jeudi 22 avril 2010

Burgos a Leon

Apres avoir vu le medecin et achete les medicaments prescrits, je reprends le chemin vers 10h. Vu l'heure, j'envisage de ne faire qu'une petite etape de 20 km. Au passage, dans une epicerie, j'ai achete une bouteille de boisson energetique que consommait l'un des espagnol de Villafranca: Aquarius. Peu a peu, je reprends le rythme. Dans les monts au-dessus de Hornillos ou j'ai l'intention de m'arreter, je recupere un espagnol qui a demarre a Burgos et qui a deja des ampoules et est fatigue. nous marchons de concert jusqu'a l'etape. Le gite est deja plein, il ne reste qu'une place. Je me sens mieux que le matin et l'etape suivante est a 11 km, je laisse donc la place a l'espagnol et repars. Le plateau est interminable et monotone. D'apres mon rythme, je devrais arriver a Hontanas, mais toujours cette platitude. Tout d'un coup une pancarte annonce: Hontanas 0.5 km .... En effet, le village est dans un creux et on ne l'appercoit qu'en tombant dessus. A l'auberge je retrouve Marc un Francais que j'avais rencontre quelques jours auparavent a Najera et Bernard un Luthier qui est a son troisieme chemin. La petite auberge ou nous sommes est bien sympathique.
Le lendemain 17 avril je decide de joindre Fromista car je veux aller dans une pharmacie. Le chemin est long et interminablement monotone. Decidement je regrette les chemins Francais. On fait peut-etre de plus petites moyennes mais c'est plus beau et varie. Cela plait a certains, pas a moi, cette platitude est d'une tristesse qui m'ennuie. En arrivant a Fromista, j'ai de la chance, bien que nous soyons samedi, la pharmacie est de garde. Je peux donc faire mes achats. Quand j'arrive au gite, il est 15h30. Douche puis lessive. Quand je veux aller manger, tout est ferme parce que c'est la fete au village. Je trouve bien un restaurant de luxe qui accepte de me faire a manger mais a des prix exorbitants. Au gite, le gerant accepte mais difficilement de me faire un bol d'eau chaude pour que je me fasse une soupe mais n'accepte pas que je me fasse des pates. Il faudra que j'attende 19h pour manger, c'est long! A 19h donc, dans le restaurant ou je m'arrete, je m'installe a une table ou il y a Colette, francaise, deux Hollandaises et un couple Sud africain: Le repas est tres sympathique. Colette partage mon sentiment sur le paysage et sur les frequentations du chemin, beaucoup de touristes. La nuit je tousse et crache beaucoup.
Les deux jours suivants seront pareils, longs et monotones avec des lignes droites interminables (17km). Le temps est tres variable: le dimanche la pluie et le soleil alternent en permanence et je n'arrete pas de mettre et d'enlever le poncho; le lundi, cela va mieux, il ne pleut pratiquement pas. Le poncho est pres mais je ne l'utilise pas. Au passage a Sahagun, je me soulage un peu en renvoyant mon duvet qui est trop chaud et que je n'utilise pas depuis plusieurs jours et d'une polaire. Je fais etape a Calzadilla de la Cueza (36km) et arrive a Bercianos le lundi soir (33 Km): C'est un gite paroissiale avec un accueil pelerin chretien. Je suis agreablement surpris et content les hotesses Rosa (Espagnole) et Carmen (Quebecoise) sont tres accueillantes et au petits soins pour les pelerins. Compte tenu de ma toux, elles m'installent dans une chambre seul au lieu du dortoir. Le repas se fait en commun et l'ambiance est chaleureuse et sympathique. Nous ne sommes qu'une quinzaine. Cela change des autres gites. Apres avoir assite au coucher du soleil et fait la vaisselle, nous avons un temps de priere ensemble. Cela me reconcilie un peu avec l'Espagne.
Au petit matin, je repars d'un bon pas. La boisson Aquarius me fait du bien et je prends un bon rythme. J'aimerais aller jusqu'a Leon pour revoir un medecin car apres cinq jours de traitement, je trouve que l'amelioration n'est pas significative. durant 35km je marche a 6km a l'heure. Cela va bien. A Villarente, l'etape que j'avais envisagee, je decide de continuer jusqu'a Leon car je me sens bien, mais je ralentis un peu. Finalement j'y arrive vers 17h apres 47km. Je suis accueilli a l'auberge du couvent des Benedictines. Quand je demande s'il est possible d'avoir une chambre seul (a cause de ma toux), les hospitaliers tres gentiment me donnent la seule qui est libre. Je suis bien installe avec cabinet de toilette prive. Apres la douche, je me rends au centre de soins ou je rencontre un medecin. Apres examen, il me fait faire une radio et identifie un voile au poumon: cela semble un debut de pneumonie. Il me prescrit des antibiotiques durant 10 jours et me dit de refaire une radio de controle dans 10 jours. Je comprends mieux ma fatigue generale. Quand je reviens au gite et que je donne le resultat de la visite, les hotes me proposent de prendre un ou deux jours de repos. Etant bien installe je reste donc deux jours. Cela me fait beaucoup de bien d'autant que lachant la pression, je me rends compte que je suis quand meme bien fatigue. Je passe donc ces deux jours a me reposer, visiter la cathedrale et l'eglise San Isidore qui est le panteon des rois d'Espagne. C'est magnifique. J'en profite pour regler des affaires personnelles et a mettre a jour mon blog. Les hospitalieres Madalena (Italienne) et Pilar (Espagnole) sont pleines de sollicitude a mon egard, cela change des accueils plus economiques des autres gites .
Ce que j'apprecie beaucoup dans ce gite, c'est que je retrouve un accueil chretien: le soir, a 21h30, il y a possibilite de participer aux complies avec les soeurs benedictines. Nous sommes accueillis par une religieuse qui donne des explications avant l'office et invite a la priere et la meditation par un petit discours sur le sens du chemin.
Je reprends donc le chemin demain 23/04. Je pense que ces deux jours de calme et de repos m'auront fait le plus grand bien. En principe, si je garde mon rythme, je devrais arriver a Santiago dans dix jours.

dimanche 11 avril 2010

St Jean Pied de Port a Burgos

Jeudi matin, reveil de bonne heure pour partir rapidement. La, cela change des jours precedents car on trouve beaucoup de monde sur le chemin. On attaque tres fort par un raidillon. Tres rapidement, le ciel se bouche et nous nous trouvons dans les nuages. Il ne fait pas tres froid, mais tout est bouche. Je ne vois meme pas la Vierge. Je double beaucoup de personnes et marche de concert avec un espagnol, mais par la suite, il me semera. le passage du col se fait dans le brouillard. A midi, j'avise une ancienne chapelle qui a ete transforme en gite. Il y a meme une cheminee avec un insert, et tout ce qu'il faut pour faire un feu: buches, petit bois, papier et briquet. J'ai failli mettre en route une flambee, mais comme je ne voulais pas rester longtemps, je ne le fais pas. La redescente sur Roncevaux est assez raide: Ayant mis six heures pour passer, j'arrive vers 13h a l'accueil pelerin puis au gite qui est situe dans l'ancien hopital des pelerins du moyen age. Il y a plus de 100 ou 150 lits alignes. Tout au long de l'apres-midi cela va se remplir. Apres ma douche et ma lessive quotidienne, je profite de mon temps libre pour aller visiter la basilique, superbe, le musee, le cloitre, et deux anciennes chapelles du moyen age. Entre temps, Christelle et Monica sont arrivees. On constate que l'allemand ronfleur est a deux lits d'elles! Apres le diner dans un des deux restaurants de Roncevaux, nous allons a la messe, en espagnol bien sur: Nous entendons la liste des differentes nationalites: les espagnols et les allemands sont les plus nombreux, mais tous les continents sont representes: Australie, Japon, Coree, tous les pays d'europe ou presque, USA, Canada, Chili, Argentine, mexique, etc....
Extinction des feux a 22h, la nuit est bercee par les ronfleurs qui se donnent parfois la repartie. Pour ma part je n'entends presque rien grace a mes boules quies.
Le lendemain, je me leve des 5h30 pour partir rapidement et fuir ce remue-menage qui me derange. Je demarre a 6h30 et espere prendre un petit dejeuner au village suivant. Il y a bien un bar d'ouvert mais pas de pain, rien a manger. Ce n'est que vers 9h30 que je trouverai quelque chose. A 12h15 j'arrive a l'etape que j'avais prevue. Rien n'est ouvert et je suis en pleine forme alors je continue. Un cycliste espagnol me double et nous faisons le point ensemble. Il va jusqu'a Pamplona. Quand j'arrive a l'etape suivante, Arre, avant Pamplona, il n'est que 15h30 et je me sens capable de continuer. Je continue ainsi jusqu'a Cezur Menor, apres Pamplona soit 55 km dans la journee. Au passage je visite un peu Pamplona car le chemin traverse la vielle ville. Je suis content d'arriver. Les trois jours suivants, c'est pareil, j'avance bien, le chemin n'est pas difficile, il est bien entretenu, c'est une veritable autoroute. Je fais donc etape a estella (42km), Viana (41km), et Najera (43km), mais depuis un ou deux jours je tousse un peu et les derniers kilometres sont un peu longs et difficiles a terminer. Je decide donc de ralentir un peu et pour l'etape suivante je m'offre un petit hotel a Castildelgado arrive vers 15h, je me couche et dors, mais je suis souvent reveille par ma toux. J'ai beaucoup avance parce que les chemins etant bons, ils sont faciles, cela me permet un peu de fuir la vague de touristes qui a pris le chemin, car je ne ressents pas la meme chose qu'en France. Aux gites, quand on discute, on sent que ce chemin n'a rien de spirituel pour beaucoup: je suis un peu decu des rencontres pour l'instant. Les gens sont sympas, mais il n'y a rien de profond. Alors j'avance. Au debut, les paysages sont interessants, mais rapidement on attaque les plaines interminables avec des lignes droites de 15 a 20 km. C'est triste et monotone, il n'y a presque rien a voir. Les premiers villages sont superbes avec de belles maisons assez riches, de belles eglises mais tout est ferme. Puis peu a peu cela devient desertique, des villages pauvres et fermes, des eglises toujours fermees. J'avance.
Apres ma nuit qui m'a fait du bien, je me sens quand meme fatigue. L'etape suivante est donc courte (24km). Je m'arrete au gite de Villafranca. Comme il est 13h, je demande aux trois espagnol qui sont la ou je peux acheter des provisions, ils me proposent de faire le repas, en echange j'achete une bouteille de vin. La halte fut sympa, les compagons sympas aussi, mais grands buveurs: 8 ou 10 bouteilles a 4. Au fur et a mesure, d'autres pelerins arrive. L'apres midi je me repose et soigne les ampoules (pas belles) d'un italien, d'un espagnol, d'une autrichienne....
Le lendemain je pousse jusqu'a Burgos 33km. La traversee de la zone industrielle ne m'interesse pas, je prends donc un bus, d'autant que je me sens fatigue. Le gite municipale est neuf et superbe. Je fais quelques courses pour diner et le petit dejeuner. Je passe une nuit a tousser et cracher.
Le lendemain matin 16/04, je vais voir un medecin qui diagnostique une bronchite et me prescrit des antibiotiques.

