jeudi 27 mai 2010

De Fatima à Lourdes

Je prends le car à 18h30 pour la gare de Fatima qui est dans un petit village à .... 25 km de Fatima. La gare est fermée mais entièrement rénovée.Le train d'Encontramento arrive 20 minutes plus tard. Là je prends un billet pour Madrid en train couchette, l'attente est de 3h. Je vais dîner dans un petit bar, puis j'attends au buffet puis à la salle d'attente. J'arrive au matin à Madrid où je prends mon billet pour Pamplune. A la descente du train de nuit, je retrouve Javier et Estrella que j'avais rencontrés à Fatima. Ils arrivent de Lisbonne. Nous faisons le trajet ensemble jusq'à Atocha et attendons ensemble. Nos échanges sont très sympathiques. Les places étant réservées pour Pamplona, nous voyageons séparément, mais nous nous retrouvons à la descente du train et échangeons adresses et photos. Le gîte Paderborn étant plein, je vais au gîte municipal près de la cathédrale, il est installé dans un beau bâtiment. Je fais connaissance d'un groupe de français qui fait le chemin à petit rythme. Comme il est tôt, j'en profite pour aller visiter la cathédrale, son cloître et son trésor. C'est magnifique.
Au matin, je reprends le sac et pars en direction de Roncevaux. Le temps est à la pluie. Pour sortir de Pamplona, je prends un bus qui m'amène au début du chemin à Huarte, le long de la rivière. Je croise plusieurs pélerins surpris de me voir à contre-sens. Quand je tombe sur des personnes peu sûres d'elles, j'en joue un peu pour mettre le doute dans leur esprit. Cela me donne l'occasion de faire quelques rencontres sympathiques. J'arrive ainsi à Roncevaux vers 16h30, trempé! Après ma douche, je donne aux hospitaliers une grosse lessive: comme cela mon linge sera propre et sec. Je fais connaissance avec Odette, Geneviève et Chantal, trois canadiennes qui arrivent de St Jean Pied de Port en taxi: la neige et le brouillard sont tels que les autorités ont interdit le passage du col à pied. Je les retrouve au dîner et nous sympathisons bien. Comme elles démarrent leur chemin, elles me demandent quelques conseils. Après le repas, je leur donne quelques informations sur les gîtes en Espagne et je leur règle leurs sacs à dos. Finalement nous échangeons adresses et invitations. Elles auraient bien aimé que je fasse demi-tour!
Le lendemain matin, le départ se fait sous la pluie, mais je ne veux pas prendre de taxi pour St Jean Pied de Port, d'une part parce que je suis tout seul, d'autre part parce qu'avec mon GPS je ne risque pas de me perdre. Je décide de tenter ma chance. Comme le sol est détrempé, qu'il y a quand même pas mal de neige paraît-il, je ne prends pas le sentier mais la route jusqu'à la chapelle au-dessus de Roncevaux. Je prends ensuite la petite route forestière. Je trouve en effet la neige à partir de 1200m. Elle est de plus en plus épaisse. Au col, il y a entre 30 et 50cm. Mais sur le versant français, très vite cela diminue et sur toute la partie jusqu'à la fontaine de Roland, soit sur trois ou quatre kilomètres, il n'y a que 10 à 15 cm de neige. D'autre part, il y a de nombreuses traces de pas. On ne risque pas de se perdre. Dans le col, il y a une ancienne chapelle transformée en refuge avec cheminée. Je m'y arrête un moment. J'y trouve deux jeunes qui font le chemin des cols. Ils se sont arrêtés là pour faire sécher leur matériel qui est trempé. Nous bavardons un bon moment puis je reprends le chemin. Ce n'est que bien après la Fontaine de Roland que je trouve les premiers pélerins "téméraires" qui ont tenté le passage. Je les rassure et leur dit qu'ils peuvent continuer mais de suivre la route côté espagnol. J'en trouverai une dizaine d'autres dans la descente. A tous, je leur donne quelques infos sur le chemin. Il n'y a pas de raison de bloquer le passage d'autant que côté français, le temps se dégage. Lors de mon premier passage il y avait moins de neige mais plus de brouillard. Je n'avais même pas vu la vierge. Là, je l'ai vue. Par contre, le sol est très boueux beaucoup plus que lors de mon premier passage. Les bâtons sont très utiles pour se tenir debout. Peu à peu, je découvre une vue superbe sur la vallée française. En regardant un vol de six ou sept vautours au-dessus de moi, je ne vois pas un trou dans la route, fais une chute et me tord violemment les doigts de la main gauche. Je continue mon chemin jusqu'à St Jean Pied de Port et retourne au gîte la Caserna où j'avais été la première fois et où j'avais laissé des documents sur le chemin français. Il n'y a encore personne. Je laisse mon sac et vais jusqu'à l'accueil pélerins pour leur dire de laisser les gens monter, que le passage est facile et donner quelques informations pratiques. Comme c'est dimanche, j'espérais trouver une messe, mais il n'y en a pas. Je retourne au gîte où arrivent peu après Christina, femme de boulanger belge et Christian. Nous serons seuls avec Alain l'hospitalier. Nous passons une soirée sympathique après le bon repas préparé par Alain. Je donne quelques informations sur le col pour démystifier un peu le passage.
