vendredi 22 juillet 2011

Les Iles de la Madeleine, fin de mon périple canadien

De 102Iles de la Madeleine
Le débarquement a lieu à Cap aux Meules à 7h, je rejoins tranquillement Ile du Havre Aubert, l’île la plus au sud, c’est là qu’habitent Geneviève et André. J’ai rencontré Geneviève et ses deux amies Chantal et Odette à Roncevaux, sur le chemin de St Jacques de Compostelle. Elles le commençaient, moi je revenais. Nous avions bien sympathisé, je leur avais donné quelques conseils « de vieux routard » et réglé leurs sacs. Quelques mois après, Geneviève avait repris contact avec moi, m’invitant à venir les voir « aux îles » lors de mon voyage au Canada. J’ai bien sûr saisi l’occasion de les revoir et de découvrir un autre monde d’autant qu’André est pécheur de homards et que je rêvais de vivre une expérience de ce type. Mais revenons à mon arrivée aux îles.
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Entre Cap aux Meules et Havre-Aubert, je longe une longue lagune : la route est bordée d’un côté par la mer et de l’autre par un étang fermé par une longue dune de sable. Je flâne un peu, m’arrête et marche un peu dans le sable, le temps est beau et le paysage captivant avec cette longue plage de sable extrêmement fin et blonc. J’arrive chez André et Geneviève. Ils habitent une jolie maison de bois très chaleureuse, mignonne et spacieuse. Il y a quelques années, André avait aménagé le premier étage pour en faire chambres d’hôtes, mais après quelques années d’essai, ils ont arrêté car Geneviève travaillant par ailleurs, c’était épuisant pour elle. Nous avions eu quelques échanges de messages avant mon arrivée, car il y a eu confusion entre nous deux au sujet des mots déjeuner et petit-déjeuner. Elle m’avait écrit qu’ils m’attendaient pour déjeuner, pour moi je pensais midi, mais pour elle, c’était dès mon arrivée. Prenant conscience de la confusion, elle m’a envoyé un message pour corriger. Au Canada, il y a le déjeuner, le dîner et le souper, chez nous il faut comprendre petit-déjeuner, déjeuner et dîner. Nous attendons la venue d’amis et nous déjeunons avec eux vers 10h. Après le « déjeuner », accusant un coup de barre, je monte prendre un peu de repos qui se transforme en une sieste de 2h30 ! Geneviève m’emmène ensuite faire un petit tour de l’Ile Havre Aubert. Ile où elle et André sont nés et ont vécu toute leur vie. Elle me raconte un peu des anecdotes du passé. Comme André se lève tous les matins à 3h pour la pêche, il se couche très tôt, nous rentrons donc de bonne heure et soupons à 18h. Nous convenons qu’il m’emmène le lendemain s’il n’y a pas trop de vent. Il craint que je n’aie le mal de mer et que je devienne une charge les obligeant à rentrer. Je le rassure en lui disant que je n’ai pas le mal de mer et que si je l’avais, il ne fallait pas qu’ils s’occupent de moi, j’ai choisi, j’assume. Mais le doute subsiste et le lendemain, je me réveille à 4h alors qu’il est déjà parti : le vent soufflait et la mer était bruyante.
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Lundi, matin, je me lève donc à 7h après une bonne nuit qui finalement m’a fait du bien. Il fait beau et Geneviève me propose d’aller marcher un peu. J’accepte volontiers et nous partons. Laissant la voiture chez sa fille Annie, nous faisons les Demoiselles, deux collines qui dominent le port de la Grave, logeons la grève, traversons le village puis rentrons. Il fait bon mais le vent soûle un peu. De retour à la maison, je repars seul et rejoins le port pour assister à l’arrivée du bateau. Il est déjà là et André me présente à Bernard, le patron et me confirme qu’il y avait des vagues, que cela brassait ce matin au point qu’une fois Bernard en a perdu l’équilibre. Deux des frères d’André passent et nous bavardons un moment en buvant des bières. J’ai parfois du mal à les comprendre car ils ont un fort accent. Je ne comprends que difficilement ce que dit Bernard. André m’a rassuré en me disant que lui aussi a parfois du mal à le comprendre. André et Geneviève font attention de bien prononcer afin d’être très compréhensibles.
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Quand tous se séparent, je pars faire mon tour. Je commence par sillonner l’île d’Havre-Aubert. Il n’y a pas beaucoup de routes, je les suis, prenant parfois des chemins pour m’approcher des plages et voir les falaises, descends les voir de plus près et prendre des photos. Les falaises sont en sable compact qui s’effrite facilement à la main, l’oxyde de fer qui soude les grains leur donne une couleur rouille. Au pied des falaises, les plages sont blanches car les grains, lavés par la mer reprennent leur couleur naturelle. Le contraste est fort et curieux. Ces falaises sont très découpées, rongées par les tempêtes, creusées de grottes ou de criques très profondes et étroites. La mer, peu à peu ronge les îles, emportant des morceaux qui transforment considérablement la physionomie de la côte au fil du temps. Au passage, je visite une jolie église en bois et une galerie d’artistes. Il y a là de belles peintures mais aussi des sculptures d’albâtre de couleurs différentes, c’est une des richesses du sous-sol des îles. Il y a des albâtres gris, rouge, violet. Le sculpteur en tire des œuvres magnifiques qui montées sur plateau à roulement à billes présentent des figures différentes suivant l’orientation donnée. Un vol d’oiseaux devient un poisson sur l’autre face, ou un poisson devient une tête de marin. A la Grave, la boutique des Artisans du Sable propose des œuvres réalisées avec du sable collé par une résine spéciale puis moulé ou sculpté. C’est très beau. Geneviève m’offrira pour mon départ un pot moulé avec des petits pas imprimés dedans. J’aime beaucoup ce motif, il fait penser à des pas d’enfants dans le sable. Le sable est très fin et les grains ronds. Quand on marche dedans, cela fait un crissement particulier. Parmi les œuvres certaines sont réalisées en jouant sur les différentes couleurs que l’on trouve dans l’île : blanc, rouge brique, gris et noir. Je ramènerai des échantillons de chacun de ces sables. Le noir est métallique car il contient des particules de pyrite et de magnétite. J’en ramasserai avec un aimant. Le sable est si fin qu’il permet de faire des châteaux de sable d’une grande finesse et qui tiennent bien. Il y a d’ailleurs des concours de châteaux de sable dont les œuvres sont splendides. André a déjà participé à ces concours. De retour vers 18h, nous soupons de bonne heure et nous convenons que j’accompagne André quel que soit le temps. Je me couche donc de bonne heure moi aussi.
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Réveillé par ma montre à 3h10, quand André vient toquer à ma porte, je suis déjà debout. Je m’équipe tel un marin avec sweet, ciré, casquette et bottes prêtés par André. Après un bon (petit) déjeuner, nous partons vers le port. Il fait nuit, le port s’anime, les marins arrivent peu à peu et embarquent. Les vagues se fracassent sur la digue et l’eau bouge un peu dans le port. Nous chargeons des cartons de poissons congelés qui serviront d’appâts. Vers 5h, quand tout est prêt, nous larguons les amarres ! En sortant du port, çà commence à tanguer, mais cela ne me pose pas de problème et je filme. Bernard et André reconnaîtront d’ailleurs que j’ai bien assumé. Le ciel est couvert et un peu de brume s’étire sur les falaises. Nous filons vers les premiers emplacements. Il y en a trente huit de sept casiers et deux de huit. Les lignes sont repérées par des numéros que Bernard enregistre sur le GPS au fur et à mesure qu’ils les posent ou déplacent. Je vais donc enfin voir comment se passe la pêche aux homards !
