jeudi 22 juin 2017

Une plongée rapide dans l’histoire de la Thaïlande

Mon séjour Thaïlandais ne durant que dix jours, je me contente d’une rapide plongée dans l’histoire de ce pays en visitant quelques cités historiques : Chiang Mai, Sukhotaï, Ayutthaya et Bangkok. Après avoir fait mes adieux à Yossi et Tovi, je passe la frontière par le pont de l’amitié entre Houaysai au Laos et Chiang Kong en Thaïlande. Dans les derniers kilomètres de la remontée du Mékong, celui-ci sert de frontière entre les deux pays. Déjà, du bateau, on pouvait remarquer une différence de niveau de vie entre eux. Côté Laos, il y a peu de voitures et elles roulent lentement sur des pistes cahoteuses laissant un nuage de poussière derrière elles. Côté Thaïlandais, il y a beaucoup de belles voitures roulant assez vite sur des routes goudronnées. Les maisons de bois sur pilotis font face à de belles demeures à l’occidentale. Quand on passe la frontière, cette différence est flagrante et saute aux yeux. Les prix sont pourtant similaires, mais on sent que le pays n’a pas souffert de la guerre comme le Laos et il a pu évoluer normalement. Des années 50, on passe brutalement au 21° siècle. Au Laos, les bus roulent vite sur des routes défoncées et cahoteuses mais ne font que du 45 ou 50 de moyenne. Ici, ils font une moyenne de 95, 100 km/h sur de belles routes à quatre voies et on ne s’en rend même pas compte.




Chiang Mai est une ville dont la création remonte au XIII°siècle, elle conserve quelques vestiges de l’époque, des stupas ou chédis et quelques éléments de remparts et les douves. Les remparts sont en briques plates empilées sans liant, comme la plupart des constructions Cham ou Siam, et les  quatre portes ont été conservées. 




Autour des chédis se sont construits peu à peu de très beaux temples richement décorés. Ces décors somptueux montrent la richesse artistique des artisans. 
Que ce soit dans le bois, 
le métal, 

le stuc, la pierre, la brique ou le ciment, les ciselures sont fines et d’une grande délicatesse. 
Dans certains monastères, on se trouve parfois face à des bonzes de cire si ressemblants qu’on les prendrait pour des vivants.
Sukhotaï fut une cité qui prospéra sur 150 ans à partir de la fin du XIII°. La vieille ville a conservé son système de fortifications qui l’a rendue imprenable durant cette période. Il est constitué de deux remparts concentriques alternant avec trois douves, et quatre portes avec chicane et poste de garde avancé entouré de douves. 
Comme à Angkor, seuls les temples restent car ils sont en dur alors que les demeures et même les palais étaient en bois.  
Moins importante qu’Angkor, elle est pourtant très intéressante et il est préférable de louer un scooter plutôt qu’un vélo pour en faire le tour car elle est assez étendue. 
Les vestiges les plus beaux sont dans le parc archéologique qui est dans l’enceinte de la ville ancienne transformé en un magnifique parc agréable à parcourir. 
On y trouve le Wat Mahathat, le plus grand et le plus beau des édifices, 
le Wat Sri Sawai qui a un petit air d’Angkor et quelques autres. 


A l’extérieur des remparts, le Wat Phra pai Lang est le plus ancien des temples de SuKhotaï, il est du XII°siècle. 


A proximité, le Wat Si Chum est un bâtiment imposant qui renferme un immense bouddha assis de 14 m de haut. Un astucieux escalier secret caché dans le mur du bâtiment conduit à une fenêtre proche de la tête du bouddha. Un conseiller du roi pouvait alors haranguer les soldats prosternés devant le temple en leur faisant croire que c’est le bouddha qui leur parlait. 


D’autres temples plus petits sont éparpillés autour de la ville dont le Wat Setuphon avec son bouddha en marche, 

le wat Chedi Si Hong avec à la base, ses cariatides très endommagées d’éléphants chevauchés de Garudas alternant avec des Apsaras 

et le Wat Chang lom avec sa cariatides d’éléphants sensés porter la voûte céleste sur leur dos.


Quelques très beaux stucs enluminent certains temples et permet d’imaginer un peu ce que cela devait être à l’époque de leur splendeur.

En fin de visite, je fais une incursion au musée qui possède des pièces très intéressantes expliquant l'histoire de la ville et de la création de l'alphabet thaï.




