mardi 6 septembre 2011

Fin du voyage en Roumanie

De 112Roumanie7
Dimanche 7 août, nous nous levons vers 9h et prenons le petit-déjeuner dans l’appartement de Maria. Alex nous rejoint et nous gagnons l’église à pied à quelques centaines de mètres de là. Tous les villageois convergent vers l’une ou l’autre église, orthodoxe ou gréco-catholique. Beaucoup de femmes sont habillées en costume traditionnel très coloré, jupe courte évasée, fleurie et de couleur vive, fichu noué sur la tête. C’est la première messe officielle d’Alexandru, il concélèbre avec le curé de la paroisse. Le cérémonial étant très complexe, c’est le curé qui préside. Armel participe en tant que diacre. La messe dure 1h45, les chants sont beaux et comme pour la messe d’ordination, cela dure toute la messe. A l’issue, tous les fidèles défilent devant Alexandru qui les bénit. L’église est toute neuve car l’ancienne église gréco-catholique avait été donnée aux orthodoxes par le régime communiste et ils ne veulent pas la rendre bien qu’ils ne s’en servent pas. Nous avons découvert au cours de notre séjour, le conflit qui existe entre les deux rites. Les orthodoxes n’acceptent pas que les gréco-catholiques retrouvent leurs fidèles qui avaient été obligés de se tourner vers les orthodoxes, leur religion étant interdite et durement réprimée. Maintenant que la liberté est revenue, les gréco-catholique reviennent à leur rite au grand dam des prêtres orthodoxes qui pratiquent pressions, menaces voire voies de fait. Mgr Virgil nous en avait longuement parlé, ainsi qu’Alexandru. Le conflit ne vient pas des fidèles qui acceptent très bien les divers rites, mais c’est le fait du clergé orthodoxe.
De 112Roumanie7
A l’issue de la messe, nous montons dans les voitures pour rejoindre le hameau des parents d’Alex, Turţ Băi. Nous prenons un chemin forestier tout juste carrossable, il ne faut pas que les voitures soient trop basses. Le repas de fête se fait dans leur nouvelle maison qui est en construction, il n’y a que le clos et le couvert : les murs, le toit, les menuiseries. Les tables sont dressées à l’intérieur car ils craignent un orage qui ne viendra pas. Alex se met tout de suite à la cuisine, deux chaudrons sont suspendus au-dessus d’un feu et la viande mijote déjà depuis trois heures. Il va finir la préparation en rajoutant légumes et épices et cela va continuer à cuire pendant deux heures. Il y a de la viande de porc, du veau et du bœuf. Quand tout le monde est là nous passons à table pour prendre l’apéro à la …. Pálenka, bien sûr, accompagnée de petites saucisses du pays, de beignets de viande, de poivrons farcis au fromage, de boulettes de viande et de champignons. C’est excellent, mais en fait d’apéro, c’est une véritable entrée.
De 112Roumanie7
Suit ensuite le repas excellent et très copieux, nous sortons de table vers cinq heures, repus. Nous montons faire une promenade vers la maison des parents d’Alex, maison ancienne au confort très sommaire : une cuisine en terre batue et une salle de séjour, les toilettes sont au jardin. Le cadre est champêtre et sympathique. Nous montons sur la colline pour avoir une vue sur les environs. Quand nous redescendons, après une distribution de bonbons et de ballons aux enfants les gens se séparent et rentrent chez eux. Christophe, Charles et moi, nous sommes ramenés au village par un cousin d’Alex qui est très fier de nous faire découvrir son pays et nous emmène voir l’entrée de l’ancienne mine qui est maintenant désaffectée. Le soir, encore repus du repas de midi, nous avons du mal à grignoter ce que la mère d’Alex nous a donné. Nous rejoignons nos lits fatigués mais contents.
De 113Roumanie8
Le lendemain lundi, nous quittons le village et rejoignons Satu Mare où nous déjeunons chez les parents de Lavinia après avoir récupéré Armel et Véronique. Nous partons ensuite pour Budapest en laissant Lavinia chez ses parents. A Budapest, nous nous installons dans une auberge à proximité de l’aéroport et où nous avions réservé des chambres. Avant la tombée de la nuit, nous allons faire un tour rapide en ville pour avoir un petit aperçu, nous nous promenons dans les rues de la vieille ville et nous passons près du parlement superbe édifice au bord du fleuve, tout en dentelle de pierre. Nous dînons tranquillement à l’auberge et allons nous coucher de bonne heure, demain nous allons à Vienne.
De 117RoumanieBonus
Partis de bonne heure, nous prenons un petit déjeuner dans un restauroute et atteignons une zone commerciale avant la frontière autrichienne où de très nombreuses marques ont installé des magasins d’usine. C’est un vrai village avec des bâtiments récents mais de style où toutes les grandes marques vendent leurs produits avec des réductions allant de 30 à 70% par rapport aux commerces normaux. Alex nous lâche environ deux heures et chacun tourne en quête de bonnes affaires. Nous nous retrouvons à la cafétéria pour déjeuner puis nous filons à Vienne.
De 114Roumanie9
Nous garons les voitures dans le parking souterrain de l’opéra et nous promenons dans les rues piétonnes autour de la cathédrale puis le long du boulevard le long des châteaux. C’est une ville magnifique, grandiose. La cathédrale est en rénovation, mais les échafaudages sont habillés de toiles sur lesquelles la cathédrale est peinte. La promenade nous donne envie d’y revenir. De retour à l’auberge, nous dînons et allons nous coucher rapidement.
