lundi 7 décembre 2009

Penang, "perle de l'Orient".

Kathmandou Penang décalage horaire + 2H15
Besançon Penang +7h

Quand j'ai pris mon billet d'avion pour Penang, Sonam m'a vivement déconseillé de prendre la compagnie "Royal Nepal" ou Népal Air car les avions sont de vieux Tupolev de l'armée russe reconvertis en avions de ligne. Le confort y est très rudimentaire et la sécurité peu assurée. Le billet a donc été pris avec Thaï Airlines. C'est une belle compagnie, les avions sont confortables, les hôtesses jeunes et superbes, le service est le meilleur que j'ai eu jusqu'à maintenant: apéritif avec amuse-gueules et boisson, excellent repas. A l'arrivée, distribution d'orchidées violettes, emblèmes de la compagnie. J'ai eu un changement à Bangkok en Thaïlande. Un très bel aéroport ultra-moderne. Toutes les portes d'accés aux embarquements sont le long d'un grand hall tout droit de plusieurs kilomètres de long. Les différentes portes sont heureusement reliées par des tapis roulants.

Comme dans mon message, je n'avais pas précisé à mon amie malaisienne, Ann Nah, à quel aéroport j'arrivais, (Penang ou Kuala Lumpur?), il n'y avait personne à mon arrivée. Pour moi, comme elle habitait Penang, c'était évident. Comme quoi il vaut mieux être précis! Ann nah est donc venue me chercher avec sa soeur, puis elle m'emmène manger quelque chose avant de rejoindre l'appartement. En Malaisie, il y a un peu partout des gargottes où l'on peut manger. C'est ouvert jusque très tard dans la nuit. Heureusement pour moi car il est déjà 2h du matin. N'etant pas en congé et ne pouvant m'accueillir chez elle, Ann Nah m'a installé dans un appartement qui appartient à sa soeur et qui est à vendre. J'ai eu de la chance, il était encore disponible. J'ai donc à ma disposition un petit appartement de quatre pièces au neuvième étage d'un immeuble situé à dix minutes de l'embarcadère des ferries. Partiellement meublé, j'ai tout ce qu'il me faut pour être autonome. C'est super!

Le samedi matin, Ann Nah vient me chercher vers 10h30 et nous allons chercher sa soeur. Nous allons tous ensemble faire un tour dans Butterworth et en fin de matinée, la soeur d'Ann Nah nous emmène dans un restaurant indien manger des spécialités indiennes. Fort de mon expérience népalaise, je demande "no spicy, no chile". Pour eux ce n'est pas épicé, mais pour moi c'est un peu "hot". Je découvre quand même cette façon de manger et des plats très parfumés. La spécialité de ce restaurant, ce sont les "pains": pâtes à pain diverses cuites de façons diverses, dont une en feuille très fine, et accompagnés de sauces. J'assiste à la façon de faire la pâte fine: les italiens avec leur pâte à pizza qu'ils font tourner sont des rigolos à côté de l'artiste que j'ai vu! Il fait une feuille de papier à cigarette en un tour de main, en l'air! Nous allons ensuite prendre un dessert typiquement malais: de la neige parfumée. Ils prennent un de bloc de glace, ils le rappent pour en faire de la neige qu'ils parfument avec des sirops et rajoutent du maîs sucré des algues sucrées, de la gelée de je ne sais quoi, etc... C'est frais et bon, mais curieux.

Ann Nah et sa soeur m'emmènent ensuite dans un magasin de "bon dieuseries chinoises". Elles veulent me montrer et m'expliquer un peu leur pratiques bouddhistes. Nous allons donc dans un magasin qui vend des articles pour les cérémonies bouddhiques. Il y a de l'encens bien sûr, mais surtout des représentations de dieux et de bouddhas. Comme j'y perd mon "chinois", Ann Nah m'explique que chez les chinois, chacun se fait son petit temple familial avec une représentation d'un dieu que l'on invite en fonction de l'intention que l'on a. Ensuite, en fonction des évènements de la vie, on fait des offrandes particulières ou on invite d'autres dieux.... J'en apprends beaucoup, mais j'admire surtout la finesse des sculptures ou des peintures. C'est cet art de la miniature que j'admirerai tout au long de mon séjour. Certains dieux sont amusants à voir et il y en a un en particulier, un petit bouddha bien dodu et très réjoui que j'aime beaucoup et que je verrai souvent dans les temples. Afin d'organiser ma vie à Butterworth, nous allons ensuite dans un grand centre commercial où je fais quelques emplêtes pour les petits déjeuners. J'achète aussi une carte de la région.

