jeudi 27 mai 2010

Lourdes

Comme me l'a dit Jean Louis en arrivant, je suis gâté par Notre Dame: Fatima avec le Pape et Lourdes avec le Pélérinage Militaire International, ce sont vraiment deux évènements marquants.
Après avoir déposé mon sac, pris ma douche et lavé mon linge, je descends en ville visiter un peu les lieux de vie de Bernadette. Je rejoins le sanctuaire pour aller à la messe dans la basilique du rosaire. Une belle messe dans un lieu magnifique. Je rejoins ensuite la Ruche où je retrouve Jean-Louis et les autres pélerins pour dîner. Repas chaleureux et très convivial. Jean-Louis est aux petits soins pour nous. Le cadre est magnifique avec une vue privilégiée sur le sanctuaire. Nous en sommes à 5 minutes à pied! A 21h30 nous descendons pour la procession aux flambeaux. Après un petit tour à la grotte je monte me coucher.
Le lendemain samedi, je me lève à 6h car je veux aller aux piscines et Jean-Louis m'a conseillé d'y aller de bonne heure. J'y suis pour 7h30 et il y a déjà du monde. L'attente se fait tranquillement en priant ou en bavardant un peu avec mon voisin qui ressemble comme deux gouttes d'eau à un camarade militaire de Besançon.L'ouverture des piscines se fait à 8h40 et nous passons une heure après environ. Je fais ensuite un tour dans le sanctuaire puis dans la ville. A midi je vais au marché me faire un casse-croûte puis je vais à la gare pour me renseigner pour les trains de lundi pour Besançon. Une agence de voyage m'avait donné un horaire pour le matin, mais je voulais réserver. D'après la préposée, il n'y a pas de train avant lundi soir et à un prix qui me semble élevé. Je passe dans un cyber café et fais une réservation dans le train du matin, moins cher que celui du soir! Je vais ensuite au sanctuaire faire un chemin de croix et suivre la procession du Saint sacrement du pélérinage militaire. La cérémonie dans la basilique St Pie X est très belle, animée par une musique et un choeur militaire.
Après la messe à la basilique du rosaire puis le dîner au gîte, je vais à la procession aux flambeaux du pélérinage militaire qui se termine par une prestation grandiose avec projecteurs et fumées formant une voûte au-dessus de l'esplanade où une croix a été dressée. L'esplanade est couverte de monde. L'animation est belle et recueillie.
Le dimanche, réveil à 7h30, la messe internationale est à 10h dans la basilique St Pie X Quand j'y arrive, la basilique est déjà pleine et la musique emplie l'espace. La messe, présidée par l'évêque aux armées est concélébrée par de nombreux évêques, plusieurs dizaines, et de très nombreux prêtres. Bien recueillie, la messe est très belle.
Lors des différents cortèges lors des processions aux Saint Sacrement, aux flambeaux ou autres, les uniformes de parade des différentes armées mettent une touche festive qui rend très solennelle la cérémonie. Les délégations viennent du monde entier: Europe, asie, afrique, amérique du nord, Canada, amérique du sud. Les tenues sont splendides. Le vatican est représenté par un délégation de gardes suisses en grande tenue. Les Uniformes traditionnels Croates sont remarqués car ils tranchent parmi les autres.
L'aprés-midi une cérémonie de clôture sur l'esplanade termine le pélérinage militaire. Le soir, à la procession aux flambeaux il y a encore beaucoup de militaires et prier à la grotte avant minuit est difficile car il y a beaucoup de monde.
Ce soir, je ne me couche pas trop tard car demain je dois prendre le train de bonne heure pour un aller et retour sur Besançon et Dijon pour des questions administratives.