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A l’approche de la première bouée, Bernard réduit et longe la bouée, André l’attrape avec une gaffe et engage l’amarre sur un treuil qui tire la ligne. Attachés de place en place par des bouts le long de la ligne, les casiers sont donc ramenés à la surface. Quand ils sont contre le plat bord, André les hisse à bord et Bernard qui a mis en panne les ouvre, trie les homards et rafraîchit les appâts. Les homards trop petits sont rejetés, ceux portant des œufs le sont aussi, même s’il ne reste plus qu’un œuf. Parfois sur une ligne où une trentaine de homards seront pris, il n’en restera que deux, trois ou pas du tout. La pêche varie de zéro à dix par ligne au cours de cette journée. Pour un néophyte comme moi, cela fait un peu mal au cœur au début de voir rejeter de belles pièces, mais je comprends parfaitement la règle. En voyant André tirer les casiers, je comprends pourquoi il me disait la veille qu’il avait mal au dos. Mais je le comprends mieux encore sur le chemin du retour quand je soupèse un casier. Il est en bois, avec du grillage plastifié à mailles soudées et il est lesté par deux plaques de béton coulées dans le fond. Chaque casier fait environ 40 kilos. Sachant que chaque matin, André en relève 282, il arrache chaque jour : ….plus de 11,3 tonnes auxquelles il faut rajouter le poids des homards, des poissons, des appâts, crabes ou coquillages pris dans la nasse…. Beaucoup de homards sont rejetés pour les raisons énumérées précédemment, mais pendant ma présence, les pêches rapportées ont variées de 85Kg à 245Kg. Les 12 tonnes levées chaque matin sont certainement atteints. Pour les pécheurs, la retraite est à 65 ans. Et dire que chez nous certains employés se plaignent de la pénibilité de leur métier…. Les casiers étant prêts de nouveau, Bernard déplace le bateau pour relancer la ligne sur d’autres fonds. Il faut souvent faire attention de ne pas croiser d’autres lignes de pêcheurs, ce qui arrive parfois. Il faut donc repérer les deux bouées qui donnent les extrémités de ligne. Quand on remet les casiers à l’eau, il faut faire attention de ne pas se prendre les pieds dans les amarres car cela va tellement vite que l’on peut être emporté et se noyer. André et Bernard ont plusieurs connaissances à qui c’est arrivé. Au cours de la journée de vendredi, j’accompagne de nouveau André et Bernard et je fais de nombreuses prises de vue dont je tirerai un film. Si mardi la mer brasse un peu et le temps est gris et couvert, vendredi le temps est beau et la mer belle.
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Quelques belles pièces sont prises dans les casiers ces jours-là, l’une d’elles fait plus de cinq livres. Quand les homards sont gardés, il sont mis dans des tubes fixés dans une table pour les immobiliser, André vérifie ensuite la taille et la présence d’œufs puis met un élastique pour immobiliser les pinces. La force des pinces est telle qu’elle peut casser un goulot de bouteille de bière. A mi-pêche nous faisons une pause pour avaler rapidement un casse-croûte puis le travail reprend. Je donne de temps en temps un petit coup de main en mettant les élastiques sur les pinces des plus gros homards, mais je laisse André faire le tri, c’est de sa responsabilité et une erreur peut leur coûter très cher. Les homards conservés sont mis dans un vivier rempli d’eau de mer à l’arrière du bateau. La relève des casiers se termine vers 10h30 – 11h. Pendant le retour, André range et lave le bateau à la lance et rejette les déchets des appâts en arrivant vers le port. Les mouettes connaissent et sont en attente des bateaux. A leur arrivée, elles se jettent sur les déchets déversés. Nous rentrons au port où nous livrons directement les homards à un acheteur qui pèse tout de suite la récolte. Nous rejoignons ensuite l’amarre où nous rangeons le bateau. De retour à la maison, nous prenons un repas rapide et allons faire une sieste. André en a bien besoin.
