Mexico étant une grande ville chargée d’histoire et donc de monuments, ma première journée a été consacrée à la découverte du centre historique. Ce quartier comprend en particulier le Zocalo, place principale et historique, la cathédrale, l’église paroissiale, el templo Mayor et son musée et les rues rayonnantes avec leurs maisons anciennes . La deuxième journée est marquée par ma visite à la Virgen de Guadaluppe et à un petit tour dans le parc de Chapultepec. Le peu que j’ai pu voir donne envie de revenir passer plusieurs jours afin de découvrir toutes les richesses qui parsèment la ville. Ce sera peut-être l’occasion d’un autre voyage, on ne sait jamais.
Avant de décrire plus avant mes visites, quelques remarques générales me viennent à l’esprit.
- Dans mon guide, il est mentionné que la ville s’enfonce peu à peu. Mexico étant construite sur un lac partiellement asséché, le sol n’est pas stable. Cela se remarque très nettement car on voit les bâtiments pencher ou s’affaisser. C’est tellement remarquable que l’on a l’impression d’être saoul et que tout bascule. Les différences de niveau ne se comptent pas en millimètres comme en France, mais en dizaines de centimètres voir en mètres. Je me demande quand même parfois s’ils ne considèrent pas le fil à plomb et le niveau comme des accessoires superflus. A Saltillo, au Ranchito, une église est en construction; les piliers ne sont ni très droits ni bien verticaux.
- Les Mexicains sont très expressifs, exubérants, accueillants. Cela bouscule un peu nos habitudes. Et comme on nous rappelle sans arrêt d’être prudents, de se méfier des voleurs, de se méfier quand on est abordé, il est difficile de savoir à qui faire confiance et quelle attitude avoir.
- La Vierge de Guadalupe et le Christ font l’objet d’une dévotion très forte de la part de pratiquement tous les mexicains et il est difficile de comprendre comment avec une telle dévotion il peut y avoir tant de violence, de corruption, de vols. Même les narcos qui commettent enlèvements et assassinats ont une dévotion pour la Vierge et le Christ.
Je suis hébergé dans un hôtel quatre étoiles, l’hôtel Ambassador. Très bien situé puisqu’il est très proche du « centro historico », cela m’a permis de me déplacer à pied. Mais il ne faut pas trop gratter le vernis des étoiles car on découvre vite quelques imperfections bien amusantes qui sont à l’image que j’ai du Mexique depuis mon arrivée. Pour commencer, la porte de la chambre n’est pas posée d’équerre, on se croirait dans Astérix et Cléopâtre : côté paumelles, le jour sous la porte est de 10 mm, ce qui est normal, côté serrure il est de 30 mm: le sol se dérobe. D’ailleurs, d’un bout de la chambre à l’autre, il y a 15 cm au moins de différence de niveau. De plus, un imposte de fenêtre est ouvert et il est impossible de le fermer, il n’y a ni charnière ni système de fermeture. Ce qui est dommage c’est qu’étant côté cour on n’a pas le bruit de la rue, mais on a le bruit des gros climatiseurs ! Enfin, côté électricité, c’est aussi tout un poème. Il n’y a pas de prise côté lit, donc pas de lampe de chevet, ni d’interrupteur pour le plafonnier. Il faut donc éteindre à l’entrée de la chambre et venir se coucher à tâtons sauf si l’on a comme moi une lampe frontale ! De plus il n’y a qu’une prise de courant qui fonctionne dans la chambre : celle de la télé, derrière le meuble TV. Pour brancher l’ordinateur ce n’est pas le top ! Sinon, à part çà, c’est bien propre, rien à redire là-dessus.
Samedi matin, donc après avoir réservé mon avion pour San Cristobal, j’ai pris le chemin du « centro historico ». Passant devant le Palacio Bellas Artes, j’y entre pour jeter un œil. C’est un ensemble magnifique tout en marbre blanc à l’extérieur et marron/ bordeau à l’intérieur. Très grandiose style début du siècle. Il y avait une exposition de peintures du Greco. Vue la queue et l’entrée au compte goutte, j’ai estimé l’attente à plus d’une heure : j’y reviendrai peut-être en fin de journée, sur le chemin du retour. Continuant mon chemin, je visite l’église St François d’Assise richement décorée, en particulier par de grands tableaux racontant la vie de St François. Les églises mexicaines sont très richement décorées, voire surchargées. Les Christs sont souvent représentés très sanguinolents et avec une perruque de vrais cheveux. Ce qui m’a surpris aussi, c’est que le Saint Sacrement est très souvent exposé en permanence avec ou sans équipes de prière.
