Sonam avait prévu de redescendre en deux jours sur Namche. Comme je n'ai pas pris de douche depuis Phorsee, j'ai hâte d'en prendre une vraie et la seule dans le coin, c'est à Namche Bazaar. Je lui propose donc de redescendre directement de Lobuche sur Namche. Pour lui cela ne pose pas de problème de redescendre en une journée ce que l'on monte en trois jours. OK donc, c'est ce que nous ferons. Après une bonne nuit à Lobuche, nous nous levons au lever du soleil, soit à 6h et après un déjeuner vite avalé, nous prenons le chemin du retour. Après les efforts de montée, la route de la descente me paraît très facile et nous avalons les kilomètres à bon pas. Nous croisons les trekkeurs qui montent péniblement les rochers et les moraines. Cela m'amuse car si quelques jours auparavant j'étais comme eux, maintenant je me sens des ailes. De plus, je fais maintenant partie de ceux qui sont montés au Kala Patthar et je l'avoue, au fond de moi, j'en suis fier!
Nous repassons à Pheriche où je fais une photo du tea-room de la mère de Sonam et nous continuons la descente. Jusqu'à Tengboche, je connais la piste, elle descend et monte de temps en temps en fonction du terrain. A partir de Tengboche, nous plongeons dans la vallée, par un sentier assez raide, pour passer le torrent 600m plus bas et nous remontons sur le versant opposé pour nous retrouver 600m plus haut au même niveau que Tengboche. Cela fait déjà plusieurs heures que nous marchons et cette remontée se fait sentir. Puis par un chemin relativement bien entretenu, nous rejoignons Namche. La veille, nous avons assité au coucher du soleil sur le toit du monde, ce soir, nous assistons au coucher du soleil sur la vallée. C'est très beau aussi, mais bien différent. Nous étions au-dessus des nuages, nous sommes maintenant en-dessous.
En arrivant au lodge, à la tombée de la nuit, il commence à faire froid, mais moins qu'à Lobuche. Nous nous installons dans la chambre puis allons dîner. Après le repas, je vais avec bonheur goûter à une bonne douche bien chaude, une vraie douche. Que c'est bon! Nous avons marché pendant 9h pour redescendre jusque là. Sonam admire ma résistance et me dit que je ne suis pas un vieux militaire retaité de 60 ans, mais un jeune militaire de 40 - 45 ans. Cela me fait plaisir. Et c'est vrai que je suis en bonne forme. Je suis confiant pour la route de Saint Jacques de Compostel. Je viens d'avoir un bon entraînement.
Après une bonne nuit, nous repartons sur les coups de six heures du matin. Sonam voudrait essayer d'attraper un avion le jour même. Cela nous ferait gagner une journée à Kathmandou. C'est donc reparti! Nous croisons les premiers porteurs vers 7h du matin, au fond de la vallée. Puis peu à peu nous croisons les trekkeurs qui arrivent et soufflent comme des boeufs pour monter. Même dans les montées, je me sens plus à l'aise qu'à l'arrivée. Je me rends compte que ces quinze jours ont été un excellent entraînement.
Au passage d'un village nous avisons une banderole concernant un marathon. Nous croiserons quatorze hommes et quatre femmes qui montent en courant jusqu'au camp de base! C'est fou comme épreuve car en plus du terrain très accidenté, il y a l'altitude. Ce n'est vraiment pas pour moi! Nous arrivons à Lukla sur les coups de midi. Sonam file se renseigner à l'aéroport, mais il revient en me disant que tous les avions sont pleins pour la journée. Nous prendrons l'un des premiers avions du lendemain matin.
Nous nous installons donc pour passer la nuit dans un lodge au bord du terrain. Nous déjeunons, puis pendant que Sonam se repose un peu, je vais faire un tour dans le village. Je regarde et filme les départs et arrivées des avions. C'est impressionnant.
Le lendemain matin, nous nous levons à six heures pour être aux premières heures sur le terrain. A partir de sept heures, d'un seul coup, c'est le ballet des avions qui arrivent, déchargent, rechargent et repartent. En moins d'un quart d'heure ils ont fait le transbordement. Le ballet va être incessant toute la matinée. Sur les coups de 9h30, c'est notre tour d'embarquer. Cette fois, j'arrive à me mettre à droite juste derrière les pilotes. Je peux filmer le décollage, puis j'ai la vue sur la chaîne de l'Himalaya. Dernier regard avant de plonger dans la crasse de Kathmandou.
