mercredi 25 janvier 2017

Vanuatu, le tour d'Efate

Débarquant en fin d’après-midi à l’aéroport de Port Vila, un taxi m’emmène au motel où j’ai réservé, le Paradise Pacific Motel. C’est un petit motel sans prétention, pas cher mais qui a de bons échos. Ses chambres sont correctes, certaines comme la mienne n’ont qu’une petite fenêtre donnant sur une cour, mais elle est équipée d’un cabinet de toilette, d’un coin cuisine, c’est très propre, le personnel est très accueillant et parle français. Ce qui est amusant, c’est qu’elle est équipée d’une belle TV mais qu’il n’y a qu’une chaîne, et d’un coffre-fort mais qui n’est pas fixé donc inutile.  Un petit tour dans les commerces du coin pour trouver à dîner, il y a plusieurs take away, des fast-food qui proposent des repas pour 300 Vatus soit 2,50 €. Je ne me casse donc pas la tête à cuisiner d’autant que ce n’est pas trop mon truc et que c’est appétissant.  
Bien que Port Vila soit une toute petite ville, la circulation est intense dans la rue principale. Une multitude de combis 7 à 9 places Hyundai ou Toyota se suivent à la queue leu leu. Ce sont les transports en communs. Les bus se distinguent des transports publics par leur immatriculation : B pour Bus, PT pour transport publics, T pour taxi. Les bus vont partout, ils font le tour de l’île et il suffit de lever le bras pour qu’ils s’arrêtent, le prix, peu élevé, est fonction de la distance et ça peut se discuter.
J’avais eu connaissance qu’au Vanuatu, une française, Isabelle Cabat dite Zaza s’est installée et essaie de développer le tourisme local pour les français avec les habitants Nivanes (Nivanuatu, nés au Vanuatu). 
Le tourisme est pollué par les tours operators australiens avec des hôtels chers et ne faisant pratiquement pas vivre les locaux. Elle cherche plutôt à développer le tourisme de proximité avec logement dans des accueils en village, des activités avec des Nivanes, etc…, et tout cela pour des prix très abordables. Je lui avais envoyé un mail sur son Facebook avant de venir, mais n’ayant pas de réponse je suis arrivé à l’aventure. Ce n’est qu’une question de communication. Pendant la soirée, je retourne sur son Facebook et constate qu’elle m’avait demandé de lui renvoyer mon message sur son adresse mail. Ce que je fais de suite et en deux jours grâce à quelques mails échangés, elle me bâtit un programme qui me semble super.
En attendant sa réponse, le samedi matin, je me rends à l’office du tourisme où je n’obtiens pas grand-chose, c’est auprès de Dominique de l’agence de location de voiture Easy Car Rentals que j’obtiens le plus de conseils et un accueil chaleureux et avisé. Et au cours des deux jours de ma présence sur Efate, je vais voir le peu qu’il y a à voir, car il n’y a pas grand-chose sur Efate. Le port se réduit à une plage et un seul warf où viennent s’amarrer les bateaux de croisière. La plupart des bateaux locaux sont des barges de débarquement par l’avant. On a l’impression de faire un saut en arrière d’un demi siècle. 
Le Secret Garden est un jardin botanique avec plusieurs panneaux très intéressants sur l’histoire des îles, de leur découverte, de leurs légendes, du cannibalisme, etc… Dommage que ce ne soit qu’en anglais. Je n’ai pas vu la cascade de Mele car avec la sécheresse, il n’y a pas d’eau qui coule. Le seul intérêt est de pouvoir se baigner dans le bassin. Comme c’est payant, c’est sans intérêt. 
Je fais un tour de l’île, mais on ne voit pas grand-chose, le musée de la deuxième guerre mondiale est fermé. Au cours de ce tour, je m’arrête dans un restaurant que Dominique m’a chaudement recommandé, le Life Resort, au bord de l’océan, juste de l’autre côté de l’île. Un restaurant ouvert par Jack, un Franco-Australien très sympa qui cherche, comme Zaza à faire vivre les locaux. Il propose un succulent plat de fruits de mer qu’il pêche lui-même avec son personnel. Je suis accueilli par Annie, une Nivane très sympathique qui parle le français et avec qui je tape la bavette durant tout le déjeuner. Le personnel est très accueillant, souriant et chaleureux, le cadre est magnifique et l’assiette copieuse et excellente. 
