dimanche 13 juin 2010

De Lourdes à Toulouse et Pechauriol

Après un aller et retour éclair en Franche Comté et Bourgogne pour des questions administratives, me voilà de retour vers 13h au gîte de la Ruche à Lourdes le 31 mai, jour de mon anniversaire. Avec son habituel sens de l'accueil, Jean-Louis s'inquiète tout de suite de savoir si j'ai déjeuné. Comme je lui réponds par la négative, il s'empresse de me proposer une bonne soupe et une grillade. J'avais l'intention de prendre un casse-croûte en ville en faisant quelques courses après avoir déposé mon sac au gîte. Je passe donc un moment avec lui et un autre pélerin, puis je me rends en ville. Mes emplettes faites, je vais au sanctuaire faire un tour à la grotte et assister à la messe de 18h30. Je rejoins ensuite le gîte où d'autres pélerins sont arrivés. Après le repas, pendant la procession aux flambeaux, je vais une dernière fois me recueillir à la grotte où je renouvelle mes intentions dont certaines bien particulières qui me tiennent à coeur.
Après une bonne nuit de repos, je reprends le camino en suivant le chemin de Bernadette qui passe par Bartrès où se trouve la maison de sa nourrice. Le chemin est beau et coupe collines et vallées souvent boisées. Quand le paysage est dégagé, j'ai une jolie vue sur les Pyrénées enneigées. Je teste le ressemelage de mes chaussures et les nouvelles semelles intérieures. Ce n'est pas top. Le ressemelage est un peu trop épais ce qui fait que mes pieds ont tendance à glisser vers l'avant, et il y a un léger décalage au pied droit. C'est infime, mais je le sens. Quant aux semelles intérieures, elles sont un peu trop épaisses et en fin de journée, je sens que mes doigts de pied sont coincés. A la mi-journée, je mets les nouvelles sandales pour les tester aussi. Ce n'est pas mal, mais je marche moins bien qu'avec les chaussures. J'arrive ainsi à l'abbaye de Tarasteix. Bien que n'ayant pas prévenu, je suis bien accueilli. C'est un peu la "cour des miracles". C'est une abbaye qui a été crée fin du XIX° par un juif allemand converti qui est entré dans les ordres après un miracle à Lourdes le guérissant de la cécité. Celui-ci étant décédé rapidement, avant la reconnaissance par Rome de son ordre, l'abbaye a vite été abandonnée et tombait en ruines. Il y a 35 ans, le père Mercier, père blanc vicaire puis curé de la cathédrale de Djibouti a dû rentrer en France car les autorités ne pouvaient plus assurer sa sécurité. Comme c'est un inconditionnel de la messe en latin, il n'a pas trouvé sa place en France. Cette abbaye en ruine lui a été donnée. Il s'y est installé avec ses parents et son frère, et en 35 ans, ils l'ont peu à peu remise en état, construit une nouvelle chapelle avec un clocher, un cloître, etc... L'ont rejoint quelques personnes laïques seules, un peu "paumées" qui bénéficient du gîte et du couvert en échange de travaux et services dans l'abbaye. Ils sont quatre auxquelles viennent se rajouter quatre personnes légèrement handicapées mentales confiées par l'administration. Ils vivent de l'accueil des pélerins ou visiteurs et de dons. Tout cela donne une ambiance un peu particulière et curieuse, hors du temps. Les deux pélerins qui sont arrivés en même temps que moi ont éprouvé la même impression. Je m'installe, prends ma douche et rejoins ce petit monde à la chapelle pour le chapelet avec le père qui vient d'arriver. Avec ses lunettes d'écaille rondes et cette ambiance, on se croirait en 1950. Le repas est pris en commun.
Après une bonne nuit paisible, je reprends le chemin à travers bois, crêtes et vallons verdoyants en direction de Monlezun. Comme je dois faire un aller et retour sur Paris ce week end pour la communion de ma petite fille Aude, il faut que je rejoigne Auch jeudi soir d'où je peux prendre un car puis un train. Sur le chemin auparavant, il n'y a rien. Mes étapes seront donc longues. Au passage, je découvre des artistes peignant une scène champêtre sur un château d'eau. Le tableau couvre tout le bâtiment. Le résultat devrait être assez réussi, vu l'état d'avancement. A Monlezun, je trouve refuge chez une ancienne paysanne qui accueille les pélerins chez elle depuis plus de vingt ans. Très gentille, aux petits soins pour ses hôtes, elle vient me chercher à l'église de Monlezun et m'installe dans une chambre très confortable avant de me préparer un excellent repas très copieux. Elle se désole de me voir laisser une partie des plats alors que j'ai bon appétit et que je suis repu. Très heureuse de bavarder, elle me raconte sa vie et ses déboires avec ses locataires.
