Mardi 24 janvier, je prends l’avion pour Tanna et son volcan
Yasur, qui signifie Jésus. Dans les divers commentaires que l’on m’avait fait,
il fallait que je vienne voir ce volcan qui est en activité. C’est, je crois,
le seul volcan actif au monde où les touristes peuvent s’approcher du bord du cratère
et le voir ainsi de si près. Compte tenu du peu de temps que je reste au
Vanuatu, je n’y passe qu’une nuit, cela fait peut-être un peu cher, mais cela
vaut le coup. J'y arrive avec un jeune couple très sympa, Sandra et Nicolas,
bretons installés depuis un an à Nouméa, elle est médecin, lui est infirmier.
Le contact de Zaza, Fred, a un hébergement comprenant un
bungalow surélevé et un bungalow dans un gros banian à plus de vingt mètres de
haut. Quand on y est couché, on a une vue directe sur le volcan. Comme ils
restent deux nuits et moi une, je peux profiter de la maison dans l’arbre.
Le gendre de Fred vient nous accueillir à l’aéroport et nous
voilà partis pour près de deux heures de route. Il faut traverser l’île d’abord
par une piste en travaux, puis par une petite route tantôt goudronnée, tantôt
bétonnée, tantôt en piste défoncée, puis la dernière partie, un tiers environ,
se fait par une piste défoncée où l’on roule de 5 à 20 Km/h. L’île est partagée
par une chaîne montagneuse que l’on traverse. Quand on arrive sur le versant
Est, on remarque tout de suite un nuage gris qui vient du sud.
Au détour d’un
virage, on a une vue sur le volcan. Il est là au loin, devant nous, tout gris
de poussière tranchant sur la végétation. De son sommet s’échappe un nuage de
poussière. Autour de nous, la terre est noire, c’est la poussière rejetée par
le volcan. Il paraît qu’elle est excellente, tout pousse très bien. Mais comme
le volcan crache en permanence, tout est couvert de cette poussière grise.
Comme c’est une poussière très fine, du sable très fin, quand il pleut, les
eaux de ruissellement ravinent abondement et les pistes sont défoncées.
En
arrivant au pied du volcan, on traverse une zone entièrement désertique, grise,
on se croirait dans le désert ou sur la lune.
Dès notre arrivée, le chauffeur nous amène directement au
point de départ de la visite. Celle-ci a commencé depuis plus d’une heure car
cela commençait par des danses traditionnelles, mais on raccroche les wagons et
on monte en pick-up jusqu’au col au pied du cratère. Là le guide nous donne les
consignes et nous le suivons vers le cratère.
De temps en temps, on entend de
belles explosions ou des bruits de soufflerie et on voit des projections au-dessus
du cratère.
Au bout de quelques minutes de montée, on débouche à un premier
point d’observation, au bord du grand cratère, on reprend la montée pour aller
au point le plus haut d’où l’on voit le fond du cratère.
Il est partagé en deux
par une moraine centrale et deux cheminées débouchent dans chacun des deux
demi-cratères.
Chacune de ces cheminées a son mode d’action propre. Nous
restons là jusque après le coucher du soleil, soit pendant plus d’une heure que
l’on ne voit pas passer.
Le spectacle est tout simplement fantastique,
grandiose, unique, on ne se lasse pas. Par moment, le volcan se calme quelques
minutes et cela précède souvent une explosion plus forte que les précédentes.
L’une des cheminées est cachée par un replat dans le
cratère, de temps en temps il se met à cracher des jets de vapeurs blanches,
telle une machine à vapeur, accompagnés parfois de quelques projections de
lave. Dans la deuxième moitié du cratère, les deux cheminées crachent par
moment de gros nuages de fumées noires, parfois accompagnés de quelques
projections de lave ou des éclairs au sein du nuage. Quant à la quatrième et dernière
cheminée, c’est celle que l’on domine et que l’on voit le mieux, c’est la plus
spectaculaire. Comme elle est juste en-dessous de nous, on voit son cratère. La
lave bouillonne et souvent des explosions projettent à des hauteurs plus
élevées que nous des bombes de lave plus ou moins grosses.
Ses manifestations
sont parfois accompagnées d’échappement de gaz de souffre de couleur bleue,
d’explosion dont on ressent la pression et le souffle dans la poitrine. Tant
que le soleil brille, les éruptions ne sont pas tellement spectaculaires, mais
plus le soleil descend, plus les couleurs rouge, orange et jaune de la lave
sont visibles. Plus la nuit avance, plus les éruptions sont fortes et
impressionnantes.