Le lendemain, mercredi 10 août, c’est le jour de départ de la famille S. Le matin, nous faisons un tour dans la ville pour en avoir un petit aperçu et nous visitons la cathédrale, superbe, plus belle que celle de Vienne à mon goût. A 13h, nous déposons Carmen et la famille S à l’aéroport et nous reprenons la route en direction de Satu Mare. Armel et Véronique sont montés avec moi, Alex est seul dans sa voiture. Sur la route nous rencontrons soleil et pluie ce qui nous donne de beaux arcs en ciel. Nous dînons chez les parents de Lavinia puis Alex nous amène chez Virgil pour dormir. Virgil, petit cousin d’Alex est chef de cabinet d’un sénateur et son épouse Dumi est professeur au collège de Turţ Leurs revenus étant très modestes, ils habitent chez les parents de Virgil qui ont une grande et superbe maison. Virgil nous invite à boire un petit verre de Pálenka et nous entraîne voir l’atelier de sculpture sur bois de son père. Nous passons un bon moment à admirer ses œuvres, il a un bon coup de ciseaux. Virgil nous fait goûter une Pálenka de vingt-six ans d’âge. Nous passons un bon moment à bavarder, nos échanges se font en anglais.
De 116RoumanieFin
Jeudi nous partons avec Alex, Lavinia et Maria pour Oradea. Nous déjeunons dans la même pizzéria qu’à notre arrivée le premier jour, puis nous allons récupérer Cosmine chez lui. Nous sommes heureux de nous retrouver, son moral va bien, il avait passé une bonne soirée avec Radu lors de leur retour. Alex a rendez-vous avec Mgr Virgil qui nous reçoit de nouveau très gentiment. Cosmine nous attend dehors pendant l’entretien. Nous allons ensuite visiter la cathédrale orthodoxe avec la lune. Au cachet élancé et léger extérieurement, elle est très belle intérieurement, des fresques couvrant tous ses murs et voûtes. Cosmine nous fait découvrir le passage de l’aigle noir, une galerie commerciale puis nous nous promenons dans le cœur de la ville et découvrons un peu Oradea, très jolie petite ville. Comme je voulais acheter une véritable icône pour des amis qui aller célébrer leur quarante ans de mariage, Cosmine m’a proposé de nous emmener voir son père spirituel, le père Oreste, prêtre orthodoxe qui fait des icônes. Nous nous rendons à Băile Felix, ville thermale où le père Oreste célèbre dans une ancienne chapelle orthodoxe au milieu du parc de la station thermale. Nous arrivons au moment des vêpres. Je pense instantanément que c’est compromis, mais non, Cosmine nous surprend Armel et moi en traversant allègrement la chapelle et passant de l’autre côté de l’iconostase. Nous le voyons bavarder avec le prêtre qui lui montre des choses pendues au dos de l’iconostase, puis interpelle un fidèle qui lui amène une chaise, monte dessus et donne au père Oreste une plaque. Cosmine, tout aussi discrètement ressort retraverse la chapelle et nous entraîne dehors. Il me tend une très belle icône en me demandant si ça me convient. Je réponds par l’affirmative, mais quand je lui demande combien je lui dois, il me répond : « rien, c’est un cadeau du père Oreste ». Nous ramenons Cosmine en ville et rentrons sur Satu Mare en faisant un crochet par le terrain d’Alex et Lavinia. C’est un verger qui domine la ville, il a une vue magnifique. Reste à construire la maison !
De 116RoumanieFin
Vendredi matin, Alex et Lavinia arrivent tranquillement avec les filles. Nous allons passer la journée à la ferme chez les parents d’Alex. Journée tranquille, champêtre, très chaleureuse et sympathique. Les parents d’Alex nous accueillent très simplement, chaleureusement. Avec sa barbe, ses cheveux longs et ses yeux bleus au regard plein de bonté, le père d’Alex a une belle tête de patriarche. Nous faisons un feu sur lequel nous faisons griller du jambon et du lard gras sans maigre. On pique les morceaux au bout de baguettes de bois et on fait griller. Quand la graisse commence à couler, on la répand sur des tranches de pain ou d’oignons. Quand le lard est bien grillé, translucide, nous passons à table. Si cela ne paraît pas très ragoutant comme met, c’est en fait succulent, mais il ne faut pas en manger trop souvent. Après le déjeuner, nous montons dans la colline faire une petite promenade en laissant Patricia et Maria à leurs grands-parents. Nous ramenons une bonne quantité de mûres que les petites s’empressent de manger. Maria se régale et s’en tartine le museau. Patricia nettoie consciencieusement les mains de sa « peti sœur ». Nous rentrons paisiblement à Satu Mare.
De 117RoumanieBonus
Le lendemain Samedi, nous partons passer la journée sur le terrain des parents de Lavinia. Au passage, nous passons voir l’oncle de Lavinia qui est prêtre Gréco-catholique. Il a d’abord été prêtre orthodoxe puis a changé de rite. Il est curé de paroisse et nous a fait visiter son église qu’il a fait construire. Durant notre séjour, nous avons été surpris de voir le nombre d’églises catholiques ou orthodoxes qui se construisaient. Nous avons eu des échanges très intéressants avec le père, il s’intéresse à l’évolution de la pratique en France. Comme il parle le français, nous échangeons en français. Nous rejoignons ensuite les parents de Lavinia. Alex se remet à la cuisine, préparant une marmite de viande à mijoter sur un feu de bois, puis il fait griller des champignons sur un plaque. La sœur de la maman de Lavinia est venue avec son mari et ses filles. Pendant les préparatifs du repas et pendant l’après-midi, le père de Lavinia passe le motoculteur entre ses rangs de vigne. Il a une douzaine de rangs d’environ deux cents mètres, plusieurs pêchers, des pruniers, des pommiers. Il récolte peu de fruits car malheureusement il se fait tout voler par les roms.
