mercredi 26 septembre 2012

Onda - Vizzavone

Jeudi 30 août; Onda (1430) - Vizzavone (920) +675m - 1150m de dénivelées, 10km, 5h30, classé Difficile
Réveil 5h15 après une nuit paisible, déjeuner à la frontale et nous partons à 5h55. Nous montons sur l’arrête pour rejoindre le GR qui s’élève progressivement par une rude montée vers la Punta Muratellu. On passe sous le sommet par un passage (2020) qui nous bascule sur l’autre versant. La redescente se fait par d’immenses roches plates puis des chemins à travers bois, parsemés de rochers. A la passerelle de Turtettu, l’eau claire du torrent est tentante. Nous faisons une pause et Jean-Claude se déshabille pour se baigner, mais au moment d’entrer dans l’eau il teste la température, ce que Gérard et moi faisons nous aussi, plus haut avec les pieds seulement… l’eau est glacée ! Nous ne nous éternisons pas et repartons. La descente se poursuit à travers bois jusqu’à la « cascade des Anglais ». Du fait de la sécheresse, ce n’est qu’une petite pissette bien maigre. Le lit du torrent est tapissé de belles dalles bien plates rabotées par les galets et le torrent aux grandes eaux. C’est très beau. A partir de là nous croisons beaucoup de touristes débarqués à la gare de Vizzavone pour faire une promenade dans les bois. Certaines femmes sont en sandalettes voir chaussures à talon pour se promener dans les sentiers rocailleux !!…. La descente se poursuit par une superbe forêt de hêtres immenses et de pins laricio gigantesques aux troncs parfaitement droits et sans nœuds, plusieurs fois centenaires de 350 à 800 ans ! Nous arrivons vers 11h30, rejoignons le gîte en face de la gare. Douche et lessive pour moi. Comme Gérard et Jean-Claude s’arrêtent là, ils ne prennent pas la peine de laver leur linge. Au restaurant de la gare, en face du gîte, nous prenons un menu corse : charcuterie, côte de porc corse puis flan à la châtaigne, un régal ! Gérard et moi faisons une reco du départ après avoir regardé la météo. Ce n’est pas très favorable. Demain cela va encore, mais ils annoncent des orages de samedi à lundi. J’espère ne pas être arrosé comme en descendant de Tighjettu. Après avoir refait mon sac je rejoins mes compères sur la terrasse du bar du gîte, ils sont avec Christophe et Jean-Jacques. Le repas nous est servi à 19h30 et à 21h France et Margaux nous rejoignent pour nous offrir un verre et nous remercier. Les allemands et les israéliens sont là aussi, tous s’arrêtent là. Demain je serai seul à repartir car les filles vont faire une pause d’un jour ou deux, elles vont aller à Corte retirer de l’argent et faire des courses pour la suite. Elles essaieront ensuite de doubler les étapes pour être dans les temps sachant qu’elles ont un avion à prendre. A l’intérieur du bar, le patron, ses aides et quelques copains ont sorti les guitares et tambourins et se mettent à chanter. Le patron nous offre liqueur puis eau de vie de myrte de sa fabrication. C’est excellent. Vers 23h, je monte me coucher car demain je repars. Jusqu’à 2h du matin j’ai du mal à dormir car cela chante, parle fort et la myrte est servie à gogo.

Petra Piana - Onda

Mercredi 29 août; Petra Piana (1842) - Onda ( 1430) + 575m - 835m de dénivelées, 8.5km, 3h, classé Difficile
Après le petit déjeuner nous prenons le chemin des crêtes. Le début est assez « casse-pattes » car très rocailleux, à flanc de rochers et il faut parfois les escalader. Puis cela se transforme en sentier et nous passons différents sommets en suivant la ligne des crêtes. Le paysage est magnifique de part et d’autre. C’est dommage qu’il y ait de la brume cachant le lointain. La ligne des crêtes est souvent très étroite et parfois nous passons de rochers en rochers en dents de scie. Nous passons par les sommets de la punta Murace (1921) puis de la punta di i Pinzi Curbini (2021) pour redescendre sur la Bocca a Meta (1890). Là, un passage à flanc de montagne suit pendant un moment des courbes de niveau pour aboutir à une montée raide et rocheuse à escalader pour atteindre une brèche qui fait passer sur le versant sud. Après un temps en courbe de niveau nous rejoignons la crête (1957) de la Serra di Tenda. L’un des sommets est le terrain privilégié des moutons, le sol est couvert d’une épaisse couche de crottes. Dans la montagne, nous croisons souvent du bétail en totale liberté et souvent dans des positions acrobatiques pour atteindre des touffes d’herbe nichées entre les rochers. Peu à peu le sentier descend vers la Bocca d’Oreccia (1427) passe une petite crête (1468) puis descend par un chemin très raide et rocailleux sur le refuge de l’Onda (1430). C’est un ensemble de bergeries assez grosses, le refuge est un petit bâtiment isolé au milieu des rocailles 30m plus haut. Les tentes sont près des bergeries, enfermées dans un corral pour les protéger des animaux et des cochons. Après la douche et la lessive, nous redescendons à la bergerie où nous prenons une excellente omelette baveuse au fromage et une assiette de charcuterie, un vrai régal. Nous voyons arriver peu à peu les autres « pèlerins », contents de leur parcours : crête ou vallée. La crête offre des vues magnifiques sur les deux versants et la mer des deux côtés, la vallée permet de marcher sous les bois et de se baigner dans les vasques. L’après-midi nous allons nous baigner dans une vasque du torrent au-dessus de la bergerie. Le teckel du berger nous y guide et est le premier à s’y baigner. Nous y restons près d’une heure et demie. Jean-Jacques et Chiara nous y rejoignent. Pendant que Gérard s’endort sur les rochers, Jean-Claude et moi essayons de photographier des libellules qui tournent près de nous : beau challenge pas très évident ! De retour au refuge nous préparons les sacs et redescendons à la bergerie pour dîner. Nous y retrouvons Françoise et sa fine équipe. Le repas est copieux : après une bonne soupe paysanne, les bergers nous servent une succulente viande en sauce avec une polenta au maïs, du fromage et une salade de fruit. Dans les jours à venir, les randonneurs auront droit à du sanglier car dans l’après-midi des bergers sont allés à la chasse et en ont ramené un. Après le repas Gérard et moi bavardons un moment avec Jean-Do le berger et son épouse. Le coup de feu étant passé ils sont plus détendus et Jean-Do nous offre une liqueur de griotte suivie d’une autre excellente mais au goût indéfinissable. Avant qu’il ne nous en serve une troisième et qu’il ne fasse trop noir, nous remontons au refuge car nous n’avons pas nos frontales. Nous sommes peu nombreux, une douzaine dont Jean-Jacques et Christophe et leurs enfants qui sont émerveillés par ce qu’ils découvrent et l’expérience de cette randonnée.