Le lendemain dimanche, Ann Nah n'étant pas disponible, je vais commencer à visiter Penang. Je rejoins donc à pied l'embarcadère des ferries. La traversée coûte 1,20 Ringit Malaisienne soit 0,24 euros. çà va, je ne vais pas me ruiner! La traversée dure environ quinze minutes. L'attente entre les différents bacs est très courte car leur principe de fonctionnement est assez rapide. Il y a plusieurs bacs en fonctionnement en même temps, ce qui fait qu'un bac libère le quai dès qu'un autre bac arrive. De plus, leur principe d'accostage est astucieux, ils viennent s'emboîter dans un quai en butée avant et latérale, les moteurs maintenant la poussée, ils n'ont donc pas besoin d'amarer le bateau. L'accostage et le départ est donc très rapide. A l'arrivée, je me dirige à pied vers le fort Cornwallis pour le visiter, mais c'est fermé le dimanche. Un trishaw, cyclo-pousse, me propose ses services. Finalement pendant trois heures, il va me promener et me faire voir les monuments les plus intéressants.

L'histoire de Penang commence vraiment au 18° siècle quand en 1786 le capitaine Francis Light de la compagnie anglaise des Indes orientales débarque et installe une base navale après avoir négocié avec le sultan du Kedah, région à qui appartenanit l'île. Le capitaine Light rebaptise l'île au nom de George III, le souverain britanique de l'époque. Furieux de cette initiative, le sultan tenta en vain de chasser les anglais, mais ses 10 000 hommes n'étaient pas de taille à affronter les anglais. Un traité est donc signé en 1791, et les britanniques reversent une subvention au sultan en échange de l'occupation de l'île. Alors que l'île était inoccupée jusque là, très rapidement une vie s'organise et l'économie florissante due en particulier à l'exploitation de mines d'étain attire chinois et indiens en plus des britanniques.

Les premiers arrivants vont se mêler, mais par la suite les différentes cultures vont plutôt cohabiter en conservant leurs propres traditions. Le mélange va créer ce qu'ils appelent la culture Nyonia qui est essentiellement chinoise et malaise. Tous les monuments visités vont donc souligner cette cohabitation et cette différenciation. Cette situation persiste encore aujourd'hui. Les malais, essentiellement musulmans, tiennent les postes essentiels de l'administration et les chinois et les indiens sont plutôt oreintés vers les affaires. Les habitants ont donc l'habitude de parler plusieurs langues en les mélant parfois. C'est ainsi qu'Ann Nah parle bien sûr le malais qui est la langue officielle, l'anglais qui est la langue des affaires, le mandarin et le cantonnais qui sont les deux langues chinoises pratiquées dans le pays. En plus, elle parle maintenant le français, ce que j'apprécie beaucoup car elle me facilitera la tâche bien que j'ai fait beaucoup de progrès en anglais. Mais il y a encore beaucoup à faire! Il y a des écoles dans chaque culture avec chacune leurs spécificités et pour les universités il y a des universités mixtes comme des universités uniquement malaises. Comme les malais sont moins doués pour les études que les chinois et les indiens, il y a des cotas obligatoires quels que soient les niveaux. Les enfants ne sont donc jamais sûrs d'être pris en université même s'ils sont bons.