De Fatima à Lourdes

Je prends le car à 18h30 pour la gare de Fatima qui est dans un petit village à .... 25 km de Fatima. La gare est fermée mais entièrement rénovée.Le train d'Encontramento arrive 20 minutes plus tard. Là je prends un billet pour Madrid en train couchette, l'attente est de 3h. Je vais dîner dans un petit bar, puis j'attends au buffet puis à la salle d'attente. J'arrive au matin à Madrid où je prends mon billet pour Pamplune. A la descente du train de nuit, je retrouve Javier et Estrella que j'avais rencontrés à Fatima. Ils arrivent de Lisbonne. Nous faisons le trajet ensemble jusq'à Atocha et attendons ensemble. Nos échanges sont très sympathiques. Les places étant réservées pour Pamplona, nous voyageons séparément, mais nous nous retrouvons à la descente du train et échangeons adresses et photos. Le gîte Paderborn étant plein, je vais au gîte municipal près de la cathédrale, il est installé dans un beau bâtiment. Je fais connaissance d'un groupe de français qui fait le chemin à petit rythme. Comme il est tôt, j'en profite pour aller visiter la cathédrale, son cloître et son trésor. C'est magnifique.
Au matin, je reprends le sac et pars en direction de Roncevaux. Le temps est à la pluie. Pour sortir de Pamplona, je prends un bus qui m'amène au début du chemin à Huarte, le long de la rivière. Je croise plusieurs pélerins surpris de me voir à contre-sens. Quand je tombe sur des personnes peu sûres d'elles, j'en joue un peu pour mettre le doute dans leur esprit. Cela me donne l'occasion de faire quelques rencontres sympathiques. J'arrive ainsi à Roncevaux vers 16h30, trempé! Après ma douche, je donne aux hospitaliers une grosse lessive: comme cela mon linge sera propre et sec. Je fais connaissance avec Odette, Geneviève et Chantal, trois canadiennes qui arrivent de St Jean Pied de Port en taxi: la neige et le brouillard sont tels que les autorités ont interdit le passage du col à pied. Je les retrouve au dîner et nous sympathisons bien. Comme elles démarrent leur chemin, elles me demandent quelques conseils. Après le repas, je leur donne quelques informations sur les gîtes en Espagne et je leur règle leurs sacs à dos. Finalement nous échangeons adresses et invitations. Elles auraient bien aimé que je fasse demi-tour!
Le lendemain matin, le départ se fait sous la pluie, mais je ne veux pas prendre de taxi pour St Jean Pied de Port, d'une part parce que je suis tout seul, d'autre part parce qu'avec mon GPS je ne risque pas de me perdre. Je décide de tenter ma chance. Comme le sol est détrempé, qu'il y a quand même pas mal de neige paraît-il, je ne prends pas le sentier mais la route jusqu'à la chapelle au-dessus de Roncevaux. Je prends ensuite la petite route forestière. Je trouve en effet la neige à partir de 1200m. Elle est de plus en plus épaisse. Au col, il y a entre 30 et 50cm. Mais sur le versant français, très vite cela diminue et sur toute la partie jusqu'à la fontaine de Roland, soit sur trois ou quatre kilomètres, il n'y a que 10 à 15 cm de neige. D'autre part, il y a de nombreuses traces de pas. On ne risque pas de se perdre. Dans le col, il y a une ancienne chapelle transformée en refuge avec cheminée. Je m'y arrête un moment. J'y trouve deux jeunes qui font le chemin des cols. Ils se sont arrêtés là pour faire sécher leur matériel qui est trempé. Nous bavardons un bon moment puis je reprends le chemin. Ce n'est que bien après la Fontaine de Roland que je trouve les premiers pélerins "téméraires" qui ont tenté le passage. Je les rassure et leur dit qu'ils peuvent continuer mais de suivre la route côté espagnol. J'en trouverai une dizaine d'autres dans la descente. A tous, je leur donne quelques infos sur le chemin. Il n'y a pas de raison de bloquer le passage d'autant que côté français, le temps se dégage. Lors de mon premier passage il y avait moins de neige mais plus de brouillard. Je n'avais même pas vu la vierge. Là, je l'ai vue. Par contre, le sol est très boueux beaucoup plus que lors de mon premier passage. Les bâtons sont très utiles pour se tenir debout. Peu à peu, je découvre une vue superbe sur la vallée française. En regardant un vol de six ou sept vautours au-dessus de moi, je ne vois pas un trou dans la route, fais une chute et me tord violemment les doigts de la main gauche. Je continue mon chemin jusqu'à St Jean Pied de Port et retourne au gîte la Caserna où j'avais été la première fois et où j'avais laissé des documents sur le chemin français. Il n'y a encore personne. Je laisse mon sac et vais jusqu'à l'accueil pélerins pour leur dire de laisser les gens monter, que le passage est facile et donner quelques informations pratiques. Comme c'est dimanche, j'espérais trouver une messe, mais il n'y en a pas. Je retourne au gîte où arrivent peu après Christina, femme de boulanger belge et Christian. Nous serons seuls avec Alain l'hospitalier. Nous passons une soirée sympathique après le bon repas préparé par Alain. Je donne quelques informations sur le col pour démystifier un peu le passage.
La nuit a été bonne, mais ma main a enflé. Gérard, le deuxième hospitalier qui est venu le matin me dépose à la clinique où je fais des radios. J'attends un bon moment les résultats, mais il n'y a rien de cassé. Ce n'est qu'une bonne entorse. Je pars finalement tard de St Jean Pied de Port. De passage à midi à St Jean le Vieux, j'hésite à m'arrêter. La tenancière du bistrot où je déjeune téléphone à un hôtel sur le chemin, mais il est fermé. Elle me dit que je trouverai quand même un gîte dans quelques kilomètres. Je pars donc après déjeuner. Le temps est beau et le paysage magnifique. Je passe le col de Gamia, le temps se dégage encore plus et la vue est magnifique. Je descends dans la vallée. Avisant une paysanne, je lui demande si elle connait un gîte ou un hôtel dans le coin. Elle me fait entrer chez elle et m'aide à trouver en téléphonant à plusieurs endroits dont plusieurs sont fermés ce jour-là. Finalement elle me trouve une chambre dans un hôtel à quatre kilomètres de là sur mon chemin. Nous bavardons un bon moment avec elle et son mari qui nous a rejoint. En repartant, je passe devant un artisan fabriquant de makilas, les fameuses cannes basques. Je m'arrête, il m'explique les techniques et me montre quelques exemplaires. C'est très intéressant et beau. Cela fait envie.
J'arrive rapidement à l'hôtel à St Just où je suis accueilli par un patron fan de chasse à la palombe. J'ai une chambre confortable et un dîner copieux et excellent.
Le lendemain, je reprends le chemin sous un ciel un peu couvert et brumeux. En passant dans la vallée suivante, le temps se dégage. A Baringhien, je m'arrête dans une boulangerie pour acheter du pain et une part de pizza. Finalement, pour le même prix, la boulangère m'a rajouté du jambon dans mon pain. Une cliente m'indique un coin sympa au bord du gave pour pique-niquer, il suffit de traverser un champ avec quatre ânes. Le coin est effectivement très agréable. De temps en temps je bavarde avec des gens interpelés par mon sens de marche.
J'arrive ainsi à l'Hôpital St Blaise un tout petit village ancienne étape pélerine dont il reste une superbe petite église bien rénovée. Je suis accueilli à l'église par une permanente qui m'indique le gîte et le code d'accés. Après une visite guidée de la petite église, je rejoins le gîte qui est tout neuf et bien équipé. Par téléphone, j'appelle un restaurant pour savoir s'il est ouvert. Quand il apprend que je suis pélerin, bien qu'il soit fermé, il me propose un plateau repas. Il me prépare un plateau très copieux et excellent: soupière de garbure (4 assiette!), grosse assiette de civet de sanglier, grosse part de gâteau basque et quart de vin. Je me suis régalé, mais à la fin, je suis repu!
Le lendemain, je passe au restaurant pour lui rendre le plateau et le remercier. Il me conseille de suivre le chemin, il est bien balisé et bien équipé. En effet, il traverse des bois agréables, des palombières et les passages des ruisseaux se font sur des petits ponts tout neufs. C'est intéressant de voir les installations techniques des palombières avec des postes d'observation au sommet des arbres, des échelles de plusieurs de mètre...
J'arrive ainsi à Arudy où le gîte est chez le curé. Il m'accueille gentiment avec un autre pélerin qui est déjà là et qui lui répare sa porte et sa sonnette. Marc est belge de Liège, comme il voyage en autonomie complète, il a un sac de 25kg! Le curé est très chaleureux et donne pleins d'information sur les chemins car les ayant fait, il les connait bien. Il fait l'accueil pélerin depuis deux ans et c'est venu par hasard. C'est une étape très sympathique. Le lendemain matin, pendant que je suis une petite route dans une jolie vallée, je suis rattrapé par le prêtre qui passait par là et qui m'a donné un schéma pour que je ne me trompe pas un peu plus loin.
Peu avant Bétharam, j'arrive à un chemin de croix somptueux: chaque station est une véritable petite chapelle. Je m'arrête pour téléphoner au gîte de Lourdes. Jean-Louis me répond qu'il est complet et même en surnombre. Il me propose de se renseigner à la cité St Pierre. De mon côté, j'appelle les soeurs mais je tombe sur un répondeur. En arrivant à Lestelle Bétharam, je visite un peu le sanctuaire qui est là, et je constate qu'il y a un gîte chez les pères de Bétharam. Comme il reste encore 15km jusqu'à Lourdes et qu'il est déjà 16h, je décide de m'y arrêter. Je suis gentiment accueilli, et on m'installe dans le dortoir ou je suis seul. J'appelle Jean-Louis pour lui dire que je m'arrête et lui demande s'il peut m'accueillir le lendemain. A 18h45, je participe aux vêpres avec les pères puis je vais dîner dans un petit restaurant et me couche de bonne heure.
Le lendemain vendredi, je pars tranquillement sur Lourdes en suivant le Gave de Pau. Le chemin est magnifique, le temps est beau. Je traverse une superbe futée et arrive ainsi à l'entrée de Lourdes. Jean-Louis passe à ce moment-là et me repère. Il me confirme qu'il m'attend pour le soir. Je passe un moment à la grotte, et comme il est midi, je vais chercher un casse-croûte en attendant l'ouverture de l'accueil où je veux demander le programme des cérémonies du pélérinage militaire. Pendant que je mange mon casse-croûte, je vois passer plusieurs pélerins de tous pays en uniformes de toutes sortes. Cela me renvoie à des souvenirs d'il y a quarante ans. Doté du programme des cérémonies et manifestations et d'un plan de la ville, je rejoins la Ruche, le gîte de Jean-Louis. Je m'y installe avant d'aller faire un tour de la ville.