Quand nous débarquons et retrouvons la circulation, le bruit et la polution de Kathmandou, nous avons l'impression de débarquer d'une autre planète. Sonam attrape un taxi qui nous conduit chez lui. Là je fais connaissance avec sa mère et sa soeur, Dianji, des personnes charmantes avec qui je sympathise très vite. La petite voisine de l'étage du dessous est là, elle saute au cou de Sonam. Il est comme un père pour elle, il aime beaucoup jouer avec elle. Je vois bien Sonam avec des enfants, il est très affectueux. Pendant qu'il part quelques heures régler des problèmes personnels, j'en profite pour commencer à rédiger le récit de mon périple. Je montre aussi à la soeur de Sonam quelques photos du trekk. Elle découvre la photo de sa mère et d'elle petite, elle en est émue, elle aussi.
L'après-midi, Sonam m'emmène d'abord chez le barbier. Comme cela fait plusieurs jours que je ne me suis pas rasé, j'en ai besoin et Sonam veut me faire découvrir les barbiers indhous. Je le suis donc et il demande la totale. Le barbier commence par me faire un massage du visage et de la tête, puis il me savonne et me rase. Il poursuit ensuite par un nouveau massage du visage et de la tête, puis il dispose un cousin sur la console et me fait mettre en appui sur mes bras croisés. Là commence un massage du dos à base de quelques claques dans le dos, de pétrissage et de massages avec les coudes. Il me travaille ensuite les bras puis les doigts. C'est assez surprenant mais pas désagréable, bien au contraire. Et tout cela pour 200 roupies (2€!) et Sonam qui trouve que c'est cher!
Sonam m'emmène ensuite en ville faire quelques emplètes de souvenirs. Il est comme un gamin, tout heureux car il veux envoyer à chacun des frères et soeurs de François un cadeau, il fait de même pour mes enfants. Je tente de l'en dissuader, mais il est trop heureux de le faire alors je le laisse faire. Nous allons acheter des tee-shirt sur le trekking dans l'Himalaya. Après avoir fait les emplètes que je voulais, nous rejoignons son appartement. Je retrouve la circulation de fou de Kathmandou avec ses coups de klaxon, les véhicules dans tous les sens, etc... Comme ils roulent à gauche cela ne fait qu'accentuer l'impression de capharnaùm. Et au milieu de tout ce bazar, de temps en temps émergent de très belle femmes avec des tenues superbes. Des fleurs splendides au milieu d'un dépotoir....
Le soir, en attendant l'arrivée de l'électricité, nous bavardons à la lumière d'une bougie. Puis Sonam se met à la cuisine, il veut préparer quelques plats de sa spécialité. Nous prenons ensuite le repas dans son salon. Nous nous régalons des préparations de Sonam tout en regardant un DVD sur les fêtes Sherpas au village de Khumjung. Maintenant que j'ai sillonné la région, je me rends compte que je regarde cette vidéo avec un autre oeil qu'un quelconque spectateur. Comme m'a dit Sonam, "on ne change pas la montagne, mais la montagne nous change". Je me suis attaché à cette région et à son peuple.
Le lendemain, Sonam me conduit dans une des plus vieilles cités de la vallée de Kathmandou: la cité de Bhaktapur. C'est une cité royale construite au début du XV° siècle. Les maisons sont en briques et bois, quelques édifices sont en pierre. Les boiseries sont très travaillées et ressemblent à de la dentelle. Beaucoup de sculptures sont usées par le temps, mais la ville conserve encore un bel aspect des milles et une nuits. De nombreux temples parsèment la ville avec leurs toits en pagode, leurs sculptures inspirées de la religion indhou et parfois des représentations très suggestives du Kamasutra. Le jour suivant, c'est la ville de Patan qu'il me fait découvrir. Un peu dans le même style que Bhaktapur, elle en est cependant un peu différente et très belle à découvrir.
Le vendredi matin, c'est le départ. Au moment de nous quitter, la mère de Sonam me noue autour du cou le foulard traditionnel que l'on remet aux amis au moment du départ. Puis Sonam me conduit à l'aéroport. Nous nous quittons à l'entrée et il me noue lui aussi un foulard autour du cou. Nous nous faisons l'accolade et j'avoue que ces jours passés avec lui ayant été très riches, je suis ému de le quitter. Je suis très heureux d'avoir fait sa connaissance et d'avoir fait ce trekk avec lui. Lui aussi est très content de cette rencontre. Je repars riche d'une expérience inoubliable. La montagne m'a marquée et je crois qu'un jour je reviendrai refaire un trekk dans cette région.
Namaste, Sonam, Tootse
lundi 23 novembre 2009
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
1 commentaire:
Ca fait 3 Francois de Besancon donc ... qui souhaitent retourner au Nepal (Julien, Drobacheff, Gaechner).
Superbe récit Francois, merci beaucoup. De te lire et de revoir ces photos du Népal et de Sonam, j'en ai le coeur noué.
On se voit a Noel.
Amicalement
Enregistrer un commentaire