En fin d’après-midi, nous partons pour assister à la messe anticipée car nous partons à trois heures le lendemain matin. Nous rentrons directement sur Besançon, Alex, Lavinia, Patricia, Armel, véronique et moi. Armel et Véronique restant quelques jours à Besançon, je les accueille chez moi pour soulager un peu Alex et Lavinia qui doivent commencer leurs préparatifs de déménagement.
Ce voyage fut magnifique, nous étions un groupe très sympathique, les amis et la famille d’Alex et Lavinia nous ont accueillis avec beaucoup de gentillesse et de chaleur et nous avons vu de très belles choses. La cérémonie d’ordination a été très belle et émouvante. Je garderai un bon souvenir de ce séjour, cela donne envie d’y retourner visiter plus tranquillement et voir les autres richesses que l’on n’a pas vues.

Peleş le château royal

De 109Roumanie4
Le lendemain jeudi 4 août, nous nous levons bien reposés et commençons la journée par la célébration de la messe, en plein air, dans la cour de l’auberge, avec en fond de tableau les falaises du cirque. Bien qu’étant orthodoxes, la patronne de l’auberge et les employés se joignent à nous, nouveau moment privilégié de paix et d’unité. Après le déjeuner, nous repartons en direction de Braşov. Aujourd’hui sera une longue journée de route sans grand intérêt si ce n’est au début et à la fin. Nous passons par les gorges de Bicaz, spectaculaires par leur étroitesse et leur profondeur, laissant peu de place à la route et au torrent. Après une montée en épingle à cheveux, nous atteignons le Lac Rouge. Formé par un effondrement de terrain en 1837, il doit son nom aux alluvions chargés d’oxyde de fer donnant paraît-il une couleur rouge. Pour l’heure il est bien vert. Serpentant au pied de reliefs pentus et boisés, il laisse apparaître des troncs de conifères morts qui se dressent au-dessus de l’eau. Site de cartes postales, il est un lieu très touristique. Nous faisons la pause déjeuner dans une guinguette où nous mangeons quelques spécialités locales.
De 109Roumanie4
Après une longue route relativement bonne pendant laquelle la plupart des passagers se sont assoupis, nous atteignons Braşov, jolie ville fortifiée construite au pied des Carpates, deuxième ville du pays, ancienne capitale marchande du « pays saxon ». Nous y retrouvons Ariadna, une amie de Christine et Carmen, roumaine ayant épousé un bisontin et qui est en vacances chez ses parents. Elle nous fait faire un tour en ville pour nous en faire découvrir les joyaux de style baroque et construits autour de la place du conseil dite Sfatului. Au centre de cette place trône l’ancien hôtel de ville, la Maison du Conseil, où nous assistons à une petite prestation d’une garde en costume d’époque avec hallebardes et trompettes. La cathédrale orthodoxe de la dormition de la Vierge, cachée au fond d’une cour nous accueille pour une petite visite. Après un rafraîchissement pris à une terrasse de café offert par Ariadna, nous déambulons dans les rues voisines, découvrant des bâtiments aux façades colorées et au style germanique, Tirant son nom des traces d’un incendie sur ses murs, l’église noire se dresse fièrement à proximité. En fin de journée, nous repartons en direction de Sinaia, station de ski très en vogue. Très heureuse de faire découvrir son pays à ses amies, Ariadna nous accompagne pour la nuit. A cinquante mètre de l’hôtel, un carrefour un peu particulier est étroitement surveillé par les flics. Je marque le stop, et comme la voiture qui arrivait était assez loin je passe le carrefour. Estimant que je les avais provoqués, les flics m’arrêtent. Il faut toute la force de persuasion d’Alexandru pour qu’ils acceptent de me rendre mon permis. Nous prenons possession de nos quartiers dans l’hôtel et allons dîner dans un petit restaurant plus loin. A l’issue, Radu emmène Charles et Constance en boîte pour leur faire découvrir cet aspect du pays, mais ils reviennent assez vite car ils n’ont rien trouvé. Cosmine, Radu, Christophe, Charles et moi passons un moment à bavarder autour de la bouteille du « petit-frère ». Cette fois, le sujet tourne plutôt autour de la motivation des jeunes à travailler durant leurs études. Nos sujets de discussion sont très divers et bien qu’arrosés de pálenka, ils sont intéressants.
De 110Roumanie5
Le château de Peleş étant très près de Sinaia, c’en est le but de notre visite du matin. Nous découvrons un château de conte de fée, perché sur sa colline dans un environnement de forêts et de montagnes. Avec ses tourelles, ses colombages et son style néo-renaissance allemand, ce château rappelle les origines germaniques de la famille royale. Construit pour le roi Carol I° et son épouse Elisabeth entre 1873 et 1883, étendu et rénové en 1914, ce superbe édifice comprend 160 pièces et est doté d’équipements à la pointe du modernisme : électricité, chauffage central, ascenseur, etc… Trois circuits de visite sont prévus, nous n’en feront que le premier qui dure 45 minutes et couvre seulement le rez-de-chaussée alors que les trois demandent près de deux heures de visite et couvre les trois niveaux. Nous en aurons cependant plein les yeux. Nous commençons par enfiler des chaussons par-dessus nos chaussures puis nous emboîtons le pas d’une guide parlant français. En passant par le hall d’honneur, la salle d’armes, le bureau du roi, la bibliothèque, le salon de musique, le salon mauresque, la salle à manger, le théâtre, nous sommes transportés dans une ambiance particulière, un autre monde. Nous sommes émerveillés par la qualité du travail du bois, les plafonds en caisson, les tapisseries, peintures et sculptures, vitraux inspirés des contes allemands et roumains, les mosaïques, les bronzes et les marbres de Carrare. La collection d’armes anciennes et orientales de la salle d’armes est unique et fantastique. Nous aurions bien continué la visite du reste du château tellement c’est fabuleux.
De 110Roumanie5
Après cette visite nous rejoignons Bran où pendant que nous faisons quelques courses pour pique-niquer, Cosmine et Radu partent brutalement sans nous dire au revoir : Cosmine vient d’apprendre que son oncle, malade, était décédé l’avant-veille et qu’il était enterré aujourd’hui même. Bouleversé, il est parti tout de suite. Confus, nous arrivons à le joindre par téléphone et à lui transmettre notre amitié et notre compassion. Nous nous garons au pied du château médiéval, pique-niquons et partons le visiter. Construit en bois en 1212 puis reconstruit en pierre après une destruction en 1377, il est passé entre diverses mains avant de devenir garnison autrichienne. Démilitarisé au 18°siècle, il est offert en 1920 à la reine Marie de Roumanie par la ville de Braşov à qui il appartenait. Elle en fit la résidence d’été telle que nous la découvrons. Elle le transmettra ensuite à l’une de ses filles, la ravissante princesse Ileana. Comme pour plusieurs châteaux de Roumanie, des responsables touristiques en ont fait la demeure de Dracula et les commerces avoisinants exploitent ce filon. Le circuit de visite permet d’avoir un bel aperçu de l’édifice et de la vie entre ses murs, très intéressant, mais après le château de Peleş, il fait bien sûr pâle figure. Des panneaux très instructifs racontent l’histoire des différents maîtres du lieu, de la légende de Dracula et de son auteur.
De 110Roumanie5
Nous repartons et faisons une halte à Sighişoara, ville médiévale fortifiée présentant quelques jolies maisons et édifices. Nous faisons un petit tour dans la vieille ville où nous assistons un peu à un concert dans l’église. La route nous conduit ensuite jusqu’à Turda où nous allons dormir. Nous arrivons dans un quartier en très mauvais état, routes défoncées, maisons délabrées. Nous nous demandons un peu où Alex nous emmène. Nous débarquons dans une maison qui de la rue ne paie pas de mine, voisine d’une maison bien délabrée digne d’un film de Dracula mais habitée, mais nous avons la surprise d’arriver dans un intérieur mignon, propre et bien entretenu. Nous allons à la pizzeria du coin pour dîner puis nous revenons nous installer. Ce soir nous veillons avec nos hôtes, très accueillants et chaleureux. Nous apprenons qu’ils sont témoins de Jéhova, ce qui inquiète les filles. Ils nous font remarquer que Christophe ressemble beaucoup au roi Michel I°, dernier roi de Roumanie, ce qui nous amuse beaucoup et donne l’occasion de boutades. Nos échanges se font en anglais avec le fils et en roumain par l’intermédiaire d’Alex avec les parents.
De 111Roumanie6
Le lendemain matin, Alexandru célèbre la messe sur une petite table au milieu du jardin, situation un peu paradoxale alors que nous sommes chez des témoins de Jéhova. Après le petit-déjeuner, l’hôte nous conduit très gentiment jusqu’à la mine de sel de Maria Terezia. Son exploitation a débuté en 1690 et elle a été fermée en 1920. Exploitée en forme de cloche jusqu’en 1880, pour une partie et en pyramide pour une autre entre 1873 et 1920, c’est une des plus ancienne mine de Roumanie. D'une profondeur de 120m par rapport à la surface, il y a 90 m depuis le balcon d’accès. Le diamètre du cône fait 70 m à la base, un lac d’eau salée s’y est formé avec une profondeur maximum de 8 m et une île de 5 m de haut sur laquelle des aménagements ont été faits. Au sommet du cône, deux trous correspondaient avec la surface, l’un pour l’accès, l’autre pour l’extraction des matériaux. Dans la grande salle en pyramide, des aménagements ludiques permettent aux visiteurs d’y passer des journées entières, l’air ayant un pouvoir curatif. Il y a une grande roue, des baby-foot, billards, ping-pong, piste de pétanque, etc… Une foule se pressant pour attendre l’ascenseur, nous empruntons les escaliers de bois pour descendre. Les différents paliers nous donnent une vision différente de l’environnement. Etroite et en forme de couloir au niveau du balcon supérieur, la salle est immense à la base. Pour accéder au lac, nous empruntons aussi l’escalier. Ces salles sont impressionnantes à voir, aussi bien du haut que du bas. Les couches de sel font de jolies marbrures sur les parois. Pendant notre séjour au bord du lac, Carmen, Constance, Charles, Joséphine et Patricia font un petit tour en barque. Nous remontons à la grande salle par un ascenseur, mais à la surface par l’escalier car il y a trop d’attente à l’ascenseur. L’air est frais mais pas trop, il y fait bon, mais en sortant nous sentons la chaleur nous écraser d’un coup, d’autant que les voitures étaient restées au soleil.
De 111Roumanie6
Sur les coups de midi, nous arrivons à Cluj-Napoca que Lavinia connaît bien car elle y a séjourné dans le cadre de ses formations. Nous allons prendre des sandwiches dans un fast-food où on les compose soi-même. Nous retournons aux voitures en faisant un petit tour. Nous reprenons la route vers Satu Mare où nous laissons Lavinia et Patricia, Armel et Véronique chez les parents de Lavinia, ils conduiront ces derniers chez Virgil le cousin d’Alex. Nous, nous rejoignons Turţ, le village d’Alex où nous devons dormir. Après avoir quitté la grande route, nous prenons une route de plus en plus défoncée. Notre arrivée au village se fait juste au moment du retour des vaches qui avaient passé la journée aux prés. Alex rentre dans le troupeau à grand renfort de coups de klaxon, je le suis mais plus calmement. Nous remontons ainsi tout le troupeau qui est interminable. Toutes les bêtes du village sont ainsi rassemblées le matin, conduites aux prés puis ramenées le soir. Au fur et à mesure qu’elles avancent dans le village, elles rentrent d’elles-mêmes directement dans leurs fermes.