jeudi 13 mai 2010

FATIMA

Je demande au tôlier de la pension ou je pourrais trouver un plan de l'itineraire vers Fatima. Il me conseille de suivre les personnes en gilet jaune de securite. C'est vrai que la veille j'en ai vu plusieurs qui traversaient la ville. Je n'ai vu qu'une fleche au sol "Caminho de Fatima": a la sortie de la gare. Depuis plus rien.
Partant a 9h30 et passant devant l'office de tourisme, je m'y arrete pour demander une carte des chemins, ils n'ont strictement rien. Je fais donc comme me l'a conseille le tôlier, je suis les pelerins en gilets jaune, ou plutot, je les double et ils me servent de balisage, remontant ainsi toute la colonne. Au debut, je suis amuse car je vois beaucoup de femmes qui ont mis des serviettes peroidiques dans leur chaussures, et j'en trouverai beaucoup d'usees (non usagees) au bord de la route. Nous suivons en permanence la nationale. Remontant peu a peu toute la colonne, je repere les groupes aux marquages d'identification sur le gilet. Le plus gros groupe vient de Paredes sous le parainnage OCDP. Les gens sont en tenues habituelles, jupes ou pantalon peu appropries, chaussures de ville, mais surtout beaucoup de tongues, de sandales plastiques ou de pantoufles. De temps en temps des basckets, mais des chaussures de marche hautes ou basses tres peu. Ils ne portent pas de sac ou un simple petit sac pour des affaires pour la journee. Tout au long du chemin, il y a des soutiens logistiques (Apoïos aos peregrinos): postes de soins ou des personnes soignent les pieds, les genoux, les brulures sur les jambes dues au frottement des vetements..... Je vois aussi beaucoup de vehicules distribuant bouteilles d'eau, fruits, casse-croutes. Comme on est au bord de la nationale et que je ne vois aucune fontaine, je beneficie de ce soutien et j'apprecie. Peu a peu, mon amusement se transforme en respect, puis en admiration vis a vis de ces gens car ils sont tres nombreux et quand je les double, beaucoup recitent le chapelet. Cela change totalement du Camino de Santiago, ce n'est pas du tout la meme ambiance. Ils avancent a petite allure et manifestement, beaucoup souffrent. Pour ma part, je fais figure d'extra terrestre avec mon sac a dos, mes bâtons et mon allure rapide.
J'arrive ainsi a 15h30 a Pombal, l'office de tourisme est ferme le lundi, je vais donc a l'hotel de ville ou j'apprends qu'il n'y a pas d'albergue pour les pelerins mais que quelque chose s'est installe au complexe sportif. Je m'y rends, c'est un bivouac pour les pelerins. Quand je demande s'il y a possibilite d´hebergement, on m'accueille gentiment et me montre un emplacement dans un hangar avec quelques feuilles de carton parterre. Avec mon dos, si je me couche directement sur le sol, je ne suis pas sûr de me relever le lendemain. Je demande s'il n'y a pas des matelas. Comme je suis seul, on me conduit vers le groupe OCDP ou un des responsables me repond qu'il faut attendre le responsable du groupe et comme il marche on ne sait pas quand il sera la. Je vais donc faire un tour des hotels pour essayer de trouver une chambre, mais je reviens bredouille, tout est complet. A mon retour, le responsable, un pretre, est arrive et m'accueille tres gentiment. Il me dit qu'il pense pouvoir me preter un matelas, mais il faut attendre que tout le monde soit arrive. Comme il parle le Francais, il m'explique que les gens marchent depuis cinq jours, qu'ils feront environ 250 kilometres en six jours. OCDP est un organisme caritatif au service des handicapes. Ils sont plus de 480 pelerins dans ce groupe. Il m'invite a attendre et me propose de diner avec eux. Il me met entre les mains de Jose et Mario qui me vendent un ticket repas et me proposent un siege. Comme Jose parle l'espagnol, nous bavardons un moment. Quand il me demande d'ou je viens et que je lui dis avoir fait 2400km en pres de 70 jours, il n'en revient pas. Nous sympathisons bien et il m'explique un peu comment se passe ce pelerinage qui se produit chaque annee. Beaucoup de pélerins le font tous les ans. A l'heure du repas, mario m'emmène à la popotte. Nous bénéficions d'un excellent repas fait sur des tripattes. Quand je revois le padre, il me dit qu'il me donnera un matelas après la messe car tout le monde n'est pas encore là. La messe a lieu à 22h30 dans le gymnase, au milieu des matelas et des gens installés. C'est cependant une très belle messe, très priante, chantée et qui se termine par une distribution par le père d'écharpe blanche et de chapelets. C'est finalement à 0h15 que je peux avoir un matelas. Je suis crevé! Je me couche et m'endors tout de suite bien que nous soyons plus de 700 dans le gymnase.
A 3h30, je suis réveillé par le premier groupe qui part, c'est celui que j'avais doublé en dernier. A 4h30, c'est le deuxième groupe qui démarre. Enfin, à 5h30, c'est le réveil du groupe de Paredes. Je me lève donc, fais mon sac et vais déjeuner. Je pars à 6h30, presque tous les portugais sont déjà partis. La veille, nous n'avons marché pratiquement que le long de la nationale qui va de Coimbra à Leiria. Il y avait un trafic intense, mais nous étions protégé par des rangs de balises. Beaucoup de camions ou d'automobilistes nous saluaient par des coups de klaxon. La file s'étalait à perte de vue. Aujourd'hui, nous quittons rapidement la nationale pour prendre des petites routes ou des chemins carrossables. C'est plus sympathique et moins pénible. Je suis de nouveau repéré et beaucoup m'interpellent mais je ne comprends pas, ils parlent portugais. Mais leur appel est chaleureux et interrogatif. Quand ils voient ma coquille sur le sac, ils comprennent vite. A un moment, je double un couple de jeunes français de la région parisienne qui fait le pélérinage avec les portugais. Je ralentis et nous bavardons un moment. La famille de la jeune femme est d'origine portugaise, son grand-père a fait le pélérinage durant 30 ans. Elle me cite de nombreux cas: une femme de 80 ans le fait tous les ans depuis 40 ans. Je suis de plus en plus admiratif et je me prends d'affection pour ce peuple qui exprime ainsi sa foi. A 10h00, je passe à l'étape du repas de midi de OCDP, je prends un casse-croûte et continue. Tout le long du chemin, je bénéficie ainsi du soutien logistique qui est bien organisé: eau, casse-croûte... Vers 11h, je rattrappe le groupe parti à 3h30 et bientôt, je me retrouve en tête avec peu de pélerins devant moi. En fin de matinée, le temps se gâte et la pluie nous surprend 5km avant Fatima. Arrivant à 13h30 a Fatima, je ne vais pas à l'auberge des pélerins car je suis persuadé qu'elle sera pleine. Je commence tout de suite a chercher une chambre dans un hôtel. Le père m'a bien proposé de me donner un matelas, mais j'ai besoin de me reposer et de faire de la lessive. Dans le gymnase, ce n'est pas possible. Après quelques hôtels pleins dont un qui me propose les trois nuits pour 200 euros(!), je trouve un hôtel 3 étoiles qui me propose une petite chambre pour un prix très correcte. Je m'y installe, d'autant que je suis à 200m du sanctuaire. On ne peut pas trouver mieux. Après ma douche, je profite du chauffage pour faire une bonne lessive et mettre mon linge à sécher. Depuis une semaine, j'ai dû limiter les lessives, le temps et les conditions n'étaient pas favorables.