Dominique m’avait aussi indiqué un parc où les touristes peuvent nager avec des tortues, des bébés requin et une raie. Je ne m’y baigne pas mais donne à manger aux tortues, aperçois la raie et les requins et vais voir de beaux crabes de cocotiers, mais je trouve que cela fait un peu piège à touristes.
Elle m’a aussi indiqué la seule chocolaterie de l’île qui, à partir des graines de cacao venant de trois îles différentes du Vanuatu (Epi, Malicula et Santo) produit un excellent chocolat noir à 70%. Un vrai régal, les trois étant différents avec leur parfum propre. J’y suis accueilli par deux femmes qui tiennent une petite boutique de souvenirs sur le site et qui parlent français. Comme je suis le seul touriste, elles prennent le temps de me faire visiter le centre, la fabrique de chocolat qui est artisanale, le magasin avec ses statues et ses reproductions de tamtam et de pirogues, et le petit atelier d’extraction d’huile de coco qui a été installé par un australien.
Le musée de Port Vila n’est peut-être pas très riche mais c’est à mon avis, le point le plus intéressant à voir, toutefois, il faut prendre la formule avec accueil par un guide car elle permet de découvrir le dessin sur sable qui est une spécificité du Vanuatu. 
Le dessin sur sable, ou Sandroing, est à la fois un moyen de communication, et une école de la vie. C’est tout un art et une philosophie. J’ai eu la chance de pouvoir bénéficier des explications du seul guide qui parle français. C’est un volontaire mélanésien qui est là depuis trois ans et qui se passionne pour cet art. Il m’a donné beaucoup d’explications et tracé plusieurs dessins magnifiques. 
Après avoir tracé un repère à base de lignes, il faut tracer le dessin lentement, régulièrement suivant une symbolique particulière, sans lever le doigt et tout en racontant une histoire ou un conte qui se termine par une morale au moment ou on arrive au point final qui est le point de départ…. Chez les autochtones, cet enseignement est apporté par les anciens. Comme le dit ce guide, l’école apporte le savoir faire, le Sandroing le savoir être.
Le lundi soir, j’ai fait un tour sur le marché avec ses étalages de fruits et de légumes. Les prix du marché de Nouméa étaient exorbitants, bien plus chers qu’en France, même pour des fruits et légumes produits localement. Ici, les prix sont très bas et je m’offre le plaisir d’un dîner de fruits. Les ananas sont énormes, juteux et parfumés pour seulement 100 VT (0,80€), les fruits de la passion, un délice pour 100 VT les 2kg, 8 bananes pour 0,50 VT et des cacahuètes fraîches pour 100VT, je n’en avait jamais mangé et ici ils sont toujours en train d’en manger. Cela a un peu le goût de la noisette fraîche. 
Les étals débordent et le marché est tous les jours de la semaine 24h sur 24, les vendeurs sont assis parterre ou dorment derrière leur étal et attendent le client. Il y a des montagnes de tarots, de manioc, d’ignames, d’ananas, de pastèques dont certaines font 15kg et de toutes autres sortes de fruits ou de légumes. On trouve des petits marchés un peu partout dans l’île.
Comme j’ai prévu de faire le tour de l’île le dimanche, je vais à la messe le samedi soir à la cathédrale de Port Vila. C’est une église moderne sans caractère ni cachet particulier. La chorale d’un trentaine de personne dont une dizaine d’homme est remarquable, l’assistance est tout aussi nombreuse et je suis le seul blanc. Les chants sont magnifiques, à plusieurs voix. La messe est en français, mais ils chantent tantôt en français, tantôt en anglais, tantôt en bichlama. Le sermon du prêtre est du même acabit, difficile pour moi de le suivre. Le bichlama est un peu la langue universelle ici. Le Vanuatu est constitué de 80 îles et il y a plus de 110 langues différentes. Ce qui fait la liaison entre eux tous est donc le bichlama. C’est un peu comme le créole. Le créole est du « petit nègre » à base de français, le bichlama est à base d’anglais. En le lisant en phonétique, on peut en comprendre quelques mots.

Mon séjour à Efate a duré trois jours, j’aurais pu le réduire si j’avais pu prévoir plutôt car il n’y a pas grand-chose, mais j’ai fait des rencontres très sympathiques. Comme on me l’avait dit à plusieurs reprises, les Nivanes sont souriants, accueillants, chaleureux. On discute facilement et ils sont heureux de raconter et de parler de leur pays bien qu’il soit très pauvres.

dimanche 22 janvier 2017

Voyage dans les îles et dans le grand sud

Le 4 janvier, par une belle journée ensoleillée, l’avion d’Air Calédonie (AirCal) décolle de l’aéroport de Magenta pour m’emmener à Ouvéa. C’est la compagnie intérieure qui assure les liaisons entre les îles Loyauté, l’Ile des pins et la Grande Terre. Ce sont des appareils ATR. Décollage vers 14h30 et après quarante minutes de vol, nous atterrissons à Ouvéa. 

Petite île de 45 km de long pour 10 km au plus large. C’est une île où il n’y a pas grand-chose à voir mais qui a beaucoup de charme avec son immense plage de sable blanc de 45 km et ses eaux bleues aux nombreuses nuances. A l’arrivée à l’aéroport  ma voiture de location m’attend. Je rejoins le camping où j’ai réservé un emplacement et le dîner du soir : langouste !
Puis tout de suite, comme je ne reste que deux nuits et moins de deux jours, je commence mon périple. C’est tout simple, il n’y a qu’une route. Je commence par aller sur le pont de Mouly qui relie l’île nord à l’île sud. Durant près d’une demie heure, j’observe et admire le site. L’eau du lagon est transparente et d’un bleu irréel aux multiples nuances comme sur les cartes postales, un bleu qui tranche sur le sable blanc de la plage. En fond de tableau, les falaises de corail de Lekiny. J’ai la chance d’apercevoir une quinzaine de tortues qui luttent contre le courant dans la baie. Je pense voir une raie car une ombre assez large suit le courant au fond de l’eau et passe sous le pont.
Puis je pousse à la pointe sud, la pointe de Mouly. Les rochers de corail rongés par la mer sont de la vraie dentelle. Au retour vers le camping, je prends le temps de faire quelques photos de la chefferie de Mouly et de sa palissade en gros rondins inclinés, puis de l’église de Mouly. Au camping, j’installe la tente et attend le repas.
Une splendide langouste entière rien que pour moi ! Elle est fraîche et succulente ! Avant de prendre ma douche, je vais piquer une tête dans le lagon à la lumière des étoiles. C’est super !
La nuit est chaude. Réveil vers 6h et pour me mettre en forme, je vais encore nager dans le lagon ! J’ai juste à traverser la route et la bande de sable fin. L’eau est si bonne que la mise à l’eau est immédiate. Cela fait beaucoup de bien après la chaleur de la nuit. Seul sur cette plage de 45 km de long ! Seul au monde !
Après le déjeuner, je retourne au pont de Mouly pour voir de plus près la falaise de Lekiny. Massif corallien plus élevé que la mer, il sert de barrière naturelle face à l’océan. La falaise est très curieuse. Comme c’est un massif de corail, la roche est très poreuse et des racines d’arbres perchés au-dessus ont traversé le rocher et se sont fossilisées formant des stalactites à l’air libre. En revenant, je m’arrête vers les deux édifices religieux que j’ai remarqués. Sur Ouvéa, les catholiques et les protestants se partagent les fidèles et les églises et les temples sont souvent côte à côte.