samedi 10 avril 2010

Condom - St Jean Pied de port

Le dimanche soir, j'appelle mon camarade de promotion et ami, Alain You qui est pere abbe de l'abbaye de Maylis pour lui demander si je peux venir et en particulier suivre le triduum Pascal. Il me reponds que l´'abbaye sera pleine, mais qu'il va voir comment faire. Le lendemain il me rappelle et me confirme qu'íl peut m'accueillir, mais que je serai loge dans la cloture avec les moines donc en silence. Pas de probleme pour moi bien sur, bien au contraire. Qu'y a-t-il de mieux que de celebrer la mort et la resurection du Christ dans un monastere. Par contre quand je lui annonce que j´arriverai jeudi soir, je comprends que c'est un peu genant avec le temps de silence, mais qu´il me consacrerait quand meme un peu de temps.
Le lendemain lundi, je prends la route sous un beau soleil et passe par Larressingle qui est un splendide petit village medieval. Je file ensuite vers Eauze ou je suis attendu par Pauline et Marcel. Mon passage leur a ete annonce par Isabelle qui a d'ailleurs demande a Pauline de me transmettre un message. En arrivant, je fais un crochet par le centre pour visiter la cathedrale et prendre l'adresse du gite a l'office du tourisme. Comme ils ont une soiree formation alpha, ils me proposent de me joindre a eux pour le diner et suivre la projection de la cassette. Ce que j'accepte, cela me donne l'occasion de rencontrer le tres sympathique cure qui est hollandais et quelques paroissiens tres accueillants.
Le lendemain par contre je repars sous un ciel bien charge et peu de temps apres, je suis oblige de mettre sur-pantalon et poncho. Comme les chemins sont peu praticables, je prends des petites routes. J'arrive trempe a Nogaro vers 13h. Je prends mon casse-croute dans un bar et quand je repars, le temps etant toujours a la pluie et au vent de travers, je prends le chemin le plus court: la nationale. Vais-je m'arreter dans le premier gite? Je passe dans le village vers 15h et j'avance bien: je continue donc tete baisse vers Aire sur Adour. J'y arrive vers 19h apres avoir fait 46km. Apres la douche et la lessive, je vais prendre un diner dans un petit restaurant qui est deja ferme mais qui m'ouvre quand meme quand elle apprend que je suis pelerin.
Il ne me reste que 42 km jusqu'a l'abbaye. Le lendemain je les parcours rapidement et arrive vers 16h30 a l'abbaye. Vers midi, j'avais appele Alain pour lui annoncer que j'avais gagne une journee. Il me recoit royalement car il me met a disposition la suite episcopale qui comprend une chambre, un bureau et un cabinet de toilette prive. Entre le mercredi soir et le jeudi, j'ai la possibilite de beneficier de deux entretiens bien profonds avec lui et d'une confession tres marquante. Par la suite, je peux suivre la plupart des offices et le triduum pascal. Ces ceremonies sont si belles et les moines chantent si bien que l'on ne voit pas le temps passer. Pourtant, les ceremonies du jeudi saint et du vendredi saint ont dure 2h30, la vigile pascale plus de 3h30 a partir de 22h45. Meme les enfants tres nombreux etaient pris par l'ambiance, ils etaient sages et recueillis, ne perdant pas une miette des evenements. Le pere abbe etait rayonnant au cours des offices. Ce sont les plus belles fetes pascales de ma vie. J'ai eu l'occasion de rencontrer quelques familles et de partager avec elles. Je garde un excellent souvenir de ces moments privilegies. Ils ont pourtant ete un peu perturbe au debut car le chicot de mon bridge commencait a me faire mal depuis deux jours. Alain a pris pour moi un rendez-vous chez le dentiste et m'a prete une voiture. Le jeudi soir, juste avant la ceremonie, je me suis fait arracher le chicot, une infection commencait dessous. Elle s'est par la suite transformee en sinusite.
Le lundi matin je prends conge des moines par une belle journee ensoleillee. Alain m'emmenne dans le clocher pour voir la vue. On a une vue splendide sur les pyrenees. Depuis Lectoure, je les vois de temps en temps, mais bien sur de plus en plus pres. Passant par Amou, j'avais l'intention de faire quelques courses pour mon casse-croute, mais j'avais oublie que le lundi de Paques c'est ferie: tout est ferme! Meme les bars et restaurants. Je me dis qu'il va me falloir mendier un bout de pain. Pas facile! Je me trouve toujours une excuse et j'arrive a la sortie du village sans rien. Je m'arrete devant la derniere maison pour boire un peu, comme je finis ma gourde, je suis alors interpelle par une dame qui me propose de me la remplir. J'en profite pour lui demander un bout de pain. Elle me donne gentiment un bon morceau de pain complet aux cereales, deux croissants et deux pommes. Mon Dieu qu'il etait bon ce dejeuner!
La route jusqu'a Orthez se passe bien et je suis accueilli au gite municipale par deux benevoles. Superbe gite dans un batiment ancien, bien equipe.
Le lendemain je reprends la route sous une journee pluvieuse et je trace jusqu'a St Palais. Je prends des raccourcis par rapport au GR car parfois il fait des detours. Le gite est tenu par deux benevoles belges tres sympathiques. Fatigue, je me fais un petit frichti a base de soupe et de pates de ma reserve. Bernadette, gentiment me donne deux saucisses et une tomate. Finalement c'est copieux.
Apres une bonne nuit de repos, je reprends la route sous la pluie. J'evite certains troncons du GR car trop boueux. Je me trouve meme devant un gue infranchissable car les eaux sont abondantes. A midi, je m'arrete dans un petit restaurant pour manger mon casse-croute et commande une bonne soupe bien copieuse et bien chaude. Apres le repas, je reprends la route mais je ne suis pas le GR car mon experience du gue, la pluie, les detours que fait le GR m'incitent a prendre au plus court. Je suis donc la grande route jusqu'a St jean Pied de Port ou j'arrive vers 17h. J'appelle un premier gite qui est malheureusement plein, mais l'hotesse me donne les coordonnees d'un autre gite accueil chretien. Mon interlocuteur me confirme qu'il peut m'accueillir. Je commence par passer a l'accueil pelerin, dans la citadelle ou on m'enregistre. Alors que jusque la je n'avais vu quasiment personne, la, je decouvre beaucoup de monde qui prend le chemin. Avant d'aller au gite, je fais quelques courses: paires de chaussettes car les miennes sont deja pas mal reprisees, embouts de batons car je suis bientot sur la ferraille, quelques courses alimentaires pour le lendemain, pharmacie pour mon hypertension.... Puis je rejoins le gite ou sept autres pelerins sont deja la, mais ils demarrent de St Jean Pied de Port. Apres un repas chaleureux avec les hotes et les pelerins, la nuit est un peu mouvementee car l'un des allemands ronfle comme une locomotive! Je sympathise avec deux jeunes femmes francaises qui vont faire le chemin par petits bouts.