Ho chi Minh Ville, ou Saïgon est la ville où habite Luc, un
homme que mon père a aidé et parrainé par l’intermédiaire de l’association
Enfants du Mékong, à l’époque de la guerre du Vietnam. Il lui en a toujours été
reconnaissant et chaque année lui envoyait ses vœux. Quand mon père est décédé,
je lui ai écrit pour le prévenir et depuis, c’est à moi qu’il écrit. Comme mon
frère Pierre l’a fait il y a deux ans en visitant le Vietnam, je l’ai
rencontré. En arrivant au Vietnam, quand j’ai eu défini à peu près mon périple,
je lui ai envoyé un mail pour lui donner ma date de passage à Saïgon.
A partir
de là, à plusieurs reprises, il m’a envoyé des mails et des sms pour me mettre
en garde, me donner des conseils et définir le programme de mon séjour à Saïgon.
C’est un petit homme très gentil et très chaleureux qui ne maîtrise pas
l’anglais parlé mais arrive à l’écrire et le lire. Nous communiquons donc par
écrit, même quand nous sommes ensemble.
Pour faire le trajet de Dalat à Saïgon, je prends un bus de
nuit car il y a entre sept et huit heures de route. Depuis deux jours, Luc
m’envoie des messages pour me donner des conseils pour rejoindre mon hôtel, il
me dit de le prévenir quand j’arriverai, qu’il viendra me chercher au bus et
m’emmènera à l’hôtel. En fait, le trajet est plus rapide que prévu et au lieu
d’arriver vers 5h, nous arrivons à 3h30. De plus, le bus me dépose à 200m de
mon hôtel au lieu de la gare routière qui est excentrée. En arrivant, j’envoie
un sms à Luc pour lui dire que je suis arrivé, que je suis déjà à l’hôtel,
qu’il ne vienne que vers 7h. Très anxieux, craignant que je me perde, il n’a
pas dormi de la nuit et me répond tout de suite qu’il vient. J’insiste pour
qu’il ne bouge pas, mais il vient quand même et m’apporte de quoi me rafraîchir
et me désaltérer. Il est adorable.
Pendant les quatre jours que je passe à Saïgon, il me sert
de guide et me transporte sur sa moto, insiste pour régler les entrées des
visites et les notes de restauration. Il faut que j’use de ruse pour payer de
temps en temps. Finalement, je lui laisserai un petit cadeau en remerciement
car il est pauvre mais a un cœur d’or.
Avec lui, je découvre donc la ville et ses habitants.
Il me
fait visiter le palais de la réunification qui est l’ancien palais
présidentielle qui a été conservé en l’état par les communistes et transformé
en musée.
Bâtiment moderne construit dans les années 60, il est entré dans l’histoire
le 30 avril 1975, quand deux chars d’assaut ont défoncé les lourdes grilles du
portail lors de la prise de la ville par les troupes communistes. La photo a
fait le tour du monde.
On visite les différentes salles lumineuses car ouvertes
sur la ville par de grandes baies vitrées.
On va du rez-de-chaussée à la
terrasse où un hélicoptère était toujours prêt à décolleret au sous-sol où se trouve le bunker de la présidence.
La grande poste, beau bâtiment colonial bien restauré
avec
une belle charpente métallique type Eiffel,
Le jardin botanique avec son zoo. Le parc est agréable à
arpenter à l’ombre des arbres.
Le zoo dont beaucoup de cages datent du début du
XX°s demanderait un peu d’aménagements.
Les cages ne sont pas très grandes et
les bassins des animaux sont envahis par les algues.On y trouve tout de même quelques beaux spécimens : des tigres blancs, des hippopotames pygmées, des oiseaux endémiques
et quelques animaux plus classiques : crocodiles, éléphants, etc…
Le musée d’histoire étant dans l’enceinte, il fait d’emblée
partie de la visite. Pas très grand ni très fourni, il est toutefois
intéressant car il présente un chronologie de l’histoire du pays, de ses
ethnies et de ses croyances avec quelques belles pièces.
Le musée des vestiges de la guerre, autrefois appelé « musée
des crimes de guerre américains » et rebaptisé pour ne pas heurter les
touristes américains, est un musée dont la thématique est totalement orientée
avec une volonté manifeste. D’un côté les méchants américains, vus comme des
agresseurs illégitimes et de grands criminels et de l’autre, les gentils
combattants communistes, seuls représentants légitimes et dignes défenseurs du
peuple vietnamien.