En remontant au nord, on croise un monument construit à la mémoire des « 19 », les kanaks tués lors de l’affaire de la grotte d’Ouvéa, affaire qui est à l’origine des accords de Matignon. 19 totems sont plantés devant le monument. Au cours du dîner de la veille, trois jeunes filles qui campent m’ont parlé de la dérivante, un courant d’eau entre l’île près de Goossana et un îlot. On se met à l’eau à hauteur d’un snack ou l’on peut déjeuner et on se laisse dériver avec le courant en regardant les fonds marins. Il paraît que cela vaut le coup, mais j’ai oublié masque et tuba à Nouméa. J’y vais tout de même et J’y retrouve les filles qui déjeunent avant de dériver. Le patron du snack, un mélanésien de la tribu, me prête gentiment du matériel. Je me mets à l’eau et nage pour rejoindre le centre du courant et me laisse porter. C’est sympa comme expérience, mais ce n’est pas aussi beau que la sortie avec Aqua Nature. Je vois beaucoup de poissons, mais beaucoup de coraux sont morts et c’est bien triste. A un moment, je dérive au-dessus d’un grand poisson flûte plus grand que mon bras et un poisson très long et effilé. Ne le connaissant pas, de retour au bivouac le soir, j’essaierai de le reconnaître sur un livre à la disposition des campeurs, il ressemble beaucoup au barracuda. Comme j’ai pris mon temps, les filles et le tenancier se demandaient ce que je faisais. Le mélanésien m’a paraît-il donné un nom qui signifie que je ne me casse pas la tête, je pars à l’aventure sans préparatifs et je suis cool. Je prends le temps de déjeuner et bavarder un peu avec la patronne, une mélanésienne qui vient de la région de Bourail et s’est installée ici en rejoignant son compagnon.
Après le déjeuner, je rejoins les filles à Teuta, elles vont faire une sortie avec un guide pour essayer de voir des perruches endémiques qui n’existent que dans ce secteur de l’île. Il n’y en a nulle part ailleurs au monde ! En allant au rendez-vous, j’ai la chance d’en voir une au milieu de la piste, s’envoler et se poser  sur une branche proche. Le temps de m’arrêter et de sortir l’appareil photo elle est déjà partie. Dommage. La ballade durant plus de deux heures, je préfère poursuivre mes pérégrinations et vais voir le trou aux tortues, un trou d’eau de mer au milieu de la forêt dans lequel vivent des  tortues. Malheureusement, deux jeunes mélanésiennes plongent et se baignent, cela doit les effrayer et je n’en vois pas. 
C’est ensuite le trou bleu, un trou du même type où l’on peut voir une multitude de poissons multicolores quand on jette du pain, ce que je ne manque pas de faire. Puis le trou aux serpents, un troisième trou du même type, mais je n’ai pas vu de serpent. En revenant au bivouac, je passe par le secteur des grottes de Kong Hulup, il est trop tard pour les visiter, mais je pense que cela doit valoir le coup car ce sont des grottes dans le massif de corail et donc avec des concrétions très particulières.
Le lendemain matin je reprends l’avion pour Nouméa. Stéphane s’est arrangé pour faire ce vol et me faire faire le trajet dans le cokpit. Après m’avoir salué et rejoint son appareil, il a donné comme consigne au steward de faire monter à l’avant « l’homme au chapeau de cuir, la veste plein de poches et les sandales »…. ;-) Quand il me voit monter à bord, celui-ci répète la description qui m’amuse et m’envoie à l’avant. Je fais donc tout le vol avec Stéphane et son copilote. Petit moment très sympa et intéressant. La vue sur le lagon bleu est splendide.
N’ayant pas pu avoir un vol pour l’île des pins le même jour, je ne reprends donc l’avion que le lendemain pour cette nouvelle étape. Malheureusement la météo est moins favorable. Je passe trois jours sur l’île mais je n’ai qu’une demie journée de soleil. Le reste du temps, il bruine ou pleut. Pour la première nuit, j’ai pu trouver un hébergement en chambre au camp de l’IGESA qui est installé au bord de la baie de Kuto. Superbe installation dans un joli cadre. 