Au cours de mes promenades dans Georgetown j'ai donc visité de nombreux lieux de culte car c'est ce qu'il y a de mieux à visiter: bouddhistes chinois, indouhistes indiens, mosquée musulmanne. Les plus beaux monuments sont incontestablement les temples chinois. Leurs toits caractéristiques avec les coins relevés sont repérables de loin. J'ai admiré les tuiles de couleurs vernies, les dragons facétieux ornants les coins et la faîtière, les petits théâtres de vie parsemant les toits et enfin les frises de porcelaine colorées soulignant les fâitières. Les décors intérieurs présentent un luxe de détails et de finesse qui m'ont souvent laissé admiratif. Que ce soit les charpentes très travaillées et assemblées uniquement pas tenons et mortaise sans clous ni vis, les peintures, les piliers sculptés, les panneaux muraux en reliefs. On ne se lasse pas de regarder tous les détails. Les chinois réalisent avec une admirable maîtrise la sculpture de tableaux en trois dimensions. Ces sculptures sont si fines que l'on dirait de la dentelle.

Quand les chinois sont venus s'installer à Penang, il ont pratiqué le principe des clans. Une famille s'installe, lance son commerce et accueille les autres membres de la famille qui arrive ensuite en lui fournissant un logement, une école pour les enfants, un travail, etc... Pendant un an, le nouvel arrivant est totalement redevable à son protecteur et lui reverse tout son salaire en échange de cette protection, à l'issue il est libre de rester ou de partir. A Penang, il y a comme cela plusieurs maisons de clans qui fonctionnent toujours. Cela constitue un véritable quartier où l'on trouve, le temple, les maisons, les commerces. On peu ainsi visiter la maison du clan Khoo Kongsi dont la généalogie remonte à plus de 1000 ans! Chaque pâté de maison du quartier chinois a pratiquement son ou ses temples. Le Yap temple, Goddess of Mercy temple, King Street Temple, Carpenters Guild, Golsmiths guild, Chea Kongsi, etc.... Kongsi étant le terme désignant le clan.

Nous faisons un tour à la mosquée la plus ancienne, la Kapitan Keling Mosque. Elle est belle de par ses lignes épurées, mais n'a pas de cachet particulier. Aucune des mosquées de Penang d'ailleurs n'a vraiment d'intérêt. Elles sont très simples. Les églises et temples protestants sont aussi très simples et tous fermés sauf au moment des offices. Je ne visiterai donc qu'une église, la "cathédrale" le dimanche en suivant la messe. De "cathédrale", elle n'en a que le titre car le bâtiment est très simple, sans décor.

La Pinang Peranakan Mansion et la Cheong Fatt Tze Mansion sont des demeures de riches familles chinoises. Elles permettent de voir quel est leur mode de vie. Ces maisons sont construites autour d'un patio central sur lequel donnent les pièces principales, complètement ouvertes sur le patio. Cela amène fraîcheur et lumière tout en conservant l'intimité de la famille au regard du monde extérieur. Une pièce d'accueil des visiteurs les maintient en dehors de ce monde et ils ne peuvent pénétrer ce monde que s'ils sont invités à franchir une cloison de bois finement sculptées de figures allégoriques. Ces maisons sont richement décorées de meubles, peintures, tapisseries, boiseries de toute beauté. Or, soie, nâcre et bois précieux se mèlent dans une harmonie typique mais fine et délicate.

Au détour de ruelles, on tombe parfois sur des temples indhouistes tel que le Sri Mahamariamman Temple. Le style des temples indiens est totalement différent des temples chinois. Ils présentent tous des toitures en pyramides surchargées de bonhommes bien rondouillards et tout roses, de jolies femmes en costumes au milieu de dieux à tête d'éléphant, de corps à plusieurs bras, de couleur verte, etc.... Lors de la visite de ce temple, un officiant, au ventre bien rebondi comme les petits bonhommes sculptés m'a gentiment offert et administré la bénédiction de shiva (le point rouge entre les deux yeux), ... puis m'a demandé une donation de 2 roupies!

Le soir approchant, je rejoins la jetty en vue de reprendre le ferry. J'avise une galerie où de nombreux convives sont attablés. La galerie se résume à un toit de hangar sous lequel en périphérie, des chinois, des thaïs, des indiens, des malais, etc... préparent quelques plats, ils ont chacun une petite alvéole pour leurs préparations. Au centre, des tables sont disposées pour les clients. L'avantage de ces galeries, c'est que sur une petite surface on a un choix assez varié de plats à consommer. Quand on ne connaît pas bien la cuisine asiatique, c'est mieux que toutes les petites échoppes disséminées. Il suffit d'aller choisir et demander son plat à chaque cuisinier. Une serveuse se promène dans la salle pour offrir à boire. Les coûts de ces plats sont si bon marché que l'on comprend pourquoi il y a tant de clients. Comme me le disait Ann nah, les malais cuisinent peu chez eux, ils préfèrent manger dehors ou acheter des plats tout faits et les manger chez eux. Pour 5 à 10 ringits (soit 1 à 2€), on a deux plats copieux et très bons. Si je vivais dans un tel pays, je ne cuisinerais jamais! Mais je n'oublie pas de préciser "no spicy, no chile"! Car sinon ... bonjour les épices! Je serai d'ailleurs repéré par certains cuisiniers ou serveuses car quand je reviendrai, ils me préciseront tout de suite ce qui est épicé ou pas. Le retour sur Butterworth par le ferry s'est fait à la tombée du soir sous un ciel chargé et bruineux. Les couleurs du ciel sur Penang sont belles et chaudes comme le fond de l'air.

Le lendemain lundi, Ann Nah me rejoint et m'emmène visiter le temple des Neufs Empereurs qui est sur Butterworth. Un temple récent, mais splendide et chargé de sculptures, de gravures et de peintures toutes plus belles les unes que les autres. Je ne me lasse pas d'admirer tous les détails des décors. C'est un temple ou tous les ans, les cérémonies d'accueil des Neufs Empereurs de la mer, les dieux vénérés ici, donnent lieu à des manifestations particulières. Certains fidèles qui se sentent attirés par certaines grâces, vont manger végétarien pendant plusieurs jours, voire semaines auparavant, et après être entrés en transes, se donner à des mutilations volontaires comme se transpercer les joues avec des aiguilles ou des lances. Au cours de la visite, l'un deux était là et on voit les cicatrices dans ses joues. Il m'a montré les photos de la cérémonie et les barres qui ont traversé ses joues: des javelots de près de 3m de long et de 20 mm de diamètre au moins! Gulp! Les cérémonies durent plusieurs jours et nuits. Nous nous rendons ensuite dans un temple boudhiste Thaï beaucoup plus simple et épuré. Il jouxte un temple indien avec ses toits en pyramides décorés de petits bonshommes dodus et roses.


En repartant, nous avisons un vendeur de fruits. Nous stoppons et Ann Nah me fait goûter plusieurs fruits, à la grande satisfaction des marchands. Nous en achetons diverses sortes afin de les goûter à l'appartemment. Durant mon séjour, Ann Nah a eu à coeur de me faire découvrir la cuisine et les fruits typiques de son pays. J'ai découvert avec plaisir des saveurs que je ne connaissais pas et je suis devenu un pro des baguettes et des cuillères chinoises! Pour les plats, j'en ai tellement goutés que je ne saurais les énumérer. Quant aux fruits, j'ai découvert les rambutans rouges et jaunes, à la coque ressemblant aux bogues des marrons, au fruit blanc gélatineux ressemblant aux leechies mais plus goûteux; les Pulasans ou bua rambai (malais) qui ressemblent aux rambutans mais en plus fin; les mangoustines, fruits à coque rouge grenat mais à la chair blanche, tendre et délicatement parfumée; les duku lansat à la coque jaune qui se casse comme une coquille d'oeuf et renferme un fruit blanc gélatineux en quartiers au parfum lui aussi très délicat; le longan ou mata kucing (malais) qui ressemble au duku lansat mais au fruit rond comme un leechies et au parfum plus délicat; la nangka, fruit vert à la chair ressemblant un peu à la pomme; le jackfruit, gros fruit vert de plusieurs kilos qui renferme une multitude de quartiers jaunes très goûteux. Les dragons fruit qui n'ont aucun goût en France sont ici très fins et délicatement parfumés. Le ciku sert ici à faire des jus de fruit, mais cru il a une chair très sucrée avec un arrière goût caramélisé. Les mangues d'ici sont un régal, ce n'est pas comme en France où elles ont un goût de térébentine. Les melons d'eau, les annanas, les papayes, les bananes... Enfin, Ann Nah m'a fait goûter un fruit dont les malais rafolent et que la plupart des européens trouvent .... "dégueulasse": le durian. C'est un gros fruit vert qui renferme trois ou quatre graines blanches crémeuses avec chacune un noyau. Le goût est très particulier, difficile à définir. Très fort et tenace il est vite écoeurant mais je comprends que l'on puisse aimer. Pour ma part je préfère nettement tous les autres fruits. Le parfum est tellement tenace que le tupperware dans lequel on a mis les graines pour les conserver au frigidaire a gardé l'odeur même après l'avoir lavé plusieurs fois avec de la lessive. D'ailleurs il est interdit dans les hôtels comme les mangoustines qui tâchent et sont indélébiles. Je découvrirai encore d'autres fruits dont je ne me souviens plus les noms. Après le tour au marché Ann Nah m'emmène dans une galerie marchande où nous allons déjeuner dans un restaurant japonais.