Comme il y a une messe à 18h30, une heure avant je vais faire un tour au sanctuaire pour me recueillir et visiter un peu. La messe, très belle, est dans la nouvelle basilique, il y a beaucoup de monde. Après l'office, j'avise des pélerins d'OCDP, je leur demande où ils sont installés. Je rejoins leur bivouac car je tiens à remercier le padre pour leur accueil et lui faire part de mes sentiments: je suis profondémment touché et admiratif. Je lui demande son adresse internet car je tiens à lui envoyer quelques conseils aux pélerins pour diminuer les souffrances inutiles. Ils ne connaissent pas les principes de base pour limiter les ampoules, les tendinites, douleurs articulaires, etc... Notre échange est très chaleureux et il m'invite à me joindre à eux dans le futur. Pourquoi pas! A la fin de notre entretien, je suis interpellé par deux journalistes de Visao qui ont suivi le pélerinage avec le groupe OCDP. Ayant eu connaissance de mon périple, ils veulent m'interwiever. Ils ont trouvé une portugaise qui parle couramment le français, ayant vécu en France. Durant plus d'une heure je réponds à leurs questions et leur explique mes motivations.
De retour à l'hôtel, je dîne puis je me couche. Je suis crevé. Je dors comme une masse et ne me lève pas une fois. A 6h, je me réveille car le père m'a invité à me joindre à eux pour faire le chemin de croix. Le rendez-vous est à 6h30 à la chapelle des apparitions. Je ne comprends pas les textes ni les commentaires, mais je suis le groupe et prie avec eux. Cela fait bien longtemps que je n'en avais pas fait un.
Je rentre rapidement à l'hôtel pour déjeuner et à 9h je suis de nouveau à la chapelle des apparitions: il y a une messe en français. C'est une messe avec quatre évêques et de 30 à 50 prêtres. Cette messe est très belle, émouvante, surtout quand à la fin il y a le chant "J'irai te voir Marie": superbe, je me sens profondément touché, bouleversé... Je suis bien.
De retour à l'hôtel, je fais quelques courses et je recherche les horaires de train: c'est une vraie galère! Que ce soit à l'office du tourisme ou dans les agences de voyages, impossible de trouver les informations. Finalement, c'est sur internet que je trouve, mais péniblement et sans avoir de prix. Fatigué, je mange rapidement dans un petit restaurant, puis je vais faire une sieste. Je dors profondément et n'arrive pas à me lever pour aller à la procession du Saint Sacrement.
Je rejoins le sanctuaire à 16h30. Il y a déjà beaucoup de monde. Nous attendons la venue du Pape. Nous suivons ce qui se passe sur le terrain d'atterrissage grace à de grands écrans. Finalement, l'hélicoptère du Pape arrive, fait un survol de l'esplanade sous les ovations du peuple puis va se poser plus loin. Nous suivons toute son approche grace aux grands écrans. Quand il entre sur l'esplanade, c'est un accueil très chaleureux qu'il reçoit. Les acclamations et les chants superbes d'un choeur d'enfants repris par la foule montrent l'attachement des pélerins au successeur de Pierre. Le Pape se recueille devant la statue de Marie à la Capelinha puis ouvre officiellement les cérémonies. C'est encore très profond et émouvant, les participants sont attentifs et recueillis, les chants sont superbes.
En repartant, je croise deux pélerins de St Jacques que je repère à la calebasse accrochée au sac. Ce sont deux mexicains de Guadalajara: Javier et Estrella. Nous bavardons un moment ensemble.
Je retourne dîner et me reposer un moment à l'hôtel avant le chapelet de 21h30. Quand je reviens, l'esplanade est couverte de monde, c'est une mer d'étoile qui couvre l'esplanade. c'est magnifique et impressionnant. Il y a plus de monde que dans l'après-midi. c'est difficile de circuler. Le Pape lance le chapelet, il entame les prières en latin et l'assistance lui répond, chacun dans sa langue. Au Gloria tout le monde le chante en latin en levant son lumignon, puis des chants alternent avec les dizaines de chapelet. Chants superbes, repris en choeur par les portugais: un choeur de centaines de milliers de voix! La soirée est superbes, émouvante, profonde.
Suit ensuite la procession qui va conduire la statue de Marie de la capelinha (chapelle des apparitions) à l'autel extérieure au pied de la basilique, en vue de la messe internationnale. La procession commence par les drapeaux et bannières, multiples et innombrables suivies des nombreux évèques, plusieurs dizaines, puis les prêtres encore plus nombreux, plusieurs centaines. Enfin, suit le palanquin couvert de fleurs de la vierge Marie. Marie, petite et frêle comme une toute jeune fille, elle remonte et fend la foule au pas lent des porteurs. Elle semble si fragile et pourtant, elle est acclamée, chantée comme notre mère, notre reine. Marie, voit comme tes enfants t'aiment et t'acclament. Elle domine tout juste la foule et remonte ainsi toute l'esplanade, les chants sont splendides et repris par toute la foule immense, pieuse et en adoration. C'est profondément émouvant. On ne peut rester insensible à ce qui se passe. Ce fut une soirée profondément touchante.
Comme il est déjà minuit et que je suis allé à la messe le matin, je vais me coucher.
Je me lève à 6h et vais faire un tour à la chapelle des apparitions il y a déjà beaucoup de monde. Je suis impressionné par les pélerins portugais qui descendent toute l'esplanade sur les genoux pour aller prier à la capelinha. Certains souffrent manifestement mais poursuivent leur chemin. Je me recueille un moment et retourne à l'hotel pour déjeuner.
De retour à 10h pour la messe avec le Pape, l'esplanade est déjà noire de monde. Certains ont même dormi sur place. il est plus difficile de se déplacer que la veille. Encore une fois, la cérémonie est superbe et agrémentées de chants magnifiques. Au moment de la communion, de nombreuses ombrelles se sont dispersées le long de l'allée centrale avec le prêtre distribuant la communion. Je me suis donc peu à peu rapproché, mais à partir de la moitié du chemin, le déplacement se fait de plus en plus difficilement. Je vois les ombrelles partir une à une. Je me résouds donc à une communion d'intention, mais certaines reviennent et la distribution reprend. Certaines feront la navette plusieurs fois avec l'autel. J'avance peu à peu mais péniblement: 8m, 6m, 5,50m, 4m, 3m,.... le temps passe et je crois que je ne pourrai communier. Finallement j'arrive à me glisser vers un des derniers prêtres qui partage ses dernières hosties pour en donner un petit bout à chacun. Je suis privilégié et peut en recevoir une parcelle. La distribution de la communion a duré près d'une heure.
De retour à l'hôtel, je déjeune et libère ma chambre. Ayant quelques heures à attendre le car qui doit m'amener à la gare, j'en profite pour mettre à jour mon blog.
Ces quatre jours passés avec les pélerins portugais et le Pape ont été profondément marquants et touchants. Je suis heureux d'avoir pu y participer et venir déposer aux pieds de Marie toutes mes intentions en cette occasion unique et exceptionnelle. Je repars le coeur plein de joie et d'espérance en ayant hâte de retrouver Marie à Lourdes. Je viens de découvrir que ce sera le Pélérinage Militaire International. Encore un évènement marquant.

