mercredi 22 juin 2011

La Mauricie et son parc national

Ce week-end, comme il y a plu, je me suis rendu compte que l’essuie-glace côté chauffeur était mort sur quinze centimètres à hauteur des yeux. Je passe donc par un dépôt Hertz pour faire changer le balai. Le préposé n’en ayant pas de rechange, il m’a tout simplement changé de..…. voiture. Quand je rentrerai j’essaierai de faire la même chose avec mon garagiste, çà marchera peut-être…. Je prends donc la route en direction du nord. Je galère beaucoup à trouver la bonne direction : d’une part, il n’y a pas vraiment de cartes routières ou elles ne sont que partielles, d’autre part, je voulais prendre Le Chemin du Roy qui est la première route carrossable créée pour joindre Québec à Montréal car elle est paraît-il très jolie, malheureusement, elle n’est pas indiquée avant la sortie de Montréal. Pendant toute la traversée de la ville, elle s’appelle : « route Notre-Dame ». Enfin, il n’y a que très peu de panneaux; ceux-ci n’indiquent d’ailleurs que les numéros de route en précisant Nord, Sud, Est et Ouest…. Ce n’est pas évident de se repérer dans ces conditions. Comme la ville n’en finit pas et que j’ai des doutes, je demande souvent mon chemin. On me confirme à chaque fois ma route. Lors d’un moment de doute, je m’arrête dans une station de carburant pour acheter une carte et faire le point de situation. Aucun des canadiens présents n’est capable de me dire où nous sommes. L’un d’eux nous situe au sud du St Laurent alors que nous sommes au nord, un autre deux cents kilomètres plus loin. Enfin, l’un d’eux va chercher son GPS, mais n’est pas capable de reporter sur la carte notre position. C’est finalement moi qui leur indique où nous sommes….
De 95Mauricie
Le ciel est très nuageux et il y a parfois quelques pluies. Je roule ainsi jusqu’à Trois Rivières. La route est très large, belle et tout en longueur. Les villages s’étalent sur plusieurs kilomètres, il n’y a pas de centre comme en France. Les maisons assez éloignées les unes des autres bordent la route pratiquement en continu. La plus part sont de style Far West et certaines semblent sorties de bandes dessinées. A Maskinongé, je fais un détour conseillé pour aller voir un « magasin général », genre de bazar où autrefois les pionniers s’approvisionnaient pour tous leurs besoins : épicerie, quincaillerie, vêtements, munitions, etc… Ce magasin a fonctionné jusque dans les années 1970. Maintenant, c’est devenu un musée, il a ses meubles d’origine et les rayons sont remplis d’articles divers du siècle dernier : phonographes à pavillons, outils, vêtements, jouets, etc…. pour donner le change, les tenanciers y vendent quelques produits locaux, des jouets anciens dont ils ont retrouvé des fabricants, de la confiserie, des souvenirs….Cela vaut le détour d’autant que les hôtes sont très accueillants et bavards avec un accent canadien très prononcé. Ils ont aménagé au premier étage, dans ce qui était les greniers, une salle de réception/spectacle où ils organisent des soirées avec conteurs, chansonniers ou musiciens. Cette salle est décorée avec des articles d’époque et des journaux du siècle dernier. Il y a par ailleurs un orgue avec un mécanisme automatique à bande, comme les orgues de barbarie. Il actionne des doigts qui viennent jouer sur le clavier de l’orgue. Instrument très surprenant qui fonctionne à air comprimé produit par le musicien qui doit pédaler en rythme, comme pour les anciens harmoniums. Cette visite est vraiment intéressante. Je continue ainsi jusqu’à Trois Rivières où je prends une chambre dans un motel.
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Le lendemain matin, le ciel est bien bleu, le soleil chaleureux. J’avise une pancarte : Sanctuaire Notre Dame du Cap ??? Par curiosité, je m’y rends et découvre un sanctuaire récent. A la fin du 19° siècle, la chapelle recevant les fidèles étant trop petite, le curé de la paroisse fait le vœu de construire une église dédiée à Notre Dame plus spacieuse si un pont de glace sur le fleuve permet d’y amener les matériaux. Quelques jours après, bien que ce soit la fin de l’hiver, un pont de glace suffisamment solide s’est formé. Tous les matériaux ont pu être amenés et le pont a tenu jusqu’au dernier charroi. Quelques années plus tard, lors d’un office, la statue de la vierge qui a les yeux clos les a ouverts. Les prêtres présents ont pu le constater et témoigner du miracle. Une nouvelle basilique de forme Pyramidale a par la suite était construite en remplacement de l’église paroissiale. C’est devenu un haut lieu de pèlerinage. Un très beau parc paisible entoure le sanctuaire et borde le St Laurent. Il fait bon s’y promener. Dans ce parc, plusieurs chemins de croix et stations représentant les mystères du rosaire bordent les allées. Un pont commémorant le miracle du pont de glace a été construit. Quand je m’apprête à partir une messe est annoncée, elle a lieu dans la chapelle d’origine. J’en profite et je ne le regrette pas car elle est très belle et priante.
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Je me rends ensuite au musée québécois de culture populaire. Il y a plusieurs expositions dont l’une sur le crime et l’évolution des techniques d’investigation au Québec au XX° siècle, et une autre d’un sculpteur humoriste. Ses sculptures tournent sur les jeux de mots autour du livre. C’est plein d’humour. Cette visite comprend la visite de l’ancienne prison fédérale de Trois Rivières. Un loubard, ancien détenu servant de guide, interpelle tous les visiteurs et nous entraîne dans la visite. Il s’amuse à nous mettre dans l’ambiance, fait claquer les grilles et les verrous, prends parfois quelques touristes comme des prisonniers, leur donne un paquetage et les enferme. Il raconte bien l’ambiance qui régnait dans cette prison qui a fonctionné jusque dans les années 1980. Par contre, il faut que je sois très attentif car il parle avec un accent canadien très prononcé et des expressions typiques du coin. C’est très difficile de le comprendre mais assez réaliste. Je reprends ensuite la route en direction du parc de la Mauricie où j’arrive sur les coups de 18h. Après un enregistrement pour le camping, quelques courses dans une boutique du Dépanneur, une visite de la salle de présentation du parc, je rejoins un emplacement en pleine forêt. Les emplacements sont très espacés les uns des autres, au moins 50m entre chaque. Je plante vite ma tente et file vers un affût au bord du lac du Fou en espérant apercevoir un orignal ou un castor. Manque de chance, je ne vois rien que deux canards. Une française et ses deux enfants, Dominique, Aurélie et Ludovic, m’ont rejoint et comme moi n’ont rien vu. On décide d’y revenir pour le lever du soleil comme nous l’a conseillé l’hôtesse de l’accueil. On rentre donc se coucher.
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A 4h du matin, je les réveille et les emmène avec ma voiture, eux laissant leur camping-car sur l’emplacement. Nous assistons au lever du soleil sur le lac, c’est très beau et paisible, mais comme la veille, nous ne voyons qu’un canard. Nous n’avons pas de chance. Par contre, nous sommes dévorés par les moustiques ou autres insectes malgré l’anti-moustique très efficace (paraît-il ?!) avec lequel nous nous sommes aspergés. Il existe plusieurs insectes agressifs dans les forêts canadienne : des toute petites mouches si petites qu’elles passent à travers les moustiquaires et font des piqures laissant un point rouge, les maringuoins (moustiques) très nombreux et coriaces, l’anti-moustique français ne leur fait rien, quant à celui des canadiens, il doit être très dosé. Il y a encore le … sorte de grosse mouche qui en piquant arrache carrément un morceau de peau. Nous rentrons au campement et déjeunons ensemble. Je passe ensuite la journée à aller d’un poste d’observation à un autre en suivant quelques chemins de randonnée. Je découvre des coins de forêt sympathiques, mis à part les moustiques, mais je ne vois que deux renards, deux canards et un long pic (picvert), des traces de castor et d’orignal, mais pas leurs auteurs. Dans le guide, ils conseillent une visite où on a 95% de chance de voir des ours noirs. Avec Dominique et ses enfants, nous décidons de nous y rendre. C’est un homme, fils d’un ancien garde forestier qui a mis en place une cache et des appâts permettant de montrer ces ours aux clients ; Il nous emmène donc à peu de distance du village dans un affût et dix minutes après notre arrivée, une belle ours noire est arrivée, elle a fouillé quelques caches pour trouver les œufs. Nous avons pu l’admirer pendant un quart d’heure environ. Eric, le guide nous a donné beaucoup d’informations intéressantes sur le mode de vie des ours. Il a participé à plusieurs études et observations, ce qui fait qu’il les connait bien. Nous rentrons ensuite nous coucher. Comme j’ai mal dormi la nuit précédente, c’était la première fois que je redormais sous la tente depuis de nombreuses années, je décide de n’aller à l’affût le lendemain matin que si j’ai bien dormi.
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Je dors si bien, que je n’entends même pas ma montre sonner. Quand je me lève, je replie mon matériel, déjeune et reprends la route. Comme Dominique et ses enfants dorment encore, je leur laisse un petit mot. En passant par Grandes Piles, j’avise le « Village de bucherons ».. C’est un parc où est reconstitué le campement des bucherons et des draveurs. Je m’arrête et visite. C’est très intéressant, d’autant que la visite se fait avec un audio-guide d’ambiance où deux bucherons et draveurs racontent la vie de l’époque. Leur vie était extrêmement rude et dangereuse, surtout celle des draveurs. Ce sont les hommes qui conduisaient les arbres par flottaison jusque dans les scieries ou usines de pâte à papier. Ils suivaient la descente des arbres en étant soit sur les berges, soit sur les troncs flottants. Avec leur gaffe ou la dynamite, ils les guidaient ou réduisaient les embacles qui se produisaient. Je reprends ensuite la route, rattrape et double le camping-car de Dominique. Je m’arrête au parc des chutes à La Tuque. Il y a là la reproduction d’un poste de traite des fourrures, comme il y en avait un à cet endroit autrefois. Quand je reprends la route, je repère de nouveau le camping-car de Dominique : il est repérable avec les peintures et inscriptions qu’il y a dessus. Ils se sont arrêtés pour déjeuner. Je m’arrête un moment bavarder avec eux puis nous reprenons la route. Dominique m’a parlé d’un village Innusit au lac Edouard que l’on peut visiter et on peut même dormir sous tipi. Après le lac Edouard, on suit un chemin de forêt sur 10 km pour arriver sur un parking au bord d’un lac. On n’avait pas réservé par téléphone car on n’arrivait pas à contacter l’accueil, mais en arrivant au bord du lac, on comprend pourquoi il fallait absolument téléphoner : c’est pour qu’une barque vienne nous chercher. On laisse le camping-car avec les enfants (ils sont grands) et avec Dominique nous retournons au village où nous arrivons à joindre l’accueil du camp pour apprendre que ce ne sera ouvert que dans trois jours…. On retourne récupérer le camping-car et nous reprenons la route. Je pense dormir soit au camping, soit dans les gîtes de Val Jalbert. En arrivant à Val Jalbert, il tombe des trombes d’eau, j’opte pour le gîte, mais quand l’hôtesse m’annonce le prix du forfait entrée-repas-gîte : 222 $ (c’est le double du prix annoncé sur le guide !), je décide d’aller dans un gîte à Roberval. Dans le Lonely Planet, j’en ai repéré un à prix raisonnable. Je m’y rends et arrive devant une maison à côté de l’église. C’est un ancien presbytère. Je tape à la porte de la cuisine et l’hôte, Francis, m’accueille et accepte de me donner une chambre. Il me fait un prix réduit car c’est la seule chambre disponible, elle vient tout juste d’être refaite et elle sent encore la peinture. Il vient de racheter le gîte, a ouvert un restaurant et refait peu à peu les chambres. Sur les cinq il y en a trois de faites mais deux sont déjà occupées par deux stagiaires. Quand je lui demande si je peux manger, il me répond que non car ce n’est que sur réservation, que le repas est terminé et qu’il ne reste rien. Je vais donc dans le seul restaurant que je trouve, c’est un petit restaurant bio végétarien. L’hôtesse, une jolie jeune fille m’accueille très gentiment et accepte de me ressortir les préparations qu’elle avait déjà rangées. Il faut dire qu’il est vingt et une heure et qu’ici, les gens mangent tôt. A cette heure-là, il n’y a plus personne. Je mange et rentre me coucher. Le lit est bon et j’apprécie.

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