Manganu - Pietra Piana

Mardi 28 août; Manganu (1601) - Pietra Piana ( 1842) + 905m - 675m de dénivelées, 9,85 km, 6h10, classé Difficile.
Après une bonne nuit de repos, nous nous levons à 5h15 pour partir à 6h10, au lever du jour. La montée vers la brèche de Capitellu ou Bocca à e Porte (2225) est fatigante. Après une première ascension par un chemin rocailleux jusqu’à un cirque occupé par un petit lac, l’ascension se poursuit par une raide montée à travers pierriers et rochers. Une vue splendide nous est offerte sur le cirque tout au long de la montée. De la brèche on a une vue extraordinaire sur les lacs de Capitellu et de Melu. A partir de la brèche, le terrain devient plus escarpé et particulièrement rocheux. On suit la ligne de crête par des passages rudes d’escalade. Les bâtons ont été rangés car encombrants et il faut y mettre les mains pour pouvoir passer. Après une petite pause à la Bocca à a Soglia (2052) où le chemin repars vers le nord, nous descendons dans un cirque très rocailleux qui domine le lac de Melu. Nous passons de blocs en blocs avant d’atteindre une raide montée vers la Bocca Rinosa (2150). Dans un coin herbeux sympathique qui domine les petits lacs de Rinosu, nous faisons une petite pause casse-croûte pour manger un morceau de fromage de chèvre de la bergerie de Radule. Par un chemin pierreux, nous rejoignons ensuite la Bocca Muzzela (2206) qui nous fait passer sur l’autre versant de la Punta Muzzela qui ressemble plus à un tas de cailloux et que nous longeons à travers un pierrier sur sa face sud. Le chemin y redescend peu à peu avant de plonger vers le refuge par un chemin difficile très pentu et rocailleux. Les chevilles et les genoux souffrent énormément et nous arrivons fatigués à Pietra Piana (1842). Après une douche très froide, la plus froide du parcours jusqu’à maintenant, je fais ma petite lessive qui sèche vite avec le vent et le soleil. La douche est si froide que nous entendons Constanza chanter pour se donner du courage… Je rejoins Gérard et Jean-Claude sur la terrasse ensoleillée pour casser la croûte avec une bonne assiette de charcuterie et de fromage arrosée d’une bonne Pietra bien fraîche. Nous faisons le point de la journée puis du lendemain pour choisir l’itinéraire : crête ou vallée ? Nous tombons tous trois d’accord pour faire celui des crêtes afin de bénéficier de la vue sur les deux versants. L’étape suivante est prévue pour 3h30 et j’avais envisagé de la doubler avec la suivante. Mais comme Gérard et Jean-Claude ont prévu de s’arrêter à Vizzavone, l’étape suivante, je décide de rester avec eux, c’est plus sympa. Ayant un peu mal aux ligaments du genou droit, cela me reposera un peu. Puis au soleil qui chauffe hardiment, je prends un temps de rédaction. Les filles arrivent fatiguées car elles ont mal dormi. A Manganu leur tente a été mouillée par la rosée et la condensation et elles ont eu froid. En fin d’après-midi, ayant constaté que le drap de la couchette est dég… je le retourne pour le mettre sur sa face relativement plus « claire ». Gérard et Jean-Claude font pareil, mais ce n’est pas très concluant pour eux. Notre action déclenche un mouvement de méfiance. Jean-Jacques et Christophe qui ont prévu de dormir avec leurs enfants dans la « loge », une petite pièce sous le toit en haut du refuge constatent qu’il y a des punaises. Ils en sortent tous les matelas, font un bon balayage du plancher de la loge, tapent les matelas, retournent les draps et réinstallent le tout en espérant avoir été efficaces. Jean-Jacques passera une partie de la nuit à surveiller et à tuer les punaises qui apparaissent ou s’approchent de sa fille. Le repas du soir se passe sous l’auvent de la maison du gardien. Vieux grognon peu aimable, il faut éviter de le brusquer. Le repas se compose d’une soupe qui doit rassembler tous les restes de la semaine : patates, lard, haricots, lentilles, spaghettis… puis un morceau de fromage et un oreillon de pêche. Malgré qu’il ait compté le nombre de convives, il en apporte peu et nous n’en voyons pas la couleur. Après réclamation, il va finalement rechercher une boîte de 5kg d’oreillons de pêche et nous laisse nous débrouiller avec. Au cours du repas, arrive un randonneur qui a doublé ou triplé les étapes précédentes. Comme Jean-Claude est suisse, il lui dit qu’il fait un chantier en Suisse. Au cours de la discussion, nous constatons que nous nous connaissons, il a été mon client pendant qu’il faisait un chantier du TGV en Franche-Comté. Le monde est petit ! Nous nous couchons à 20h30 pour nous réveiller à 6h. Nous faisons une nuit de presque 10h. La nuit est fraîche et il y a du vent, on supporte le sac de couchage au lieu du sac à viande comme les autres soirs.

Bergeries de Radule - Manganu

Lundi 27 août; Radule (1370) - Manganu (1601) +850m - 555m de dénivelées, 22.3km, 6h, classé Moyen
Après une bonne nuit de repos, nous nous levons à 5h15. Une demi-heure après, ce sont nos deux filles qui, pour remercier « les papas » nous servent le petit-déjeuner : un verre de céréales avec du lait en poudre. A 6h00, nous partons tranquillement. Comme il fait presque jour, les filles partent avec les israéliens. Après une demi-heure dans la forêt, nous atteignons Castellu di Verghio. Nous prenons un nouveau petit déjeuner au bar de l’hôtel et repartons vers 6h45 à travers une belle forêt avec de grands et beaux arbres plus que centenaires. Le chemin est beaucoup plus facile que les jours précédents. C’est un véritable sentier muletier avec murs de soutènement et peu de pierres en travers. Nous traversons des paysages magnifiques, grandioses et très verts. Nous atteignons la Bocca San Petru (1452) d’où des paysages magnifiques s’étalent à nos pieds. Au-dessus de nous nous voyons trois Canadairs tourner et descendre à plusieurs reprises dans la même vallée. Ce doit être un exercice car il n’y a pas de fumée. Ce col est souvent battu par les vents, les arbres en portent la marque car il y en a plusieurs dont le tronc, les branches et la cime sont inclinés d’ouest, formant d’intéressants objets photographiques. Nous reprenons la montée en suivant la ligne de crête de Serra San Tumasgiu et contournons le Capu a u Tozu pour atteindre la Bocca a Reta (1883). Tantôt sous la hêtraie, tantôt en espace aride de pierres et de rochers, ce chemin est magnifique. Les paysages sont splendides et il est bon de jeter régulièrement un regard en arrière car plus on monte, plus la vue sur la Paglia Orba et le Monte Cinto est belle. Au col, nous débouchons avec une belle vue sur un plateau verdoyant au fond duquel s’étire le lac de Ninu, l’un des plus grands lacs de montagne de Corse. Nous descendons par un sentier rocailleux jusqu’à la Fontaine di u Lavu di Ninu (1760) à l’eau bien fraîche. Nous faisons une pause un peu plus loin, au bord du lac pour casser un peu la croûte avec les jeunes qui nous rejoignent. Quelques randonneurs se baignent dans le lac de l’autre côté. De notre côté, les berges sont marécageuses et envahies par des herbes aquatiques. Nous repartons dans le fond du vallon vers la bergerie de Vaccaghia. Dans la prairie, traversée par le ruisseau du Tavignano, des vaches et des chevaux sauvages à belles robes paissent tranquillement, indifférents aux intrus qui ne manquent pas de les photographier. Ce paysage paisible et buccolique laisse ensuite la place à une forêt clairsemée d’aulnes et d’arbres torturés par les vents et aux troncs noueux aux formes bizarres dont certains font penser aux arbres du Seigneur des Anneaux. On peut se cacher dans certains et d’autres ont comme deux jambes. Nous faisons une pause à la bergerie en buvant une Corsica Cola car Jean-Claude veut recharger la batterie de son appareil photo et on ne trouve pas toujours de l’électricité dans les refuges. Je repars avant eux car n’ayant pas réservé et l’heure s’avançant, je veux être sûr d’avoir une place. Comme le chemin est plat et bon, je marche d’un bon pas, je me sens dans mon élément. Gérard me fera d’ailleurs la remarque qu’il ne pourrait pas me suivre alors que c’est moi qui rame loin derrière lui en montées. C’est un vrai montagnard qui a une super forme à 71 ans ! Au refuge de Manganu il y a déjà beaucoup de monde mais il y a encore de la place. Il y a affluence car compte tenu du vent et des risques d’incendie, les gardes du parc (PNRC) ont bloqué tout le monde à Calenzana durant deux jours et les ont transportés au col de Verghio. Après la toilette et la lessive, nous prenons le frais sur la terrasse tout en buvant une bière et en bavardant avec une bande de gais lurons : deux couples dont deux des membres sont très sportifs. L’une des deux femmes l’est particulièrement, Françoise, elle fait des championnats de courses extrêmes d’enduro. Elle a fait l’Ultra-trail du Tour du Mont-Blanc, 160km et 10 000m de dénivelées en 44.30 heures ! Soirée très sympathique au cours de laquelle nous apercevons des sangliers dans la montagne. Au moment du coucher, nous faisons connaissance avec une nouvelle équipe de deux hommes avec leurs enfants : Jean-Jacques et sa fille Chiara, une belle jeune fille de 12 ans à qui l’on en donnerait 14 et Christophe avec ses deux fils Louis (14 ans) et Vincent (11 ans). Ils ont commencé le GR au col de Verghio et sont très enthousiastes. Cela fait plaisir à voir. Le ciel est couvert et frais en fin de journée, le linge ne sèche pas. Je le rentre et le mets sur les bancs de la salle à manger, mais le lendemain matin je retrouverai tout en tas, humide. Je les enfilerai comme ça, tant pis, cela sèchera sur moi en montant.

mardi 25 septembre 2012

Tighjettu – Bergerie de Radule

Dimanche 26 août; Tighjettu (1683) – Bergerie de Radule (1370) +724m -1001m de dénivelées, 13.4Km, classé Moyen Facile
Comme les jours précédents, nous nous levons à 4h15 et partons à 5h à la frontale. Nous descendons jusqu’à la bergerie d’u Vallone (1440), puis nous suivons la vallée du Viru en suivant à peu près les courbes de niveau à travers la forêt. Nous abandonnons le Viru pour remonter le vallon du Foggiale. Vers 5h30 nous constatons que le ciel est chargé et que des éclairs commencent à zébrer le ciel. Le jour se lève dans une lumière jaune orangée – rouge donnant un aspect particulier au paysage. Le tonnerre commence à gronder. La luminosité monte peu à peu mais plus lentement que les jours précédents et avec cette ambiance spéciale. L’orage se rapproche et comme nous sentons quelques gouttes, nous nous arrêtons pour mettre protections de sac et blousons ou poncho. Comme l’air est doux voir chaud, que je transpire, quant à être mouillé, que ce soit de sueur ou de pluie, je décide de ne rien mettre. Finalement, pendant près de deux heures nous nous faisons arrosés par un ciel orageux et de belles averses de grosses gouttes. Nous sommes trempés et moi bien sûr particulièrement, cela me dégouline partout à tel point que j’ai l’impression d’avoir fait dans ma culotte. Le chemin dans la forêt est bien tracé avec quelques blocs de pierre, mais il n’est pas difficile. Peu à peu, l’altitude s’élève pour arriver à une barre rocheuse assez raide et peu rassurante avec cette pluie torrentielle. Les roches deviennent glissantes parfois, il faut prendre garde de ne pas déraper. Finalement, nous débouchons à la Bocca di Foggiale (1962). Le ciel est noir derrière nous, mais plus dégagé devant. Nous laissons partir le GR par la droite vers le refuge Ciuttuli di Mori. Le col est battu par un vent très fort, nous faisons une courte pause, juste pour faire quelques photos et nous plongeons dans la vallée du Golo qui s’ouvre devant nous. Le ciel est dégagé et le soleil est revenu. En fait, nous prenons un raccourci qui évite le refuge car nous n’avons pas l’intention de nous y arrêter. Tous les randonneurs que nous avons croisés nous ont déconseillé d’y passer, l’accueil est déplorable et il n’y a pas d’eau, la source étant à sec. Le paysage a complètement changé. Nous avons quitté les vallées rocailleuses et abruptes du nord pour des alpages verdoyants dans une vallée glaciaire aux formes plus douces et arrondies. Au cours de la descente, nous passons par les bergeries de Tula (1700) en ruines. Nous avisons un amas de pierre allongé avec une toute petite entrée au raz du sol. Nous sommes obligés de nous mettre à quatre pattes, voir de ramper pour entrer. Cela donne accès à un espace allongé et voûté où on peut se mettre debout. Nous apprendrons plus tard que ce sont des « cagils », caves à fromage où les bergers stockaient leurs fromages pendant l’estive afin de les mettre à l’abri des animaux. Nous reprenons notre progression dans cette belle vallée, nous traversons le torrent dans un espace très large où le torrent serpente et s’étale sur de belles dalles chauffées par le soleil. Puis la vallée se resserre un peu, parsemée de pins Laricio aux troncs lisses et argentés. Comme ils vivent plusieurs siècles, ils ont souvent de gros troncs. Avec leur feuillage réduit ils ressemblent à des baobabs. Le paysage est magnifique et depuis un moment, le chemin me rappelle les chemins du Népal. L’ayant fait lui aussi, Gérard a la même impression. Nous descendons ainsi jusqu’à la bergerie d’E Radule (1370). Nous avons prévu de faire étape à Castellu di Verghio, une station de ski. Comme nous sommes à 45 minutes de l’étape et qu’il est tôt, nous faisons une pause. Les en-cas qu’ils proposent sont appétissants. Nous prenons deux belles assiettes de tomates et deux de fromages. C’est un vrai régal ! Nous bavardons ensuite un moment avec le berger et son épouse, ils sont forts sympathiques et le berger est passionné et passionnant. Il nous explique les secrets de la psychologie des chèvres et des chiens de berger. C’est tellement intéressant que nous passons un bon moment. Tout à coup, Gérard et moi voyons qu’il y a un dortoir et nous apprenons que le menu est succulent et copieux. Comme il n’y a personne, nous décidons de faire étape ici plutôt qu’au refuge de di Verghio qui n’a aucun cachet et qui est plus impersonnel car dans un hôtel. Les installations sont rudimentaires car récentes, mais c’est propre et l’accueil très chaleureux. Le dortoir, très rustique, n’a que 10 couchettes, il y a une douche chaude, ce qui est appréciable, par contre il n’y a pas encore de wc, il faut donc partir dans la nature… Jean-Claude et Gérard partent à la rencontre des filles qui s’étaient arrêtées sur les dalles plates pour les prévenir et leur conseiller de faire étape ici. Pour ma part, je reste sur place et descends à la cascade du Golu qui est 200m plus loin, en contrebas de la bergerie. Il y a trois belles vasques successives, très profondes, séparées par de belles cascades. Je me baigne dans celle du haut car il y a une belle dalle rocheuse qui sert de plage. L’eau est très fraîche mais cela fait du bien. Un sympathique couple du Vaucluse est là aussi avec leur fille. Nous bavardons un moment ensemble au sujet du GR, puis je prends un peu le soleil en rédigeant mes notes. Mais le soleil chauffe tellement que je ne reste pas longtemps et remonte au refuge. Gérard et Jean-Claude sont rentrés, ils se sont aussi baignés dans une vasque au-dessus de la cascade. Nous passons un moment à bavarder sur la terrasse puis je fais ma petite lessive quotidienne. Comme il y a du réseau, j’en profite pour allumer mon téléphone et consulter mes messages. Amandine m’a envoyé un mms de Gabin m’encourageant, cela m’amuse. Je l’appelle ainsi que Clothilde qui m’a aussi laissé des messages. Au repas du soir, nous avons invité à dîner nos deux petites belges car c’est l’anniversaire de France (19 ans). Se sont joints à nous Benoît et Pauline qui vont en sens inverse, Or et Alen, les Israéliens, Maureen et Mathew deux australiens qui étaient au refuge précédent et Anetta, la copine de Gunther. La soirée est très sympathique et bien arrosée. Pour le repas, nous dégustons un peu de charcuterie corse puis une énorme part d’excellents canellonis au brocchui, et enfin un bon morceau de fromage de chèvre du berger. Pour le désert, nous avions réservé une tarte aux poires, finalement, c’est Sébastien, le berger qui nous en offre deux avec une bougie que France souffle. A la fin du repas, il nous rejoint avec sa femme et Christian son fils de 11 ans, il nous apporte l’eau de vie de prune pour arroser l’anniversaire. La soirée est très chaleureuse, je pense que France s’en souviendra. Nous nous couchons et décidons de partir une heure plus tard le lendemain, soit à 6h.