De 117RoumanieBonus
Nous sommes contents d’arriver car nous sommes quand même fatigués et certains, ne s’étant pas méfiés et ayant mangé très épicés, avaient quelques soucis d’estomac. Nous sommes très gentiment accueillis par la sœur d’Alex, Maria, qui nous a préparé un bon repas : pomme de terre, concombre, cèpes, et viande. A l’issue du repas, Maria propose d’habiller Joséphine avec le costume traditionnel de sa fille Alexandra, différent de celui de Borşa, il est tout aussi beau et coloré. La famille S s’installe pour dormir dans l’appartement de Maria qui leur laisse, Charles et moi, nous allons dans l’appartement des parents d’Alex, dans le bâtiment voisin.

Les monatères de Bucovine

De 107Roumanie2
Le mardi 2, pendant que nous dormons tous, Alex se lève de bonne heure pour aller célébrer la messe avec le prêtre du village. Quant à nous, après une très bonne nuit au cours de laquelle nous avons bien récupéré, toilette et petit-déjeuner, arrive Radu avec la jeune fille du propriétaire qui nous propose de nous habiller en costume traditionnel. Charles, Constance et Carmen ouvrent le bal, puis Christine, Véronique et moi avec Joséphine qui a un superbe costume amené par jeune fille elle-même costumée. Pour ma part, j’ai du mal à rentrer dans la blouse un peu trop juste pour moi, il va falloir que je marche pour perdre mes kilos ! Nous faisons bien sûr une série de photos en nous amusant bien. Avant de repartir, le propriétaire nous fait visiter une deuxième maison où sera un autre gîte puis nous repartons vers un monastère en construction en haut d’un col, puis vers Vatra Dornei, ville thermale où nous prenons un repas très copieux et excellent dans un beau restaurant au fond d’un vallon.
De 107Roumanie2
La route nous conduit ensuite au monastère de Moldovita construit en 1532 par le Voïvode Pierre Rares. Monastère fortifié au centre duquel une église superbe dont les murs sont couverts de peinture bibliques aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Cosmine connaissant la mère supérieure du monastère, elle nous fait une visite commentée tambour battant, en français. Elle nous apporte des explications passionnantes sur les fresques. A l’issue, nous attendons Alex et Lavinia, Armel et Véronique allés voir une artiste peintre sur œufs connue mondialement. Nous sommes dans le pays des œufs peints. Ils m’en ont ramené un superbe car nous en avions parlé avant. Nous reprenons la route vers un autre monastère tout aussi beau mais différent.
De 107Roumanie2
Le monastère de Sucevita construits à la fin du XVI° siècle lui aussi et comme le précédent, couvert de fresques magnifiques. La symbolique en est telle que Cosmine nous dit que lui-même n’est pas prêt d’en comprendre toute la signification et la profondeur. C’est au cours de cette journée que nous rencontrons les routes les plus défoncées. Nous traversons des villages avec de superbes maisons et églises de bois. Les paysages sont magnifiques rappelant tantôt l’Auvergne, la Suisse, les Vosges. Arrivés dans le village de Putna, nous dînons dans un restaurant excellent où avisant une petite scène pour un orchestre, Patricia, trois ans, la fille d’Alex et Lavinia révèle ses talents de chanteuse en chantant « le lion est mort » avec justesse et tonus. L’hébergement a lieu dans une maison comprenant deux très grands lits par chambre, lits de deux à trois places…
De 108Roumanie3
De 108Roumanie3
Le lendemain matin, pendant que les enfants dorment encore, Alex célèbre la messe dans la salle à manger en présence des adultes, moment privilégié de recueillement et d’intimité. Après le déjeuner, nous quittons le gîte et nous rendons au monastère de Putna construit au cours de la deuxième moitié du XV°siècle par Etienne le Grand. Superbe monastère fortifié lui aussi mais aux murs extérieurs blancs dans un parc magnifique. Les murs intérieurs et voûtes de la chapelle sont là aussi couverts de fresques magnifiques. Le musée au cœur du monastère recèle de splendides trésors rappelant l’histoire mouvementée de la Roumanie.
De 108Roumanie3
De 108Roumanie3
Nous rejoignons ensuite Voronet, monastère construit lui aussi par Etienne le Grand dans la deuxième moitié du XV° siècle et dont la réputation est due essentiellement à la peinture du jugement dernier qui couvre tout le mur ouest. Les fresques intérieures sont elles aussi splendides ainsi que les stalles en bois sculptées mais l’interdiction de photographier ne m’a pas permis d’en fixer la beauté, à part deux ou trois. Aujourd’hui nous roulons beaucoup et avons du mal à trouver un endroit à l’ombre pour s’arrêter pique-niquer. Finalement, très tard nous faisons une pause dans un champ après Suceava.
De 108Roumanie3
Dans l’après-midi nous visitons un autre monastère, celui d’Agapia, très différent des précédents. Construit au 17°siècle, il est clos par des bâtiments blancs à colonnades sur deux niveaux, la chapelle centrale est blanche et sobre extérieurement et superbement décorée à l’intérieur par des fresques de style plus occidentales. Il abrite plus de trois cents sœurs qui occupent par trois maximum une série de petites maisons autour du monastère, constituant ainsi un ravissant hameau très fleuri car elles cultivent légumes et fleurs. Après avoir traversé Piatra Neamt, nous rejoignons un gîte montagnard à Izvorul Muntelui.