Les deux autres nuits, je m’installe au camping de Loulou et Lélène, des mélanésiens très sympa et chaleureux. La cuisine y est excellente. Le premier soir, elle me fait du poisson bien frais, le deuxième soir ce sont les énormes escargots de l’île, des escargot deux fois plus gros que des escargots de bourgogne mais très tendre et avec une coquille épaisse et en forme de cône. 
L’île des Pins est une île avec des vestiges de son passé pénitentiaire. Il y a encore l’ancienne demeure du gouverneur de l’île qui est maintenant occupée par la gendarmerie, la maison du médecin du pénitencier qui est encore habitée 
et il y a encore les vestiges du pénitencier, de la prison, des ateliers, de la caserne des gardiens, mais tout est envahi par les broussailles et peu à peu, cela tombe en ruines. C’est dommage car il y a encore des restes intéressants. Comme dans toute la Calédonie, près des choses à voir, il y a des panneaux d’information très documentés. 
Le château d’eau est encore en service, l’ancien warf du débarquement des déportés a été réhabilité et sert au débarquement du Bético, le bateau rapide qui fait la navette avec Nouméa, et des bateaux de croisière qui font étape régulièrement dans l’île.
Le dimanche matin, je vais à la messe à l’église de Vao, église de l’ancienne mission. L’église est grande et presque pleine. D’après une religieuse qui est en Nouvelle Calédonie depuis plus de quarante ans, il n’y  pas beaucoup de monde. En cours d’année, l’église est pleine. Constatant qu’il n’y a pas de prêtre, je suppose qu’aujourd’hui c’est une ADAP. J’apprendrai par la sœur que le curé est parti quelques temps faire une retraite. La cérémonie est animée par les catéchistes. Ayant déjà assisté à une ADAP en France et ayant été très déçu, je suis assez méfiant. Mais au cours de la cérémonie, je suis très agréablement surpris. C’est très priant, chantant, vivant. Les fidèles chantent remarquablement bien, leurs chants sont très beaux. L’un des catéchistes fait une homélie remarquable. Les seules différences entre cet ADAP est une messe : la chaise vide du prêtre et l’absence de consécration. Quand j’en parle avec la religieuse, j’apprends qu’ici, les catéchistes partent un an en formation à temps complet. Et s’ils sont mariés, ils y vont avec leur épouse. Une formation digne des diacres chez nous, mais ils ne sont pas diacres. 
Les femmes portent presque toutes ce qu’ils appellent la robe mission. Quand les premiers missionnaires sont arrivés, ils ont fait habiller les femmes avec une robe simple qui a été baptisée la robe mission. Cette robe est devenue traditionnelle et beaucoup de femmes la porte encore aujourd’hui. C’est même devenu la robe habillée. Elle sont très colorées, souvent agrémentées de dentelles. Elles sont souvent très jolies et beaucoup de jeunes filles en porte. Les bâtiments de la mission sont encore en service.
L’église est simple mais belle, son plafond et son mobilier dans le style mélanésien méritent de s’y arrêter.
Le presbytère est une belle maison coloniale. L’école des garçon est un beau bâtiment, par contre,
l’école des filles où demeure les religieuses et en triste état, les murs sont tous soutenus par de gros étais.
Au bout de l’avenue qui relie l’église à la mer, une statue du Sacré Cœur entourée d’une palissade de totems marque la plage où ont débarqué les missionnaires et où il y a eu la première messe.
Sur la carte des vestiges du bagne, le cimetière des déportés et le cimetière des surveillants sont signalés. J’ai voulu les voir. Le cimetière des déportés est bien entretenu et les tombes sont de simples rectangles de cailloux, aucune croix, aucun signe religieux, car les déportés, les communards n’en voulaient pas. Un monument célèbre leur mémoire tel des héros. Par contre, impossible de trouver le cimetière des surveillants. Il n’est pas du tout signalé, je n’ai pas trouvé de piste semblant s’y diriger. D’après Loulou, du camping, il doit être dans la brousse envahi par la végétation. Je trouve regrettable cet oubli. Certains gardiens ont peut-être été critiquables, mais d’autres ont dû être envoyés là contre leur gré. Cela vaudrait le coup de rechercher l’endroit au GPS.
