vendredi 12 février 2010

Saint Jacques de Compostelle, c'est parti

Depuis longtemps je parle de faire le pélérinage de Saint jacques de Compostelle. Voilà, c'est parti! Le 26 janvier au soir, à la Chapelle du Refuge, à l'Hôpital St Jacques, notre curé bénit mon pélérinage en présence de quelques amis. Le lendemain matin, de bon coeur, je pars. Amandine est venu avec Gabin me dire au revoir avec Clothilde. Il fait froid (-4°C), mais le temps est sec. Il y aura même un peu de soleil dans la journée. A hauteur de la Sécurité Sociale, Gaby Vieille, un ami de l'association m'apperçoit et m'accompagne quelques mètres en me souhaitant bonne chance. Dans la journée, je marche d'un bon pas, mais ne sentant pas la soif, je ne pense pas à boire. Vers 16h, deux kilomètres avant l'abbaye d'Acey, une violente douleur à la hanche gauche me prend et je termine les 33km de trajet difficilement. Bien que l'hôtellerie soit fermée à cette époque, les moines m'accueillent gentiment et m'hébergent à l'hôtellerie des familles. Ils sont à mes petits soins. La douleur étant si violente, j'ai le moral à zéro, j'appelle Clothilde pour lui dire que je serai peut-être obligé de lui demander de venir me chercher afin de me faire soigner. Comme la communication passe mal, nous sommes coupés. Elle appelle mon Ostéopathe qui lui donne quelques conseils et Clo m'envoie un gentil sms pour me les transmettre et m'encourager. Je bois beaucoup au cours de la soirée, mais je passe une nuit épouvantable, ayant du mal à trouver une position. Je m'endors finalement et au matin, cela va mieux. Je repars doucement et je pense à boire très souvent. Il fait froid, c'est gris, il neige à petits grêlons. Je traverse la campagne désertique dans le froid et la neige pour arriver à Lamarche/Saône (28Km) où je trouve une chambre d'hôtes bien accueillante. L'hôtesse me lave gentiment mon linge que je reparts le lendemain dans de bonnes conditions. Je soigne mes pieds car depuis Acey, j'ai quatre ampoules à chaque pied. Je n'ai pas souffert de ma hanche, mais la nuit, je la sens.
Il neige pendant la nuit et je pars donc dans la neige. Je traverse une forêt blanche, calme, silencieuse. Seul le crissement de mes pas dans la neige et le tac tac de mes bâtons rompent cette sérénité. La neige devient plus dense et humide. Dans la matinée, dans les bois, sous la neige j'appelle le notaire de mon père car je souhaite le voir au passage à Dijon. comme il ne sera pas disponible, nous traitons par téléphone, sous la neige...., mais nous prenons rendez-vous pour 18h à Talant. Vers 16h, j'arrive à Chevigny st Sauveur (25km) où j'avise un bureau de poste. Je me soulage de deux kilos de matériel que je renvoie à la maison: déodorant, dentifrice, crème de rasage, et divers autres bricoles pas lourdes mais qui au final font leur poids. En sortant j'avise un arrêt de bus et vois que la ligne va à Talant. Afin d'être au rendez-vous après avoir fait quelques courses, je prends le bus. La traversée de Dijon ne présente pas d'intérêts. Ma soeur Hélène m'y rejoint avec son mari, ils sont à Dijon pour le week end. Je passe une soirée sympathique avec mes deux nièces qui occupent la maison de mon père. Dans la soirée j'ai quelques nouvelles de mon entreprise, c'est la catastrophe! Ils sont au chômage technique et ils parlent de dépôt de bilan! Je penserai à eux souvent durant ce pélérinage car ils en auront bien besoin.
Après une nuit difficile, je reprends la route en direction d'Uncey. Le temps alternera entre la chute de neige et le soleil. Je longe le canal jusqu'à Pont de Pany, puis attaque la montée sur Sombernon sous une tempête de neige. La redescente sur Uncey est un peu longue mais il ne neige plus. J'arrive de nuit vers 19h après 42km. Ouf! Ma hanche ne me fait pas souffrir, mes pieds, couçi couçà! Chaque nuit, c'est la même chose, le début est pénible et les douleurs se calment vers 1h du matin. Comme Hélène et Jean-Marie ont prévu de passer, je les attends le lendemain matin. Je ne me mets en route que vers 11h. Comme j'ai perdu un peu de temps, Antoine me dépose près de St Thibaut. Cela m'évite la traversée de la montagne. Je fais quand même 21km jusqu'à Aisy sur Thil. Je m'arrête dans une chambre d'hôtes dont l'hôte est très sympathique mais très bavard... Je revois mon itinéraire sur Vézelay car cela va être la traversée du Morvan.