Il n’y a pas de danger, les guides sont drivés par des
vulcanologues qui ont défini cinq niveaux d’activité, Ce soir, c’est au niveau 2,
les touristes peuvent aller sur le bord du cratère, accompagnés et surveillés
par les guides. Au niveau 3, on ne dépasse pas le col où les 4X4 nous ont
déposés, au niveau 4 les visites sont interdites, au niveau 5 les habitants des
environs sont évacués. Les guides sont en permanence en contact avec une équipe
de sécurité qui a à sa disposition divers appareils de mesure sur le volcan. Quand
les explosions sont très fortes, il faut surveiller les projections qu’elles ne
viennent pas sur nous.
Heureusement, elles restent dans le cratère et tapissent
le fond de lucioles qui fait ressembler le fond du cratère à une ville vue du
ciel de nuit. C’est magnifique. Nous sommes fascinés par le spectacle et quand
vient l’heure de redescendre, c’est avec regret que nous descendons à la lampe
électrique car la nuit est bien noire. Une petite collation nous attend au
point de départ et là , nous nous réinscrivons pour revenir le lendemain
matin. Réveil trois heures, mais c’est tellement beau !
Notre chauffeur nous amène par une nuit bien noire à notre
lodge où nous attend un excellent repas. Après une douche froide dans des
toilettes rustiques, je monte dans mon perchoir avec l’intention de m’endormir
rapidement pour être en forme à 3h. Mais c’est sans compter avec Yasur. Les
grondements, tel un orage, sont fréquents et il crache sa lave de temps en
temps. Couché dans le lit, la tête sur l’oreiller, il suffit que j’ouvre un œil
pour assister au spectacle. Parfois, des averses de pluie tombent et martèlent le toit
en tôle, d’autres fois, il me semble que c’est de la poussière qui tombe. A un
moment j’entends tomber et rouler sur le toit comme un caillou. Finalement mon
sommeil n‘est que parcellaire. A 3h moins dix, je suis debout et retrouve mes
deux compères devant la salle de repas. Il semble que le chauffeur nous ai
oublié, comme ce n’est pas très loin, nous nous rendons au point de rendez-vous
à pied. C’est une nuit sans lune et comme il n’y a pas de lumières électriques
dans le coin, la nuit est totalement noire.
Au point de départ, le guide et le
chauffeur du pick-up nous retrouvent et nous emmènent au col. Après un rappel
des consignes, nous gravissons la dernière pente dans l’obscurité totale,
bercés par les grondement et les explosions de Yasur. Au premier point d’observation,
nous faisons une première halte, puis nous reprenons l’ascension. Nous arrivons
au bord du cratère et là, c’est
grandiose ! Dans l’obscurité totale, les explosions, les projections de
lave les jets de vapeurs sont impressionnants. Il semble que ce soit plus actif
que la veille au soir. Il est toujours au stade 2, mais c’est plus fort
que la veille.
C'est d’autant plus impressionnant qu’il fait nuit. Nous
restons là jusque le lever du jour, soit pendant plus d’une heure et demie. Au
cours de notre observation, nous remarquons que des lumières se déplacent de l’autre
côté du cratère. Notre guide nous dit que c’est dangereux, en ce moment, cette
zone est interdite. Une des lumières descend même sur les flancs de la première
partie du cratère. Par téléphone notre guide apprend que ce sont des guides. En
redescendant, on apprend qu’un jeune de 20 ans, du village, a perdu la tête et
a fugué à deux heures du matin. Ses traces on conduit l’équipe de recherche sur
les bords du cratère. J’apprendrai par le journal le jour de mon départ du
Vanuatu que l’on ne l’a pas retrouvé, qu’il a déjà fait deux tentatives
précédemment et qu’il a dû se jeter dans le volcan, ses traces se perdant dans
le cratère.
Nous redescendons au lodge prendre notre petit-déjeuner et
après une douche, car on est couvert de poussière et on en a même dans les
dents, je vais dormir un peu car je reprends l’avion cet après-midi pour Santo.
Je patiente la fin de matinée en me mettant un peu à jour dans mes récits et avant
midi mon chauffeur me ramène à l’aéroport. Comme on met un peu moins de deux
heures de route, on passe au marché où je prends une barquette de bœuf avec du
riz et des légumes. L’aéroport est très rustique et les enregistrements et
billets sont faits à la main. Embarquement pour Santo !
Album de Tanna: https://goo.gl/photos/xXP9XWRpoXhCtV8x9
1 commentaire:
En voyant tous ces beaux paysages, cela me donne e vie de repartir
Bises
Pierre
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