samedi 11 février 2017

Espiritu Santo, un petit coin de paradis.

Escale rapide à Port Vila pour changer d’avion et j’arrive à la tombée de la nuit à Luganville. Un taxi m’attend ainsi qu’une petite famille qui doit loger comme moi dans la rue de Zaza. Elle nous attend à la descente du taxi et nous répartit dans les logements. J’ai droit à un pavillon pour moi tout seul. La petite famille qui est arrivée avec moi et avec qui je partagerai quelques jours est un médecin militaire de Nouméa, Rémi avec sa femme Déborah et leurs quatre enfants. 

Pendant que Déborah fait manger et couche les enfants, Zaza nous emmène Rémi et moi au nakamal voisin pour sacrifier à la tradition du kava mais surtout nous donner les info et mettre au point les jours à venir. Le nakamal est un bar un peu spécial, très sombre, avec des lumières tamisées car la lumière forte fait mal aux yeux des buveurs de kava. 
Le kava est une boisson tirée du jus des racines du poivrier sauvage. C’est une boisson qui a un goût de terre, qui est deg…. , qui ankylose la langue et la bouche, comme le produit pour endormir du dentiste. Les buveurs de kava en boivent plusieurs de suite et se trouvent dans un état second qui leur permet de dormir en oubliant les soucis. Traditionnellement, on dit : « malok » et on avale cul-sec le schell (un petit bol en demi noix de coco). Il vaut mieux avaler cul-sec, on sent moins le goût. On peut ensuite se rincer tout de suite la bouche à l’eau, il y a des robinets avec une rigole en-dessous qui permet de cracher. Nous mettons au point avec Zaza les modalités du séjour sur l’île, ce qui lui permet de passer rapidement quelques coups de téléphone pour que tout coule sans accros. Pour ma part, elle m’a concocté un bon petit programme très sympa dans la suite du séjour à Tanna.
Le lendemain, elle nous met Rémi et moi entre les mains de Malcom un Australien, ancien scaphandrier, qui a un club de plongée. Il nous amène au bateau et nous confie à l’un de ses moniteurs local qui se révèlera très professionnel. Il faut avouer que j’avais très envie de faire les deux plongées mythiques du Vanuatu mais comme j’ai passé mon niveau un en 2011, que je n’ai pas replongé depuis et que je n’ai que huit plongées, je ne suis pas très à l’aise. J’ai la chance de plonger avec Rémi qui a son niveau trois, qui est médecin sportif qualifié plongée, et avec un moniteur pour moi tout seul. Je me sens donc un peu plus en confiance. Pendant toute la durée des deux plongées que nous ferons, Simon, le moniteur ne me lâchera pas et me guidera. Cela me permet donc de bien profiter des moments. Je regrette de ne pas avoir d’appareil étanche car cela vaut vraiment le coup.
La première plongée se fait sur le Coolidge. C’est un bateau de croisière américain, comme le France, qui au cours de la deuxième guerre mondiale a été transformé en transport de troupes. Lors d’une rotation entre la Nouvelle Calédonie et San Francisco, il a fait escale à Luganville et a sauté sur une de leurs mines. Le capitaine a fait échouer le navire pour permettre au passagers de se sauver, il n’y a eu que deux morts. Après l’abandon du navire, celui-ci s’est couché, puis a peu à peu a glissé sur le récif et coulé entre 20 et 70 m de profondeur. Tout est resté à l’intérieur et les plongeurs se régalent en venant visiter les ponts, les cales, les coursives, les salons et les suites de la première classe. Au cours de cette plongée, nous parcourons le pont avant où nous voyons les canons, les obus dans les casiers, les douilles éparpillées sur le pont, les fusils et divers autres matériels dont une marmite de cuisine avec à l’intérieur des assiettes et de la vaisselle.
Dans la cale, les véhicules sont renversés, on y voit des jeeps, des chars, des camions….
La deuxième plongée devait permettre d’aller plus loin dans le bateau, mais comme je ne reste pas suffisamment car je consomme trop vite, nous faisons la deuxième plongée sur Million Dollars Point. C’est un point de la côte où les américains ont jeté à la mer tous les matériels qu’ils n’ont pas voulu remmener en Amérique et qu’il ne voulaient pas que le japonais récupèrent. Il ont jeté là des dizaines de véhicules : jeeps, camions, bulldozers, chariots élévateurs,  etc… , ainsi que deux barges. Ils ont mis ensuite des explosifs et ont tout fait sauter. Comme c’est tout au bord de la plage, certains débris la jonchent d’ailleurs encore, on part directement du bord de l’eau et on s’enfonce pour voir entre dix et trente mètres tous ce matériels abandonnés représentant plusieurs millions de dollars, d’où le nom du spot. C’est impressionnant ! Les véhicules sont entiers avec leurs pneus ou leurs chenilles. Me sentant en confiance, je profite bien du spectacle qui est unique.
Le lendemain, je rejoins Daniel, Patricia, Logan leur fils et sa copine pour la sortie à Millenium Cave. C’est un site perdu dans la brousse géré par un village nivane. Au cours du trajet, nous empruntons une belle piste bien plane, très large et bien droite, anciennement goudronnée dont les bords goudronnés se perdent dans la végétation.  Le chauffeur de taxi nous dit que c’est l’ancien aérodrome construit par les américains pendant la guerre pour leurs bombardiers. 
Notre chauffeur nous amène jusqu’à un village où nous laissons le véhicule, puis à pied, à travers la brousse, il nous conduit au village de Vunaspef. Sala qui sera l’un de nos guides nous accueille. 
Nous déposons nos sacs et équipés de vêtements et de chaussures qui ne craignent pas l’eau, nous le suivons à travers la brousse. Serge le deuxième guide ferme la marche et porte un sac étanche. 
La piste monte et descend, tantôt creusée de marches dans la terre, tantôt équipée d’échelles rudimentaires mais solides. Nous arrivons au fond du lit d’un ruisseau qui s’enfonce dans la terre. 
Nous le suivons et découvrons la Millenium Cave, une caverne traversante de plus de 400m de long, de 3 à 8 m de large et de 15 à 50 m de haut. Elle est occupée par des milliers d’hirondelles qui ont fait leurs nids dans les trous du rocher et par des chauve-souris. Les anciens connaissaient cette grotte pour venir y chasser les hirondelles, mais ils n’avaient jamais été au fond. C’est Serge, qui un jour qu’il péchait la crevette dans un torrent est entré dans une grotte se demandant ce qu’il allait trouver et il a débouché de la grotte connue. Pendant longtemps, elle n’était connue que d’eux. C’est en 2000 qu’ils ont équipé et lancé le circuit. D’où le nom : millenium. Les bénéfices reviennent au village pour construire et faire tourner l’école et le jardin d’enfants. Nous suivons donc le cours du ruisseau avec de l’eau de la cheville au genou et débouchons de l’autre côté du massif dans un torrent surplombé de falaises.
Après un casse-croûte nous suivons le torrent, tantôt escaladant des rochers, tantôt se laissant couler dans le cours d’eau pour ensuite suivre à la nage un canyon de plusieurs mètres de haut .
C’est magnifique ! L’eau est d’une pureté, d’une transparence que l’on voit facilement le fond à plusieurs mètres et les poissons qui nagent autour de nous.
Par un sentier du même type que précédemment, nous remontons au village. Cette balade n’est pas difficile, mais assez physique et certains éprouvent le besoin d’aller dormir. Nous restons la nuit ici pour partager un peu la vie du village.
Sala nous conduit voir une femme qui prépare le lap lap, plat traditionnel à base de légumes, ignames et poulet, qui est cuit dans des feuilles de bananier sur des braises et couvert par des pierres chauffées dans les braises.
Puis je vais faire un tour dans les jardins. Comme ils ne vivent que de leurs récoltes, leurs jardins sont immenses. Il n’y a pas comme chez nous des carrés de ceci ou de cela, tout pousse ensemble, ils forment des lignes de plantation, mais on trouve mélangés, du maïs, des ignames, des ananas, des tas d’autres légumes au milieu de plants de cacahuètes. Sala me présente un peu son jardin puis au retour au village, avec ses confrères, ils se mettent à préparer le cava.
Quand on voit la boisson, ce n’est pas très engageant, mais quand on voit comment ils le font, cela donne encore moins envie d’en boire. On se demande d’ailleurs comment on ne tombe pas malade en buvant ça. C’est peut-être antiseptique après tout.
Les racines sont déjà épluchées et coupées en tout petits carrés. Ils utilisent un vieux hachoir à viande pour broyer les racines. Ils commencent par donner quelques tours pour sortir ce qui reste de la veille puis on commence à broyer. Comme c’est du bois, cela résiste et chacun notre tour on s’amuse à tourner la manivelle. C’est tellement dur que les hachoirs ne durent pas une éternité, il y a autour quelques cadavres bien usés. 
Il en sort une pâte grise qu’il mettent ensuite dans un vieux sac de jute et ils lavent abondamment l’extrait pour en tirer la substance voulue. Cela donne un jus gris qu’ils tamisent ensuite avec un vieux chiffon et le cava est prêt à boire…..
Nous rejoignons ensuite la salle commune où un repas nous a été préparé. René le deuxième fils du chef du village nous fait offrir un collier de bienvenue par des enfants et nous fait un petit discours avant de partager …. Le cava… bien sûr ! Puis nous passons à table pour déguster un succulent repas traditionnel. Je ne me souviens pas de tout ce qui nous a été servi, mais nous nous sommes régalés. Il y avait une salade de papaye verte, c’est comme du concombre, une salade de fougère, un régal, le lap lap bien sûr, extra et plusieurs autres plats dont des crevettes de la rivière. Les villageois ont attendu que nous ayons fini pour manger à leur tour. Pendant le repas, René répond gentiment à nos questions sur la vie au village. 
Nous rejoignons ensuite le bungalow où nous sommes installés pour dormir. C’est une paillotte sur pilotis comme celles des villageois avec un toit de feuilles de bananiers et des murs en roseaux tressés.
Le lendemain matin, aux aurores, je me lève car je repars pour l’étape suivante. Un villageois me reconduit jusqu’au village suivant où je retrouve le taxi qui est venu me chercher et qui me dépose devant chez Zaza. Je prends juste le nécessaire dans mes affaires et un autre taxi m’emmène à Port Olry. Ah ! Port Olry, un vrai avant goût du paradis. 
Mais avant, en cours de route, on fait une halte au bord d’un « trou bleu ». Il y a comme cela sur l’île, plusieurs « trou bleu ». Ce sont des trous d’eau douce qui communiquent avec la mer et dont le niveau varie en fonction des marées. On les appelle « bleu » parce qu’ils sont d’un bleu irréel. Le bleu de la photo est le bleu réel. A se demander s’il n’y a pas du colorant dedans. Mais l’eau est si belle, si pure que l’on voit le fond à près de quinze mètres. 
On fait un petit tour à Port Champagne une très belle plage comme sur les cartes postales mais qui est envahie par les passagers d’un bateau de croisière Australien qui a jeté l’ancre dans la baie. Les autochtones en ont profité pour dresser leurs petits étalages pour essayer de vendre quelques souvenirs, et il semble que ça marche.  
Début d’après-midi, j’arrive à Port Olry. C’est un petit village de pécheurs très tranquille avec quelques bungalows construits au bord de la plage.
Une plage de sable extrêmement fin, blanc, propre, une eau bleu aux tons multiples, des cocotiers penchant la tête et des arbres multiséculaires. Le rêve !
Mon bungalow est à l’ombre d’un beau tamanou d’au moins cinq cents ans, séparé de la plage par une pelouse de vingt mètres. Soir et matin, il est doux de commencer et de terminer la journée par une baignade dans une eau à température idéale.
Maurice, mon hôte, me prête gentiment palmes, masque et tuba pour admirer les fonds marins. En fin d’après-midi, je retrouve Rémi et Déborah qui sont là depuis deux jours. Le soir, je m’offre un crabe de cocotier pour goûter.
Le lendemain, dimanche matin, je vais à la messe au village. Comme à Port Vila, la messe est tantôt en français, tantôt en bichlama, mais les chants sont magnifiques et la messe très priante et recueillie. 
Puis Florian et son épouse, autres vacanciers comme nous, militaire de Nouvelle Calédonie aussi, ont organisé avec leur hôte, une journée barbecue au bord d’une autre plage. Rémi et Déborah sont de la partie et ils m’invitent à les rejoindre, ce que j’accepte bien sûr. Journée sympa, farniente, exploration des fonds marins, et d’une île sauvage devant la baie où nous sommes. Il y a paraît-il un tunnel sous-marin qui traverse l’île de part en part et qui est plein de langoustes. 
Le soir, le restaurant nous a préparé un petit porcelet cuit au four, extra !


Là se termine cette parenthèse au Vanuatu car le lendemain lundi, je reprends l’avion pour Port Vila où j’attrape celui pour Brisbane en Australie.

En conclusion de cette expérience, je peux dire que le Vanuatu est un pays qui mérite à être connu, bien qu'il soit très pauvre, il a des trésors cachés. C'est très beau, nettement moins cher que la Nouvelle Zélande et l'Australie, mais surtout, les nivanes sont des gens très accueillants, paisibles et toujours souriants.


Album d'Espiritu Santo:   https://goo.gl/photos/FNH6K8JxtBjXHQZ88

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