Certes, les photos et objets présentés sont parfois
difficilement soutenables et ne plaident pas en faveur de l’intervention américaine,
mais cette présentation fait totalement l’impasse sur les exactions commises
par le camp communiste et le régime totalitaire mis en place dès 1975, décrédibilisant
par là cette vision de l’histoire. En entendant les commentaires des visiteurs,
elle fait cependant son chemin dans leur esprit, au grand dam des vietnamiens
de souche qui connaissent la réalité et qui m’ont dit : « n’écoutez
pas ce que disent les communistes, mais regardez ce qu’ils font ».
Ce préambule étant fait, le musée est cependant bien
documenté et très intéressant. On commence par les conditions de détentions
dans les geôles du régime du gouvernement sud-vietnamien assimilé aux
américains (american puppets), et on poursuit par les différentes étapes de la
campagne de libération du pays du nord au sud, contre les français d’abord et
les américains ensuite. Ils ont parfois utilisé des photos marquantes des
correspondants de guerre avec toujours le même objectif : frapper les
esprits . Certes, la visite de ce musée ne peut que faire haïr la guerre,
mais on en oublie totalement les situations d’origine, les causes et origines
des conflits. A l’extérieur, de nombreux matériels, chars ou avions sont
exposés.
Puis il me fait parcourir quelques quartiers avec de beaux
bâtiments, vestiges de l’époque coloniale : l’hôtel de ville,
le théâtre
municipal,
l’hôtel Continental,
le marché Ben Thanh de style art-déco,
et le
musée des beaux-arts installé dans trois anciennes demeures coloniales et qui
renferme quelques belles œuvres.
Le musée de la femme construit derrière une belle demeure
coloniale fait l’éloge de la femme vietnamienne qui a su tenir sa place dans la
lutte de libération du pays.
Il renferme quelques beaux ouvrages, de belles
toilettes traditionnelles.
La cathédrale de style néo-roman fait penser à l’église St Sernin
de Toulouse car elle est construite en briques rouges. Elle n’a pas de cachet
particulier à l’intérieur, à part quelques vitraux et un autel circulaire.
Par l’intermédiaire d’un de ses frères, Luc affrète un
mini-bus qui nous emmène visiter les tunnels de Cu Chi. Ce sont des tunnels creusés
par les vietnamiens pour se cacher durant les guerres. Les premiers tunnels
avaient été creusés dès 1940 du temps de la présence française et ils ont été
réoccupés et étendus pendant la guerre du Vietnam. Véritable taupinière, elle
était une prolongation de la piste Ho Chi Minh avec ses plus de 200 km de
galeries.
On n'en visite que quelques dizaines de mètres, car étant très basses et
étroites, c’est difficile de s’y déplacer, il ne faut pas être claustrophobe.
Pour faciliter la visite, le site a été aménagé en parcourt avec des étapes
montrant les différents phases de la vie des occupants et les techniques
utilisées :
trappes d’accès camouflées,
technique de percement des
galeries,
pièges et chausse-trappes redoutables,
ateliers de couture pour les
uniformes,
bourrellerie qui fabriquaient des sandales à base de vieux pneus,
sandales
inusables et réversibles qui permettaient de tromper l’ennemi sur le sens de
déplacement de la troupe,
cuisines enterrées avec système de dispersion des
fumées indétectable d’hélicoptère,
système de ventilation des galeries camouflé,
atelier de fabrication des pièges à partir de récupération des éclats d’obus
américains, etc…. Visite très intéressante qui montre encore l’ingéniosité des
vietnamiens et leur force avec peu de moyens face à la plus forte armée du
monde.
Nous faisons le voyage avec une amie de Luc qui parle le
français et sur le chemin du retour, nous faisons étape dans une ferme
appartenant un à autre ami. Ferme qui cultive des orchidées, des fruits du
dragon, des hévéas et qui élève des vaches pour le lait.
Durant mon séjour à
Saïgon, Luc m’a fait ainsi rencontrer sa famille, celle de son épouse et
quelques amis très sympathiques.
Pendant les heures de travail de Luc, je suis allé voir
quelques autres beaux bâtiments de l’époque coloniale : le palais de
justice,
le musée de la ville,
l’archevêché,
le lycée Marie-Curie,
le lycée Lé
Quy où Marguerite Duras a été élève.
Et le dernier soir, un petit tour dans la
ville illuminée avant de partir pour une croisière sur le Mékong.Album photos de Saïgon:
https://goo.gl/photos/TTmeqMMPjH12FVhM7
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