lundi 8 mai 2017

Destinations privilégiées des russes, Nha Trang et Dalat, ont été créées par les français.

Bien que Nha Trang ait été créée par les français et qu’elle ait accueilli un médecin célèbre en Asie, c’est une ville qui n’a pas grand intérêt. Cependant, j’ai voulu m’y arrêter car j’ai découvert sur internet un chrétien vietnamien qui a entrepris une œuvre exceptionnelle et je souhaitais le rencontrer. Il s’agit de Tong Phuoc Phuc, un petit ouvrier du bâtiment, un maçon, qui a découvert par hasard en accompagnant son épouse à la maternité que des femmes se faisaient avorter.
Cette situation l’a bouleversé et il a demandé aux infirmières de lui confier les petits pour leur donner une sépulture, et chose étrange, elles ont accepté.
Avec ses maigres économies, il a acheté un terrain et a fait des petites sépultures en donnant un prénom à chaque enfant. Cela s’est su dans la région et des femmes sont venues le voir ne pouvant garder leur enfant pour des raisons diverses. Il leur a alors demandé de garder l’enfant et de le lui donner à la naissance. Pendant la durée de la maternité, il prend en charge la maman, soit il l’héberge et la nourrit, soit il lui fournit le ravitaillement. Une de ces jeunes mamans est passée durant ma visite.
Il a ainsi adopté plus de 160 enfants et enterré plus de 10 000 petits. Il a créé un orphelinat qu’il gère avec sa famille et emploie six jeunes femmes. Pour subvenir aux besoins de l’orphelinat, ils travaillent tous un peu et quelques âmes charitables de passage lui font quelques dons. Grâce à la Providence, il s’en sort, mais il y a toujours des besoins. Les besoins actuels sont d’abord pour assurer la scolarité des enfants car au Vietnam, l’enseignement est payant. Ils ont aussi besoin de remplacer ventilateurs et clims. Lors de ma visite, une association caritative est venue déposer du ravitaillement : sacs de riz, boîtes diverses. Si d’aventure vous souhaitez l’aider, sa page Facebook est dans les favoris de ce blog avec ses références bancaires.
La veille de mon arrivée à Nha Trang, je lui envoie donc un email sollicitant une rencontre. Je reçois une réponse très chaleureuse et le lendemain matin, je me présente à l’orphelinat, une petite maison dans un des quartiers de la ville. Il est là à surveiller des travaux et perdu dans ses pensées.
C’est quelqu’un de très discret, tout simple que l’on sent plein d’une immense bonté. Très timide et ne parlant pas l’anglais, il me confie tout de suite à Thuy Vy, une de ses cinq employées qui l’aident. Elle me sert de guide et me présente son œuvre. Les échanges ne sont pas faciles car elle ne connaît que peu d’anglais, mais merci Google Traduction, nous réussissons quand même à nous comprendre. Les enfants ne sont pas là car ils sont à l’école.
Elle me fait visiter la maison : une pièce qui sert de salle de séjour, de salle à manger et de salle de travail, une petite pièce bureau,
une petite cuisine,
deux chambres, une pour les filles et une pour les garçons et deux cabinets de toilette. Et enfin, une toute petite pièce de 4 ou 5 m² qui sert d’oratoire. Ce n’est pas grand, mais c’est mignon et propre. Ils sont en travaux pour rafraîchir la maison.
Avec Thuy Vy, nous allons ensuite en moto dans le jardin où sont enterrés les petits. C’est à 25km de là, en pleine campagne, un beau jardin, bien entretenu, un verger fleuri.
Un chemin de croix conduit à un petit oratoire en plein air et au pied, s’alignent les petits sarcophages. La première pensée en arrivant : c’est le jardin des oliviers. Ce lieu n’est pas triste, au contraire, c’est beau et paisible. Des emplacements vides sont déjà préparés et Thuy Vy me dit qu’il y a de trois à dix petits par jours qui sont enterrés là.
C’est très émouvant et bouleversant, mais de savoir que ces petits reçoivent une sépulture et ne sont pas oubliés, plutôt que de partir à la poubelle ou au crématoire, c’est apaisant.
De retour à l’orphelinat, nous arrivons au moment du repas et je vois Tong Phuoc Phuc mangeant tel un père de famille au milieu de ces enfants.
Après le repas, en silence, il me montre trois petites urnes dans l’oratoire, ce sont des petits qu’il vient de récupérer. Il me montre quelques photos où on le voit préparer les petits pour les mettre dans des petits cercueils ou des urnes suivant l’âge. Certains étaient au 4° mois donc déjà grands. On sent dans son regard et ses gestes beaucoup de tendresse, de compassion, d’émotion et de tristesse aussi. Il me montre quelques photos où on voit les enfants entourant l’archevêque qui est venu à une cérémonie qu’il a organisé dans le jardin. Car, ces petits sont enterrés, mais de temps en temps une veillée de prière est organisée avec les enfants de l’orphelinat et des lumignons sont disposés sur les sarcophages. On sent que les enfants qui entourent Tong Phuoc Phuc sont heureux et bien dans leur peau. Sur les 160 enfants adoptés, 110 sont retournés auprès de leur mère ou ont été récupérés par la famille, 30 ont été pris en charge par l’église et sont dans des écoles et 20 sont à l’orphelinat. Les âges actuels vont de 3 ans à 12 ans. Cette rencontre est très touchante et je compte proposer de la présenter lors de l’université d’été d’Alliance Vita.
