Dimanche 7 août, nous nous levons vers 9h et prenons le petit-déjeuner dans l’appartement de Maria. Alex nous rejoint et nous gagnons l’église à pied à quelques centaines de mètres de là. Tous les villageois convergent vers l’une ou l’autre église, orthodoxe ou gréco-catholique. Beaucoup de femmes sont habillées en costume traditionnel très coloré, jupe courte évasée, fleurie et de couleur vive, fichu noué sur la tête. C’est la première messe officielle d’Alexandru, il concélèbre avec le curé de la paroisse. Le cérémonial étant très complexe, c’est le curé qui préside. Armel participe en tant que diacre. La messe dure 1h45, les chants sont beaux et comme pour la messe d’ordination, cela dure toute la messe. A l’issue, tous les fidèles défilent devant Alexandru qui les bénit. L’église est toute neuve car l’ancienne église gréco-catholique avait été donnée aux orthodoxes par le régime communiste et ils ne veulent pas la rendre bien qu’ils ne s’en servent pas. Nous avons découvert au cours de notre séjour, le conflit qui existe entre les deux rites. Les orthodoxes n’acceptent pas que les gréco-catholiques retrouvent leurs fidèles qui avaient été obligés de se tourner vers les orthodoxes, leur religion étant interdite et durement réprimée. Maintenant que la liberté est revenue, les gréco-catholique reviennent à leur rite au grand dam des prêtres orthodoxes qui pratiquent pressions, menaces voire voies de fait. Mgr Virgil nous en avait longuement parlé, ainsi qu’Alexandru. Le conflit ne vient pas des fidèles qui acceptent très bien les divers rites, mais c’est le fait du clergé orthodoxe.
A l’issue de la messe, nous montons dans les voitures pour rejoindre le hameau des parents d’Alex, Turţ Băi. Nous prenons un chemin forestier tout juste carrossable, il ne faut pas que les voitures soient trop basses. Le repas de fête se fait dans leur nouvelle maison qui est en construction, il n’y a que le clos et le couvert : les murs, le toit, les menuiseries. Les tables sont dressées à l’intérieur car ils craignent un orage qui ne viendra pas. Alex se met tout de suite à la cuisine, deux chaudrons sont suspendus au-dessus d’un feu et la viande mijote déjà depuis trois heures. Il va finir la préparation en rajoutant légumes et épices et cela va continuer à cuire pendant deux heures. Il y a de la viande de porc, du veau et du bœuf. Quand tout le monde est là nous passons à table pour prendre l’apéro à la …. Pálenka, bien sûr, accompagnée de petites saucisses du pays, de beignets de viande, de poivrons farcis au fromage, de boulettes de viande et de champignons. C’est excellent, mais en fait d’apéro, c’est une véritable entrée.
Suit ensuite le repas excellent et très copieux, nous sortons de table vers cinq heures, repus. Nous montons faire une promenade vers la maison des parents d’Alex, maison ancienne au confort très sommaire : une cuisine en terre batue et une salle de séjour, les toilettes sont au jardin. Le cadre est champêtre et sympathique. Nous montons sur la colline pour avoir une vue sur les environs. Quand nous redescendons, après une distribution de bonbons et de ballons aux enfants les gens se séparent et rentrent chez eux. Christophe, Charles et moi, nous sommes ramenés au village par un cousin d’Alex qui est très fier de nous faire découvrir son pays et nous emmène voir l’entrée de l’ancienne mine qui est maintenant désaffectée. Le soir, encore repus du repas de midi, nous avons du mal à grignoter ce que la mère d’Alex nous a donné. Nous rejoignons nos lits fatigués mais contents.
Le lendemain lundi, nous quittons le village et rejoignons Satu Mare où nous déjeunons chez les parents de Lavinia après avoir récupéré Armel et Véronique. Nous partons ensuite pour Budapest en laissant Lavinia chez ses parents. A Budapest, nous nous installons dans une auberge à proximité de l’aéroport et où nous avions réservé des chambres. Avant la tombée de la nuit, nous allons faire un tour rapide en ville pour avoir un petit aperçu, nous nous promenons dans les rues de la vieille ville et nous passons près du parlement superbe édifice au bord du fleuve, tout en dentelle de pierre. Nous dînons tranquillement à l’auberge et allons nous coucher de bonne heure, demain nous allons à Vienne.
Partis de bonne heure, nous prenons un petit déjeuner dans un restauroute et atteignons une zone commerciale avant la frontière autrichienne où de très nombreuses marques ont installé des magasins d’usine. C’est un vrai village avec des bâtiments récents mais de style où toutes les grandes marques vendent leurs produits avec des réductions allant de 30 à 70% par rapport aux commerces normaux. Alex nous lâche environ deux heures et chacun tourne en quête de bonnes affaires. Nous nous retrouvons à la cafétéria pour déjeuner puis nous filons à Vienne.
Nous garons les voitures dans le parking souterrain de l’opéra et nous promenons dans les rues piétonnes autour de la cathédrale puis le long du boulevard le long des châteaux. C’est une ville magnifique, grandiose. La cathédrale est en rénovation, mais les échafaudages sont habillés de toiles sur lesquelles la cathédrale est peinte. La promenade nous donne envie d’y revenir. De retour à l’auberge, nous dînons et allons nous coucher rapidement.
Le lendemain, mercredi 10 août, c’est le jour de départ de la famille S. Le matin, nous faisons un tour dans la ville pour en avoir un petit aperçu et nous visitons la cathédrale, superbe, plus belle que celle de Vienne à mon goût. A 13h, nous déposons Carmen et la famille S à l’aéroport et nous reprenons la route en direction de Satu Mare. Armel et Véronique sont montés avec moi, Alex est seul dans sa voiture. Sur la route nous rencontrons soleil et pluie ce qui nous donne de beaux arcs en ciel. Nous dînons chez les parents de Lavinia puis Alex nous amène chez Virgil pour dormir. Virgil, petit cousin d’Alex est chef de cabinet d’un sénateur et son épouse Dumi est professeur au collège de Turţ Leurs revenus étant très modestes, ils habitent chez les parents de Virgil qui ont une grande et superbe maison. Virgil nous invite à boire un petit verre de Pálenka et nous entraîne voir l’atelier de sculpture sur bois de son père. Nous passons un bon moment à admirer ses œuvres, il a un bon coup de ciseaux. Virgil nous fait goûter une Pálenka de vingt-six ans d’âge. Nous passons un bon moment à bavarder, nos échanges se font en anglais.
Jeudi nous partons avec Alex, Lavinia et Maria pour Oradea. Nous déjeunons dans la même pizzéria qu’à notre arrivée le premier jour, puis nous allons récupérer Cosmine chez lui. Nous sommes heureux de nous retrouver, son moral va bien, il avait passé une bonne soirée avec Radu lors de leur retour. Alex a rendez-vous avec Mgr Virgil qui nous reçoit de nouveau très gentiment. Cosmine nous attend dehors pendant l’entretien. Nous allons ensuite visiter la cathédrale orthodoxe avec la lune. Au cachet élancé et léger extérieurement, elle est très belle intérieurement, des fresques couvrant tous ses murs et voûtes. Cosmine nous fait découvrir le passage de l’aigle noir, une galerie commerciale puis nous nous promenons dans le cœur de la ville et découvrons un peu Oradea, très jolie petite ville. Comme je voulais acheter une véritable icône pour des amis qui aller célébrer leur quarante ans de mariage, Cosmine m’a proposé de nous emmener voir son père spirituel, le père Oreste, prêtre orthodoxe qui fait des icônes. Nous nous rendons à Băile Felix, ville thermale où le père Oreste célèbre dans une ancienne chapelle orthodoxe au milieu du parc de la station thermale. Nous arrivons au moment des vêpres. Je pense instantanément que c’est compromis, mais non, Cosmine nous surprend Armel et moi en traversant allègrement la chapelle et passant de l’autre côté de l’iconostase. Nous le voyons bavarder avec le prêtre qui lui montre des choses pendues au dos de l’iconostase, puis interpelle un fidèle qui lui amène une chaise, monte dessus et donne au père Oreste une plaque. Cosmine, tout aussi discrètement ressort retraverse la chapelle et nous entraîne dehors. Il me tend une très belle icône en me demandant si ça me convient. Je réponds par l’affirmative, mais quand je lui demande combien je lui dois, il me répond : « rien, c’est un cadeau du père Oreste ». Nous ramenons Cosmine en ville et rentrons sur Satu Mare en faisant un crochet par le terrain d’Alex et Lavinia. C’est un verger qui domine la ville, il a une vue magnifique. Reste à construire la maison !
Vendredi matin, Alex et Lavinia arrivent tranquillement avec les filles. Nous allons passer la journée à la ferme chez les parents d’Alex. Journée tranquille, champêtre, très chaleureuse et sympathique. Les parents d’Alex nous accueillent très simplement, chaleureusement. Avec sa barbe, ses cheveux longs et ses yeux bleus au regard plein de bonté, le père d’Alex a une belle tête de patriarche. Nous faisons un feu sur lequel nous faisons griller du jambon et du lard gras sans maigre. On pique les morceaux au bout de baguettes de bois et on fait griller. Quand la graisse commence à couler, on la répand sur des tranches de pain ou d’oignons. Quand le lard est bien grillé, translucide, nous passons à table. Si cela ne paraît pas très ragoutant comme met, c’est en fait succulent, mais il ne faut pas en manger trop souvent. Après le déjeuner, nous montons dans la colline faire une petite promenade en laissant Patricia et Maria à leurs grands-parents. Nous ramenons une bonne quantité de mûres que les petites s’empressent de manger. Maria se régale et s’en tartine le museau. Patricia nettoie consciencieusement les mains de sa « peti sœur ». Nous rentrons paisiblement à Satu Mare.
Le lendemain Samedi, nous partons passer la journée sur le terrain des parents de Lavinia. Au passage, nous passons voir l’oncle de Lavinia qui est prêtre Gréco-catholique. Il a d’abord été prêtre orthodoxe puis a changé de rite. Il est curé de paroisse et nous a fait visiter son église qu’il a fait construire. Durant notre séjour, nous avons été surpris de voir le nombre d’églises catholiques ou orthodoxes qui se construisaient. Nous avons eu des échanges très intéressants avec le père, il s’intéresse à l’évolution de la pratique en France. Comme il parle le français, nous échangeons en français. Nous rejoignons ensuite les parents de Lavinia. Alex se remet à la cuisine, préparant une marmite de viande à mijoter sur un feu de bois, puis il fait griller des champignons sur un plaque. La sœur de la maman de Lavinia est venue avec son mari et ses filles. Pendant les préparatifs du repas et pendant l’après-midi, le père de Lavinia passe le motoculteur entre ses rangs de vigne. Il a une douzaine de rangs d’environ deux cents mètres, plusieurs pêchers, des pruniers, des pommiers. Il récolte peu de fruits car malheureusement il se fait tout voler par les roms.
En fin d’après-midi, nous partons pour assister à la messe anticipée car nous partons à trois heures le lendemain matin. Nous rentrons directement sur Besançon, Alex, Lavinia, Patricia, Armel, véronique et moi. Armel et Véronique restant quelques jours à Besançon, je les accueille chez moi pour soulager un peu Alex et Lavinia qui doivent commencer leurs préparatifs de déménagement.
Ce voyage fut magnifique, nous étions un groupe très sympathique, les amis et la famille d’Alex et Lavinia nous ont accueillis avec beaucoup de gentillesse et de chaleur et nous avons vu de très belles choses. La cérémonie d’ordination a été très belle et émouvante. Je garderai un bon souvenir de ce séjour, cela donne envie d’y retourner visiter plus tranquillement et voir les autres richesses que l’on n’a pas vues.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire