mardi 4 octobre 2011

De La Salette à Chambéry

De 85Cotignac Grenoble
L'accueil m'a donné une chambre pour deux nuits, après il n'y aura plus rien de disponible pendant deux nuits car le diocèse de Grenoble a tout réservé. Comme cela fait vingt ans que j'ai vécu un temps très fort ici, expérience qui a bouleversé ma vie, je voudrais passer le week-end ici pour fêter ces vingt ans. A force de discussion, ils ont accepté de me donner une place au gîte, genre de grand garage sombre transformé en gîte d'accueil. C'est très sommaire, mais cela me suffit. Je suis prêt à dormir sur un matelas dans un placard à balais. Au bout du compte, je resterai les quatre jours comme souhaité mais je ne passerai qu'une nuit dans un dortoir et non pas au gîte, et quatre dans une chambre. Tout s'est bien arrangé finalement.
J'aime beaucoup La Salette, d'une part en raison de cette Rencontre que j'ai vécu il y a vingt ans, Rencontre qui a tranformé ma vie, mais parce que c'est un lieu de paix et de ressourcement incomparable. Il faut vouloir monter jusque là, c'est tellement haut et raide. Je suis bien placé pour le savoir! La nature est sauvage, magnifique, pure désertique, cela inspire à la contemplation et à la méditation. Je partagerai mon temps entre des temps de réflexion face à la vallée ou au coeur du vallon des apparitions, les offices, l'écoute du message de la Salette, des rencontres avec d'autres pélerins ou des bénévoles au service du sanctuaire. Je fais en particulier connaissance avec Florence une jeune femme suisse de 30 ans qui vient chaque année se ressourcer ici. Cette année, elle est accompagnée d'une de ses cousines de 74 ans. Poête à ses heures, elle écrit des poêmes et monte de superbes diaporamas magnifiquement illustrés et les met sur internet pour partager ses méditations spirituelles. Un lien avec ses oeuvres se trouve dans la partie droite de mon blog, cela mérite un détour. Nous avons passés de bons moments d'échanges ensemble. Très généreuse, Florence avait amené 10kg de chocolat suisse pour les bénévoles du sanctuaire, elle m'en donne trois tablettes pour me donner du coeur à la marche... Au gîte, j'ai aussi rencontré deux routards atypiques: Francisca et Dominique. Francisca, femme de quarante ans, scrétaire, elle a tout quitté après un accident cérébral. Sa fille fait des études d'ingénieur à Lyon, son compagnon vit à Annecy. Quant à elle, elle fait la route entre différents hauts lieux religieux: Lourdes, La Salette, ND du Laus, Paray le Monial, Taizé... C'est au cours de ses vadrouilles qu'elle a rencontré Dominique, pélerin perpétuel, marginal en révolte contre le cadre structuré de la vie, imprégné de lectures franciscaines et de psychanalyse. Nos échanges sont très sympathiques, mais on sent leur révolte d'autant que l'accueil cherche à les éloigner durant le week-end. Je passerai aussi quelques heures à tracer ma route sur mon GPS jusqu'à Besançon. Comme c'est le pélérinage diocésain de Grenoble ce week end, je bénéficie des cérémonies et des manifestations organisées pour les pélerins grenoblois. En particulier, le samedi soir, la veillée est animée par des jeunes qui ont vécu le JMJ de Madrid. Ils apportent leurs témoignages et montrent des montages. On les sent enthousiastes, heureux, fougueux. C'est beau et plein d'espérance.
De 85Cotignac Grenoble
Ces quatre jours de calme, de repos et de méditation rafraîchissent et nourrissent cette Paix que j'ai reçue ici il y a vingt ans. C'est reposé et heureux que je repars le lendemain matin. Je quitte le sanctuaire après avoir assisté à la messe et aux laudes. Je passe à la source faire le plein de mes gourdes d'eau puis grimpe le sentier qui conduit au col d'Hurtières puis aux tunnels. Ce chemin est impressionnant car la pente est si forte que des tunnels ont été creusés dans la roche pour faire passer le sentier. Il ne faut pas avoir le vertige, mais c'est magnifique. La vue sur la vallée de Valbonnais est grandiose. Pendant un bon moment le sentier suit la ligne de crête donnant ainsi un beau panorama permanent.