dimanche 23 septembre 2012

Ascu Stagnu – Tighjettu

Samedi 25 août: Ascu Stagnu (1422) – Tighjettu (1683) +1080m -810m de dénivelées, 9,3 km, 6h10, classé Difficile
Réveil 4h15 et après un petit-déjeuner rapide, nous partons à 5h. Nous partons dans l’ordre habituel. Gérard fait passer Margaux en tête pour lui apprendre à ouvrir le chemin. Tous règlent leur pas sur moi puisque nous ferons le cirque de la Solitude ensemble. La montée se fait d’abord dans un beau cirque assez désertique. Après le lever du jour chacun reprend son rythme propre. La dernière montée vers la Bocca Tumasginesca (2183) est raide. Quand tout le monde est prêt, nous entamons la descente dans le cirque. Le départ est très impressionnant car c’est à-pic. Une bonne partie de la descente est équipée de chaîne compte tenu de la pente. Jean-Claude part à son rythme mais Gérard reste avec nous et ouvre la marche en conseillant les filles. Suivent Margaux, France et Constanza. Je ferme la marche. La descente se passe bien, je suis à l’aise ; D’après ce que j’avais lu, je m’attendais à plus périlleux. Certes, c’est raide, mais les passages difficiles sont équipés de chaînes ce qui facilite grandement la descente et la remontée. Nous descendons environ 200m pour en remonter presque 250. La remontée est rude, surtout au début. Je rejoins tout le monde au col, à la Bocca Minuta (2218m). La vue est magnifique et le contraste entre le relief du nord et celui du sud est flagrant à cet endroit. Au nord, le massif est très abrupte, déchiqueté et composé de nombreuses aiguilles. Au sud, le relief est moins haut, plus étalé, plus arrondi. Après une pause, les filles partent avec les deux jeunes allemands. Au bout d’un moment, je pars à mon tour, Gérard et Jean-Claude restent au col pour profiter de la vue. La descente est raide alternant sentier caillouteux, rocailles et grandes dalles sur lesquelles il faut descendre en adhérence. Il y a 800m à descendre et cela fait énormément travailler les genoux et les cuisses, mais heureusement je ne souffre plus de mes crampes. J’arrive au refuge à 11h10. Charlie le gardien faisant sa sieste, c’est son neveu André-Paul qui nous accueille. Comme le gîte est traité tous les matins contre les punaises, nous n’avons pas accès au dortoir tout de suite. Je m’installe donc en terrasse avec une bonne Pietra bien fraîche. Puis je vais prendre une bonne douche …. Chaude car les tuyaux noirs courant sur les rochers sur 800m, ils bénéficient du chauffage solaire. Pour la lessive c’est aussi super. Par contre pour boire, ce n’est pas génial. Gérard et Jean-Claude m’ont rejoint, nous nous installons sur une table sous le refuge pour casser la croûte. André-Paul traite le sac de couchage de Jean-Claude contre les punaises. Le soleil est le vent sont tels que le linge sèche très vite. Ce matin, au réveil, j’ai constaté que la couture de mon pantalon a de nouveau lâché. Je l’avais déjà, réparé à Nice avant de me coucher. Je fais donc un temps de couture en espérant qu’il tiendra jusqu’à la fin. Il faut dire qu’il a déjà bien vécu. Il a déjà fait l’Himalaya, St Jacques de Compostelle aller et retour, Cotignac X fois, etc…. L’après-midi se passe tranquillement, à l’ombre. Le soir, à 19h, Charlie nous sert ses spaghettis spéciales, réputées sur tout le Gr. On se sert deux grosses assiettes. Suit une assiette de belle charcuterie artisanale corse (saucisson, copa, jambon sec fait par Charlie), puis un ramequin de compote de pomme clôt le menu. Après le repas, deux randonneurs récupèrent, l’un la guitare de Charlie, l’autre la clarinette d’André-Paul et les rejoignent à la cuisine pour chanter. JC, G, France, Margaux et moi nous joignons au groupe. Peu à peu plusieurs randonneurs nous rejoignent. La pièce étant trop petite, nous retournons dans la salle principale. Les deux musiciens animent un peu la soirée avec Jean-Claude qui chante du Brassens. Cette ambiance chaleureuse se termine vers 22h. Nous rejoignons les dortoirs pour la nuit. Je passe une bonne nuit cette fois.

