et ils m’invitent à les rejoindre, ce que j’accepte bien sûr. Journée sympa, farniente, exploration des fonds marins, et d’une île sauvage devant la baie où nous sommes. Il y a paraît-il un tunnel sous-marin qui traverse l’île de part en part et qui est plein de langoustes. 
Le soir, le restaurant nous a préparé un petit porcelet cuit au four, extra !


Là se termine cette parenthèse au Vanuatu car le lendemain lundi, je reprends l’avion pour Port Vila où j’attrape celui pour Brisbane en Australie.

En conclusion de cette expérience, je peux dire que le Vanuatu est un pays qui mérite à être connu, bien qu'il soit très pauvre, il a des trésors cachés. C'est très beau, nettement moins cher que la Nouvelle Zélande et l'Australie, mais surtout, les nivanes sont des gens très accueillants, paisibles et toujours souriants.


Album d'Espiritu Santo:   https://goo.gl/photos/FNH6K8JxtBjXHQZ88

lundi 6 février 2017

Tanna et son volcan, seigneur Yasur

Mardi 24 janvier, je prends l’avion pour Tanna et son volcan Yasur, qui signifie Jésus. Dans les divers commentaires que l’on m’avait fait, il fallait que je vienne voir ce volcan qui est en activité. C’est, je crois, le seul volcan actif au monde où les touristes peuvent s’approcher du bord du cratère et le voir ainsi de si près. Compte tenu du peu de temps que je reste au Vanuatu, je n’y passe qu’une nuit, cela fait peut-être un peu cher, mais cela vaut le coup. J'y arrive avec un jeune couple très sympa, Sandra et Nicolas, bretons installés depuis un an à Nouméa, elle est médecin, lui est infirmier.
Le contact de Zaza, Fred, a un hébergement comprenant un bungalow surélevé et un bungalow dans un gros banian à plus de vingt mètres de haut. Quand on y est couché, on a une vue directe sur le volcan. Comme ils restent deux nuits et moi une, je peux profiter de la maison dans l’arbre.
Le gendre de Fred vient nous accueillir à l’aéroport et nous voilà partis pour près de deux heures de route. Il faut traverser l’île d’abord par une piste en travaux, puis par une petite route tantôt goudronnée, tantôt bétonnée, tantôt en piste défoncée, puis la dernière partie, un tiers environ, se fait par une piste défoncée où l’on roule de 5 à 20 Km/h. L’île est partagée par une chaîne montagneuse que l’on traverse. Quand on arrive sur le versant Est, on remarque tout de suite un nuage gris qui vient du sud.
Au détour d’un virage, on a une vue sur le volcan. Il est là au loin, devant nous, tout gris de poussière tranchant sur la végétation. De son sommet s’échappe un nuage de poussière. Autour de nous, la terre est noire, c’est la poussière rejetée par le volcan. Il paraît qu’elle est excellente, tout pousse très bien. Mais comme le volcan crache en permanence, tout est couvert de cette poussière grise. 
Comme c’est une poussière très fine, du sable très fin, quand il pleut, les eaux de ruissellement ravinent abondement et les pistes sont défoncées.
En arrivant au pied du volcan, on traverse une zone entièrement désertique, grise, on se croirait dans le désert ou sur la lune.