De 85Cotignac Grenoble
A la croix du Rocher, au-dessus du village de Valbonnais, je fais la pause casse-croûte du midi. La vue est splendide. A la redescente sur La Mure, les travaux forestiers ont remanié les chemins et je manque le sentier. Je tourne un peu dans les taillis avant de retrouver le bon chemin. Mis à part cela, le chemin d'aujourd'hui est beau et agréable. J'arrive à La Mure vers 17h. je m'installe dans un petit hôtel, douche, lessive, etc... puis je me rends au superU voisin pour faire un peu de ravitaillement. Après un peu de repos, je me rends compte que mon talon gauche est douloureux. Certes j'ai une ampoule, mais ce n'est pas elle qui me gêne, c'est plus profond. Pour aller faire les courses, je ne pose pas le talon au sol. Après un dîner dans un petit restaurant, je rentre me coucher. Marc, le fils d'un ami, m'a appelé sachant que je passe à Grenoble et me propose de m'accueillir. Mais comme ils ont deux réunions le soir de mon passage, je décline son invitation, je les gênerais plus qu'autre chose.
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Debout à 6h cette fois, je pars à 7h20 après le petit-déjeuner. Après avoir étudié la carte, plutôt que de prendre des chemins qui me rallongent de trois kilomètres, je décide de suivre la route Napoléon qui est toute droite jusqu'à Laffrey. Mon talon est douloureux ce matin et ne m'incite pas à faire des excés. Les bas-côtés sont très larges et me permettent de marcher en sécurité. A Laffrey, après avoir achèté du pain et fais le plein d'eau, je prends une petite route qui évite la grande côte. Au bout d'un kilomètre, un sentier me permet de descendre dans la vallée à travers la forêt. Le chemin est beau mais à certains moments il est raide et plein de galets qui sollicitent durement mon talon. Dans le fond de la vallée, je longe le mur du parc du chateau de Vizille et m'arrête à l'entrée de la ville pour pique-niquer. Comme mon talon me fait souffrir de plus en plus, je troque mes chaussures de marche contre mes sandales. Cela ne supprime pas la douleur mais l'atténue car elles sont confortables. A la sortie de Vizille un sentier me conduit sur un plateau où je retrouve une route toute droite jusqu'à Tavernolles. Là un autre sentier m'amène à travers la montagne jusqu'aux portes de la banlieue de Grenoble en évitant les routes. Je fais une pause pour appeler un Formule 1 qui m'annonce qu'ils sont pleins mais qu'il y a deux autres hôtels du même type dans le coin. Compte tenu de l'heure et de cette réponse, je prends un bus qui me fait faire trois kilomètres dans la banlieue et m'amène à proximité des hôtels. C'est finalement dans un 1° Classe que je trouve une chambre, mais il n'en restait plus beaucoup. Après les activités d'usage, je vais prendre un dîner dans un Hippopotamus voisin. Mes déplacements se font sans poser le talon.
De 85Cotignac Grenoble
Après une bonne nuit de récupération, je repars vers 7h15 en pleine forme si ce n'est que mon talon me chagrine. J'arrive peu à peu à le poser au sol et au bout d'un moment je ne le sens presque plus. Je peux ainsi faire toute ma journée de marche par les chemins le long de la digue au bord de l'Isère, mais quand je m'arrête ne serait-ce qu'une ou deux minutes, le redémarrage est difficile. Je rejoins donc les bords de l'Isère qui sont tout proches de l'hôtel et prends la piste cyclable. Au petit jour, les effets de brume sur la rivière au lever du soleil sont très beaux et je prends quelques photos. Le chemin traverse des zones maraîchères, la campagne est belle et paisible mais on entend en permanence le bruit des industries et de la circulation dans la vallée. Ce n'est pas le calme des montagnes. Le chemin est agréable relativement ombragé, ce qui fait que je ne souffre pas trop du soleil. A midi, la pause se fait près du pont de Brignoud, confortablement installé sur un banc à l'ombre. Un couple de cyclistes répond gentiment à mes questions. Il ne doit pas y avoir d'autre hébergement qu'un gîte de France à Goncelin, et dans le coin, il n'y a pas grand-chose. Des appels téléphoniques dans l'après-midi me le confirmeront et me permettront de réserver une chambre au gîte où j'arrive à 17h15. Après les gestes traditionnels je m'enquiers d'un lieu pour dîner. Malheureusement après un petit tour du village en boîtant, je me rends à l'évidence qu'il n'y a rien. Les deux malheureux restaurants sont fermés et le camion pizza sur la place annonce deux heures d'attente. Heureusement que dans mon sac j'ai un sachet de riz et des soupes en sachet. Pour ce soir, cela fera l'affaire avec une banane qui me reste. Goncelin est un joli petit village médiéval qui eu ses heures de gloire il y a quelques siècles quand la frontière était proche alors que la Savoie était italienne, mais maintenant c'est un village dortoir pour les gens qui travaillent à Grenoble.
En repartant ce matin à 7h, je ne sais pas jusqu'où j'irai car j'ai très mal au talon. Je marche avec les sandales car mes chaussures n'arrangent pas mon mal. A la sortie du village je fais un test en mettant les semelles intérieures des chaussures dans les sandales. Cela atténue un peu la douleur mais ce n'est pas la panacée. Je fais quand même 15 kilomètres pour aller jusqu'à Pontcharra, mais pratiquement sans poser le talon. Fatigué, je jette l'éponge et rejoins la gare. Un train passe dans deux heures pour Chambéry. De là je pourrai rejoindre Besançon. Mais après une heure d'attente, je constate que je ne sens plus mon talon, je décide donc d'aller jusqu'à Chambéry par le train car il reste 20 km et d'attendre le lendemain matin pour prendre ma décision. Je rejoins donc Chambéry et la communauté des Capucins chez qui j'avais trouvé accueil. Arrivant vers 14h chez eux, je me repose un peu et soigne mon talon. Vers 16h je vais déposer au bureau de poste voisin des effets dont je n'aurai plus besoin ayant quitté les montagnes, cela allègera un peu mon sac. Plusieurs fois, malgré le repos, des lancements dans le talon me font souffrir. Je participe aux vêpres puis dîne avec les trois pères de la communauté. Nos échanges sont très chaleureux et conviviaux. Je me couche de bonne heure et passe une bonne nuit.
Le lendemain, vendredi, en me levant mon talon est toujours sensible. Après l'office de Laudes et le petit-déjeuner, je prends congé des pères et me dirige vers ma prochaine destination. Un kilomètre plus loin, passant devant la gare, je prends la décision de rentrer chez moi, mon talon est toujours aussi douloureux. Je ne me vois pas faire les 28km de l'étape dans ces conditions. Par ailleurs, Chambéry est le meilleur endroit pour rejoindre Besançon. Après, il faudra combiner avec les bus et certainement revenir ici. Je prends donc le train et rejoins mes pénates.
Une visite chez le médecin confortera ma décision d'arrêter, je me suis fait une aponévrosite plantaire, une inflammation du tendon d'achille sous le talon. Après quelques jours de repos et les soins adaptés, je pourrai repartir et finir quand même mon périple, il ne me reste qu'une petite semaine de marche. Je devrais y arriver!

lundi 3 octobre 2011

Reprise du Chemin, de Cotignac à La Salette

L'an dernier, j'ai dû interrompre mon Chemin de retour en raison d'une hernie, je suis resté sur ma faim et j'ai donc décidé de repartir.

De 85Cotignac Grenoble
Le 12 septembre, je prends donc le train pour le sud de la France. Comme mon frère est de Toulon, je pensais le rejoindre et partir de la région, mais étant absent, j'ai pensé à Marie une amie qui a une maison à Ramatuelle. Peut-être y est-elle, ce serait l'occasion de la revoir. Quand je l'appelle, elle m'apprend qu'elle descend le même jour que moi de Montbrison pour Ramatuelle. Nous nous donnons donc rendez-vous à Givors et descendons ensemble en voiture. Cette coïncidence est heureuse et nous permet de partager un moment d'amitié. Le lendemain matin, elle m'emmène à L'abbaye du Thoronet vers 9h: je ne veux pas arriver à Cotignac en voiture mais à pied. Je pars donc avec la fraîcheur du matin, le chemin est agréable car ombragé la plupart du temps. A midi, une pause à l'ombre d'un pin, en plein courant d'air est rafraîchissante. Reprenant le chemin, j'arrive au sanctuaire à 14h. Je m'installe à l'hébergement et descends en ville faire quelques courses pour le lendemain. Il me faut un casse-croûte et de la protection solaire car le soleil tape dur. Au retour les gestes habituels sont vite retrouvés: douche, lessive... En fin d'après-midi je monte à la basilique me recueillir un moment en particulier durant l'adoration du Saint-Sacrement, temps de paix et de calme pour faire le point et penser à mes intentions. Au repas du soir, nous dînons avec deux pélerins et un père de l'abbaye de Flavigny. Le monde est petit car il connaît bien le frère Bruno, avec qui mes enfants ont fait du scoutisme, et le père abbé fondateur, ami de mon père. Rencontre sympathique, mais il manque d'écoute.
Le lendemain, réveillé à 5h, après un petit-déjeuner rapide, je pars à 6h, de nuit, à la lampe frontale. Je veux rejoindre Gréoux les Bains et c'est à 45 km. Je suis d'abord un long chemin bien ombragé jusqu'à 11h, puis j'arrive sur un plateau en plein cagnard et c'est dur. Aux heures les plus chaudes, je m'arrête de 13 à 14h45 pour une pause, à l'ombre et en courant d'air. Je suis à l'entrée de la propriété de Mr Cagna... ;-). Après mon casse-croûte je fais une petite sieste puis reprends la route. Je traverse peu de villages et fais le plein d'eau chaque fois que possible. A 19h, le but est enfin atteint. Gréoux est un joli village thermale perché sur un piton rocheux au bord d'une retenue d'eau. J'arrive au son d'un cor de chasse qui résonne sur les rochers de la berge. En parlant de chasse, elle est ouverte et j'ai entendu plusieurs coups de feu durant la journée, je ne marchais donc pas dicrètement pour être repéré, on ne sait jamais avec ces gens-là! Un gentil petit hôtel situé sur une jolie petite place centrale m'accueille pour la nuit. Le dîner est pris avec un sympathique groupe de quatre pensionnaires.
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Réveil 5h, départ 6h de nouveau à la lampe électrique, mais c'est l'heure la plus agréable pour marcher: il fait bon, frais et c'est magnifique d'assister au lever du jour. Les couleurs sont belles et le ciel si pur. Je commence par un raidillon qui me conduit au-dessus du village sur un massif que je traverse avant de redescendre sur Manosque. A l'entrée de la ville, je bifurque et suis les canaux de la Durance. Le chemin est caillouteux et peu ombragé. C'est suportable jusqu'à 11h, mais à partir de la mi-journée, cela devient dur dur. Je marche jusqu'à 13h et trouve enfin un tout petit coin d'ombre légère pour souffler et avaler mon sandwich. Les arbres sont clairsemés et peu feuillus. De loin, j'aperçois le mont de Ganagobie où je me rends. Il approche peu à peu, mais c'est long et loin et les points de ravitaillement en eau peu fréquents. Arrivé enfin au pied du mont, j'attaque la grimpette. Le montée est longue, raide et fatigante. J'arrive enfin à 18h, crevé mais heureux d'arriver. Perché au bord d'un plateau qui domine la vallée de la Durance, le monastère de Ganagobie est un havre de paix, mais pour l'atteindre, il faut vouloir y monter.
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Après l'installation et les rites habituels, je rejoins les moines dans la clôture pour partager le dîner en silence. Le cloître est sobre, le réfectoire une belle salle voûtée en ogives, c'est magnifique. On a l'impression que le temps s'est arrêté là il y a quelques centaines d'années. En attendant les complies, je vais faire un tour au promontoire qui domine la vallée, au bout du plateau. Il y a une vue splendide et vertigineuse sur la vallée de la Durance. Bien que nous la dominions de 300m environ, les bruits montent jusqu'à nous. Après un temps de recueillement et les complies dans la belle église romane, sobre et austère, je rejoins ma chambre pour une bonne nuit de repos.
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Réveil 5h30, j'ai rendez-vous à 5h50 avec le père hôtelier pour le petit-déjeuner. Je ne le vois pas, il a dû m'oublier. Je prends vite fait un petit bol de céréales dans la salle à manger des femmes (elles sont accueillis pour des retraites mais ne rentrent pas dans la clôture comme les hommes) puis reprends le chemin. Je repars encore de nuit à la lampe électrique, c'est beau, j'aime marcher comme cela au petit matin, c'est si paisible et il fait si bon. Je redescends dans la vallée puis suis un canal d'irrigation à flanc de montagne jusqu'à Peyruis où j'achète ce qu'il me faut pour mon casse-croûte. Je suis ensuite une petite route qui s'enfonce dans la montagne jusqu'à la chapelle St Donat où je bifurque pour suivre une ancienne voie romaine qui grimpe à flanc de montagne.
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C'est la voie Domitienne, elle est bien visible et bien qu'elle ait beaucoup souffert, il y a encore de longs tronçons biens empierrés avec les traces de chariots bien visibles. Vers 13h, je m'arrête vers Peipin, à l'entrée d'une propriété, à l'ombre et à l'air pour déjeuner et me reposer. Puis je reprends la route jusqu'à Sisteron où je trouve une chambre à l'hôtel de la Citadelle, au pied de celle-ci. Je m'installe, lessive, douche, soin des pieds, repas et dodo avec une belle vue sur la citadelle, et la trouée de la Durance qui traverse le massif de la Baume. Avant de dîner, j'ai regardé la météo et la carte. Ils annoncent des orages pour le lendemain soir et le surlendemain. N'ayant pas envie de marcher sous la pluie, je décide de modifier mon itinéraire et d'aller au plus court. Au lieu de passer en deux jours par La Motte du Caire qui est paraît-il très beau, mais qui monte et qui est plus long, je choisis de suivre le plateau qui domine la Durance. C'est tout droit et presque plat. Mais cela sera dur car il y a un peu plus de 50 Km et je n'ai plus l'entraînement de l'an passé, je le sens. Je tente le coup, on verra bien.
Pour cette grosse journée, je me lève à 4h et démarre à 5h alors que la ville dort encore, mais j'aime bien. Je traverse la zone industrielle, sors de la ville, passe sous l'autoroute et suis une petite route de campagne. Seules une ou deux voitures passent, j'allume la lampe pour me faire repérer puis l'éteins. Je préfère marcher à la lueur des étoiles et de la lune. Il fait bon et je marche bien jusqu'à 8h. J'arrive à Thèze où je fais une petite pause d'un quart d'heure et repars au même rythme jusqu'à 9h30 environ. Là le soleil commence à chauffer sérieusement et je commance à fatiguer. La petite route est bien tranquille, il y a très peu de passage, mais je sens que mon rythme baisse. A midi, je suis à hauteur de Saulce et je me rends compte que je ne serai pas à Tallard pour 13h comme je le voulais. Je décide de bifurquer pour trouver un casse-croûte et me reposer un peu. A ce rythme, j'aurai beaucoup de mal à arriver au Laus ce soir. A l'entrée de Saulce j'avise une statue de "La Bonne Mère" qui remplace une petite chapelle qui a été détruite. Je lui soumets mon problème: "je ne sais pas si j'arriverai au Laus ce soir. Je veux bien faire encore une douzaine de kilomètre, mais là il m'en reste plus de vingt! Si je pouvais trouver une voiture ou un bus qui me rapproche un petit peu, cela me ferait du bien". Au coeur du village, je trouve un bar où je m'arrête et prends un casse-croûte et un jus d'orange. Je demande à la serveuse si par hasard il n'y a pas un bus qui va dans ma direction. Un brave homme voisin, ancien chauffeur de car de la région me répond que oui, mais vers 16h. C'est trop tard pour moi. Cela nous amène à bavarder ainsi qu'avec son compagnon. Quand ils apprennent que j'arrive de Sisteron à pied, 35km environ, ils sont admiratifs et le deuxième m'offre mon jus d'orange. Après mon sandwich, je reprends la route. Trois cents mètres plus loin, le brave homme me rattrappe en voiture et me propose de me déposer à Tallard: il doit y aller pour déposer les cartes du PMU de son copain. J'accepte bien volontiers. En fait il dépasse Tallard et me dépose quatre kilomètres plus loin, au début de la route de Briançon, à ....12Km du Laus! Merci ma Bonne Mère, j'ai gagné environ 11km, soit plus de deux heures de marche. Je reprends donc la route et au bout d'un moment suis un chemin parallèle qui monte un peu jusqu'au pied de la montagne du Laus. Là, j'attaque la montée par un sentier assez raide et arrive au monument de Pindreau, l'un des lieux particuliers du Sanctuaire. Là, je commence à découvrir l'histoire de ce lieu que je ne connais pratiquement pas. Un chemin jalonné de panneaux d'information et de méditations me conduit ensuite jusqu'au sanctuaire . Le ciel s'obscurcit de plus en plus et cinq minutes à peine après mon arrivée à l'accueil, des trombes d'eau s'abattent ponctuées de coups de tonnerre. Je demande s'il y aurait une chambre pour trois nuits. Il n'y en a plus ... qu'une de libre.... Encore merci, Bonne Mère... je m'installe: douche, lessive, etc... A 18h30, je vais aux vêpres, puis au repas et à 20h30 je participe à l'office des vigiles avant d'aller me coucher, épuisé. J'ai beaucoup donné ces quatre jours.