Carrozzu – Ascu Stagnu

Vendredi 24 août: Carrozzu (1270m) – Ascu Stagnu( 1422m) +790m -707m de dénivelées, 6,9 km , 6h , classé Difficile
Réveil 4h30, nous partons vers 5h après un bon petit-déjeuner préparé la veille par la gardienne du refuge et repéré par une serviette décorée au feutre. Nous rejoignons la passerelle de Spasimata (1220) et attaquons la montée de l’autre côté. La montée est longue et dure, mais il y a moins de rocs que la veille. Il y a souvent des dalles à monter. Heureusement que c’est sec car ce serait impraticable à certains endroits par temps de pluie, malgré les chaînes et les cables qui les équipent. Comme chaque fois, Gérard ouvre la marche avec Margaux, il est suivi de France et moi, et Jean-Claude ferme la marche. Quand le jour se lève, les deux compères prennent peu à peu de la distance, les filles suivent à leur rythme et moi, je ferme la marche plus loin derrière. Je monte lentement mais quasiment sans pause. Peter me double de temps en temps, mais je le rattrape et le double chaque fois qu’il fait une pause. Je rattrape les filles à la Bocca di Muvrella (2000), après un petit lac du même nom et perché à 1860m. Il porte ce nom car il y a paraît-il beaucoup de mouflons dans le coin. Je n’ai pas la chance d’en voir. Entre la Bocca di Muvrella et la Bocca di Stagnu (2010), le chemin est du même type que celui du cirque de la veille : quelques escalades, des roches très en pente avec des dévers et des à-plombs impressionnants. A certains endroits, je me demande d’ailleurs pourquoi les roches ne sont pas équipées de chaînes ou de cables. Il paraît que cela donne un avant-goût du Cirque de la Solitude. Quand j’arrive à la Bocca di Stagnu, j’y retrouve les filles ainsi que Laura et Raphael qui m’ont doublé juste avant le lac de Muvrella (1860). Gérard et Jean-Claude viennent de repartir après une bonne pause. Toute la montée s’est faite à l’ombre de la montagne avec parfois un petit vent frais qui fait du bien. Par contre la redescente sur Ascu est rude et difficile dans les roches en plein soleil. J’arrive au refuge à 11h, fatigué mais content car je n’ai pas eu mes crampes ces deux derniers jours. Au refuge on est accueilli par Martine, la gardienne, très accueillante, sympathique. Après la douche, chaude (hummm !) et la lessive, j’achète une paella et une boîte de maquereaux et prend un bon casse-croûte bien mérité. Après un petit temps de repos, je descends voir Martine pour faire quelques provisions pour le lendemain. Gérard est là et nous bavardons un moment avec elle sur divers sujets dont la mauvaise gestion du parc et les punaises. Elle nous annonce qu’elle a reçu un message de la préfecture : compte tenu de la sécheresse et du vent qui s’annonce, le GR20 est déconseillé, voir interdit durant deux jours. Tous les randonneurs qui devaient partir de Calenzana ces jours-là seront bloqués et transportés à Ascu. En fin d’après-midi, après la rédaction de mes mémoires je rejoins Jean-Claude à la terrasse du restaurant où nous dînerons. Gérard a disparu. En fait, il est allé faire comme chaque jour une reconnaissance du départ du lendemain. A 19h30 nous allons dîner et pour ma part je prends le menu du randonneur : soupe maison, cuisse de canard à l’orange avec riz, crudités, crème brûlée aux châtaignes. C’est très bon. De retour au gîte, Margaux me demande si je peux soigner les ampoules de Léo, le jeune allemand qui fait le GR en même temps que nous. Il a une énorme ampoule infectée à chaque tendon d’Achille. Elles ne sont pas belles. Je les soigne et lui donne ce qu’il faut pour les protéger le lendemain. Je ne dors pas très bien. Est-ce le stress du cirque de la Solitude du lendemain ? Comme je fais parfois des malaises, je crains d’en faire un durant cette partie. Mais Gérard et Jean-Claude ont dit qu’ils seront avec moi et les filles. Cela me rassure.

