mardi 6 septembre 2011

Ordination en Roumanie

Parti de Besançon le vendredi 29 juillet par le train de 5h56, je rejoins Orly d’où l’avion décolle à 12h45 pour me déposer à Budapest à 15h. Alexandru et Lavinia venant de Satu Mare ont un peu de retard en raison des nombreux travaux sur les routes. Je les attends, puis Alexandru et moi allons récupérer Christine et Christophe et leurs enfants: Constance, Charles, Victoire et Joséphine ainsi que Carmen qui arrivent de Genève au terminal 2. Nous revenons au terminal 1 où Lavinia a accueilli Armel et Véronique. Cela s’arrange bien, tous les avions arrivent à peu d’intervalle. Nous prenons ensuite la route sous la pluie en direction d’Oradea où nous arrivons vers 22h locales. Nous sommes répartis en deux voitures avec Alexandru et moi comme chauffeurs. Après un premier dîner en commun dans une pizzeria aux pizzas pantagrueliques nous allons prendre nos quartiers au séminaire.
Après une bonne nuit de sommeil, nous descendons prendre le petit déjeuner qui est local. Il nous est proposé café ou tisane de fruits sucrée, charcuterie, œufs, fromage…On se contente de café ou tisane, pain, beurre et confiture : nous restons bien français !
De 105Ordination
Nous commençons notre journée par un rendez-vous avec l’Evêque gréco-latin. Rencontre très émouvante, Mgr Virgil nous apporte un témoignage du passé, récent, assez touchant. Il a commencé par des études et une profession d’ingénieur agronome. Il menait en même temps des études clandestines de séminariste. Il a été ordonné en 84, en cachette dans un appartement en présence de deux prêtres, une religieuse et une femme laïque. Il a continué de pratiquer sa profession pendant la journée et officiait clandestinement la nuit en tant que prêtre jusqu’en 90 après la chute du régime Caucescu. Il l’a fait en cachette de ses parents et de sa famille car un oncle prêtre avait souffert des prisons du régime. C’est quelques temps après que ses parents ont découvert qu’il était prêtre en le voyant célébrer. Les échanges sont profonds et pleins d’une grande bonté, d’une grande miséricorde. Nous poursuivons par la visite de la cathédrale où Alex sera ordonné. Nous faisons ensuite le tour d’une ancienne cathédrale catholique latine située dans les jardins du muséum qui est en fait un ancien évêché. La matinée se termine par un repas dans restaurant à cuisine typiquement roumaine. C’est excellent, conseillés par Alex, nous prenons un plat de viande fumée, saucisse, légumes, chou, pomme de terre, riz, polenta, frites.
Quant à l’après-midi, nous allons la passer dans un centre de thalasso avec piscine, sauna, hammam, massages, etc. Le soir nous dînons d’un repas léger dans une pizzéria (salade + glace). Retour au séminaire où Armel et Christine effectuent une répétition de la litanie des saints qu’ils chanteront le lendemain. Malgré le mariage qui se déroule dans la cantina, la salle à manger du séminaire, je passe une bonne nuit.
De 105Ordination
Dimanche 31, réveil 7h45, petit-déjeuner à la française et départ 9h25 avec Alex et Armel pour les préparatifs de la cérémonie. Armel étant diacre, il a été invité à concélébrer avec Alexandru. Le rite gréco-catholique étant différent du rite latin, très proche du rite orthodoxe, cela lui fait une expérience unique et très émouvante. Pour ma part, Mgr Virgil m’a autorisé à filmer toute la cérémonie. Quand nous arrivons, une messe est en cours, nous nous rendons donc dans la « sacristie ». Surprise : cela se passe derrière l’iconostase qui est le lieu saint. C’est surprenant de voir que pendant que l’office se termine, que les fidèles sont encore recueillis, derrière l’iconostase, c’est un peu le bazar. Bien que nous soyons du côté de l’autel, les gens se déplacent comme dans une sacristie normale, s’habillent, parlent doucement, effectuent les préparatifs, etc… . C’est calme mais surprenant. J’assiste à l’habillage d’Armel : soutane, aube, manchettes, chasuble, étole, comme pour Alex. D’autres prêtres et diacres arrivent et s’habillent puis tous sortent en cortège et se dirigent vers l’entrée principale pour accueillir l’évêque. A l’arrivée de l’évêque, tous remontent l’allée en grande cérémonie et Mgr Virgil bénit les fidèles dont beaucoup cherchent à toucher les vêtements des prêtres, la soutane de