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Aujourd'hui dimanche, je me lève à 8h après une bonne nuit réparatrice, le ciel est couvert, il fait frais et à plusieurs reprises, il y aura des averses. Je passe deux jours dans ce lieu de paix et de ressourcement, prenant le temps de découvrir le message de ND du Laus, la vie de Benoîte Rencurel qui a bénéficié de 54 ans d'apparitions quotidiennes, de méditer et de faire le point sur moi-même et de prier pour les intentions que je porte. Le dimanche matin, la basilique est pleine durant la messe célébrée par un évêque. Dans l'après-midi, le père recteur nous fait découvrir les manuscrits: trèsors qui relatent jour après jours la vie de Benoîte et les évênements qui se sont produits au Laus entre 1664 et 1710. Ecrits presqu'au jour le jour par trois éclésiastiques et un juge, ils sont une somme phénoménale d'informations qui servent actuellement dans le procés de béatification de Benoîte. Après les vêpres de 16h, avec une des religieuses du sanctuaire, nous faisons un petit pélerinage sur les pas de Benoîte: sa chambre où elle vécue et la chapelle du Précieux Sang qui renferme la croix sur laquelle Benoîte a vu le Christ souffrant. Au cours de ce séjour, je fais connaissance avec un couple de Martiniquais qui avaient été à Fatima en même temps que moi l'an passé, le mari ayant participé à la lecture des intentions de prières lors de la messe avec le pape. Le lundi, je prends un peu de temps à préparer mes itinéraires jusqu'à Grenoble. Un ordinateur me serait bien utile pour décompresser quelques cartes de ma clé USB pour les mettre sur mon GPS, mais je n'en trouve pas. On verra plus tard.
Mardi matin, je reprends mon rythme, réveil 5h et départ 6h. La basilique étant fermée, je passe à l'oratoire de Benoîte puis attaque la montée vers le Col de l'Ange.