De Ponte de Lima a Coimbra

Toute la soiree et la nuit la pluie est tombee abondamment. Je suis pessimiste et m'equipe en consequence: le couvre-sac sur le sac a dos, le poncho et le pantalon de kawe accroches a la ceinture du sac. Je pars d'un bon pas, j'ai decide de rejoindre Bracelos a 35km et suivant l'heure essayer de prendre un train pour COIMBRA qui est a environ 80km de Fatima quitte a arriver vers 20h a Coimbra. Le chemin part plein ouest, ce qui m'etonne avant que je ne comprenne: on va changer de vallee. Depuis que je suis au Portugal, le balisage est parfait. Il n'y a aucun risque de se tromper, les fleches jaunes vers Santiago sont abondantes et les bleues vers Fatima le sont aussi: de plus, elles sont bien placees et quand il y a risque d'erreur, comme en France, les mauvaises directions sont barrees: cela change de l'Espagne ou c'etait tres aleatoire et succinct.
Le temps est bien couvert au debut, mais cela se degage peu a peu. Je traverse de jolis paysages verdoyants. Je croise tres peu de pelerins, moins que la veille. Finalement, avec mon rythme, j'arrive a Bracelos a 15h15. C'est une jolie petite ville au centre medieval. Je ne m'attarde pas et me dirige directement vers la gare pour savoir a quelle heure il y aurait un train pour Coimbra. Petit clin d'oeil du ciel et belle chance pour moi, il y a un train dans .... 2 minutes, juste le temps de prendre le billet et le train entre en gare. Je passe d'ailleurs sur les voies juste derriere le dernier wagon. A Porto, c'est pareil, le temps de changement de train est de quelques minutes.
J'arrive ainsi a Coimbra a 18h. La ville est en fete, beaucoup de jeunes en spencer, cape, tricorne, haut de forme et canne de couleur. Je traverse une partie des faubourgs pour rejoindre le centre et trouver l'officina de turismo. Les portugais que j'interrogent me comprennent mais ne parlent pas l'espagnol "ch'est donc diffichile de comprendre che qu'ils dijent en portouguech". Dans une caserne de pompiers, j'ai la chance d'en trouver un qui parle l'espagnol et qui m'indique ou est l'office de tourisme, que l'albergue de los peregrinos se trouve a l'auberge de jeunesse et qui m'explique aussi que ce week end est la fete annuelle des etudiants. Ce qui explique ces tenues qui semblent des uniformes. L'office de tourisme est malheureusement ferme. Je retourne vers le pompier pour qu'il m'indique le chemin de l'albergue quand j'avise une pancarte d'une petite pension. Je crains que l'auberge de jeunesse ne soit envahie par les etudiants. Coup de chance, la pension a une chambre de libre a prix tres correct et la chambre est confortable. Je ne vais donc pas plus loin. Le tôlier parle un peu le francais et me dit que j'ai de la chance car entre le pelerinage a Fatima et la fete des etudiants il n'y a plus une chambre de libre depuis trois jours. Il m'explique aussi que cette fete des etudiants dure tout le week end et que c'est leur carnaval avec chars etc...
Je vais diner dans un petit restaurant voisin puis comme d'hab fait douche et petite lessive. Je suis inquiet, avec les jeunes dans la rue, c'est tres bruyant. En fait, etant bien fatigue et les boules quies etant efficaces, je m'endors tres vite et profondemment. Le petit dejeuner n'etant servi qu'a 8h30, je me leve a 7h.