Ortu di U Piobbu – Carrozzu

Jeudi 23 août: Ortu di U Piobbu (1520m) – Carrozzu (1270m) + 769m - 1097m de dénivelées, 9.8km, 7h15, classé Difficile
4h20, réveil pour partir à 5h. Nous apprenons alors qu’il y a des punaises et qu’en se faisant piquer ils s’en sont rendus compte. En allumant sa lampe à 2h, Constanza a constaté que son matelas et le mur d’à côté en étaient couverts. Ils sont rapidement sortis et ont passé un bon moment à chasser les punaises de leurs effets. Au gîte suivant, j’apprends et constate que Laura qui dormait en-dessous d’eux a été piquée de partout. Elle passera un bon moment à éplucher ses affaires et à éliminer les nombreuses punaises qu’elle y trouvera. La pauvre était couverte de piqûres. Son mari qui dormait à côté d’elle n’a rien eu. Après un rapide petit-déjeuner, nous partons en récupérant nos deux petites belges. Le sentier est très accidenté et rocailleux. Nous suivons une trace qui passe par des éboulis de rochers, ce sera le lot de presque tout le chemin du nord. Je prends mon rythme car je ne peux suivre celui de Gérard, vrai montagnard, très à l’aise dans cet environnement. Tant que la nuit est là, nous restons groupés, mais quand le jour se lève, peu à peu Gérard et Jean-Claude gambadent devant, les filles suivent derrière avec un peu de distance, à leur rythme et moi derrière encore, je prends mon temps pour monter tranquillement. Comme ils font des pauses de temps en temps et que moi, je n’en fais pratiquement pas ou extrêmement courtes, je les rattrape de temps en temps. Au passage, nous voulions faire le plein d’eau à une source, mais elle est tarie à cause de la sécheresse. Il n’a pas plu depuis début mai. Il va donc falloir gérer la provision d’eau. Mais prévenant, je ne me fais pas de souci, j’ai 3.5l. J’en donnerai même un peu aux filles qui comptant sur la source se trouvent rapidement à court. En arrivant à la Bocca di Pisciaghja (1950) je fais une courte pause pour « recharger les batteries ». J’ai mis 3h pour 3h15 de prévu au guide. Je ne suis pas mécontent : malgré ma lenteur, je suis dans les temps. Du col, on découvre le cirque du Ladruncellu impressionnant par ses à-pics et sa minéralité. Les roches sont extrêmement découpées et abruptes. On se demande par où passe le chemin car on ne voit aucune trace. Je repars, le tour du cirque est prévu en 2h15. Le chemin est très difficile avec pas mal d’escalades, d’à-pics, il s’élève jusqu’à 2020m. Je mets 2h pour rejoindre la Bocca d’Avartoli (1898) pour 1h annoncée. Cela me fiche un coup au moral, mais la Bocca di L’Innominata (1912) annoncée à 1h15 est atteinte en moins d’une heure, ce qui me rassure et la descente sur le refuge de Carrozzu est plus rapide que prévue. Finalement je ne mettrai qu’un quart d’heure de plus que prévu. Ce fut une très belle journée, mais très fatigante. J’ai rattrapé les filles au col de l’Innominata et prends de l’avance sur elles dans la descente. D’être partis de bonne heure, nous avons fait tout le cirque à l’ombre des montagnes ce qui est très appréciable car le soleil chauffe sérieusement. J’arrive au refuge à 12h15 où je suis accueilli par Gérard et Jean-Claude qui ont fait l’étape en 6h. Ils bavardent avec Virginie une jeune femme qui m’a doublé et fait l’étape en 4h. On verra comme cela quelques sportifs qui feront le GR en doublant ou triplant les étapes car les faisant au pas de courses…. Nos deux petites belges arrivent enfin, fatiguées. Elles sont déjà connues sur presque tout le GR car deux sportifs qui le font en peu d’étapes ont dormi au même endroit qu’elles le premier soir et ont parlé d’elles partout où ils passent : elles sont réputées pour leurs sacs ! Partant en autonomie complète, elles ont des sacs qui font près de 20kg. Elles ont tout leur ravitaillement pour quinze jours, ne sachant pas si elles pourraient se ravitailler en cours. Elles sont accueillies par l’équipe, et Virginie qui s’arrête là en rejoignant Bonifatu directement, leur propose de les alléger en récupérant le superflu et l’expédiant à leur famille par la poste. Commence alors un beau « sketch belge » durant lequel toutes les affaires de leurs sacs sont inventoriées avec commentaires bon enfant des uns et des autres, y compris des filles. Dans une franche ambiance de rigolade, près de 4 à 5 kg sont retirés et emportés par Virginie. Laura et Raphael nous parlent d’un bassin d’eau sympathique au torrent que nous traverserons par une passerelle demain matin. Après la douche, la lessive et le casse-croute, nous nous installons dans une tente car échaudés par le refuge précédent, nous craignons les punaises. Comme il n’y a que deux places, Jean-Claude dort à la belle étoile. Il aura juste chaud et se fera piquer par des punaises qui devaient être dans son sac depuis la veille. Les deux filles et les Israéliens s’installent près de nous. Au moment de planter leur tente elles ne la retrouvent pas. Après un moment de recherche, elles la retrouvent dans celle des Israéliens qui l’y avaient mise par mégarde en mettant leurs affaires à l’abri. Avec les deux filles et les deux Israéliens, nous descendons nous baigner dans l’eau très fraîche de la vasque. Repas à 18h. Le plus mauvais repas du parcours ! Soupe de lentilles aux herbes et pâtes aux herbes, ou plutôt soupe aux herbes et aux lentilles et herbes aux pâtes car ils ont dû laisser tomber le paquet d’herbes dans la marmite. Soirée tranquille autour de la table, les jeunes jouent aux cartes pendant que je rédige mes mémoires et étudie l’itinéraire du lendemain. Au moment du coucher, je sors ma pharmacie et Gérard soigne les ampoules de Margaux dont une qui est ouverte et infectée. Couchés vers 21h, je dors assez mal car le sol est dur et en pente, je dois me remonter plusieurs fois dans la nuit.