Le mardi matin, Ann Nah ayant pris quelques jours de congé, nous partons pour Batu Ferringhi aux hôtels luxueux et aux plages magnifiques. Afin de profiter du cadre, nous dormirons dans un bel hôtel. La ferme des papillons que nous visitons est une grande serre où des papillons en liberté évoluent au milieu de superbes plantes exotiques. L'air est chaud et fortement humide comme dans les sous-bois des forêts de la région. Les papillons sont peu farouches et se posent sur nous comme sur de belles plantes! Il y a aussi de gros mille pattes 30 cm de long et gros comme le doigt, des scorpions malaisien de 20 cm de long, des tortues aligator aux machoires peu sympathiques, une tortue au nez de cochon amusante, des vipères, des grenouilles rocailles, d'autres animaux et insectes curieux. Tout cela évolue parmi des plantes superbes comme les orchidées et au-dessus de bassins où nagent des poissons "rouge" de tailles respectueuses. Une carpe devait faire plus d'un mètre de long.

Nous allons ensuite visiter une fabrique de batic, le fameux tissu aux motifs colorés et fabriqué manuellement. Avec des pochoirs métalliques, ils appliquent de la cire chaude sur le tissu en coton ou en soie, ce qui fait une barrière infranchissable, ils liaisonnent à la main et à la cire chaude les motifs, puis ils appliquent à la main ou par des bains les couleurs réalisées à base de produits naturels puis ils traitent pour les rendre indélébiles. Ils font fondre la cire par des bains très chauds et des lavages. Il en ressort des tissus aux couleurs magnifiques et aux motifs souvent très beaux. A partir de ces tissus ils réalisent des chemise, des robes, des nappes ou des foulards splendides.

Un petit tour à l'hôtel nous permet de profiter de la plage puis de la piscine pour nous rafraîchir. L'eau de la mer est si bonne que l'on a l'impression de se tremper dans une grande baignoire. Elle doit faire entre 24 et 30°C avec des courants de températures différentes qui se mêlent en permanence. Le soir nous allons dans un restaurant chinois manger des fruits de mer. Moi qui aime beaucoup cela je me régale. Au retour nous allons faire un tour dans un hôtel voisin qui fait boîte de nuit.

Le lendemain, nous continuons en faisant le tour de l'île. Au passage nous visitons la ferme des fruits, une exploitation fruitière où de nombreux fruits nous sont présentés. Des fruits souvent curieux et méconnus mais aux vertus diététiques voire médicinales très intéressantes. Au cours de ce séjour, j'ai découvert combien les chinois sont très portés sur la diététique avec les fruits, les légumes ou boisssons "qui refroidissent le corps ou réchauffent le corps", etc... La visite se termine par une dégustation libre de nombreux fruits. Je ne me prive pas, c'est tellement bon!

Nous poursuivons le tour par des villages malais et terminons en arrivant à Georgetown par le temple Kek Lok SI. Un immense complexe bouddhiste au sommet d'une colline avec plusieurs temples superbes, un monastère, une pagode et une statue d'une déesse qui domine la plaine. Ils sont en train de construire un dôme au-dessus de cette statue qui fait plus de quarante mètres de haut. Les piliers sont sculptés de dragon de plus de 70m de long. C'est superbe! Les visiteurs sont sollicités pour faire des dons pour la construction et des tuiles peuvent être offertes en les personnalisant. L'accés à la plate-forme de ce dernier temple se fait par l'intermédiaire d'un téléphérique qui traverse le monastère qui ne se visite pas.

Le jeudi matin, nous récupérons la soeur d'Ann Nah qui nous emmène au marché où nous achetons quelques fruits et mangeons quelques plats et desserts chinois comme des crèpes avec des cacahuètes. J'ai trouvé que les chinois mangeaient beaucoup moins sucré que les européens. Ils sont plus portés sur des saveurs complexes en mélant souvent sucré et salé. Ils mangent même les fruits avec des sauces pimentées ou relevées. Au milieu des stand de vêtements ou articles en tout genre, on trouve des stand de légumes, de fruits, de poisson, de viande et de plats cuisinés. c'est très coloré!

Comme le temps est dégagé, nous en profitons pour monter au sommet de l'île, Penang Hill à 830 m au-dessus de la mer. On y monte par un funiculaire à cable et voie unique très pentue. La vue est très belle sur l'île et la terre ferme de l'autre côté du bras de mer. Au sommet, quelques anciens hôtels et restaurants datant de l'occupation anglaise. L'un des hôtels aurait servi de cadre lors du tournage du film Indochine. Il y a aussi un temple indhou et une mosquée. En allant à Penang hill, Ann Nah me fait visiter le temple bouddhiste où elle vient souvent se recueillir. Il y a un bouddha couché et il est assez épuré tout en étant joliment décoré. Elle me montre aussi des maisons traditionnelles qui sont en cours de restauration. Les maisons traditionnelle de Penang sont très souvent conçues sur le même schéma. Un rez de chaussée sous arcades servant souvent de magasin, un premier étage servant d'appartement. Toutes les cellules sont séparées par un mur mitoyen et ont à peu près la même largeur. Les façades sont en stuc très décoré, des mosaïques réalisées avec de la porcelaine brisée orne les piliers et les frontons. C'est un art que pratique beaucoup les chinois. On le retrouve dans beaucoup de temple et de maisons. Ils réalisent ainsi de superbes fresques représentant des oiseaux, des fleurs, des scènes domestiques ou guerrières.

Le soir, nous allons manger dans une galerie près du grand centre commercial du Komtar. Avant le repas, nous visitons la galerie d'un sculpteur sur bois très expressif dans ses oeuvres. Elles sont magnifiques. A partir d'arbres morts, il représente des chevaux en plein effort, un vieillard pensif ou un dragon surgissant.

Les quatre jours suivant, Ann Nah n'étant pas disponible, j'en ai profité pour finir de visiter Georgetown et les environs. Le fort Cornwallis, tout petit fort, ne présente pas vraiment d'intérêt si ce n'est l'exposition présentant l'histoire de l'île. Le Darmikarama Burmese Temple est un temple bouddhiste avec des panneaux de bois sculptés en vrai dentelle. Il fait face au Wat Chaiya Mangkalaram, le temple du Bouddha couché qui abrite un bouddha de 33m couché. Ces deux temples, bien que bouddhistes ne sont pas du même style que les temples chinois. Ils sont très beaux mais totalement différents. Dans le temple Burmese, de nombreuses peintures racontent l'histoire du Bouddha.

Je me rends aussi au musée de la guerre qui est aménagé dans un ancien fort britannique devant protéger Penang. Il est sensé raconter la guerre contre les japonais dans cette région. Ils font beaucoup de publicité autour de ce musée, mais il ne présente pas vraiment d'intérêt. Les quelques "armes" qui sont présentées sont de vulgaires imitations à base de tubes de ferrailles grossièrement soudées. Quelques panneaux sont intéressants sur l'histoire, mais le prix d'entrée est exagéré pour ce qu'il y a à voir. De plus, pour s'y rendre, soit on prend un taxi, soit on prend le bus. Comme j'avais pris un passe touriste qui me donnait accés à tous les bus, j'y suis donc allé en bus. Mais pour aller à 30km de Georgetown, on a mis deux heures. Il faut dire que le bus a fait des tours, des détours, des contours et des tours de ... avant d'arriver. Il y a beaucoup de lignes de bus dans Penang, ce n'est pas trop mal desservi, mais c'est un vrai casse-tête chinois pour comprendre les lignes. D'ailleurs il n'y a pas de plan et quand on montre un plan à un chauffeur pour savoir s'il passe par un point, il est incapable de le dire, il ne sait pas lire les plans. Il connaît son chemin, point. Même au centre d'information ils sont incapables de dire quel bus il faut prendre. En général ils ne donnent qu'un numéro alors qu'il y a peut-être quatre ou cinq lignes qui passent. C'est un véritable imbroglio, un sac de noeuds. J'ai mis deux jours avant de repérer certaines lignes qui m'intéressaient.

Pour le retour du musée, j'ai eu la chance de tomber sur un jeune couple en voiture qui passaient par Goergetown. Ils m'ont vu marcher le long de la route en quête d'un arrêt de bus ou de taxi, ils m'ont demandé où j'allais et m'ont proposé de me déposer. En une demie-heure, j'étais à destination! Je suis allé ensuite visiter le "temple de la consommation": le Komtar. C'est le plus haut immeuble de Penang. Dans les quatre premiers niveaux, ce sont d'immenses galeries marchandes où il y a plusieurs centaines de magasins petits et grands. C'est colossal! Comme il fait très chaud dehors, les malais aiment bien aller se promener dans les galeries marchandes où l'air est climatisé, et .... ils font des achats!

Le lundi, dernier jour seul, j'en ai profité pour mettre à jour mes récits sur le blog. Dans l'appartement, j'avais trouvé que dans le coin près de la fenêtre du salon, j'avais une liaison internet. J'en ai donc profité. Cela m'évite d'aller dans un cyber café.

Les deux jours suivants, Ann Nah m'a emmené à l'intérieur des terres, à Ipoh. Sur le chemin, nous avons visité le zoo de Taiping où nous avons vu quelques espèces spécifiques de la région évoluant dans un parc à la végétation luxuriante. Dans le parc du lac de Taiping, des arbres magnifiques et certainement centenaires ombragent les allées avec des branches qui passent par dessus la route pour venir plonger dans les eaux du lac de l'autre côté. Ce parc est magnifique. Le soir, nous sommes allés manger dans un restaurant dont la spécialité est le poulet. J'ai mangé des pattes de poulet! C'est bon, un peu caramélisé, très tendre. Bien sûr, il n'y a pas grand-chose à manger, mais c'est bon et amusant.

A Ipoh, j'ai découvert une spécialité chinoise: les Dim Sum. Ce sont des amuse-gueules salés ou sucrés, très prisés par les chinois. On va dans un restaurant où des serveuses passent entre les tables avec des plats très divers et en petite quantité. Il suffit de lui demander telle ou telle spécialité. Immaginez que vous êtes dans un salon de thé et que des serveuses passent entre les tables avec des chariots chargés de petits fours, d'amuse-gueules, de patisseries diverses. C'est cela mais en salé essentiellement. On mange en buvant du thé servi à volonté. C'est très amusant et très bon. Attention, on ne mange qu'avec des baguettes!