La rue Madero que je suis est bordée d’immeubles anciens mais qui demandent à être sérieusement rafraîchis. Dans cette rue, les joaillers se succèdent et de nombreuses galeries marchandes sont spécialisées dans la bijouterie en or et argent. Pour un pays pauvre, c’est phénoménale le nombre de bijouteries que j’ai vu. Il y a de beaux bijoux, mais comme toujours, des Vierges et Christ côtoient des « saintes mort », squelettes avec auréoles et ornements, des scorpions, etc… . Dans chaque galerie un policier monte la garde. Je n’ai jamais vu autant de policier qu’à Mexico. Il y en a partout, à tous les coins de rue, devant les banques, les bijouteries, les églises, les monuments, dans toutes les stations de métro, partout…..
Au bout de cette rue, il y a la place du Zocalo. Zocalo signifie socle, soubassement. Le Général Santa Anna a fait poser un socle au centre de la place pour y dresser un monument à l’indépendance. Ce monument n’a jamais été réalisé, ce qui a donné ce nom à cette place et par analogie, toutes les places principales des villes du Mexique s’appellent Zocalo. Un immense mât a été dressé à la place et un gigantesque drapeau mexicain est monté chaque matin.
Au nord de la place se dresse la cathédrale metropolitana, édifice monumental à cinq nefs curieusement partagé. Les deux nefs extérieures sont partagées en petites chapelles richement décorées, consacrées soit à des saints, soit à la Vierge ou au Christ, voire consacrées à deux ou plusieurs patronages. Elles sont fermées par de grandes grilles de bois. Le portail de la nef centrale s’ouvre directement sur l’autel du pardon où un Christ noir est exposé. La légende dit qu’il serait devenu noir rapidement en absorbant un poison qui aurait été versé sur ses pieds pour assassiner un prêtre qui devait les baiser. Derrière l’autel du pardon, au centre de la cathédrale, faisant face à l’autel principal qui est au fond de la cathédrale, il y a un magnifique chœur en bois sculpté. Plus loin, la sacristie est richement décorée de tableaux et d’ornements. Quand on fait le tour de la cathédrale par les deux nefs intermédiaires, on remarque le devers de la cathédrale. Côté porches d’entrée elle penche à gauche, côté autel principal, elle penche à droite. Le sol est penché de partout. Ce n’est pas une illusion d’optique, d’ailleurs, au centre de la cathédrale, il y a un fil à plomb dont le poids fait près d’un mètres de haut. Il est suspendu au centre de la voute et le plomb est déporté de près d’un mètre par rapport à l’axe de la cathédrale. Juxtaposée à la Cathédrale, le Sagrario Metropolitano, bâti pour abriter archives et vêtements sacerdotaux est devenue église paroissiale. Comme la cathédrale, elle penche, mais pas dans le même sens !
A la sortie de ces églises, je trouve une foule de familles avec des bébés ou jeunes enfants habillés de blanc. Je me renseigne auprès d’un policier qui m’explique que c’est pour le baptême et devant mon étonnement, il m’explique la signification communautaire du baptême au Mexique.
En me dirigeant vers El Templo Mayor, je traverse une partie de la place qui est envahie par des stands de ventes d’articles indiens, mayas, astèques… Il ya de jolies choses, et on se laisserait vite tenter. Il y a aussi plusieurs groupes de d’indiens qui dansent en costumes rituels. Ces costumes sont magnifiques, avec forces plumes et couleurs. Durant l’après-midi, il y aura plusieurs averses, mais cela ne les empêchera pas de continuer, pieds nus bien souvent et peu couverts. Une foule de badaux les regardent. Des « chamanes » officient aussi, soufflant de la fumée d’herbes aromatiques autour de leur « patients » et marmonnant des prières.
Au coin Nord Est du Zocalo, près de la Cathédrale, au siècle dernier, el Templo Mayor a été mis au jour. Depuis plusieurs années, des travaux ont été entrepris pour dégager au maximum ces ruines.
C’est un temple Maya datant du 14° siècle et antérieur qui a été détruit par les conquistadores espagnols. En fait, c’est un ensemble de plusieurs temples superposés. Pour asseoir le rayonnement de la ville sur « l’univers », les mayas construisaient un temple plus grand que le précédent en le construisant par-dessus le précédent. Les soubassements de tous les temples sont dégagés. De nombreux visiteurs défilent sur ces ruines sur lequel un circuit a été aménagé avec panneaux explicatifs. La fin de la visite passe par le musée du Templo Mayor. Cette visite est fort intéressante et permet de mieux voir quel était ce peuple. C’était à la fois une civilisation très développée, très en avance dans plusieurs domaines, cultivée, en harmonie avec la nature et une civilisation sanguinaire et guerrière. En fait les guerres avaient pour but de faire des prisonniers afin de les sacrifier aux dieux.
