Débarquant en fin d’après-midi à l’aéroport de Port Vila, un
taxi m’emmène au motel où j’ai réservé, le Paradise Pacific Motel. C’est un
petit motel sans prétention, pas cher mais qui a de bons échos. Ses chambres
sont correctes, certaines comme la mienne n’ont qu’une petite fenêtre donnant
sur une cour, mais elle est équipée d’un cabinet de toilette, d’un coin cuisine,
c’est très propre, le personnel est très accueillant et parle français. Ce qui
est amusant, c’est qu’elle est équipée d’une belle TV mais qu’il n’y a qu’une
chaîne, et d’un coffre-fort mais qui n’est pas fixé donc inutile. Un petit tour dans les commerces du coin pour
trouver à dîner, il y a plusieurs take away, des fast-food qui proposent des
repas pour 300 Vatus soit 2,50 €. Je ne me casse donc pas la tête à cuisiner
d’autant que ce n’est pas trop mon truc et que c’est appétissant.
Bien que Port Vila soit une toute petite ville, la
circulation est intense dans la rue principale. Une multitude de combis 7 à 9
places Hyundai ou Toyota se suivent à la queue leu leu. Ce sont les transports
en communs. Les bus se distinguent des transports publics par leur immatriculation :
B pour Bus, PT pour transport publics, T pour taxi. Les bus vont partout, ils
font le tour de l’île et il suffit de lever le bras pour qu’ils s’arrêtent, le
prix, peu élevé, est fonction de la distance et ça peut se discuter.
J’avais eu connaissance qu’au Vanuatu, une française,
Isabelle Cabat dite Zaza s’est installée et essaie de développer le tourisme local
pour les français avec les habitants Nivanes (Nivanuatu, nés au Vanuatu).
Le tourisme est pollué par les
tours operators australiens avec des hôtels chers et ne faisant pratiquement pas
vivre les locaux. Elle cherche plutôt à développer le tourisme de proximité
avec logement dans des accueils en village, des activités avec des Nivanes,
etc…, et tout cela pour des prix très abordables. Je lui avais envoyé un mail
sur son Facebook avant de venir, mais n’ayant pas de réponse je suis arrivé à
l’aventure. Ce n’est qu’une question de communication. Pendant la soirée, je
retourne sur son Facebook et constate qu’elle m’avait demandé de lui renvoyer
mon message sur son adresse mail. Ce que je fais de suite et en deux jours
grâce à quelques mails échangés, elle me bâtit un programme qui me semble super.
En attendant sa réponse, le samedi matin, je me rends à
l’office du tourisme où je n’obtiens pas grand-chose, c’est auprès de Dominique
de l’agence de location de voiture Easy Car Rentals que j’obtiens le plus de
conseils et un accueil chaleureux et avisé. Et au cours des deux jours de ma
présence sur Efate, je vais voir le peu qu’il y a à voir, car il n’y a pas
grand-chose sur Efate. Le port se réduit à une plage et un seul warf où
viennent s’amarrer les bateaux de croisière. La plupart des bateaux locaux sont
des barges de débarquement par l’avant. On a l’impression de faire un saut en
arrière d’un demi siècle.
Le Secret Garden est un jardin botanique avec
plusieurs panneaux très intéressants sur l’histoire des îles, de leur
découverte, de leurs légendes, du cannibalisme, etc… Dommage que ce ne soit
qu’en anglais. Je n’ai pas vu la cascade de Mele car avec la sécheresse, il n’y
a pas d’eau qui coule. Le seul intérêt est de pouvoir se baigner dans le bassin.
Comme c’est payant, c’est sans intérêt.
Je fais un tour de l’île, mais on ne
voit pas grand-chose, le musée de la deuxième guerre mondiale est fermé. Au
cours de ce tour, je m’arrête dans un restaurant que Dominique m’a chaudement
recommandé, le Life Resort, au bord de l’océan, juste de l’autre côté de l’île.
Un restaurant ouvert par Jack, un Franco-Australien très sympa qui cherche,
comme Zaza à faire vivre les locaux. Il propose un succulent plat de fruits de
mer qu’il pêche lui-même avec son personnel. Je suis accueilli par Annie, une Nivane très sympathique qui parle le français et avec qui je tape la
bavette durant tout le déjeuner. Le personnel est très accueillant, souriant et
chaleureux, le cadre est magnifique et l’assiette copieuse et excellente.
Dominique m’avait aussi indiqué un parc où les touristes peuvent nager avec des
tortues, des bébés requin et une raie. Je ne m’y baigne pas mais donne à manger
aux tortues, aperçois la raie et les requins et vais voir de beaux crabes de
cocotiers, mais je trouve que cela fait un peu piège à touristes.
Elle m’a aussi indiqué la seule chocolaterie de l’île qui, à
partir des graines de cacao venant de trois îles différentes du Vanuatu (Epi, Malicula
et Santo) produit un excellent chocolat noir à 70%. Un vrai régal, les trois
étant différents avec leur parfum propre. J’y suis accueilli par deux femmes
qui tiennent une petite boutique de souvenirs sur le site et qui parlent
français. Comme je suis le seul touriste, elles prennent le temps de me faire
visiter le centre, la fabrique de chocolat qui est artisanale, le magasin avec
ses statues et ses reproductions de tamtam et de pirogues, et le petit atelier
d’extraction d’huile de coco qui a été installé par un australien.
Le musée de Port Vila n’est peut-être pas très riche mais
c’est à mon avis, le point le plus intéressant à voir, toutefois, il faut prendre
la formule avec accueil par un guide car elle permet de découvrir le dessin sur
sable qui est une spécificité du Vanuatu.
Le dessin sur sable, ou Sandroing,
est à la fois un moyen de communication, et une école de la vie. C’est tout un
art et une philosophie. J’ai eu la chance de pouvoir bénéficier des
explications du seul guide qui parle français. C’est un volontaire mélanésien
qui est là depuis trois ans et qui se passionne pour cet art. Il m’a donné
beaucoup d’explications et tracé plusieurs dessins magnifiques.
Après avoir
tracé un repère à base de lignes, il faut tracer le dessin lentement,
régulièrement suivant une symbolique particulière, sans lever le doigt et tout
en racontant une histoire ou un conte qui se termine par une morale au moment
ou on arrive au point final qui est le point de départ…. Chez les autochtones, cet
enseignement est apporté par les anciens. Comme le dit ce guide, l’école
apporte le savoir faire, le Sandroing le savoir être.
Le lundi soir, j’ai fait un tour sur le marché avec ses
étalages de fruits et de légumes. Les prix du marché de Nouméa étaient exorbitants,
bien plus chers qu’en France, même pour des fruits et légumes produits
localement. Ici, les prix sont très bas et je m’offre le plaisir d’un dîner de
fruits. Les ananas sont énormes, juteux et parfumés pour seulement 100 VT (0,80€),
les fruits de la passion, un délice pour 100 VT les 2kg, 8 bananes pour 0,50 VT
et des cacahuètes fraîches pour 100VT, je n’en avait jamais mangé et ici ils
sont toujours en train d’en manger. Cela a un peu le goût de la noisette
fraîche.
Les étals débordent et le marché est tous les jours de la semaine 24h
sur 24, les vendeurs sont assis parterre ou dorment derrière leur étal et
attendent le client. Il y a des montagnes de tarots, de manioc, d’ignames,
d’ananas, de pastèques dont certaines font 15kg et de toutes autres sortes de
fruits ou de légumes. On trouve des petits marchés un peu partout dans l’île.
Comme j’ai prévu de faire le tour de l’île le dimanche, je
vais à la messe le samedi soir à la cathédrale de Port Vila. C’est une église
moderne sans caractère ni cachet particulier. La chorale d’un trentaine de
personne dont une dizaine d’homme est remarquable, l’assistance est tout aussi
nombreuse et je suis le seul blanc. Les chants sont magnifiques, à plusieurs
voix. La messe est en français, mais ils chantent tantôt en français, tantôt en
anglais, tantôt en bichlama. Le sermon du prêtre est du même acabit, difficile
pour moi de le suivre. Le bichlama est un peu la langue universelle ici. Le
Vanuatu est constitué de 80 îles et il y a plus de 110 langues différentes. Ce
qui fait la liaison entre eux tous est donc le bichlama. C’est un peu comme le créole.
Le créole est du « petit nègre » à base de français, le bichlama est à
base d’anglais. En le lisant en phonétique, on peut en comprendre quelques
mots.
Mon séjour à Efate a duré trois jours, j’aurais pu le
réduire si j’avais pu prévoir plutôt car il n’y a pas grand-chose, mais j’ai
fait des rencontres très sympathiques. Comme on me l’avait dit à plusieurs
reprises, les Nivanes sont souriants, accueillants, chaleureux. On discute
facilement et ils sont heureux de raconter et de parler de leur pays bien qu’il
soit très pauvres.
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