Le musée de la nouvelle ville quant à lui, il possède une superbe collection de céramiques.
Ayutthaya est du même type que Sukhotaï et lui succède dans l’histoire. Certains édifices de Sukhotaï ont d’ailleurs servi pour la construction de ceux d’Ayutthaya. Elle a été construite sur une île afin de la protéger des attaques. Elle possède plus de 200 temples répartis entre la vieille cité et la périphérie. Seuls les douze plus grands et plus beaux sont intéressants à voir. Comme à Sukhotaï, la zone de la vieille cité a été transformée en un immense parc qu’il est agréable de parcourir …. à vélo car c’est immense. 

On y trouve notamment le Wat Mahathat avec sa tête de bouddha emprisonné dans les racines d’un banian, 

le Wat Phra Sri Sanphet, l’édifice le plus important du parc édifié à la fin du XV° siècle et dont les trois chédis représentent les trois premiers rois d’Ayutthaya, 
le Viham Phra Mongkhon Bophit qui abrite un colossal bouddha en bronze du XV° siècle. Les birmans le croyaient en or et tentèrent de le fondre. 



Il y a aussi le Wat Ratchaburna construit en 1424 sur les lieux d’un combat fratricide à dos d’éléphants pour désigner l’héritier du trône. On y a fait de fabuleuses découvertes qui ont fait le bonheur des pilleurs de trésor, mais ils ont été pris et une grosse partie des richesses récupérées. Le roi y avait caché son trésor pour qu’il ne soit pas pillé lors de la mise à sac de la ville par les birmans.

On y a retrouvé notamment l’épée royale en or massif incrustée de pierres précieuses.

Le Wat Lokayasutharam avec son bouddha couché géant.
A la périphérie, sur les autres berges du fleuve, on trouve le Wat Chaiwatthanaram, un très bel ensemble qui fait penser aux temples khmers d’Angkor,

le Wat Phanam Choeng avec le plus haut bouddha assis en briques de Thaïlande (19m), datant du XIV° siècle et entièrement doré à la feuille d’or,


et enfin, le Wat Yai Chai Mongkhon un ensemble datant du XIV° siècle et comprenant un immense bouddha couché de 7m que les fidèles viennent dorer à la feuille d’or, et le plus haut chédi de la ville (60m). En louant un vélo à l’hôtel et faisant le circuit que me conseille mon hôte je peux les voir tous et quelques autres en plus,


ainsi que la cathédrale qui est de l’autre côté du fleuve.

Je termine mon périple Thaïlandais par la ville de Bangkok, gigantesque métropole où l’on parcours des kilomètres à pied ou métro ou bus ou tuk tuk si l’on veut voir les édifices les plus intéressants. 



En arrivant dimanche soir, j’ai la chance de trouver une paroisse avec une messe. J’y assiste donc. C’est une belle église construite sur le model des viham, les temples bouddhistes. Simple, elle est cependant très belle et le chemin de croix est une fresque en bas-relief continu sur le modèle des fresques du Ramayana. Magnifique ! L’église est bondée et des gens suivent la messe depuis le parvis. La célébration est très belle et recueillie comme je l’ai déjà remarqué au Vietnam.
Dès le lendemain matin, je commence mon tour des édifices. Tout d’abord, le Wat Pho, l’un des plus célèbres de la ville. Edifié au XVII° siècle par le roi Rama I°, c’est l’un des plus anciens et plus grands de Bangkok. Splendide ensemble de temples dont le principal abrite le célèbre bouddha couché. 



On y trouve une école de massage et de nombreuses tablettes et fresques sur lesquelles les connaissances en matières médicales ont été gravées ou peintes. Le roi a voulu que le savoir perdure et a fait de ce temple une école de formation qui est encore aujourd’hui reconnue comme telle. Toutes les connaissances scientifiques et littéraires sont conservées là et ce temple est devenu une véritable université. 



Le bouddha couché fait 15 m de haut et 45 m de long entièrement tapissé d’or. 
Ses pieds gigantesques sont joliment incrustés de nacre illustrant les 108 états du bouddha. 



Quatre splendides chédis tapissés de mosaïques colorées renferment les restes des quatre premiers rois de la dynastie.

Les portes des temples incrustés de nacre sont des chefs d’œuvres, 


les murs des temples sont entièrement couverts de peintures relatant le Ramayana.


De l’autre côté du fleuve, le Wat Arun ou temple de l’aube lui fait face. Tout aussi richement décoré, son chédi central est entièrement couvert de céramique blanche aux décors floraux.
Par le réseau de bateaux assurant les navettes sur le fleuve, je rejoins le musée des barges royales.






Une splendeur ! Huit barges qui servaient au transport du roi lors de la saison des Kathins lorsqu’il allait offrir aux moines leurs nouvelles robes. Faisant plusieurs dizaines de mètres de long, nécessitant plusieurs dizaines de rameurs, elles sont somptueusement ciselées, sculptées, et richement décorées.

Le deuxième jour, c’est le Wat Phra Kaeo et le Grand Palais qui sont mes destinations. Situés dans la même enceinte puisque l’ensemble a été construit par le roi Rama I° et que le temple  était destiné à abriter le fameux bouddha d’Emeraude. 
Découvert au XV° siècle à Chiang Rai, ce bouddha de jade et non d’émeraude  s’est beaucoup promené dans le nord de la Thaïlande et au Laos avant d’être récupéré par le roi Rama I° qui lui fit construire ce temple. Statuette de 60 cm, il lui a été construit une demeure gigantesque et magnifique.





Constitué de plusieurs édifices aux décors somptueux, il est certainement le monument le plus visité de Thaïlande.




Une foule innombrable envahit les lieux et une véritable police est nécessaire pour gérer les flux. Il est difficile de faire des photos sans avoir une flopée de pingouins qui font les marioles sur les marches des temples ou des chédis. Mais le déplacement vaut le coup et pour bien comprendre et apprécier les lieux, l’audio-guide est indispensable, mais on n’a qu’une heure trente pour le prix de location. Passé ce délai, il faut repayer une heure trente. Il ne faut donc pas chômer.
De toute façon, du palais, magnifique aussi, on ne peut qu’en admirer la façade, avant de ressortir de l’enceinte. Peut-être est-ce parce que le pays est en deuil ?
En effet, dans toutes les villes, tous les édifices publics ou les entreprises sont ornés de bandeaux de deuil et des chapelles sont dressées avec le portrait du roi. Agé et malade, il est décédé en octobre dernier après soixante dix ans de règne. Très adulé par son peuple, celui-ci manifeste son respect et son attachement. Ses funérailles auront lieues en octobre prochain. En attendant, de grands préparatifs ont lieu et des portraits du roi défunt, de la reine et du nouveau roi sont affichés partout.


En bus, je rejoins l’ Ananta Samakhom throne Hall, la salle du trône, un superbe édifice en marbre de carrare renfermant de superbes œuvres des artisans et artistes du pays. En effet, le roi et la reine, très attachés aux arts de la Thaïlande ont créé un organisme ayant pour but de faire perdurer les savoir-faire en matière artistiques. Des œuvres splendides sont présentées dans ce bâtiment : sculptures sur bois, orfèvrerie, tapisseries au fil de soie, etc… On y découvre les richesses des savoir-faire des artisans thaïlandais.






Le troisième jour, je rejoins la maison de Jim Thompson, un américain qui a été officier des services secrets américains durant la deuxième guerre mondiale et qui, s’étant pris d’affection pour ce pays et ses arts, s’est installé à Bangkok après la guerre. Il a récupéré des maisons traditionnelles et les a fait reconstruire sur un terrain en bord d’un klong pour en faire sa demeure qu’il a décorée avec de nombreuses œuvres anciennes achetées dans le pays. Il a eu à cœur de sauvegarder et développer le tissage de la soie thaïlandaise. Il a mystérieusement disparu au cours d’un voyage avec des amis en Birmanie. Ses biens ont été confiés à une fondation qui perdure son œuvre.







Je termine par le musée national où les trésors découverts à Ayutthaya sont exposés ainsi que de superbes œuvres remontant jusqu’au VII° siècle. Plusieurs salles sont en cours de restauration et j’espère qu’ils mettront bien en valeur leurs richesses car si les premières salles sont bien agencées, les dernières sont tristement aménagées et ressemblent plus à des entrepôts.




Le dernier bâtiment renferme les chars royaux qui sont actuellement en restauration en vue des funérailles. A l’image des barges royales, ces chars sont de toute beauté et une armée d’artisans les remettent en état.
C’est par un train couchette que je rejoins de nuit Vientiane où je dois prendre mon avion de retour. Je voyage en première et j’ai pour moi seul un compartiment de deux places très beau, mais la banquette est assez dure comme tous les couchages en Asie.
Fin de ce long périple aux expériences très diverses et variées, riches en enseignements et en rencontres.

Albums photos:

Chiang Mai



Sukhotaï


Ayutthaya


Bangkok