samedi 8 mai 2010

Sur le chemin de Fatima, de Santiago a Ponte de Lima

Le soir, apres avoir mis a jour mon blog, je suis alle au petit magasin alimentaire qui est installe dans le gite. Je fais quelques empletes dont de quoi me faire a diner. Pendant que je prepare mon repas, je vois arrive le couple que j'avais vu a Cezur Menor et revu quelques jours plus tard dans un autre gite. Nous dinons ensemble. Ils me racontent qu'ils ont fait une grosse etape aujourd'hui car ils doivent rentrer d'urgence chez eux pour un probleme de famille. Pendant que nous dinons, arrivent Felix et Pilar. Nous tombons dans les bras les uns des autres heureux de nous retrouver. Nous echangeons un moment en buvant un cafe puis nous allons nous coucher.
Ayant pris une chambre seul, je passe une excellente nuit. Au moment de partir, je traverse le dortoir ou dormaient Pilar et Felix, nous nous faisons nos adieux et echangeons nos adresses. Je prends le chemin de Fatima. La sortie de Santiago est longue et penible. Je perds rapidement le chemin et trace donc sur la route. Les explications qui m'ont ete donnees au bureau du tourisme sont tres succinctes. Au bout d'un moment je retrouve le chemin et tente de le suivre. En Espagne, suivre le chemin Portugais a l'envers est une vraie gageure. C'est deja mal fleche dans le sens Portugal - Santiago, mais dans le sens inverse, c'est pire. Quand on arrive a un carrefour on ne sait pas d'ou vient le chemin. Je vais soit au compas, soit tel un sioux je recherche les traces de chaussures et de pneus de velos, soit au pif en esperant ne pas m'etre trompe. Quand au bout d'un moment je revois de fleches jaunes je suis rassure. Mais il m'est arrive plusieurs fois de ne rien retrouver, alors je pars au compas ou suis la nationale jusqu'a l'etape suivante. Il m'est meme arrive de faire une boucle de 3km pour rien et de revenir presqu'au point de depart. C'est plutot rageant. Quand je suis sur le chemin, on traverse des campagnes superbes et les paysages sont magnifiques. Je fais une premiere etape a Calza de Reis, une ville thermale. Le gite est ferme pour travaux, je prends alors une chambre dans un hotel thermal. Le deuxieme soir, je m'arrete a Redondela une jolie ville moyennageuse dont le gite est en plein centre dans une ancienne maison bien restaure. Le gite est superbe et tout neuf. En discutant avec mon voisin de lit, j'apprends que le Pape sera a Fatima pour l'Ascension, le 13 mai qui est une date importante pour Fatima puisque c'est la date de la premiere apparition. Je decide donc de faire le necessaire pour y etre ce jour-la. Un couple Francais croise sur le chemin m'en donne la solution: l'entree et la sortie de Porto sont tres longues et penibles, ils ont pris le train pour l'eviter, je ferai de meme pour passer cette partie. Je vais donc voir comment decouper mon itineraire sachant que je fais en moyenne 40km par jour.
Le troisieme jour, je passe au Portugal par le pont International et passe une nuit au gite de Valenca. comme le gite n'ouvre qu'a 18h (heure portugaise = France -1h), je visite la citadelle qui domine la ville. A 18h, je me retrouve au gite pour apprendre qu'il est plein, reserve par un groupe de cyclistes. Je suis avec Brigitte, une allemande. Le responsable du gite nous donne cependant a chacun une chambre individuelle avec cabinet de toilette prive. Finallement ce n'est pas si mal. Comme pour entrer et sortir il faut une cle et qu'il n'y en a que deux, je fais la paire avec Brigitte. Nous allons faire nos courses ensemble a l'intermarche voisin, puis nous allons diner dans un bon petit restaurant. Comme Brigitte parle le francais, nos echanges sont interressants et sympathiques. Dommage que nous nous croisions.
Pendant la derniere journee en Espagne, il a plu le matin, mais l'apres-midi cela s'est degage. Le lendemain samedi, aujourd'hui, le temps est a la pluie toute la journee. Les regions traversees sont tres belles mais gachees par le temps. Brigitte m'avait conseille le gite de Ponte de Lima, je fais donc le necessaire et y arrive a 15h30. Mais le gite n'ouvre qu'a 18h. Je fais donc un petit tour dans la ville avec un russe en attendant l'ouverture. Le gite est tout neuf, tres propre. Mon souci est trouver le moyen de faire secher mon linge, tout est mouille et il n'y a pas de chauffage. Je ne fais donc pas de lessive. Je me cuche avec mon tee-shirt et mon slip humides, ils secheront sur moi dans mon duvet. Demain sera l'etape qui precedera Porto.