Après cette visite très émouvante, je vais visiter et me recueillir un moment à la cathédrale. Une cathédrale toute simple néo-gothique mais qui a quand même un certain charme.
Puis je vais voir le site touristique majeur de Nha Trang : les tours Cham de Po Nagar. Superbes vestiges du même style que ceux de My Son.
Sept à huit tours en briques sans liant ont été construites sur ce site entre le VII° et le XII° siècle. Il n’en reste plus que quatre, mais elles servent encore de sanctuaire pour des fervents bouddhistes vietnamiens.
Et aujourd’hui particulièrement, une foule immense défile et vient se recueillir. Des danses sacrées sont présentées sur un podium en bas du sanctuaire,
et tous les danseurs en costumes rituels viennent rendre hommage aux divinités. Pour pouvoir entrer des les temples, il faut faire une queue qui est assez épique.
Je vais ensuite visiter le très intéressant musée Yersin, ce fameux médecin français oublié mais qui a été un personnage illustre de la fin du XIX° début XX° siècle. Il a découvert le bacille de la peste et a créé les antennes de l’institut Pasteur au Vietnam, c’est lui qui a découvert les sites de Nha Trang et de Dalat et les a fait connaître. Passionné de science, il s’est intéressé à beaucoup de choses. C’est encore lui qui a introduit l’hévéa au Vietnam. Oublié par nos contemporains, il a été sorti de l’oubli en 2012 par le roman Peste et Choléra de Patrick Deville. Si pour nous c’était un inconnu, au Vietnam, c’est un personnage célèbre à qui le pays rend encore hommage.
Puis quelques tours de roues me conduisent à la pagode de Long Son assez jolie. Les particularités de cette pagode sont son bouddha couché en marbre de 18m de long
et son énorme bouddha blanc assis au sommet de la colline, dominant la ville.
Nha Trang étant en bord de mer, elle est bordée de belles plages qui attirent de nombreux touristes dont particulièrement les russes qui en ont fait leur destination privilégiée. On n’entend d’ailleurs pratiquement parler que russe et les inscriptions sont en vietnamien et en russe, on ne trouve pratiquement pas d’anglais. D’ailleurs quand un vietnamien s’adresse à moi, c’est en russe, cela fait drôle.
De bonne heure le matin, je prends le bus pour Dalat. Dalat est une station de montagne construite par les français pour permettre aux colons de se reposer de la chaleur et de la lourdeur du climat côtier ou des plaines. Dalat n’a pas grand intérêt si ce n’est cet atmosphère plus agréable et reposant. Ce qui surprend en arrivant, c’est de voir les cultures. Comme dans le nord, dans les montagnes de Sapa, les vietnamiens ont modelé le relief pour faire leurs cultures maraîchères. Les vallées et les coteaux sont cultivés jusque très haut. Les coteaux sont travaillés en terrasses et de vaste étendues sont couvertes de serres plastiques. Les jardins sont magnifiques, propres, bien tenus, pas de mauvaises herbes. Ce qui n’est pas le cas ailleurs où c’est la friche et les ordures sont dispersées. Sur ces terrasses, ce sont des cultures maraîchères et des fleurs. Beaucoup sont exportées vers le Japon.
Après avoir déposé mes affaires à l’hôtel, je loue une moto et pars faire le tour du site qui est assez étendu. Pendant les deux jours que je passe dans cette ville, je visite les lieux essentiels à voir. Il y a tout d’abord l’ancien palais d’été de l’empereur Bao Daï.
Tout est resté en l’état depuis les années 30. C’est une demeure art déco qui n’est pas très entretenue et qui demanderait un certain rafraîchissement. Cela fait assez miteux. Le cadre est pourtant beau, les jardins bien entretenus.
Puis en faisant le tour de la ville, on découvre plusieurs traces de l’époque coloniale : la ville a été construite autour d’un lac artificiel et certains la compare à Annecy. Il y a donc le lac Xuan Huong, l’ancien lycée Yersin,
la gare
avec une ancienne machine à vapeur et d’anciens wagons,
le bel hôtel Dalat Palace,
l’Institut Pasteur et quelques villas coloniales.
Un très beau jardin de fleurs est planté au bord du lac, il possède une magnifique collection de fleurs, bien sûr, et
d’orchidées en particulier,
mais surtout de bonzaïs.