Ipoh est construite dans une vallée où se dressent des pitons rocheux aux faces verticales. C'est très curieux. Contrairement à ce que l'on peut penser au premier coup d'oeil, ce ne sont pas des cheminées volcaniques. Plusieurs de ces pitons sont truffés de cavernes dans lesquels les hommes ont fait des aménagements et en particulier des temples. Nous sommes allés en visiter deux, les plus caractéristiques et les plus beaux. Un accés dans l'un deux permet d'aller au sommet du piton et d'avoir une vue sur la plaine alentour. Au coeur du premier piton, il y a un genre de patio avec un temple et un bassin avec des tortues. Les fidèles viennent leur donner à manger après des incantations au temple. Après la deuxième visite, nous avons bu une noix de coco. Un singe nous surveillait et nous enviait. A la fin, dès notre départ, il est venu plonger sa patte dans le coque pour récupérer les dernières miettes de chair. Lors de notre retour sur Butterworth, nous faisons un crochet dans Kuala Kangsar, la capitale royale de l'état du Perak, province du nord de la Malaisie. Une superbe mosquée y a été construite au début du XX° siècle. On dirait un palais des mille et une nuits.

En rentrant le soir, j'ai voulu inviter Ann Nah au restaurant pour la remercier de son accueil. Elle a choisi un restaurant japonais. C'est un restaurant où le cuisinier vient faire les préparations directement devant vous sur une table de cuisson. C'est succulent mais aussi spectaculaire. Le jeune qui est venu nous servir cuisinait très bien, et de plus, il jonglait avec ses instruments. Comme c'est spectaculaire, j'ai tout filmé.

Le lendemain jeudi, Ann Nah m'a emmené dans son bureau à l'université. Elle voulait profiter de mon passage pour enregistrer des prononciations françaises avec un vrai accent français. Nous avons donc passé la matinée à cela. Nous sommes ensuite allés mangé avec sa collègue chinoise dans un restaurant chinois. Nous y avons dégusté des fruits de mers. Comme boisson, nous avons pris du lait de soja. Le goût n'a rien à voir avec celui que l'on achète en brique en France. C'est extra. Comme dit Ann Nah, celui de France a un "goût de préservatif", pour dire un goût de conservateur! Nous sommes allés ensuite voir le temple aux serpents. c'est un temple où les serpents de la forêt voisine venaient sur l'autel renifler l'encens quand le temple était entouré de jungle. Maintenant il y a toujours des serpents, mais beaucoup moins et je pense qu'ils sont maintenus là pour les touristes.

Vendredi, dernier jour! Je l'ai passé à mettre de l'ordre dans l'appartement, puis je suis allé au temple de la consommation de Georgetown. Le soir nous sommes allés dans un nouveau restaurant avec Ann nah où les cuisiniers jonglent avec la pâte pour faire à la main des spaghettis ou des raviolis. Demain matin, un taxi commandé par Ann Nah viendra me chercher à 5h30 pour m'emmener à l'aéroport.

Pour rentrer sur Paris, je dois faire escale à Bahrain. Comme j'ai douze heure d'attente entre les deux avions, Gulf Air, la compagnie aérienne m'offre le dîner et une chambre d'hôtel. Une voiture m'emmène donc à l'hôtel au centre de Bahrain. Cela me permet d'avoir un petit aperçu sur ce pays très riche aux immeubles modernes. Deux tours font penser aux Twin towers, elles s'appellent d'ailleurs World Trade Center. Près de l'hôtel, un magasin de bijouteries et souvenirs pour riches s'appelle Gold City et porte bien son nom. Des montres bijoux pour homme de 4cm de diamètre en platine ou en or avec diamants incrustés sont à vendre. Un bon dîner, une bonne douche et quatre heures de sommeil me permettent de me reposer avant de reprendre l'avion de Paris.

Voilà! Mon aventure Malaisienne est terminée, elle a été très courte mais riche de découvertes. Ann Nah a eu à coeur de me faire découvrir son pays. Elle m'en parlait souvent durant son séjour en France, j'ai vu et goûté là ce qu'elle essayait de me faire imaginer. J'ai découvert la beauté de l'art chinois dans ses temples, la végétation florissante de ses forêts, j'ai goûté de nouveaux fruits pour moi inconnus, j'ai découvert les saveurs de la cuisine asiatique. La gentillesse de son accueil et de celui de sa soeur m'ont beaucoup touché et je garde un beau souvenir de ce séjour. Il y a encore d'autres régions à découvrir en Malaisie!