De 109Roumanie4
Village situé à l’entrée du parc national de Ceahlău, et dominé par les falaises d’un cirque qu’Alex et Lavinia avaient en photo dans leurs livres de géographie. A la fin du dîner nous fêtons les trois ans de Patricia qui rayonne de bonheur et de vie. La soirée se poursuit un peu sur la terrasse avec Cosmine, Radu, Christophe, Charles et moi. Christophe nous quitte au bout d’un moment pour aller se coucher et nous poursuivons par des discussions à tendance théologique tout en sirotant la Pálenka. Charles et moi les quittons pour aller dormir vers 2h30 du matin.

Les Maramureş

Après une bonne nuit pour moi, nous prenons le petit-déjeuner avec Alex,L avinia et Cosmin récupéré par le père de Lavinia. Nous partons ensuite pour notre périple et nous récupérons la famille S qui n’a pas bien dormi pour des raisons diverses dont la voie ferrée qui est juste derrière l’appartement puis Armel et Véronique qui eux ont très bien dormi et bien déjeuné dans la superbe maison du cousin.
De 109Roumanie4
Nous voilà donc partis pour un long périple en Transylvanie et dans les Carpates pour découvrir les trésors que recèle cette belle région. Répartis en deux voitures dont Alex et moi sommes les chauffeurs, nous récupèrerons Radu dans l’après-midi et nous continuerons à trois voitures. Alex conduit comme un roumain : il roule vite, double souvent, et dans des conditions souvent limites. Pour ne pas le perdre, je suis obligé de suivre ce qui fait râler les passagers. De plus, les routes sont souvent mauvaises en particulier dans les Carpates ou nous sommes obligés de faire du slalom sur toute la largeur de la route entre les ornières et nids de poules, parfois à 20 à l’heure pour éviter de trop être secoués. Nous sommes souvent ralentis par de nombreux chantiers de travaux. Il faut aussi tenir compte des autres voitures et camions qui roulent comme des fous et des charrettes qui se promènent au milieu de tout çà, même en pleine ville malgré les panneaux d’interdiction. Dans les Carpates en particulier, nous traverserons de très belles régions, parsemées de jolis villages aux maisons typiques souvent en bois mais aussi en pierre, joliment décorées et dont les puits sont enfermés dans des petites cahuttes souvent très décorées comme les maisons. Je remarquerai les faitières et les chéneaux dont les abouts et boîtes à eau sont agrémentés de véritables dentelles. Nous constatons que de très nombreuses maisons sont commencées mais non terminées, le chantier reste en suspens. Il semble que cela vient du fait que les gens construisent au fur et à mesure de leurs moyens, ce qui échelonne le chantier sur plusieurs années. Dans de nombreux villages des Maramureş, nous apercevons des « arbres à casseroles »: ce sont des arbres plantés devant les maisons où il y a des filles à marier, comme les arbres de mai en France, mais ils sont couverts d’ustensiles de cuisine, casseroles, potiches, etc… Dans la plupart des villages il y a trois, voire quatre églises souvent voisines : les orthodoxes, les catholiques latin, les gréco-catholiques et parfois les protestants. Dans les Maramureş, les églises sont en bois, très fines aux clochers et clochetons pointus, de la véritable dentelle. On aperçoit beaucoup de monastères, nous n’en visiterons que quelques-uns des plus typiques. Dans presque tous les villages de nombreuses cigognes ont installé leurs nids au sommet des poteaux électriques.
De 116RoumanieFin
Au bord des routes se succèdent les innombrables étals de paysans avec leurs montagnes de pastèques. De même, de nombreux apiculteurs vendent leur miel, avec leurs ruches à proximité, installées sur des remorques « HLM » : des remorques de camion sont transformées en ruches à plusieurs étages. Fréquemment, nous rencontrons des paysans promenant leur vache en laisse et la faisant brouter le long des routes.
De 106Roumanie1
Nous commençons par visiter le « cimetière joyeux » à Săpânţa. Très connu, il doit sa réputation à un artiste, Ion Stan Pătraş (1908-1977), à la fois peintre, sculpteur sur bois et poète, qui entrepris en 1934 son œuvre majeur : les croix de ce qu’il est convenu d’appeler le « Cimetière joyeux ». A partir des croix traditionnelles de la région, surmontées d’une sorte de toit, Pătraş sculptait en bas-relief le « portrait » du défunt, concevait une épitaphe pleine d’humour et peignait le tout sur un fond bleu soutenu, appelé désormais le « bleu de Săpânţa ».Près de sept cents monuments funéraires constituent ainsi une chronique tendre du village et de la vie des habitants, avec leurs qualités et leurs péchés mignons, qu’il s’agisse d’un penchant exagéré pour la dive bouteille ou d’une attirance irrésistible pour le beau sexe. Cette entreprise séduit, émeut souvent, amuse parfois, comme cette épitaphe pour une belle-mère : « passant, qui que tu sois, en passant près d’elle, surtout ne la réveille pas ». Cette œuvre est poursuivie de nos jours par plusieurs de ses disciples.
De 106Roumanie1
Nous faisons halte dans un beau restaurant pour le repas de midi. Sur les conseils de nos guides, nous choisissons des plats typiques de la cuisine roumaine, c’est excellent et très copieux. L’après-midi, nous poursuivons par le mémorial de la résistance et des victimes du communisme. Installé à Sighetu Marmaţiei dans une ancienne prison, il retrace l’histoire très lourde des périodes communiste et de Caucescu. Les interminables plaques murales des noms, les murs couverts de photos témoignent du nombre phénoménal de victimes durant cette très longue période. Tous les aspect : chronologique et historique, politique, culturel, vie quotidienne, méthodologie, camps et prisons sont abordés au long des nombreuses cellules salles. Alex nous montre la photo de l’oncle de Mgr Virgil veillant la dépouille d’un évêque mort en détention. La visite se termine par les « statues », œuvre représentant un groupe de détenus au pied d’un mur de la prison, et par une chapelle ardente. On ne ressort pas de ce lieu sans éprouver quelque chose…. Nous filons ensuite vers le domicile des beaux parents de la sœur d’Alex. Nous faisons connaissance avec elle et son mari. La communication se fait surtout en espagnol car ils vivent à Madrid. Ils nous font visiter leur maison qui est en construction sur plusieurs années.
De 106Roumanie1
Nous reprenons la route vers le monastère de Bârsana. Tout en bois, très travaillé, il est superbe, les bâtiments sont éparpillés dans un beau jardin. La visite de la chapelle puis le tour du jardin donnent un bel aperçu des bâtiments avec galeries. Nous reprenons la route jusque tard pour atteindre le lieu de couchage, Borşa. Nous empruntons des routes défoncées, traversons des enfilades de villages où tout le monde est dehors très tard. Nous arrivons de nuit vers 22h et nous sommes surpris car cela se trouve au bout d’un petit chemin de terre obscure. Nous nous demandons un peu où nous allons, mais en entrant dans la maison, nous découvrons un superbe gîte tout neuf, très propre, spacieux, coquet. Le lendemain, nous constaterons à la lumière du jour qu'il est clair, et calme. Chacun choisi sa chambre et nous filons prendre un repas dans une pizzeria à quelques centaines de mètres de là. Bien qu’il soit près de 23h, elle est encore ouverte. Au cours du repas, il règne une super ambiance avec rires, eau de vie et chants. C’est là que nous donnons le nom de « petit frère » aux petits verres d’eau de vie. Très tard, nous retournons à la pension de famille où avec Cosmine, Radu et quelques-uns, nous terminons la soirée en discussions et chants tout en buvant des « petits-frères ». Après cette chaude soirée pleine de bonne humeur, tous vont se coucher sur leurs semelles à bascule et je reste seul un moment avec Cosmine. Nous abordons des questions d’histoire et Cosmine me fait bénéficier de ses immenses connaissances. Dans l’avion, j’avais lu l’histoire très mouvementée de la Roumanie au cours des siècles, ballotée entre les velléités des pays voisins et les conflits intérieurs. Durant cette discussion il m’apporte des éclairages très intéressants. Il part se coucher vers 2h30.

Ordination en Roumanie

Parti de Besançon le vendredi 29 juillet par le train de 5h56, je rejoins Orly d’où l’avion décolle à 12h45 pour me déposer à Budapest à 15h. Alexandru et Lavinia venant de Satu Mare ont un peu de retard en raison des nombreux travaux sur les routes. Je les attends, puis Alexandru et moi allons récupérer Christine et Christophe et leurs enfants: Constance, Charles, Victoire et Joséphine ainsi que Carmen qui arrivent de Genève au terminal 2. Nous revenons au terminal 1 où Lavinia a accueilli Armel et Véronique. Cela s’arrange bien, tous les avions arrivent à peu d’intervalle. Nous prenons ensuite la route sous la pluie en direction d’Oradea où nous arrivons vers 22h locales. Nous sommes répartis en deux voitures avec Alexandru et moi comme chauffeurs. Après un premier dîner en commun dans une pizzeria aux pizzas pantagrueliques nous allons prendre nos quartiers au séminaire.
Après une bonne nuit de sommeil, nous descendons prendre le petit déjeuner qui est local. Il nous est proposé café ou tisane de fruits sucrée, charcuterie, œufs, fromage…On se contente de café ou tisane, pain, beurre et confiture : nous restons bien français !
De 105Ordination
Nous commençons notre journée par un rendez-vous avec l’Evêque gréco-latin. Rencontre très émouvante, Mgr Virgil nous apporte un témoignage du passé, récent, assez touchant. Il a commencé par des études et une profession d’ingénieur agronome. Il menait en même temps des études clandestines de séminariste. Il a été ordonné en 84, en cachette dans un appartement en présence de deux prêtres, une religieuse et une femme laïque. Il a continué de pratiquer sa profession pendant la journée et officiait clandestinement la nuit en tant que prêtre jusqu’en 90 après la chute du régime Caucescu. Il l’a fait en cachette de ses parents et de sa famille car un oncle prêtre avait souffert des prisons du régime. C’est quelques temps après que ses parents ont découvert qu’il était prêtre en le voyant célébrer. Les échanges sont profonds et pleins d’une grande bonté, d’une grande miséricorde. Nous poursuivons par la visite de la cathédrale où Alex sera ordonné. Nous faisons ensuite le tour d’une ancienne cathédrale catholique latine située dans les jardins du muséum qui est en fait un ancien évêché. La matinée se termine par un repas dans restaurant à cuisine typiquement roumaine. C’est excellent, conseillés par Alex, nous prenons un plat de viande fumée, saucisse, légumes, chou, pomme de terre, riz, polenta, frites.
Quant à l’après-midi, nous allons la passer dans un centre de thalasso avec piscine, sauna, hammam, massages, etc. Le soir nous dînons d’un repas léger dans une pizzéria (salade + glace). Retour au séminaire où Armel et Christine effectuent une répétition de la litanie des saints qu’ils chanteront le lendemain. Malgré le mariage qui se déroule dans la cantina, la salle à manger du séminaire, je passe une bonne nuit.