mardi 4 mai 2010

Leon a Compostelle, Fisterra et Muxia

Me voila reparti d'un bon pied et une bonne allure. J'ai retrouve toute ma forme et cela fait du bien. J'ai bien apprecie ces deux jours de repos a Leon. D'une part cela m'a bien repose, d'autre part, j'ai revu des pelerins que j'avais semes. Le premier jour de repos, je vois arriver Pilar et Felix que j'avais rencontres a Bercianos. Avec Pilar qui comprend le francais, comme elle me demande mes motivations, je lui raconte mon histoire. Je retrouve Albin et Moricio le deuxieme jour. Un diner en commun nous permet d'echanger plus profondemment. Le jour du depart je les retrouve sur la place du chateau St Marc et ne les reverrai plus ensuite. Sans forcer je prends un rythme de 5,5 km a l'heure, je me sens en bonne forme. Arrive a 12h15 a St Martin ou doivent s'arreter Albin et Moricio, je casse la croute et reprends la route. A 14h15 j'arrive a Hospital de Orbigo. J'hesite a m'arreter: le gite semble sympa, mais j'ai fait 33 km et je me sens en bonne forme et demain mon etape devrait etre de 38km plus accidentee. Je continue donc jusqu'a Santibanez. Le gite est tres rustique, voire sommaire: douches et wc dans la cour, chambres ressemblant a des chambres de caserne. Nous sommes peu nombreux (8) et l'hospitalier, Hercule, est tres sympa. De toute facon, je n'irais pas a l'etape suivante qui est assez loin. Hercule nous fait un excellent repas tres copieux. Comme il ne fait pas chaud, Hercule allume le poele de la salle commune. Le souci est toujours de faire secher le linge.
Le lendemain, depart avant le lever du soleil, la nature est tapie dans une petite brume legere qui s'etire en lambeaux et donne une touche poetique a la nature. Depuis Leon, le paysage est beaucoup plus beau et sympathique. On monte peu a peu sur le plateau et surprise! Au loin, j'appercois une grange avec comme un petit etal devant(?). C'est surprenant. Plus je m'approche, plus je me rends compte que c'en est un: offert aux pelerins qui peuvent laisser "a donativo" quelque chose, il y a du cafe chaud, des jus de fruits, des biscuits, des fruits, de la confiture, du lait, du lait de soja. Tres genereux, j'en suis heureux car je suis parti sans dejeuner, il n'y avait rien. Deja, la veille, a la sortie de Villadango, il y avait une table devant une maison avec des biscuits, des bonbons pour les pelerins. Ces gestes sont touchants et bien agreables.
Le paysage change peu a peu, on attaque les monts du Leon qui montent serieusement. Le paysage est de plus en plus beau, je prefere de loin a la Meseta. au passage je double Pilar et Felix qui sont heureux de me voir en bonne forme. Je traverse Astorga qui a une tres belle cathedrale. A 14h15, j'arrive a l'etape prevue de Rabanal. En forme, je decide de continuer. Si je peux arriver a Santiago le vendredi, je pourrai faire ma radio de controle sans etre bloque car le week end du 1 mai est ferie en Espagne. Finalement je continue jusqu'a Foncebadon un petit village de montagne. Le gite paroissial etant plein, je vais au gite prive tenu par Oscar qui nous fait un excellent diner. Comme nous sommes peu nombreux, c'est calme et la nuit paisible. La table est tres cosmopolite: Francais, Danois, Italien, Belge Flamand, Allemand.
Le depart du lendemain se fait dans la brume et le brouillard. Le passage a la Croix de fer est dans les nuages. Lors de la redescente sur Molinesca, de loin, je reconnais Bernard le luthier avec sa barbe blanche et ses sandales. Je ralentis pour bavarder un peu puis reprends mon rythme. A Ponferrada a 13h15, je vais dejeuner devant le chateau. C'est une jolie ville moyennageuse qui s'est tres etendue ces dernieres annees. Pour sortir de Ponferrada, je ne suis pas le camino qui fait des detours dans la ville neuve, mais je file tout droit sur 7km. J'ai prevu de m'arreter a Carcabellos, une jolie ville medievale, mais la gite qui est a la sortie de la ville est .... ferme! soit je reviens en arriere sur 1km pour un gite eventuel ou je continue 8km plus loin. En forme, je choisis la deuxieme solution et arrive a Villafranca au gite Ave Fenix. C'est un gros gite sympathique tenu par un homme tres type. Repas en commun apres un benedicite, meme si tu n'est pas croyant! Et attention au telephone qui sonne a ce moment, cesar rouspete! La soupe fourre-tout est bonne et tient bien au corps. Autour de moi c'est tres cosmopolite: Slovenie, Estonie, Bresil, Autriche, Allemagne. Tres sympa, mais il est bon de pratiquer un peu d'anglais quand meme. Comme nous ne sommes que trois dans mon dortoir, la nuit est reposante.
La journee suivante sera plus dure car il y a beaucoup de denivelees. J'irai jusqu'a Alto di Poio, un gite prive dans un bar sur un col. Nous ne sommes que quatre pelerins, mais l'ambiance n'est pas sympathique. L'un d'eux est un mauvais coucheur: il n'a pas apprecie que je ne lui prete pas tout de suite ma savonnette pour laver son linge alors que j'allais prendre ma douche. Quand a la fin de ma douche l'eau est devenue brutalement froide, je lui ai demande de prevenir l'hotesse: il m'a repondu "non". Bien l'esprit pelerin! Pour ne pas le revoir, le lendemain, j'ai encore trace. Je suis arrive a Ferreiras un gite dans un petit village. il ne restait pas beaucoup de place, mais j'ai pu avoir un lit. J'y ai fait la connaissance d'une coreenne charmante, un peu entreprenante, troublante, et qui m'a ensuite presente son mari. Il y a de plus en plus de monde sur le chemin, mais l'apres-midi cela s'eclaircit car beaucoup de gens s'arretent vers 13 ou 14h apres 15 ou 20 km. A Melide, le gite est installe dans des algeco dans un gymnase. Il y a beaucoup de monde. J'y fait la connaissance de Michel de Pau et de Rene. Le contact avec Michel est tres chaleureux. Quand je lui parle de mon retour, il me donne ses coordonnees pour m'accueillir chez lui si cela correspond a une etape. Alors que nous etions un peu critique sur le chemin espagnol, Rene est venu defendre les espagnol, emerveille par ce peuple croyant, etc... amusant!