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Après la sieste de mardi, j’accompagne André chez sa fille pour démonter un échafaudage puis nous allons boire un verre dans un pub de La Grave. Je repars ensuite faire un peu de tourisme. C’est l’île de Cap au Meules qui est mon but aujourd’hui. Je commence par la jolie église en bois de La Vernière puis le port de Cap aux Meules. Une butte avec belvédère domine le port et me permet d’avoir une belle vue sur lui et la ville, puis je reviens en faisant le tour du cap Le Gros Cap. Battu par les vagues, les falaises sont découpées et belles à voir. Au bout du cap, un camping domine la falaise avec une vue magnifique. Son terrain se réduit peu à peu au fur et à mesure de l’avance de la mer.
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En rentrant vers 18h, André et Geneviève ont préparé les homards que nous avions ramenés et nous nous installons à l’abri du vent sur la terrasse pour les savourer. Il y en a tellement que nous ne pouvons finir, cela me fera un sandwich pour ma promenade du lendemain.
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Le mercredi, je retourne à l’île de Cap aux meules et j’en fais le tour en passant par tous les points possibles : L’Etang du Nord avec son petit port, Le Cap Hérissé et son phare, Fatima et sa côte rongée par la mer. Je marche le long de petites plages, de criques au sable doux et très fin. Je fais ensuite le tour de l’île de Havre aux Maisons en suivant le chemin qui contourne la Butte chez Mounette, puis les chemins de la Pointe Basse puis des Echoueries. Au passage, je m’arrête à la fromagerie puis au Fumoir d’Antan, fumoir de harengs, et découvre la technique de la « boucane » avec un patron assez truculent qui présente cette profession plus que centenaire héritée de ses aïeux. Je goûte et ma foi apprécie bien. Au bord d’une plage, j’apprécie le sandwich au homard et le fromage acheté à la fromagerie. Les paysages traversés sont très beaux, en particulier le plateau traversé par le chemin des montants. Quelques fermes multicolores égaient le tableau. Au nord de l’île, la bande de terre présente une physionomie particulière : les lignes d’arbres et arbustes tracent des sillons courbes qui matérialisent le déplacement de la dune.
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A la dune du sud, je m’arrête et descends marcher le long de la plage. Les gens se baignent, moi je n’y mets que les pieds, l’eau n’est qu’à 14°C. Après les 30°C de la Guadeloupe, cela change ! Les roches sont sculptées, creusées, c’est magnifique. Je m’introduis dans une faille qui s’élargit en grotte quelques mètres plus loin. Les traces laissées par la mer montrent bien qu’elle s’y engouffre lors de tempêtes. Sur le chemin du retour, je m’arrête à La Grande Ecole sur l’île de Cap aux Meules, une ancienne école transformée en centre artistique. Des souffleurs de verre y sont à l’œuvre. Comme le temps est bien dégagé, je grimpe le chemin qui monte au sommet de la Butte du Vent, point culminant de l’île. La vue magnifique s’étend jusqu’au bout des îles qui s’étendent sur 85km.
Je rentre pour 17h15, car ce soir nous avons rendez-vous avec Chantal et Odette et leurs conjoints pour souper dans un petit restaurant de La Grave. L’ambiance est chaleureuse et j’ai plaisir à les revoir. Après l’apéritif sur la terrasse, nous rentrons pour manger des tapas. L’intervention d’une conteuse est prévue ce soir-là. Nous écoutons son premier conte : celui « du malin qui a volu captuler les quat’vin pou’ les maitliser et fail’ de longs voyâges…. ». Pas toujours évident de comprendre, surtout qu’il paraît qu’elle accentue son accent, mais c’est amusant. André nous quitte de bonne heure pour aller se coucher.
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Le lendemain jeudi, Geneviève m’accompagne dans mes promenades. Nous allons d’abord à Grosse île, la plus au nord, essentiellement habitée par des anglophones descendants d’Ecossais. Le sous-sol des îles de La Madeleine est très riche en sel. Elles sont la partie émergeante de dômes de sel de 5000m de haut. C’est à Grosse île que le sel est le plus proche, il est à 26m de profondeur. Partout ailleurs, il est plus profond. Ce gisement est exploité depuis 1983 et la mine s’étend sur plusieurs niveaux de galeries à 300m sous l’île et la mer autour. Ce sel sert au salage des routes du Canada essentiellement. La carrière ne se visite pas, mais un centre d’interprétation très intéressant a été aménagé au pied d’une des deux tours de puits de mine et j’y passe un bon moment.
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Nous allons jusqu’au bout de l’Ile de Grande Entrée qui est la dernière île. Nous assistons à l’arrivée des bateaux de pêche, Geneviève y retrouve une de ses nièces qui achète les homards pour le compte de son usine de pêche. Nous poussons jusqu’à l’Ile Boudreau où il y a des phoques, mais comme il ne fait pas beau nous n’en voyons qu’un seul qui nage sur le dos. La mer rongeant la falaise, le chemin est coupé et l’accès du bout de l’île interdit. Je passe outre et me promène sur une bande de terre de cinquante centimètres de large avant de retrouver un espace plus stable et atteindre le bout de l’île. Le ciel est couvert et le vent souffle et soûle. Les vagues grondent et se fracassent sur les rochers. C’est sauvage, c’est beau. Nous rentrons sous un ciel chargé.
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L’après-midi, après avoir déposé Geneviève, je vais me promener sur la Plage du Cap qui longe la lagune entre Havre Aubert et Cap aux Meules. Elle m’a dit que je peux y trouver des dollars des mers : ce sont des oursins plats avec un motif en étoile. C’est curieux et beau. Je m’y promène sur un kilomètre environ alors qu’elle s’étend à perte de vue. Un petit pluvier m’accompagne pendant plus de cinq cents mètres. Il trottine vingt mètres devant moi, s’arrête de temps en temps, se retourne pour me regarder et repars. Si je m’arrête, il reste sur place, si je m’approche, il repart. Le manège dure ainsi un bon moment.
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Je me rends aussi sur une plage de Havre Aubert où du sable noir ombre les ondulations du sable de la plage. Je le ramasse avec un aimant car il est chargé en pyrite et magnétite. Je récolte un peu de sable rouge des falaises et voilà ma collection prête pour la montrer à mes petits enfants. Le soir, Geneviève a prévu au menu des pétoncles, des palourdes, des acras de morues et du hareng fumé. Je me régale. La soirée se termine en écoutant André dans ses talents de conteur et de musicien. Dans l’île, toutes les familles ont au moins un musicien car en hiver, les soirées sont longues et les veillées sont animées par des chants, des contes…
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Le lendemain, vendredi, je retourne donc à la pêche aux homards avec André et Bernard. Aujourd’hui, le ciel est dégagé et le soleil brille, je fais plusieurs prises de vue afin de pouvoir monter un film reportage. Nous ramassons un très gros homard, vieux grognard plein de cicatrices. Il a droit à plusieurs photos avec chacun d’entre nous. C’est mon dernier jour, alors après la sieste, je prends mon temps pour préparer mes affaires, refaire mes bagages car avec les cailloux que je ramène, cela fait du poids. Après le repas du soir, je dis au revoir à André qui va se coucher de bonne heure, demain il part à 1h à la pêche, c’est la relève des casiers, la saison de pêche étant finie. Par contre,
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Geneviève et moi allons au Bar de la Grave, c’est le dernier soir, nous prenons un dessert au chocolat et une tisane de canneberge. C’est un café animé par la patronne qui joue de l’accordéon et un pianiste qui joue de vieilles chansons françaises reprises en chœur par les convives. L’ambiance est très chaleureuse, conviviale, j’aime beaucoup, Geneviève aussi. Vers 22h45, Geneviève travaillant cette nuit, nous nous disons au revoir et je rentre alors qu’elle se dirige vers Cap aux Meules.
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Samedi matin, je me réveille seul dans la maison vers 5h, André est à la pêche, Geneviève au travail. Je finis mes préparatifs et pars vers 6h pour l’embarquement. Sur le bateau un groupe de musiciens Madelinots anime dans le bar. Il y a parmi eux un jeune de treize ou quatorze ans qui joue remarquablement de la batterie et du violon. Au moment de la pause de midi, je bavarde un peu avec lui, il joue du violon depuis quatre ans et il joue aussi de la batterie, de la guitare, du banjo et de la mandoline…
Nous quittons les îles à 8h sous le soleil, mais arrivons à l’Ile du Prince Edouard sous la pluie à 13h. Elle est intense durant toute la traversée de l’île et jusqu’à Moncton. De là jusqu’à Fredericton elle va régressant, puis le soleil est de la partie durant tout le reste du voyage. La route est belle est droite. Parti vers 13h30 de Souris, l’embarcadère, je roule jusqu’à St Jean de Port Joli sur le bord du St Laurent où j’arrive vers 20h30 et 900km. La route est belle et toute droite, très peu de circulation, je règle le régulateur à 130 ou 150km/h et ne m’occupe plus que du volant, la boîte est automatique. La vitesse est limitée à 110 ou 130, mais il y a une tolérance d’environ 15 à 20km/h : j’ai vu une pancarte sur une route à 90km/h : « mettez vos régulateurs à 105km/h maximum ». De plus, en 1400km, je n’ai vu qu’une voiture de flic et au cours des 6000km de mon périple, je n’ai dû en voir que cinq ou six. C’est cool !
De 103Retour
Je passe une nuit dans un motel à St Jean de Port Joli, le village d’artistes, et le lendemain matin je vais faire quelques emplettes au Moule à Sucre, un magasin général que j’avais visité à l’aller. J’avais repéré quelques bijoux très fins pour mes filles, belle-fille, filleule. Je reprends la route pour Québec car je me suis inscrit à Allostop.com comme conducteur et j’ai trois passagers à prendre. C’est un concept qui est bien conçu et très simple permettant le covoiturage en toute sécurité. Je récupère donc mes compagnons de voyage : une jeune fille accessoiriste de cinéma, un fonctionnaire du ministère des finances d’origine française et un baba-cool pseudo artiste vivant des allocations de chômage et de quelques illustrations de livres. Ce dernier très gentil, mais un parasite de la société comme je les aime…. Hum ! Le voyage est très sympathique et je laisse tout ce beau monde au centre de Montréal. Ayant de l’avance, je me rends dans un magasin de disque pour acheter quelques CD de musique folklorique et liquider mes derniers dollards, puis je me dirige vers l’aéroport en prenant le chemin des écoliers. Je passe par le quartier qui longe le canal de Lachine et le lac St Louis. Cette zone qui était industrielle autrefois a été réhabilitée superbement. A l’aéroport, je restitue la voiture et passe les formalités d’embarquement.
Mon voyage au Canada se termine, toutes les bonnes choses ont une fin, mais je pense que j’y reviendrai car il y a encore tant de choses à voir, c’est très beau et l’accueil est très chaleureux. Je pense que j’y retournerai au moins une fois en hiver. En terminant mon périple aux îles de la Madeleine, j’ai vraiment terminé mon voyage en beauté. J’espère que nous pourrons nous revoir avec André et Geneviève. Soit lors de leur venue en France lors de tournées de contes, soit lors d’un autre voyage au Canada. Cela commencera déjà le 18 juillet par une visite surprise à Baden près de Vannes en Bretagne où j’assisterai au show d’André venu participer à un festival de contes.

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