l’Evêque. Derrière l’iconostase, l’habillage de l’Evêque se déroule selon tout un rituel au cours duquel il revêt X composants. On comprendra pourquoi il transpirera pendant la cérémonie qui débute ensuite. Alex et Armel officient ensemble, Alexandru chante en roumain, et Armel ayant un cérémonial bilingue suit et chante en français, les réponds sont effectués par la chorale. La cérémonie est très riche, très belle, poignante. Le rite est très particulier, beaucoup de signes de croix, déplacements, tout cela accompagné d’une très belle chorale avec des solistes aux voix pures et claires. Contrairement au rituel romain où le diacre n’a qu’un tout petit rôle, dans le rite gréco-catholique le diacre occupe une place importante. Il est un assistant très actif du célébrant. En particulier, durant toute la première phase, le temps de la parole, c’est lui qui officie, les lectures sont chantées, le célébrant ne fait que présider. Durant la messe, il n’y a quasiment pas de temps de silence, les officiants : prêtres, diacres, chorale chantent tout le temps, la foule répond souvent. Ayant l’autorisation de filmer, cela me permet de passer d’un côté à l’autre de l’iconostase et d’assister à tout ce qui est normalement caché aux fidèles car les portes sont plusieurs fois fermées et rouvertes au cours de la cérémonie. Armel et moi vivons alors une expérience bouleversante. Pour ma part, malgré l’attention due aux prises de vue, je me suis senti plongé dans un recueillement qui ne m’a pas laissé indifférent. Après la cérémonie qui a duré plus de deux heures, j’avoue que des larmes d’émotion me sont venues spontanément. J’en suis heureux car cela m’a permis de partager avec Alexandru ce temps qui est tout de même un passage très fort pour un homme. Bien qu’étant diacre depuis plusieurs années, le voilà ordonné prêtre et donc investi d’un ministère chargé du mystère de l’eucharistie. Je ne suis pas près d’oublier une telle cérémonie. Celle-ci se termine par la bénédiction des fidèles par le nouveau prêtre, l’Evêque étant le premier à se faire bénir. C’est un moment chargé d’émotion car les amis et parents défilent devant Alexandru qui les bénit puis Lavinia qui leur remet une image souvenir. A l’issue de cette matinée, nous rejoignons le séminaire pour un repas avec la famille et les amis les plus proches présents. Celui-ci commence par l’apéritif, la pálenka : l’eau de vie de prune. Nous faisons la connaissance de Cosmin et Radu, deux amis d’Alex. Radu est médecin psychiatre et officie en France à Chaumont, Cosmine est orthodoxe, professeur de théologie et d’histoire de l’église. Ils vont nous accompagner durant notre périple.
De 105Ordination
A l’issue du repas, nous embarquons nos bagages et prenons la route pour Satu Mare, la ville de Lavinia. La route est en assez mauvais état, les ornières sont nombreuses et les travaux créent de nombreux bouchons. De part et d’autre de la route, des champs de maïs s’étendent à perte de vue ; on rencontre souvent des paysans qui vendent des montagnes de pastèques au bord de la route. Alexandru en achète deux grosses qui sont lourdes de jus, nous les mangerons le soir à la fin du repas et nous nous régalerons car elles sont très parfumées. Les parents de Lavinia nous accueillent très gentiment, très chaleureusement, très gênés de ne pas pouvoir nous accueillir mieux car leur appartement est très petit. Lavinia, Christine et moi allons faire quelques courses dans un supermarché voisin, puis nous prenons le repas du soir chez les parents de Lavinia. La maman nous a fait une excellente polenta puis nous terminons par la pastèque goûteuse à souhait. Alexandru et moi faisons ensuite le tour de la ville pour dispatcher le groupe, la famille S dans un appartement d’un cousin d’Alex, Armel et Véronique chez un autre cousin d’Alex, Cosmin chez un oncle d’Alex et moi chez les parents de Lavinia dans la chambre de jeune fille de Lavinia. Alex est fatigué nerveusement par le stress, les filles d’A et L sont très énervées, elles ont du mal à s’endormir, surtout Maria, un an, qui ne s’endort qu’après 23h. Demain nous partons pour notre périple à travers la Transylvanie et les Carpates Orientales puis une excursion vers Budapest et Vienne. Un circuit d’environ 5400 Km

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