Départ huit heures pour attaquer la traversée des forêts morvandelles sous la neige et le silence. Les montagnes noires sont silencieuses et désertes. Quelques écureuils gambadent de temps en temps. Seul le crissement de mes pas et le tac tac de mes bâtons rompent cette quiétude. Ce désert humain est paré d'une beauté sauvage. La neige cache tout et couvre le sol d'un beau linceul immaculé. Cette beauté étreint l'âme et incite à la méditation. Il neige un peu, mais cela ne me gêne pas, mes vêtements me protègent bien. Ma hanche va bien, mon pied gauche aussi, par contre le droit me chagrine de plus en plus. Une plaque de glace me fait faire un salto non contrôlé et je tombe sur le côté droit. J'en ai le souffle coupé.
J'arrive enfin à l'abbaye de La Pierre qui Vire (27km). Les moines m'y accueillent gentiment et me donnent une chambre chaude et confortable. A 17h30, je retrouve avec plaisir la chapelle que j'ai connu en 1973 au cours d'une retraite de discernement. Le monastère a bien changé depuis, mais il y règne toujours ce calme, cette paix, cette sérénité, ce silence... Les psaumes bien cadencés et chantés par les moines apaisent et incitent à faire silence en soi.
Quand je soigne mes pieds, je constate que mon pied droit me fait mal parce qu'une ampoule s'est infectée. Je décide donc de rester 24h ici. Un temps de retraite fera du bien.
Quand je marche, mes pensées naviguent. Je prie, je médite les intentions que je porte, les miennes et celles que l'on m'a confiées. Ces temps de prières me rappellent les moments que nous avons passé ensemble au chevet de mon père et cela me rapproche de chacun et de lui en particulier. Mais mon pied me chagrine et occupe un peu trop mon esprit. Je surveille mon cap grâce à mon GPS que j'apprécie, car cela n'est pas évident de savoir où l'on est surtout au milieu de ces forêts noires et sauvages.
Je passe donc une journée de calme à l'abbaye, participe aux offices et bénéficie de la messe quotidienne. Le reste du temps, je me repose dans ma chambre en lisant un livre sur Ste Thérèse de Lisieux que j'ai emprunté à la bibliothèque.
La cicatrisation de mon pied se fait rapidement et le lendemain, je repars vers Vézelay. Cette nuit, la pluie est tombée et le vent a bien soufflé. Une bonne partie de la neige a fondu. Après avoir suivi pendant un temps le torrent de Trinquelin, je reprends les petites routes sinueuses du Morvan. Aujourd'hui, le temps est à la pluie et au vent. Mon pied va bien et j'arrive vers 16h à la basilique où les frères m'accueillent (36km). Je redescends à l'entrée du village vers le gîte. Au passage, je fais quelques courses pour le soir et le pique-nique du lendemain et je vais à l'office du tourisme demander les hébergements vers Nevers. A 18h je remonte à la basilique pour les vêpres et la messe. A 19h30, je redescends manger, soigner mes pieds, laver mes affaires et dormir.
Après une nuit à peu près correcte, je reprends la route en direction de Nevers. je m'affranchis du tracé St Jacques car j'ai vu qu'il faisait beaucoup de détours. Je trace donc au plus court, selon mon itinéraire. Je traverse des campagnes désertiques. Le temps est relativement beau et j'ai vite chaud. Je marche donc en polo. Vers 17h30, j'arrive à l'hébergement après Corbigny (34km). C'est un couple qui pratique l'accueil pélerin. Ce sont des gens charmants, très accueillants et d'une gentillesse qui touche profondément. Tout en ayant une profession dans le service des eaux, il est diacre et sa femme est responsable diocésaine du cathéchisme. Leur accueil est une véritable leçon d'accueil chrétien. Je passe un moment très chaleureux avec eux que je ne suis pas prêt d'oublier.
La nuit est bonne et réparatrice même si comme chaque nuit ma hanche me taquine ainsi que mes côtes. Je reprends la route vers Premery. Le matin, il pleut à verse et mon pantalon est trempé, mais cela ne traverse pas. Avec mon poncho, je me sens protégé. Le temps s'améliore dans l'après-midi et je peux de nouveau marcher en polo malgré le froid. A Premery (33km), je suis accueilli au restaurant des 4 saisons par un couple très gentil qui m'ouvre leur accueil pélerin et leur restaurant alors que c'est normalement fermé le soir. Je peux donc dormir au chaud et prendre une bonne douche comme chaque soir. Le repas du soir est même un vrai régal.
La nuit fut moyenne car j'ai dormi sur un convertible au confort relatif. Aujourd'hui samedi, j'offre ma journée pour l'une de mes intentions. Cette journée est pénible. Il pleut toute la matinée, ce n'est que dans l'après-midi que le temps se lève un peu. Mes pieds et mon dos me font mal. En arrivant à Nevers (30km), je passe à l'office du tourisme. Il n'y a ni cybercafé ni informatique sur Nevers pour mettre à jour mes cartes dans mon GPS. C'est le trou! Je trouve un hébergement confortable à St Gildard, le couvent où repose Ste Bernadette. Je passe un moment prier près d'elle puis je file en ville faire quelques courses. A 18h je peux suivre une belle messe en ville, très priante. Après un bon dîner à St Gildard, je passe une bonne nuit, mais mes jambes sont lourdes.
Dimanche, je rejoins St Pierre le Moutiers par une belle journée. je peux marcher en polo. Le ciel est couvert, le temps froid mais c'est supportable. J'offre cette journée à une personne paticulière. Dans la matinée, j'ai un appel me demandant de prier pour cette même personne, le "hasard" fait bien les choses. J'arrive à destination vers 16h30 avec deux ampoules au pied droit, toujours le même (33km). Une chambre d'hôte me permet de me reposer.
N'ayant pas trouvé d'hébergement pour le lendemain, je trace jusqu'à Souvigny (39km) où il y a un monastère. Le temps est correcte, comme la veille, mais un peu plus froid. Je marche quand même en polo. Au monastère il n'y a plus de place et ils sont en EJP, il n'y a donc pas de douche. Ils m'envoient à la maison du pélerin en face. Je n'y trouve personne. Après plusieurs appels téléphoniques, je m'installe quand même dans ce qui doit être l'accueil pélerin mais qui est pour l'instant un débarras car il y a des travaux. Je trouve un lit et une douche chaude dans une pièce froide (4°c). J'en profite quand même et j'apprécie mon duvet bien chaud. Je me couche après un petit repas simple envoyé rapidement. Le responsable de la maison passe me voir vers 21h mais n'a rien d'autre à me proposer.
Après une nuit correcte malgré le peu de confort, je rejoins St Pourçain (31km) à travers une campagne désertique et des routes toutes droites et interminables. Le temps est plus froid que la veille mais je peux encore marcher en polo. Je trouve un hébergement dans un petit hôtel, simple, pas cher mais correcte. Je peux laver un peu de linge et passer une nuit correcte. Je trouve quelques commerces qui me permettent de faire quelques emplettes pour essayer de résoudre mon problème de pied droit. Comme j'ai trop de mal à trouver des hébergements, j'envisage de basculer sur Roanne par car et train. J'appelle mon amie Martine de Montbrison, où je dois passer, elle m'indique le monastère de St Jodard.
De bonne heure, je rejoins la gare de St Pourcain où un taxi (au prix du bus) vient me cueillir pour m'emmener en gare de Vichy. Le TER me permet ensuite de rejoindre Roanne. Quand je sors de la gare, il fait très froid (-8°C), tout est blanc. La sortie de Roanne est un peu longue, puis la route est tranquille, mais çà grimpe. a midi, je m'arrête dans un café pour manger mes sandwichs. Il fait trop froid pour les manger dehors comme les jours précédents. Après 32km, j'arrive à St Jodard, le monastère des frères de St Jean qui m'accueillent très chaleureusement. Je peux même bénéficier d'une messe privée le soir avant d'aller dormir. Le repas se passe en silence avec les moines. Là je passe une première bonne nuit de repos.
Bien reposé, j'attaque une longue journée vers Montbrison. Le vent, la neige, le froid (-8°C) m'obligent à m'emmitoufler. je n'ai pas froid, mais il ne faut pas que je m'arrête. Je m'arrête dans un café à Pommiers pour manger mon casse-croûte de midi, un bon café chaud me redonne coeur au ventre pour repartir l'après-midi. A 16h20, au bout de 35km, j'appelle Martine qui vient me chercher. Il me reste environ 4km à faire, mais j'ai de nouveau mal au pied et j'en ai marre. Quand je quitte mes gants pour faire le point sur mon GPS, il ne faut pas que je m'arrête trop longtemps.
Aujourd'hui 12 février, repos chez Martine. Elle m'emmène à St Etienne pour voir un ostéopathe car mon dos me fait mal depuis ma chute sur la glace. J'en profite pour acheter des semelles sorbotane pour remplacer celles de mes chaussures.
Je crois que je vais rester me reposer un jour ou deux et revoir mon itinéraire car la météo n'est vraiment pas favorable. Comme Martine a fait déjà trois fois Compostelle (6000km) elle me sera de bon conseil.