Le lendemain jeudi, en passant à l'Isle de Noé, je rentre chez un cordonnier pour faire rectifier les talons de mes chaussures, j'ai attrappé une ampoule sur le côté du pied droit. Malgré son scepticisme, il fait ce que je lui demande et le résultat s'avère satisfaisant à gauche, mais à droite, il faudra que je fasse la même chose à Auch avant d'être de nouveau bien dans mes chaussures. L'étape est longue et j'ai prévenu ma nièce Marion chez qui je ferai étape que je ne devrais pas arriver avant 19h. Une dizaine de kilomètre avant Auch, fatigué, chagriné par ma chaussure droite et trouvant que 19h c'est tard, je décide de faire un peu de stop. Je suis rapidement pris par des gens très sympathiques qui me déposent vers 17h30 en centre ville à 200m de chez Marion.
Mon car étant à 12h50 le lendemain, j'ai le plaisir de passer une soirée et une matinée très sympathiques avec elle et son ami Fred. Cela me permet de mieux les connaître étant donné que lors des réunions de famille, je suis plus avec mes frères et soeurs qu'avec les jeunes. Après l'aller et retour sur Paris où j'ai le plaisir de voir tous mes enfants et les enfants de Florian, je passe une nouvelle soirée sympathique chez elle avant de repartir le lendemain matin sur les chemins.
Je suis maintenant sur le chemin d'Arles et je croise quelques rares pélerins surpris de me voir à contresens. La fréquentation est quand même assez clairsemée. La région du Gers est belle et les vallons et collines sont sympathiques à parcourir. J'arrive au gîte le Grangé vers 18h où Lilie et Andréas m'accueillent très gentiment. Il y a déjà deux autres pélerins d'Aix. Nous passons une excellente soirée autour d'un délicieux repas préparé par nos hôtes. Pour ne pas arriver trop tard, j'ai coupé la boucle de Gimont, me privant paraît-il de la découverte d'une jolie chapelle, mais cela m'a donné l'occasion de rencontrer Gérard, un retraité en recherche spirituelle, s'interrogeant sur l'existence de Dieu. Faisant demi-tour, il m'a accompagné durant une petite demie-heure, s'intéressant à mes motivations dans mon pélerinage.
La pluie est tombée drue toute la nuit et le sol est détrempé. Au matin, sur les chemins, des paquets de terre se collent sous les chaussures et au bout des bâtons. Je ne suis donc pas le GR et adapte mon itinéraire pour ne marcher pratiquement que sur des petites routes goudronnées. Je rejoins ainsi le gîte municipal de Léguevin où je suis seul.
Le lendemain jeudi je dois passer Toulouse, j'en profiterai pour aller voir la soeur de Marion, Cosette qui vient d'accoucher. Je suis le GR, mais c'est de la route et presque tout le temps des rues d'agglomération. A Pibrac, je visite la basilique de Sainte Germaine de Pibrac. La paroisse est en pleine effervescence car ce week-end c'est le pélérinage annuel de cette Sainte locale. A Colomiers, saturé par le macadam et le béton des bâtiments, je prends le bus puis le métro pour le centre de Toulouse. J'arrive ainsi vers midi chez ma nièce et passe avec elle et Elden, son mari, un moment bien agréable, découvrant ma nouvelle petite nièce, Claire, qui n'a que 5 jours et qui est très mignonne. A 15h30 je reprends le chemin en quittant Toulouse en métro puis bus jusqu'à Castanet Tolosan. Je suis ensuite le canal du midi et j'arrive au gîte de Bazeiges vers 19h. L'ami Gilbert, hospitalier pittoresque, m'accueille très chaleureusement. Trois autres pélerins et la nouvelle hospitalière sont déjà là. Nous dînons ensemble dans une ambiance très sympathique. Gilbert a fait plusieurs chemins et deux des autres pélerins aussi, nous partageons nos expériences dans une ambiance très détendue. Un gîte occupé est quand même plus sympathique que vide. Le lendemain matin, Gilbert m'accompagne un moment jusqu'au canal où nous nous séparons. lui retourne au gîte et moi je rejoins Pechauriol, une ferme où habitent mon frère Bernard et Dany son épouse, dans la commune d'Avignonnet Lauragais. La promenade le long du canal est très agréable, ombragée. J'arrive à Pechauriol vers 13h.
Je passe un très bon week end avec la famille de mon frère, avec sa fille Marion de Auch et ses deux filles de Toulouse, Cosette et Mélanie et leurs conjoints. Il m'offre aussi ma première leçon de pilotage, ce qui me confirme dans mon intention de passer le brevet pilote. Demain lundi 14, je reprends le chemin pour rejoindre Montpellier.

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