Sur l’île, deux grottes sont intéressantes. La grotte de la Troisième, une petite grotte qui s’enfonce jusqu’à une nappe d’eau d’un beau bleu. Un club de plongée y emmène leur plongeurs chevronnés. La seconde, la grotte de la reine Hortense est plus grande et plus spacieuse, elle aurait été habitée à une époque par la reine Hortense, une reine Mélanésienne, pour fuir les conflits tribaux.
Le lundi matin, le temps est plus clément, c’est heureux car j’ai prévu la sortie pirogue. Des pirogues à voile emmènent les touristes depuis Vao jusqu’au fond d’une baie. L’aller se fait au moteur car le vent est contraire, mais le retour se fait à la voile.
 Dans la baie, plusieurs concrétions coralliennes se dressent dans l’eau comme dans la baie d’Along au Vietnam. La ballade dure deux heures et les gens peuvent débarquer au fond de la baie pour rejoindre la piscine naturelle, ils rentrent ensuite par la navette en fin de journée. Moi, je fais l’aller et retour pour poursuivre mes visites.
Je vais donc rejoindre la piscine naturelle en voiture. C’est une crique qui, à marée basse est isolée de la mer et qui à marée haute est reliée par un bras de mer qui passe par le goulet qui est à l’entrée et par la rivière de sable qui coupe l’îlot en deux. Cela fait un beau bassin aux eaux bleues multi-nuances, un aquarium naturel où de nombreux poissons évoluent. Avec un masque que l’on me prête, je peux admirer les fonds splendides, des coraux, de nombreux bénitiers multicolores, toutes sortes de poissons….. La fin de la journée se fait sous la pluie et je ne peux admirer la baie de kaaji au nord.
Le mardi matin, au réveil, Lélène nous apprend que l’oncle de son mari est décédé pendant la nuit, dans sa case. La famille arrive déjà  et plusieurs membre se mettent au travail pour tresser une palissade en feuilles de palmes pour la dresser autour de la case. Je reprends l’avion pour rentrer à Nouméa et retrouver le soleil.
Le mercredi, j’ai rendez-vous avec le dentiste, en me soignant une dent sensible au froid, elle a constaté qu’une carie se développait sous la couronne de la dent mitoyenne et qu’un abcès se développait entre les racines. Elle a dit que la seule solution est l’extraction. J’y vais donc car je préfère le faire dans un pays civilisé où l’on parle français. L’extraction a été un peu difficile et je reste quelques jours pour m’assurer de la bonne cicatrisation.
Au cours du week-end qui suit, Stéphane et Fanny m’emmènent sur le terrain qu’ils louent dans une propriété pour pouvoir se mettre au vert de temps en temps. C’est au bord de la Ouenghi, une rivière aux eaux claires et fraîches mais pas froide. C’est vraiment agréable de s’y baigner. Après le pique-nique, Stéphane m’emmène me montrer son terrain de jeu : un parcours de tir en pleine nature qui permet de tirer jusqu’à 2300m. Impressionnant ! cela fait envie de se mettre au tir !
Je profite du répit dû à ma dent pour visiter le sud que je n’ai pas pu voir à cause des événements lors de mon arrivée. Tout est calme et je pars donc deux jours vers le sud avec l’intention de camper, mais le ciel plus que menaçant et les pluies que je traverse m’en dissuadent et je ne fais qu’une première boucle. Le lendemain, je fais un tour au parc de la rivière bleue, aux cascades de la Madeleine et au village de Prony.