Dès notre arrivée, le chauffeur nous amène directement au point de départ de la visite. Celle-ci a commencé depuis plus d’une heure car cela commençait par des danses traditionnelles, mais on raccroche les wagons et on monte en pick-up jusqu’au col au pied du cratère. Là le guide nous donne les consignes et nous le suivons vers le cratère. 
De temps en temps, on entend de belles explosions ou des bruits de soufflerie et on voit des projections au-dessus du cratère.
Au bout de quelques minutes de montée, on débouche à un premier point d’observation, au bord du grand cratère, on reprend la montée pour aller au point le plus haut d’où l’on voit le fond du cratère.
Il est partagé en deux par une moraine centrale et deux cheminées débouchent dans chacun des deux demi-cratères. 
Chacune de ces cheminées a son mode d’action propre. Nous restons là jusque après le coucher du soleil, soit pendant plus d’une heure que l’on ne voit pas passer. 
Le spectacle est tout simplement fantastique, grandiose, unique, on ne se lasse pas. Par moment, le volcan se calme quelques minutes et cela précède souvent une explosion plus forte que les précédentes.
L’une des cheminées est cachée par un replat dans le cratère, de temps en temps il se met à cracher des jets de vapeurs blanches, telle une machine à vapeur, accompagnés parfois de quelques projections de lave. Dans la deuxième moitié du cratère, les deux cheminées crachent par moment de gros nuages de fumées noires, parfois accompagnés de quelques projections de lave ou des éclairs au sein du nuage. Quant à la quatrième et dernière cheminée, c’est celle que l’on domine et que l’on voit le mieux, c’est la plus spectaculaire. Comme elle est juste en-dessous de nous, on voit son cratère. La lave bouillonne et souvent des explosions projettent à des hauteurs plus élevées que nous des bombes de lave plus ou moins grosses. 
Ses manifestations sont parfois accompagnées d’échappement de gaz de souffre de couleur bleue, d’explosion dont on ressent la pression et le souffle dans la poitrine. Tant que le soleil brille, les éruptions ne sont pas tellement spectaculaires, mais plus le soleil descend, plus les couleurs rouge, orange et jaune de la lave sont visibles. Plus la nuit avance, plus les éruptions sont fortes et impressionnantes. 
Il n’y a pas de danger, les guides sont drivés par des vulcanologues qui ont défini cinq niveaux d’activité, Ce soir, c’est au niveau 2, les touristes peuvent aller sur le bord du cratère, accompagnés et surveillés par les guides. Au niveau 3, on ne dépasse pas le col où les 4X4 nous ont déposés, au niveau 4 les visites sont interdites, au niveau 5 les habitants des environs sont évacués. Les guides sont en permanence en contact avec une équipe de sécurité qui a à sa disposition divers appareils de mesure sur le volcan. Quand les explosions sont très fortes, il faut surveiller les projections qu’elles ne viennent pas sur nous. 
Heureusement, elles restent dans le cratère et tapissent le fond de lucioles qui fait ressembler le fond du cratère à une ville vue du ciel de nuit. C’est magnifique. Nous sommes fascinés par le spectacle et quand vient l’heure de redescendre, c’est avec regret que nous descendons à la lampe électrique car la nuit est bien noire. Une petite collation nous attend au point de départ et là , nous nous réinscrivons pour revenir le lendemain matin. Réveil trois heures, mais c’est tellement beau !
Notre chauffeur nous amène par une nuit bien noire à notre lodge où nous attend un excellent repas. Après une douche froide dans des toilettes rustiques, je monte dans mon perchoir avec l’intention de m’endormir rapidement pour être en forme à 3h. Mais c’est sans compter avec Yasur. Les grondements, tel un orage, sont fréquents et il crache sa lave de temps en temps. Couché dans le lit, la tête sur l’oreiller, il suffit que j’ouvre un œil pour assister au spectacle. Parfois, des averses de pluie tombent et martèlent le toit en tôle, d’autres fois, il me semble que c’est de la poussière qui tombe. A un moment j’entends tomber et rouler sur le toit comme un caillou. Finalement mon sommeil n‘est que parcellaire. A 3h moins dix, je suis debout et retrouve mes deux compères devant la salle de repas. Il semble que le chauffeur nous ai oublié, comme ce n’est pas très loin, nous nous rendons au point de rendez-vous à pied. C’est une nuit sans lune et comme il n’y a pas de lumières électriques dans le coin, la nuit est totalement noire. 
Au point de départ, le guide et le chauffeur du pick-up nous retrouvent et nous emmènent au col. Après un rappel des consignes, nous gravissons la dernière pente dans l’obscurité totale, bercés par les grondement et les explosions de Yasur. Au premier point d’observation, nous faisons une première halte, puis nous reprenons l’ascension. Nous arrivons au  bord du cratère et là, c’est grandiose ! Dans l’obscurité totale, les explosions, les projections de lave les jets de vapeurs sont impressionnants. Il semble que ce soit plus actif que la veille au soir. Il est toujours au stade 2, mais c’est plus fort que la veille.
C'est d’autant plus impressionnant qu’il fait nuit. Nous restons là jusque le lever du jour, soit pendant plus d’une heure et demie. Au cours de notre observation, nous remarquons que des lumières se déplacent de l’autre côté du cratère. Notre guide nous dit que c’est dangereux, en ce moment, cette zone est interdite. Une des lumières descend même sur les flancs de la première partie du cratère. Par téléphone notre guide apprend que ce sont des guides. En redescendant, on apprend qu’un jeune de 20 ans, du village, a perdu la tête et a fugué à deux heures du matin. Ses traces on conduit l’équipe de recherche sur les bords du cratère. J’apprendrai par le journal le jour de mon départ du Vanuatu que l’on ne l’a pas retrouvé, qu’il a déjà fait deux tentatives précédemment et qu’il a dû se jeter dans le volcan, ses traces se perdant dans le cratère.


Nous redescendons au lodge prendre notre petit-déjeuner et après une douche, car on est couvert de poussière et on en a même dans les dents, je vais dormir un peu car je reprends l’avion cet après-midi pour Santo. Je patiente la fin de matinée en me mettant un peu à jour dans mes récits et avant midi mon chauffeur me ramène à l’aéroport. Comme on met un peu moins de deux heures de route, on passe au marché où je prends une barquette de bœuf avec du riz et des légumes. L’aéroport est très rustique et les enregistrements et billets sont faits à la main. Embarquement pour Santo !