dimanche 20 juin 2010

En route vers Montpellier

Après un très bon week-end passé avec mon frère Bernard et Dany son épouse, je reprends le chemin lundi 14 juin au matin. Le temps est couvert et bruineux. Dany m'accompagne jusqu'au bout de leur chemin puis je suis la route jusqu'à Avignonnet de Lauragais. Comme il n'y a aucun commerce là ni par la suite, j'achète un casse-croûte à la boulangerie. En coupant le chemin le long de la Rigole, je constate que le chemin est très boueux. Je reste donc sur les petites routes. A midi, je mange mon casse-croûte dans un abri bus, seul abri rencontré sur le chemin. Il pleut sans cesse. J'arrive à Revel vers 14h15 et j'appelle Cécile, une nièce, qui est vétérinaire dans ce village, mais je tombe sur son répondeur. Je continue donc en direction de l'abbaye d'En Calcat. Revel a été inondée la veille et l'on en voit les traces un peu partout dans la ville basse. Il y a eu jusqu'à un mètre d'eau par endroit. Je continue ma route, la pluie est de plus en plus dense et j'arrive trempé à l'abbaye. Cela ne m'a pas empêché, peu avant l'arrivée, de cueillir des cerises sur des cerisiers qui bordent la route. Elles étaient délicieuses. Mouillé pour mouillé, je me suis régalé. Je suis accueilli "gentiment" par un frère, mais un peu froid: comme je n'avais pas réservé, il m'installe dans le local d'accueil où il y a déjà deux routards d'installés. L'un des deux, ayant subi une expulsion et vivant "la route" par force, il est un peu privilégié par les moines et mange avec eux. Moi, pélerin, je reste avec le deuxième routard. Il est gentil, pas mauvais bougre, mais je ne comprends pas tout ce qu'il me dit car il mange tous ses mots. Il fait la route depuis 20ans à travers toute la France. Il me fait des commentaires sur les accueils des divers gîtes d'accueil en France. Il pourrait faire un guide du "routard" des accueils en France. Il pratique beaucoup les abbayes et monastères. Après le repas, ayant appris par hasard que je suis allergique à la fumée de cigarette, le frère m'installe dans une chambre à l'hôtellerie. L'accueil change! Je suis maintenant mieux accueilli. Après les complies, superbes, chantées par une cinquantaine de moines, je monte me coucher.
Le lendemain, je pars sous un ciel couvert et menaçant, mais je n'aurai pas de pluie de la journée. Je passe à Castres où je prends un menu dans un restaurant rapide, puis j'attaque la Montagne Noire. C'est beau et sauvage, cela fait penser au Morvan ou aux Vosges. Arrivant vers 17h à Boissezon, j'attends un peu Muriel qui vient m'ouvrir le gîte. Nous bavardons un moment sur le village perdu au creux de la vallée très encaissée. Il n'y a que 200 habitants, pas d'économie locale, mais les habitants se battent pour maintenir la vie et une vie de village. Tous font plusieurs choses dans ce but. L'épicière ouvre son magasin de 18 à 19h après avoir fermé la crêche qu'elle tient. Le gîte est beau, propre, bien aménagé.
Il pleut toute la nuit et au matin, je pars sous un ciel très bas et une pluie continue. Au fur et à mesure que je monte dans la montagne, je m'enfonce dans les nuages. La forêt est noire, la Montagne Noire porte bien sont nom. C'est beau et sauvage. Comme il pleut sans cesse et que mes chaussures qui ont près de 2000km ne sont plus étanches, j'ai rapidement les pieds trempés. A un moment, dans la brume j'aperçois une biche qui broute des feuilles d'arbre. Avec la pluie dans les feuillages, elle ne m'a pas entendu. Je peux ainsi m'approcher sans bruit jusqu'à moins de 50m. Elle me voit et se sauve. Dans la brume, c'était féérique. Avec mon GPS, je modifie mon itinéraire et prends des petites routes pour couper au court et aller au plus vite. Dans l'après-midi, le temps s'améliore peu à peu. J'appelle l'office du tourisme de Salvetat pour bénéficier du gîte municipal. Malheureusement l'OT est fermé exceptionnellement ce jour-là! Comme je ne sais pas si je trouverai les clés du gîte et que juste avant Salvetat il y a une auberge qui fait l'accueil des pélerins, je m'y arrête.
Le lendemain 17 juin, je pars de bonne heure par beau temps. Je traverse Salvetat, joli petit village perché sur un promontoire au-dessus de l'Agout. La région est très belle, très accidentée et boisée, sauvage. C'est magnifique. Le chemin d'Arles est très beau mais plus difficile que celui du Puy car plus accidenté. Grâce à mon GPS, je ne suis pas toujours le GR, je coupe à travers bois et rejoint Villelongue, un petit village au bord du lac de Lauzas. Je longe ce lac encaissé. C'est très beau. A Candoubre, je bifurque et monte sur le plateau, évitant Murat sur Vèbre et tous les zigzags qui suivent. Je passe au pied de plusieurs éoliennes et rejoint le chemin vers Ginestet. Ce raccourci me fait gagner près de 4 ou 5km! La redescente dans la vallée de la Mare est belle et j'arrive à Castanet le Haut, un joli petit village blotti en fond de vallon. En suivant le tracé d'une ancienne voie ferrée puis la route, j'arrive à St Gervais sur Mare chez Mr Bras où sont déjà trois autres pélerins. Après une soirée sympathique, j'apprécie le lit après cette longue journée en montagne (48km!).
Comme je veux arriver rapidement à Montpellier afin de passer deux jours avec ma soeur Odile avant qu'elle ne s'absente, je prends des raccourcis. Entre St Gervais et Lodève, mon tracé me fait gagner 15km tout en passant par des coins magnifiques, de jolis villages fortifiés et des montagnes dominant les vallées. Aujourd'hui, la vue porte si loin que je vois la mer méditerranée. En passant sous quelques beaux cerisiers, je maraude un peu et me régale des fruits gorgés de soleil. Aujourd'hui il fait très beau et chaud. La descente sur Lodève est belle et je m'arrête au hameau de Belbezet chez des gens très sympathique, très portés sur l'écologie, le relationnel. Ils me font goûter la spiruline fraîche, c'est bon!
Le lendemain samedi, je descends sur Lodève, traverse la vieille ville en faisant un tour dans les vieux quartiers, puis m'enfile sur le chemin qui remonte sur le coteau opposé. Là je suis le chemin, je n'ai pas trop le choix car le terrain est très accidenté. Avant d'arriver à Arboras, je croise Jean-Charles et Mathilde de la Drome et qui viennent de commencer le chemin. Ils sont assez surpris par ma cadence. Nous bavardons un petit moment bien sympathique. Après Arboras, je m'enfile dans la montagne, passant par des sites avec des traces datant du néolithique. L'arrivée sur St Guilhem le Désert est saisissant: on arrive en haut du cirque de l'Infernet. La vue est magnifique, les parois abruptes. J'ai accéléré mon rythme et vais au petit trot car le temps est menaçant, le ciel orageux. La descente sur St Guilhem est très belle et j'arrive dans un joli village moyenageux aux rues étroites et bien entretenues. C'est très beau. De nombreux touristes sillonnent le village, photographiant les vieilles pierres pleines de cachet. L'abbaye étant complète, je me rend au gîte de la Tour où je suis le premier pélerin. Une Polonaise Suisse m'y rejoindra dans la soirée. Après la douche et la lessive, je vais faire un tour pour visiter le village et dîner dans un petit restaurant. Quand je reviens au gîte, la pluie s'est mise à tomber.
Le lendemain dimanche, comme je n'ai que 30km pour aller à Montpellier, je commence par aller faire un tour à l'abbatiale. Romane, bien restaurée, elle est magnifique. Comme j'arrive au moment des laudes, j'en profite et participe à l'office. Je visite ensuite le cloître avant de repartir. La messe étant à 11h00, je pars sur la route espérant trouver une messe sur mon chemin. Malheureusement, avec la désertification, je n'en trouverai aucune. Le chemin suit la vallée de l'Hérault jusqu'à St Jean de Fos avec le pont du diable, puis jusqu'à Aniane que je traverse. Le chemin s'enfonce un moment dans le bois parallèlement à la route. Quand il emprunte la route à travers bois, j'y suis depuis 5 minutes quand une voiture qui me croise klaxonne. Je me retourne, c'est un bourguignon (21)! Tiens, un pélerin qui m'aurait reconnu? Quand je m'approche, j'ai la surprise de voir mon cousin Jean-Paul au volant. Comme il est dans la région, il loge chez ma soeur Odile et lui a proposé de me récupérer à Montpellier. Il m'a laissé un message sur mon portable. Comme je ne l'ai pas allumé, je ne le savais pas. En attendant mon appel, il est venu à ma rencontre au cas où. A cinq minutes près, nous nous serions manqués car j'étais dans les bois. Il me ramène à Palavas où Odile et Jean-Louis accueillent des amis à déjeuner. Comme il y a quelques restes, Odile me prépare une belle assiette à laquelle je fais honneur. Dans l'après-midi nous allons faire un tour sur le canal assister aux joutes nautiques.
Je passe deux jours à Palavas, passant de bons moments avec ma soeur et mon beau-frère: promenade, visite de la cathédrale de Maguelone, fête de la musique à Palavas et Montpellier, théâtre.... J'en profite pour préparer les étapes suivantes.

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