Les paysages sont complètement différents du reste du pays. Les paysages offrent des contrastes très prononcés entre le bleu de l’eau du lac de Yaté, le rouge couleur rouille de la terre, le noir des roches volcaniques, le vert aux multiples nuances de la végétation. Ce qui interpelle , c’est la désertification. Sur l’immensité du panorama, aucune habitation. Les paysages sont grandioses et méritent le coup d’œil. La ballade au parc de la rivière bleue permet de découvrir qu’il existe de très nombreuses variétés de palmiers dont 80% y poussent et dont certains, endémiques n’existent que là, certains sont même en voie de disparition et le personnel a entrepris de le récupérer.
Une promenade en navette fait découvrir une forêt noyée, ce sont de chênes gommes imputrescibles qui sont noyés depuis plus d’un demi-siècles et toujours debout bien que morts. Ils apparaissent en basses eaux. Le lac de Yaté est un lac artificiel créé par le barrage qui a été construit dans les années cinquante.
Dans de petits circuits botaniques intéressants on découvre un Kaori de plus de 1000 ans, des Houps géants et un Araucaria qui pousse sur une branche de l’un d’eux.
Dans ce parc, il y a possibilité de voir des kagous. Oiseau endémique qui ne vol pas et qui était en voie de disparition. Grâce à l’action du parc et à sa protection, Ils se sont multipliés. Comme je n’en n’ai pas vu, la conductrice de la navette, très gentiment me dépose au départ du circuit du kagou. Je n’en vois qu’un juste à la fin du circuit. Comme c’est un animal très curieux, il a dû être attiré par le bruit que faisaient des ados. Il est là, au milieu d’eux et je peux ainsi le photographier.
La cascade de la Madeleine n’est pas exceptionnelle, mais ce qui est intéressant, c’est le cadre dans lequel elle est. C’est une région très aride, aux fortes températures, aux sols volcaniques ou très chargés en métaux. Cela fait penser à un paysage de préhistoire.
Un circuit botanique très riche et bien documenté fait découvrir les diverses plantes qui peuvent croître et se développer dans un environnement très hostile.


Au milieu de ces parcs naturels, on tombe sur une usine gigantesque de traitement à l’acide du minerai de nickel. Quand on voit d’immenses cuves émanant des vapeurs suspectes, d’énormes tuyaux déversant un liquide verdâtre fumant, on se demande ce qu’elle fait là, au milieu de parcs de protection de la nature !…..
Sur le chemin de retour, je passe par le village de Pro
ny qui est un village construit par des déportés pour développer l’exploitation de la forêt. Dans ce petit village installé au fond d’une très belle baie, quelques vestiges marquent ce passé pénitentiaire : quelques baraques construites pour les déportés et qui servent maintenant de résidences secondaires, la maison du comptable et celle d’un gardien qui sont encore occupées, un morceau du four à pain, les soubassements de la maison du responsable du chantier dont les murs sont envahis et enserrés par les racines d’un banian, le magasin à poudre qui est encore en bon état, un mur du magasin à vivre.
Quelques éléments ont été installés pour montrer la vie des condamnés tels la schlitt de transport des troncs d’arbre, des informations sur les supplices servant de sanction. Sur le chemin du retour, je traverse plusieurs gués, mais cela ne suffit pas à nettoyer la voiture. Elle est couverte de poussière rouge et le tapis sous mes pieds est couleur rouille. Le lendemain, je  vais faire faire le nettoyage de la voiture dans un centre American Wash. En une demie heure, je la récupère toute neuve. Après le lavage, elle est astiquée par plusieurs jeunes.

Les deux jours qui restent je prépare mes affaires, mets à jour mes récits et prends l’avion pour l’étape suivante : le Vanuatu. Ce n’était pas prévu. Je voulais rejoindre l’Australie en voilier, j’ai bien trouvé un catamaran, mais il est complet. Au cours de mes pérégrinations, j’ai rencontré plusieurs personnes qui m’ont chaudement conseillé de faire un crocher par le Vanuatu. C’est donc la prochaine étape.

Album photo des îles:   https://goo.gl/photos/zf7RwdJJaBDxuC6w6

Album photo du Sud:   https://goo.gl/photos/uLqrF658XqeswGGM8