Au couvent du domaine de Marie, j’ai la chance de rencontrer une religieuse qui parle bien le français. Elle m’apprend qu’elles font partie de l’ordre des sœurs de St Vincent de Paul, qu’elles sont plus de soixante dans le couvent, qu’elles sont six milles au Vietnam et que dans ce couvent, elles apprennent à broder au jeunes filles issues de familles paysannes pauvres. C’est de la broderie au fil de soie.
A Dalat, il y a un magnifique centre historique de la broderie que je visite et y passe plus de deux heures à admirer les différentes œuvres
et à visiter tous les recoins très intéressants de ce centre. C’est splendide, les œuvres sont d’une très grande finesse.
A la boutique du couvent, je vois des œuvres de broderies du même type et je tombe amoureux d’un couple de paon dont les plumages sont criants de réalisme. Comme le prix est abordable, mais surtout dix fois moins élevé que dans le centre de la broderie, je me l’offre. Les vietnamiens sont vraiment des artistes et ils savent tailler la pierre, le bois, les arbres, les arbustes, broder, peindre, et tout avec beaucoup de finesse et de réalisme.
Près du palais de Bao Daï, il faut visiter la crazy house, ou pension Hang Nga.
C’est un petit hôtel construit par un architecte contemporain qui a laissé libre court à son imagination.
Ensemble complètement loufoque sorti du monde imaginaire et constitué de maisons semblant sortir d’un conte de fées, de maisons rochers, de passerelles en liane, il ne faut pas avoir le vertige !...
Les chambres sont dispersées dans l’ensemble avec des noms du monde animal. C’est un vrai labyrinthe qui est encore en construction car tout n’est pas terminé. C’est très curieux et beau en même temps car les Vietnamiens sont très forts pour la sculpture en ciment.
Le musée d’histoire n’est pas très grand mais présente une belle collection d’objet de la préhistoire et de l’histoire des minorités locales.
Là encore, les colons sont présentés comme des esclavagistes faisant travailler leurs ouvriers à coups de fouet…. A force, cette ostentation à présenter la période coloniale comme une période noire en devient ridicule et n’est pas crédible. D’ailleurs, dans les discussions que j’ai eu avec certains vietnamiens, il apparaît que cette période est regrettée, les français étaient très aimés.
La cathédrale n’est ni plus ni moins qu’une grande église sans cachet particulier, par contre, dans la périphérie de la ville, il y a une curieuse église catholique alliant le style de nos églises et le style des pagodes. Cela donne un résultat curieux et qui n’est pas vilain.
Et bien sûr, un peu partout, les temples avec toute leur statuaire mythologique. Dans l’un d’eux, un immense dragon accueille le visiteur.
Au marché, de nombreux étalages de fruits secs voisinent les tout aussi nombreux étalages de fruits avec des montagnes de fraises soigneusement rangées, de fleurs aux compositions soignées, de vêtements et de bric à brac divers. Dehors, c’est surtout les étals de restauration avec les soupes, les pâtes, le riz, les brochettes et les viandes diverses à griller.
Dans les sites à voir, il est recommandé le mont Langbiang. J’y vais donc, mais il faut laisser la moto au pied de la montagne et monter soit à pied, soit en 4x4. A pied, c’est quelques heures de marche, en 4x4 c’est une demi-heure et quelques euros. Je choisis la deuxième solution, cela ne me tente pas trop de grimper. Bien m’en prend, car certes il y a une belle vue du sommet, mais le site a été outrancièrement exploité : on peut se faire photographier déguisé en cow-boy ou en indien, ou en tenue de soldat américain dans une jeep américaine,
ils ont même peint un pauvre canasson en zèbre négatif….. ça en est ridicule. On a vingt minutes pour admirer le paysage avant de redescendre en 4X4. C’est amplement suffisant.
De là-haut, on peut quand même voir l’étendue des cultures maraîchères et l’étendue des serres qui est phénoménale.
Région montagneuse, elle est aussi réputée pour ses lacs, ses forêts et ses cascades comme celle des éléphants. La  balade dans la campagne est agréable et le paysage est beau.
Sur le retour, je m’arrête à la cascade de Prenn qui n’est pas vilaine, mais le filon est surexploité. Des personnages mythologiques en ciment sont dispersés dans le parc.

Il y a un pauvre petit zoo où les animaux sont enfermés dans de petites cages, ou enchaînés ou utilisés comme bête de somme comme des éléphants, un buffle et même une autruche qui en a perdu beaucoup de plumes. Ces animaux me font pitié, ils semblent malheureux.

Pour rejoindre Ho Chi Minh Ville, je prends le bus de nuit car il y a environ 6 à 7 heures de route

Albums photos de Nha Trang:

https://goo.gl/photos/gfDVjVfyz7EzDeaA7

et de Dalat:

https://goo.gl/photos/vNFi16vi9YGMFtQP7

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