La nuit a été bonne, mais ma main a enflé. Gérard, le deuxième hospitalier qui est venu le matin me dépose à la clinique où je fais des radios. J'attends un bon moment les résultats, mais il n'y a rien de cassé. Ce n'est qu'une bonne entorse. Je pars finalement tard de St Jean Pied de Port. De passage à midi à St Jean le Vieux, j'hésite à m'arrêter. La tenancière du bistrot où je déjeune téléphone à un hôtel sur le chemin, mais il est fermé. Elle me dit que je trouverai quand même un gîte dans quelques kilomètres. Je pars donc après déjeuner. Le temps est beau et le paysage magnifique. Je passe le col de Gamia, le temps se dégage encore plus et la vue est magnifique. Je descends dans la vallée. Avisant une paysanne, je lui demande si elle connait un gîte ou un hôtel dans le coin. Elle me fait entrer chez elle et m'aide à trouver en téléphonant à plusieurs endroits dont plusieurs sont fermés ce jour-là. Finalement elle me trouve une chambre dans un hôtel à quatre kilomètres de là sur mon chemin. Nous bavardons un bon moment avec elle et son mari qui nous a rejoint. En repartant, je passe devant un artisan fabriquant de makilas, les fameuses cannes basques. Je m'arrête, il m'explique les techniques et me montre quelques exemplaires. C'est très intéressant et beau. Cela fait envie.
J'arrive rapidement à l'hôtel à St Just où je suis accueilli par un patron fan de chasse à la palombe. J'ai une chambre confortable et un dîner copieux et excellent.
Le lendemain, je reprends le chemin sous un ciel un peu couvert et brumeux. En passant dans la vallée suivante, le temps se dégage. A Baringhien, je m'arrête dans une boulangerie pour acheter du pain et une part de pizza. Finalement, pour le même prix, la boulangère m'a rajouté du jambon dans mon pain. Une cliente m'indique un coin sympa au bord du gave pour pique-niquer, il suffit de traverser un champ avec quatre ânes. Le coin est effectivement très agréable. De temps en temps je bavarde avec des gens interpelés par mon sens de marche.
J'arrive ainsi à l'Hôpital St Blaise un tout petit village ancienne étape pélerine dont il reste une superbe petite église bien rénovée. Je suis accueilli à l'église par une permanente qui m'indique le gîte et le code d'accés. Après une visite guidée de la petite église, je rejoins le gîte qui est tout neuf et bien équipé. Par téléphone, j'appelle un restaurant pour savoir s'il est ouvert. Quand il apprend que je suis pélerin, bien qu'il soit fermé, il me propose un plateau repas. Il me prépare un plateau très copieux et excellent: soupière de garbure (4 assiette!), grosse assiette de civet de sanglier, grosse part de gâteau basque et quart de vin. Je me suis régalé, mais à la fin, je suis repu!
Le lendemain, je passe au restaurant pour lui rendre le plateau et le remercier. Il me conseille de suivre le chemin, il est bien balisé et bien équipé. En effet, il traverse des bois agréables, des palombières et les passages des ruisseaux se font sur des petits ponts tout neufs. C'est intéressant de voir les installations techniques des palombières avec des postes d'observation au sommet des arbres, des échelles de plusieurs de mètre...
J'arrive ainsi à Arudy où le gîte est chez le curé. Il m'accueille gentiment avec un autre pélerin qui est déjà là et qui lui répare sa porte et sa sonnette. Marc est belge de Liège, comme il voyage en autonomie complète, il a un sac de 25kg! Le curé est très chaleureux et donne pleins d'information sur les chemins car les ayant fait, il les connait bien. Il fait l'accueil pélerin depuis deux ans et c'est venu par hasard. C'est une étape très sympathique. Le lendemain matin, pendant que je suis une petite route dans une jolie vallée, je suis rattrapé par le prêtre qui passait par là et qui m'a donné un schéma pour que je ne me trompe pas un peu plus loin.
Peu avant Bétharam, j'arrive à un chemin de croix somptueux: chaque station est une véritable petite chapelle. Je m'arrête pour téléphoner au gîte de Lourdes. Jean-Louis me répond qu'il est complet et même en surnombre. Il me propose de se renseigner à la cité St Pierre. De mon côté, j'appelle les soeurs mais je tombe sur un répondeur. En arrivant à Lestelle Bétharam, je visite un peu le sanctuaire qui est là, et je constate qu'il y a un gîte chez les pères de Bétharam. Comme il reste encore 15km jusqu'à Lourdes et qu'il est déjà 16h, je décide de m'y arrêter. Je suis gentiment accueilli, et on m'installe dans le dortoir ou je suis seul. J'appelle Jean-Louis pour lui dire que je m'arrête et lui demande s'il peut m'accueillir le lendemain. A 18h45, je participe aux vêpres avec les pères puis je vais dîner dans un petit restaurant et me couche de bonne heure.
Le lendemain vendredi, je pars tranquillement sur Lourdes en suivant le Gave de Pau. Le chemin est magnifique, le temps est beau. Je traverse une superbe futée et arrive ainsi à l'entrée de Lourdes. Jean-Louis passe à ce moment-là et me repère. Il me confirme qu'il m'attend pour le soir. Je passe un moment à la grotte, et comme il est midi, je vais chercher un casse-croûte en attendant l'ouverture de l'accueil où je veux demander le programme des cérémonies du pélérinage militaire. Pendant que je mange mon casse-croûte, je vois passer plusieurs pélerins de tous pays en uniformes de toutes sortes. Cela me renvoie à des souvenirs d'il y a quarante ans. Doté du programme des cérémonies et manifestations et d'un plan de la ville, je rejoins la Ruche, le gîte de Jean-Louis. Je m'y installe avant d'aller faire un tour de la ville.

Aucun commentaire: