lundi 6 février 2017

Tanna et son volcan, seigneur Yasur

Mardi 24 janvier, je prends l’avion pour Tanna et son volcan Yasur, qui signifie Jésus. Dans les divers commentaires que l’on m’avait fait, il fallait que je vienne voir ce volcan qui est en activité. C’est, je crois, le seul volcan actif au monde où les touristes peuvent s’approcher du bord du cratère et le voir ainsi de si près. Compte tenu du peu de temps que je reste au Vanuatu, je n’y passe qu’une nuit, cela fait peut-être un peu cher, mais cela vaut le coup. J'y arrive avec un jeune couple très sympa, Sandra et Nicolas, bretons installés depuis un an à Nouméa, elle est médecin, lui est infirmier.
Le contact de Zaza, Fred, a un hébergement comprenant un bungalow surélevé et un bungalow dans un gros banian à plus de vingt mètres de haut. Quand on y est couché, on a une vue directe sur le volcan. Comme ils restent deux nuits et moi une, je peux profiter de la maison dans l’arbre.
Le gendre de Fred vient nous accueillir à l’aéroport et nous voilà partis pour près de deux heures de route. Il faut traverser l’île d’abord par une piste en travaux, puis par une petite route tantôt goudronnée, tantôt bétonnée, tantôt en piste défoncée, puis la dernière partie, un tiers environ, se fait par une piste défoncée où l’on roule de 5 à 20 Km/h. L’île est partagée par une chaîne montagneuse que l’on traverse. Quand on arrive sur le versant Est, on remarque tout de suite un nuage gris qui vient du sud.
Au détour d’un virage, on a une vue sur le volcan. Il est là au loin, devant nous, tout gris de poussière tranchant sur la végétation. De son sommet s’échappe un nuage de poussière. Autour de nous, la terre est noire, c’est la poussière rejetée par le volcan. Il paraît qu’elle est excellente, tout pousse très bien. Mais comme le volcan crache en permanence, tout est couvert de cette poussière grise. 
Comme c’est une poussière très fine, du sable très fin, quand il pleut, les eaux de ruissellement ravinent abondement et les pistes sont défoncées.
En arrivant au pied du volcan, on traverse une zone entièrement désertique, grise, on se croirait dans le désert ou sur la lune.

Dès notre arrivée, le chauffeur nous amène directement au point de départ de la visite. Celle-ci a commencé depuis plus d’une heure car cela commençait par des danses traditionnelles, mais on raccroche les wagons et on monte en pick-up jusqu’au col au pied du cratère. Là le guide nous donne les consignes et nous le suivons vers le cratère. 
De temps en temps, on entend de belles explosions ou des bruits de soufflerie et on voit des projections au-dessus du cratère.
Au bout de quelques minutes de montée, on débouche à un premier point d’observation, au bord du grand cratère, on reprend la montée pour aller au point le plus haut d’où l’on voit le fond du cratère.
Il est partagé en deux par une moraine centrale et deux cheminées débouchent dans chacun des deux demi-cratères. 
Chacune de ces cheminées a son mode d’action propre. Nous restons là jusque après le coucher du soleil, soit pendant plus d’une heure que l’on ne voit pas passer. 
Le spectacle est tout simplement fantastique, grandiose, unique, on ne se lasse pas. Par moment, le volcan se calme quelques minutes et cela précède souvent une explosion plus forte que les précédentes.
L’une des cheminées est cachée par un replat dans le cratère, de temps en temps il se met à cracher des jets de vapeurs blanches, telle une machine à vapeur, accompagnés parfois de quelques projections de lave. Dans la deuxième moitié du cratère, les deux cheminées crachent par moment de gros nuages de fumées noires, parfois accompagnés de quelques projections de lave ou des éclairs au sein du nuage. Quant à la quatrième et dernière cheminée, c’est celle que l’on domine et que l’on voit le mieux, c’est la plus spectaculaire. Comme elle est juste en-dessous de nous, on voit son cratère. La lave bouillonne et souvent des explosions projettent à des hauteurs plus élevées que nous des bombes de lave plus ou moins grosses. 
Ses manifestations sont parfois accompagnées d’échappement de gaz de souffre de couleur bleue, d’explosion dont on ressent la pression et le souffle dans la poitrine. Tant que le soleil brille, les éruptions ne sont pas tellement spectaculaires, mais plus le soleil descend, plus les couleurs rouge, orange et jaune de la lave sont visibles. Plus la nuit avance, plus les éruptions sont fortes et impressionnantes. 
Il n’y a pas de danger, les guides sont drivés par des vulcanologues qui ont défini cinq niveaux d’activité, Ce soir, c’est au niveau 2, les touristes peuvent aller sur le bord du cratère, accompagnés et surveillés par les guides. Au niveau 3, on ne dépasse pas le col où les 4X4 nous ont déposés, au niveau 4 les visites sont interdites, au niveau 5 les habitants des environs sont évacués. Les guides sont en permanence en contact avec une équipe de sécurité qui a à sa disposition divers appareils de mesure sur le volcan. Quand les explosions sont très fortes, il faut surveiller les projections qu’elles ne viennent pas sur nous. 
Heureusement, elles restent dans le cratère et tapissent le fond de lucioles qui fait ressembler le fond du cratère à une ville vue du ciel de nuit. C’est magnifique. Nous sommes fascinés par le spectacle et quand vient l’heure de redescendre, c’est avec regret que nous descendons à la lampe électrique car la nuit est bien noire. Une petite collation nous attend au point de départ et là , nous nous réinscrivons pour revenir le lendemain matin. Réveil trois heures, mais c’est tellement beau !
Notre chauffeur nous amène par une nuit bien noire à notre lodge où nous attend un excellent repas. Après une douche froide dans des toilettes rustiques, je monte dans mon perchoir avec l’intention de m’endormir rapidement pour être en forme à 3h. Mais c’est sans compter avec Yasur. Les grondements, tel un orage, sont fréquents et il crache sa lave de temps en temps. Couché dans le lit, la tête sur l’oreiller, il suffit que j’ouvre un œil pour assister au spectacle. Parfois, des averses de pluie tombent et martèlent le toit en tôle, d’autres fois, il me semble que c’est de la poussière qui tombe. A un moment j’entends tomber et rouler sur le toit comme un caillou. Finalement mon sommeil n‘est que parcellaire. A 3h moins dix, je suis debout et retrouve mes deux compères devant la salle de repas. Il semble que le chauffeur nous ai oublié, comme ce n’est pas très loin, nous nous rendons au point de rendez-vous à pied. C’est une nuit sans lune et comme il n’y a pas de lumières électriques dans le coin, la nuit est totalement noire. 
Au point de départ, le guide et le chauffeur du pick-up nous retrouvent et nous emmènent au col. Après un rappel des consignes, nous gravissons la dernière pente dans l’obscurité totale, bercés par les grondement et les explosions de Yasur. Au premier point d’observation, nous faisons une première halte, puis nous reprenons l’ascension. Nous arrivons au  bord du cratère et là, c’est grandiose ! Dans l’obscurité totale, les explosions, les projections de lave les jets de vapeurs sont impressionnants. Il semble que ce soit plus actif que la veille au soir. Il est toujours au stade 2, mais c’est plus fort que la veille.
C'est d’autant plus impressionnant qu’il fait nuit. Nous restons là jusque le lever du jour, soit pendant plus d’une heure et demie. Au cours de notre observation, nous remarquons que des lumières se déplacent de l’autre côté du cratère. Notre guide nous dit que c’est dangereux, en ce moment, cette zone est interdite. Une des lumières descend même sur les flancs de la première partie du cratère. Par téléphone notre guide apprend que ce sont des guides. En redescendant, on apprend qu’un jeune de 20 ans, du village, a perdu la tête et a fugué à deux heures du matin. Ses traces on conduit l’équipe de recherche sur les bords du cratère. J’apprendrai par le journal le jour de mon départ du Vanuatu que l’on ne l’a pas retrouvé, qu’il a déjà fait deux tentatives précédemment et qu’il a dû se jeter dans le volcan, ses traces se perdant dans le cratère.


Nous redescendons au lodge prendre notre petit-déjeuner et après une douche, car on est couvert de poussière et on en a même dans les dents, je vais dormir un peu car je reprends l’avion cet après-midi pour Santo. Je patiente la fin de matinée en me mettant un peu à jour dans mes récits et avant midi mon chauffeur me ramène à l’aéroport. Comme on met un peu moins de deux heures de route, on passe au marché où je prends une barquette de bœuf avec du riz et des légumes. L’aéroport est très rustique et les enregistrements et billets sont faits à la main. Embarquement pour Santo !




1 commentaire:

Pierre et Marie-Jeanne a dit…

En voyant tous ces beaux paysages, cela me donne e vie de repartir
Bises
Pierre