Calenzana – refuge d’Ortu di U Piobbu

Mercredi 22 août: Calenzana (275m) – refuge d’Ortu di U Piobbu (1520m) + 1540m et -215m de dénivelées, 13 km, 7h de marche, classé Moyen
Réveillés plusieurs fois dans la nuit par les partants dès 2h45, nous nous levons de bonne heure et partons nous-mêmes vers 5h10. Comme c’est la canicule, nous préférons marcher à la fraîche et éviter les grosses chaleurs. Il fait encore nuit, l’air est tiède, nous rejoignons le début du GR et nous montons le raidillon à la lumière de nos frontales durant près d’une heure. La montée est raide et fatigante, on est tout de suite mis dans l’ambiance. Au premier col, vers 6h, nous retrouvons Margaux et France nos deux petites belges qui se sont préparée à nous suivre. On monte au col suivant, à 1250m. Dans la montée, comme en juillet quand j’ai fait la randonnée à la Cabane de Bertol en Suisse, je commence à sentir que les muscles de mes cuisses se tétanisent. Je ralentis et fais de courtes pauses de temps en temps quand je sens que je suis à la limite des crampes. J’arrive au col, la Bocca u Saltu (les cols s’appellent bocca), où Gérard et Jean-Claude m’attendent avec les filles. Après une courte pause nous repartons. Après une légère redescente dans la forêt, nous remontons dans les rochers par une trace rude et difficile. Je peine mais progresse peu à peu jusqu’à la Bocca à u Bazzichelu ( 1486m) où les filles font une pause. Elles me proposent gentiment quelques abricots secs. J’aurai souvent l’occasion de les savourer au cours de notre périple. Après une nouvelle redescente sur l’autre versant, nous remontons vers le refuge que nous voyons de l’autre côté du ravin. J’arrive à midi, après 7h de marche, mes deux compères sont déjà là depuis une heure. Il fait tellement chaud que Gérard a eu un coup de chaleur dans la montée. J’avais 3.5l d’eau avec moi, mais je me suis trouvé à cours vers la fin car je bois souvent pour éviter les crampes qui sont presque là et l’air est sec. Je souffle un peu en buvant une bonne Pietra avant d’aller faire ma lessive à la source bien fraîche qui est 100m plus loin. Puis je prends une douche, … bien fraîche ( !) un casse-croûte bien mérité et un temps de repos. Nous passons l’après-midi à nous reposer et à bavarder avec les autres randonneurs en prenant le frais à l’ombre. Les randonneurs qui arrivent peu à peu sont épuisés. Ils ne sont bien souvent pas partis beaucoup plus tard que nous, mais ils ont souffert de la chaleur. Ce qui nous conforte dans notre choix de partir de très bonne heure le matin, à la fraîche et à la frontale. Nous faisons connaissance avec divers randonneurs que nous retrouverons à chaque étape : les Israéliens Or et Alen, les Français Laura et Raphael, le jeune Allemand Leo, sa sœur Constanza et leur père Gunther, l’Anglais Peter, etc… Les jeunes entament des parties de cartes en Anglais, langue internationale, bien sûr ! Le repas est servi à 18h30 : une grosse soupière suivie d’un plat de lentilles saucisses et un cake maison. C’est bon, nous mangeons tous de bon coeur, mais cela cale bien ! J’ai galéré aujourd’hui, surtout à cause de mes crampes. Heureusement, j’avais emmené ce qu’il fallait après mon expérience suisse. Cela m’inquiète un peu car je me vois mal être ainsi ennuyé tous les jours. Heureusement, ce sera la seule journée ainsi. Je me rends compte que la marche en montagne n’a rien à voir avec les randonnées en plaines ou dans les « montagnes à vaches » que j’ai déjà faites. Je vais vite sur le plat ou la faible pente et en descente, mais en montée, il faut que je prenne un pas lent. Par ailleurs, le chemin étant très irrégulier et rocailleux, il est difficile de prendre un rythme régulier. Gérard et Jean-Claude galopent devant moi et les premiers jours ils prennent pas mal d’avance, mais peu à peu, je prends un rythme et les derniers jours je prends moins de retard sur eux. Nous nous couchons vers 21h et comme il fait bon et qu’il n’y a pas de ronfleurs, nous nous endormons rapidement. Vers 2h du matin, ramdam ! Constanza descend rapidement de la mezzanine où elle dormait, réveille sa famille et sans discrétion, ils vont s’installer sur la terrasse où pendant un bon moment ils font encore du ramdam. Je me rendors.

Départ pour le GR 20

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Mardi 21 août. 7h30, Nice, me voici à l’embarcadère du ferry pour Calvi. Depuis plusieurs mois je n’ai pas bougé, mais aujourd’hui, j’embarque pour faire le GR 20 de Corse. Chemin de grande randonnée mythique, l’un des plus dur d’Europe paraît-il, ce que je vérifierai pas la suite. Cela fait déjà quelques temps que j’en entends parler et que je rêve de le parcourir. Parti la veille de Besançon, je me suis arrêté à Nice pour revoir des cousines, Claire et Mathilde que je n’ai pas vues depuis près de quarante ans. Nous avons beaucoup de plaisir à nous revoir et nous passons une excellente soirée ensemble. Dans l’après-midi, Claire et Pierre son mari m’emmènent visiter le vieux village de Peillon dont Pierre est le maire. Perché au sommet d’une arrête rocheuse, c’est un très joli petit bourg provençal aux ruelles très étroites passant parfois sous les maisons. Refuge d’artistes, ce village est attachant. Après le départ du ferry, je m’installe sur un petit pont tout en haut et à l’arrière du bateau, près de la cheminée. Il n’y a personne, c’est tranquille et j’y trouve un relax me permettant de piquer un somme. Arrivé à Calvi, je rejoins dans le centre ville la navette qui va me monter à Calenzana, point de départ du GR. Dans le bus, je remarque deux hommes de ma tranche d’âge que j’avais déjà repéré sur le bateau avec leur sac à dos et leur équipement type randonneur. En descendant du bus devant le gîte, on se présente : Gérard (Niçois de 71 ans) et Jean-Claude (Suisse de 62 ans), ils font eux aussi le GR. Comme nous arrivons ensemble, nous sommes installés dans la même chambre. Nous sympathisons et allons faire un tour dans le village pour visiter, faire quelques courses, repérer le départ du chemin et trouver un restaurant pour le dîner. En sortant de la superette, nous faisons connaissance avec deux jeunes filles belges lourdement chargées qui partent faire le GR en autonomie. Elles cherchent un coin pour planter la tente, nous leur conseillons de commencer la montée et de s’installer dans le col que l’on voit à environ une heure de là. Elles nous demandent de les récupérer au passage le lendemain. C’est le début d’une aventure très sympathique avec elles. Au cours du dîner où nous dégustons un excellent menu corse, le courant passe bien entre nous, ce qui fait que nous ferons toute la partie nord ensemble.