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Ce matin, il fait froid, 8°, et il y a beaucoup de vent. La montée est raide mais il y a une belle vue sur le site. après le col, je redescends sur la vallée de Gap et remonte sur le col de Manse que je passe vers midi. La montée est lente et tranquille, le ciel est bleu mais le vent souffle fort. La vue est magnifique, surtout au lever du soleil quand il illumine les sommets. Pour Midi, je fais une pause à Manse au soleil et à l'abri du vent, la température n'est pas la même que les jours précédents. Je mange le casse-croûte que j'avais demandé à ND du Laus. Comme c'est très copieux, j'en garde une partie pour plus tard. Je reprends ensuite le chemin par une ancienne voie ferrée, c'est presque plat et en bon état, c'est reposant. Juste avant St Bonnet, à la recherche d'un office du tourisme, on m'indique une agence qui travaille pour les OT. Là, j'y fais la connaissance de Sylviane et Régine, deux charmantes hôtesses avec qui nous échangeons un moment. Régine voyage et randonne beaucoup, mais lors de l'un d'eux en Afrique elle a vécu une attaque de pillards et en a été traumatisée. Revenant à mes besoins, elle me donne quelques informations précieuses pour rejoindre la Salette et pour un hébergement pour ce soir. Elle me conseille l'hôtel Le Connétable. Je rejoins donc St Bonnet, charmant petit village du XVI°siècle aux petites rues étroites, aux vieilles maisons et une ancienne halle du XVIII°s. L'hôtel est simple mais très confortable et propre. Je suis logé dans un bungalow donnant sur la terrasse. Après les rites traditionnels d'arrivée, je demande à l'hôtesse s'il y a possibilité d'avoir accès à un ordinateur. Par chance, un poste est installé à disposition des clients, et comme je suis seul, je peux en faire usage librement. J'en profite pour installer les cartes dont j'ai besoin sur mon GPS, consulter mon courrier et répondre à certains courriers urgents. Je prends ensuite un repas excellent et copieux en rédigeant mes notes. Partant encore de bonne heure le lendemain, l'hôtesse me prépare un copieux petit-déjeuner sur un plateau. En plus des traditionnels pains, beurre, confiture, elle me rajoute jambon fûmé et oeufs qui me serviront de casse-croûte pour le midi. Pour La Salette, j'ai un peu plus de 34 km à travers la montagne. Soit je m'arrête à St Firmin, à 15 km, soit je vais jusqu'au bout. Je vais tenter le coup d'aller jusqu'au bout.
Le lendemain mercredi, levé comme toujours à 5h, je décolle vers 6h. Il fait froid, entre 2 et 3°. J'apprécie mon sweet polaire et mon blouson. Je commence par suivre une petite route sur 2km, n'allumant ma lampe que lorsque deux ou trois rares voitures me croisent. Rechauffé, au moment de prendre le chemin, j'enlève le blouson mais conserve le sweet polaire. Je traverse de beaux paysages de campagne montagnarde vallonnée et boisée, fraîche et ombragée. Promenade agréable qui m'amène jusqu'à St Firmin vers 10h45, au pied de la montagne qui me sépare de La Salette. Je me mets à l'aise en enlevant le sweet et les jambes de mon pantalon et j'attaque la montée au pas lent du montagnard. Je dois passer de 800 à 2000 m environ. Le temps est magnifique, la vue splendide et la montée longue et raide. A l'Esparcelet je fais la pause de midi, au soleil et à l'abri du vent. Puis la montée reprend pour passer par le col de l'Esparcelet et atteindre enfin le col des vachers vers 15h30. La vue sur la vallée et les montagnes alentours est magnifique. En passant par le gîte des vachers, une bergerie, je croise la bergère qui garde un troupeau de moutons et échange avec elle. Elle reste là, seule pendant quatre mois ne voyant que l'éleveur qui vient souvent, quelques touristes qui passent et les deux ou trois bergères alentour.
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Au col, j'ai le choix entre suivre le GR50 qui passe par le village de La Salette à 1000m et remonter au sanctuaire à 1800, ou passer par un sentier qui contourne le cirque par la droite et descend beaucoup moins. Régine m'a dit qu'il en existe un mais qu'il n'est pas très bien balisé. Je le trouve cependant rapidement et l'emprunte, allant de piquet en piquet plantés dans la prairie. La pente est raide, mais jusqu'à une bergerie, la trace est assez bien balisée. Après la bergerie, la trace croise un GR qui monte au col de Prés Clos. La direction du Sanctuaire renvoie sur ce col, mais cela revoie en arrière alors qu'une trace suit un sentier dans la direction du Sanctuaire. J'opte pour suivre celle-ci, mais elle devient de moins en moins bien tracée et se termine en un cul de sac. J'aperçois au loin le Sanctuaire mais pas de chemin l'y conduisant. Par contre, deux cents mètres plus haut, il y a le sentier qui vient du Col de Prés Clos. Je décide donc de le rejoindre. Il me faut presque une heure pour monter les 200 m de dénivelée herbeuse à plus de 50% de pente. Arrivé sur le sentier, crevé mais soulagé, il ne me reste plus que deux kilomètres à descendre doucement. Arrivant à 19h au sanctuaire, je m'installe dans une chambre et commence par les traditionnelles activités réparatrices mais pas la lessive, je suis trop fatigué et je vais rester quelques jours ici. Après le repas du soir, je rejoins ma chambre et plonge rapidement dans les bras de morphée.
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