De 105Ordination
Dimanche 31, réveil 7h45, petit-déjeuner à la française et départ 9h25 avec Alex et Armel pour les préparatifs de la cérémonie. Armel étant diacre, il a été invité à concélébrer avec Alexandru. Le rite gréco-catholique étant différent du rite latin, très proche du rite orthodoxe, cela lui fait une expérience unique et très émouvante. Pour ma part, Mgr Virgil m’a autorisé à filmer toute la cérémonie. Quand nous arrivons, une messe est en cours, nous nous rendons donc dans la « sacristie ». Surprise : cela se passe derrière l’iconostase qui est le lieu saint. C’est surprenant de voir que pendant que l’office se termine, que les fidèles sont encore recueillis, derrière l’iconostase, c’est un peu le bazar. Bien que nous soyons du côté de l’autel, les gens se déplacent comme dans une sacristie normale, s’habillent, parlent doucement, effectuent les préparatifs, etc… . C’est calme mais surprenant. J’assiste à l’habillage d’Armel : soutane, aube, manchettes, chasuble, étole, comme pour Alex. D’autres prêtres et diacres arrivent et s’habillent puis tous sortent en cortège et se dirigent vers l’entrée principale pour accueillir l’évêque. A l’arrivée de l’évêque, tous remontent l’allée en grande cérémonie et Mgr Virgil bénit les fidèles dont beaucoup cherchent à toucher les vêtements des prêtres, la soutane de l’Evêque. Derrière l’iconostase, l’habillage de l’Evêque se déroule selon tout un rituel au cours duquel il revêt X composants. On comprendra pourquoi il transpirera pendant la cérémonie qui débute ensuite. Alex et Armel officient ensemble, Alexandru chante en roumain, et Armel ayant un cérémonial bilingue suit et chante en français, les réponds sont effectués par la chorale. La cérémonie est très riche, très belle, poignante. Le rite est très particulier, beaucoup de signes de croix, déplacements, tout cela accompagné d’une très belle chorale avec des solistes aux voix pures et claires. Contrairement au rituel romain où le diacre n’a qu’un tout petit rôle, dans le rite gréco-catholique le diacre occupe une place importante. Il est un assistant très actif du célébrant. En particulier, durant toute la première phase, le temps de la parole, c’est lui qui officie, les lectures sont chantées, le célébrant ne fait que présider. Durant la messe, il n’y a quasiment pas de temps de silence, les officiants : prêtres, diacres, chorale chantent tout le temps, la foule répond souvent. Ayant l’autorisation de filmer, cela me permet de passer d’un côté à l’autre de l’iconostase et d’assister à tout ce qui est normalement caché aux fidèles car les portes sont plusieurs fois fermées et rouvertes au cours de la cérémonie. Armel et moi vivons alors une expérience bouleversante. Pour ma part, malgré l’attention due aux prises de vue, je me suis senti plongé dans un recueillement qui ne m’a pas laissé indifférent. Après la cérémonie qui a duré plus de deux heures, j’avoue que des larmes d’émotion me sont venues spontanément. J’en suis heureux car cela m’a permis de partager avec Alexandru ce temps qui est tout de même un passage très fort pour un homme. Bien qu’étant diacre depuis plusieurs années, le voilà ordonné prêtre et donc investi d’un ministère chargé du mystère de l’eucharistie. Je ne suis pas près d’oublier une telle cérémonie. Celle-ci se termine par la bénédiction des fidèles par le nouveau prêtre, l’Evêque étant le premier à se faire bénir. C’est un moment chargé d’émotion car les amis et parents défilent devant Alexandru qui les bénit puis Lavinia qui leur remet une image souvenir. A l’issue de cette matinée, nous rejoignons le séminaire pour un repas avec la famille et les amis les plus proches présents. Celui-ci commence par l’apéritif, la pálenka : l’eau de vie de prune. Nous faisons la connaissance de Cosmin et Radu, deux amis d’Alex. Radu est médecin psychiatre et officie en France à Chaumont, Cosmine est orthodoxe, professeur de théologie et d’histoire de l’église. Ils vont nous accompagner durant notre périple.
De 105Ordination
A l’issue du repas, nous embarquons nos bagages et prenons la route pour Satu Mare, la ville de Lavinia. La route est en assez mauvais état, les ornières sont nombreuses et les travaux créent de nombreux bouchons. De part et d’autre de la route, des champs de maïs s’étendent à perte de vue ; on rencontre souvent des paysans qui vendent des montagnes de pastèques au bord de la route. Alexandru en achète deux grosses qui sont lourdes de jus, nous les mangerons le soir à la fin du repas et nous nous régalerons car elles sont très parfumées. Les parents de Lavinia nous accueillent très gentiment, très chaleureusement, très gênés de ne pas pouvoir nous accueillir mieux car leur appartement est très petit. Lavinia, Christine et moi allons faire quelques courses dans un supermarché voisin, puis nous prenons le repas du soir chez les parents de Lavinia. La maman nous a fait une excellente polenta puis nous terminons par la pastèque goûteuse à souhait. Alexandru et moi faisons ensuite le tour de la ville pour dispatcher le groupe, la famille S dans un appartement d’un cousin d’Alex, Armel et Véronique chez un autre cousin d’Alex, Cosmin chez un oncle d’Alex et moi chez les parents de Lavinia dans la chambre de jeune fille de Lavinia. Alex est fatigué nerveusement par le stress, les filles d’A et L sont très énervées, elles ont du mal à s’endormir, surtout Maria, un an, qui ne s’endort qu’après 23h. Demain nous partons pour notre périple à travers la Transylvanie et les Carpates Orientales puis une excursion vers Budapest et Vienne. Un circuit d’environ 5400 Km