Il a plu toute la nuit, mais au matin le temps est beau et frais. Les chemins sont souvent en sous-bois, ombrages et bordes d'eucalyptus odorants. J'aime bien la Galice. Les villages sont plus pauvres et ont moins de caractere que les autres regions traversees, mais les vallons et la nature sont plus beaux. Suivant les conseils de Michel de Lauzerte, j'arrive ainsi au village de vacances de Monte do Gozo, a 4 km de Santiago. C'est une grosse structure, mais les chambres ne sont que de huit. L'hospitalier nous conseille de ne pas manger a la cafeteria, tres cher mais dans un petit restaurant qui est tres copieux. Les parts sont pratiquement pour deux personnes. Je profite des installations de laverie pour faire une grosse lessive. Pendant que j'attends au bar la fin de ma lessive, je vois debarquer Rene qui fait le chemin tantot a pied tantot en bus. Nous bavardons un bon moment ensemble puis je vais manger.
Le lendemain matin, vendredi 30 avril, je me leve de bonne heure et part des 6h30. J'arrive sur le parvis de la cathedrale a 7h10. Il n'y a pratiquement personne. Je fais un premier tour de la cathedrale pour la visiter, et passer au tombeau de l'apotre. A 9h, le bureau des pelerins ouvre et je vais faire faire ma compostella. Ils tiquent et me disent que je n'ai pas respecte les regles. Vu que je faisais de grosses etapes, il aurait fallu que je fasse mettre deux tampons par jour sur ma credential. Il est vrai qu'ayant fait les 305km de Leon a Santiago en 7 jours, je n'ai pas beaucoup de tampon dans les 100 derniers kilometres. Mais finalement vu tous les autres tampons, ils acceptent de me faire le document (en latin). Je vais ensuite deposer mon sac a la consigne et je retourne a la cathedrale. La tout etant ouvert, je passe par la porte sainte, vais faire l'abrazzo a la statue de l'apotre qui domine l'autel, vais prier un moment dans la crypte devant le tombeau de St Jacques, puis je refais un tour de visite plus approfondi de la cathedrale. A midi, nous avons une tres belle messe des pelerins. La cathedrale est pleine y compris de touristes ce qui pose quelques problemes aux pretres lors de la communion. En effet certains viennent recevoir une hostie comme on va chercher un ticket, ils repartent avec l'hostie dans la main. Le pretre qui surveille chacun, l'interpelle et lui fait manger l'hostie tout de suite. A la fin de la messe nous avons la chance d'avoir la mise ne route du Fumero. 5 a 6 hommes sont necessaires pour le balancer.
Apres avoir dejeune dans un petit restaurant, je me dirige vers un centre de soin pour faire une radio de controle de mes poumons: Le voile de la pneumonie a disparu mais une tache est visible et inquiete le medecin. Il fait appeler une ambulance qui m'emmene a l'hopital voir un specialiste. La-bas, comme en France je dois attendre longtemps mon tour. Finallement une autre radio sous un autre angle fait apparaitre que la tache ne doit être qu'un reflet dû a une superposition de côtes. Je repars a 20h45 rassure, tout est rentre dans l'ordre. Un taxi me depose au gite des pelerins du petit seminaire, le plus pres de la cathedrale.
Apres une bonne nuit, je repars de bon matin pour rejoindre Fisterra. Ayant pris un bon rythme les jours precedents, j'envisage de le garder et de faire le trajet en deux jours au lieu de trois. Le chemin est varie et beau, les paysages agreables. Je vois tres peu de pelerins. Si beaucoup vont a Santiago, peu vont jusqu'a Fisterra. Le chemin est moins bien balise qu'avant Santiago, il y a moins de bars ou restaurants, moins de gites et moins de fontaines. Je fais etape dans un beau gite prive a mi-chemin, tenu par un bar. Le repas est excellent. C'est le lendemain que je vois apparaître la mer du sommet d'un dos d'âne du chemin. Quand j'arrive a Fisterra, je m'installe au gite municipale ou on me delivre le document de fin du chemin. Un Francais qui est arrive le matin me dit que son compagnon est alle jusqu'au phare et qu'il n'y a rien a voir, que cela ne presente aucun interet. Comme j'avais prevu d'y aller le lendemain matin, je m'en dispense. Le soir je m'offre un petit repas de fruits de mer bien frais. Pour plusieurs pelerins, c'est la fin, ils reprennent le car le lendemain pour rentrer chez eux. Certains sont tres emus.
Il pleut pendant la nuit et au matin juste avant de partir. Apres le petit dejeuner dans le bar, au moment de partir, la pluie cesse et je prends le chemin sous un ciel qui se degage. le paysage est la encore tres beau. On sent que l'on est pres de la mer, il y a beaucoup de vent et il ne fait pas tres chaud. J'arrive a Muxia vers 14h et ayant bien depasse l'albergue, je vais directement au sanctuaire qui est au bout du village. La basilique materialise le lieu ou aurait accoste la barque ramenant le corps de l'apôtre St Jacques apres son martyre. Elle est battue par les vents et par gros temps, les vagues passent par dessus les rochers et viennent s'ecraser sur le mur de la basilique. A l'arrivee au gite, je depose mes affaires, me change et vais manger car il est deja 15h et j'ai faim! Apres la douche et la lessive habituelles, je vais faire un tour vers la secherie de congres qui est assez speciale. Les congres sont ouverts et decoupes en filets pour faciliter le sechage. Puis je reviens au gite ecrire les quelques cartes postales que j'ai achetees. Pour diner, je vais dans un bar dont la patronne, Chelo est d'un temperament bon vivant et truculent.
Le lendemain 4 mai reveil 6h car le car passe a 7h30. Je le prends pour rentrer a Santiago. Arrive a 9h30, comme lors de mon premier passage, je fais le tour de la basilique avec les etapes traditionnelles, puis je vais faire quelques courses avant de revenir pour midi a la messe des pelerins. Aujourd'hui, elle est preside par l'eveque et comme la derniere fois, elle est superbe. Une religieuse a voix superbe anime les chants et chante l'office. A la fin de la messe, nous avons la chance d'avoir a nouveau la mise en oeuvre du Fumero. Apres un repas de pelerin dans un restaurant, je termine mes cartes et vais a la poste me soulager de mes radios que je trimbale depuis Leon. Un apres-midi tranquile a l'albergue me permet de mettre a jour mon blog.
Ici se termine la premiere partie de mon periple. Si je n'ai pas apprecie la Meseta, j'ai bien aime les monts du Leon et de la Galice. C'est beau et tres varie. J'ai eu l'occasion de faire quelques belles rencontres, mais c'est vrai que je n'ai pas pu vraiment les approfondir. C'est un choix: la plupart des gens ne font que 15,20 ou 30 km alors que moi j'en fais 30 a 50. A midi, j'en ai deja fait entre 20 et 25, je me vois mal m'arreter alors que je suis en bonne forme et trenailler toute l'apres-midi. C'est vrai que c'est a ces occasions que les contacts se font, mais comme je veux etre a Cotignac le premier week end de juillet apres etre passe a Fatima et Lourdes, il est certain qu'il y a des choix a faire.