Beaucoup de Mexicains viennent visiter ce site. Ce qui m’a surpris, c’est que la plupart des jeunes prennent des notes. Ils recopient presque tous les panneaux d’information et quand il y a un guide, ils posent beaucoup de questions et notent les réponses. Ce doit être intéressant pour un guide d’avoir un tel public. J’ai remarqué aussi que les guides étaient fort intéressants, très souvent passionnés, apportant beaucoup d’informations et de détails.
Après le musée, je suis allé voir les fameuses fresques du peintre Diego Riviera qui ornent les murs de l’escalier et de la galerie du premier étage du Palacio Nacional. Ces fresques sont magnifiques et racontent la vie avant l’arrivée des espagnols, la colonisation et la révolution. Soit dit en passant, les mexicains sont TRES fiers de leur pays et le drapeau flotte partout, même sur les voitures.
Puis en traînant un peu, en faisant un nouveau tour à la cathédrale parce que je n’avais pas tout vu, une messe étant célébrée, je me dirige vers mon hôtel. En passant vers le Palacio Bellas Artes, j’avise quatre policiers mexicains à cheval et en costume traditionnel. Je fais donc bien sûr quelques photos. Je suis alors abordé par un homme qui me propose de me prendre en photo avec les cavaliers. Méfiant, compte tenu de tous les avertissements qui nous sont dispensés, je décline mais ne refuse pas la conversation. En fait, il s’agit d’un sergent de l’armée mexicaine en permission à Mexico. Nous avons bien sympathisé et avons bavardé un bon moment ensemble, puis nous sommes allés boire une bière. Nous nous sommes séparés deux bonnes heures plus tard. Il me laisse son adresse internet en me proposant de me servir de guide si je reviens au Mexique.
J’ai constaté que je faisais des progrès en espagnol. Ce n’est pas le top, loin de là, mais je comprends mieux et me fais mieux comprendre. Je comprends mieux ici qu’à Saltillo car là-bas ils mangent les mots et parlent vite.
Dimanche matin, après avoir réglé le vol en avion, je me suis dirigé vers la basilique de Guadalupe. Comme c’est le marathon de Mexico et qu’il passe dans le quartier, toutes les rues sont coupées donc pas de bus ni de taxi. Je prends donc le métro. C’est presque le même qu’à Paris ! Les mêmes wagons, les mêmes échelles de secours, les même tirettes d’alarme, etc…. Pas étonnant, c’est la CNCF de Mexico qui l’a construit avec l’assistance technique d’Alsthom . Dans le métro, il y a des vendeurs à la criée partout. Il y en a même qui montent dans les wagons et font leur boniment entre deux stations : vente de boissons, de CD (le vendeur porte un lecteur avec son enceinte dans le dos), de DVD de films (idem que pour les CD), de shwingum, de confiseries, etc….
Le site de la Villa de Guadalupe est très grand et comprend plusieurs basiliques ou églises. En arrivant, je me dirige vers la nouvelle basilique. Elle est moderne, immense, elle peut accueillir plus de 40 000 personnes. Une messe y est célébrée toutes les heures et la basilique est pleine. En même temps, dans les tribunes, il y a des petites chapelles où des messes peuvent être célébrées en même temps. J’ai donc pu assister à une messe, et pendant la célébration, très recueillie, un groupe de pèlerins est arrivé en chantant pour venir honorer la tunique de Juan Diego sur laquelle l’image de la Vierge s’est imprimée. Cette tunique est dans un cadre au-dessus du grand autel, mais elle peut être vénérée d’une « crypte » qui est derrière et en-dessous de l’autel. Les pèlerins y défilent, mais pour qu’ils ne bloquent pas le passage, il y a quatre tapis roulants et il est interdit de faire marche arrière ! On a droit à environ une minute de vénération ! Au moins çà dégage ! Heureusement car avec les mexicains, on ne pourrait jamais y accéder ! Il y en a qui squatteraient la crypte.
Autour du site, il y a des marchés avec de nombreux stands d’articles religieux. Sur le site, il y des magasins ou des stands avec la même chose. C’est curieux de voir les manifestations de foi des mexicains. Je disais qu’ils étaient exubérants, cela se manifeste de diverses façons. Certains arrivent à genoux depuis l’extérieur du site, soit plus de 300m sur les genoux! Beaucoup achètent de grands Christ en croix ou en majesté, ou des vierges, ou des cadres, images, etc….. assistent à la messe avec ces articles dans les bras, défilent devant la tunique, puis vont les faire bénir derrière la basilique où un diacre est missionné pour officier à tour de bras…. Sur le chemin qui accède à la chapelle de l’apparition, au sommet du mont, il y a de nombreux photographes qui proposent des photos avec comme cadre : la Vierge, le Christ, le pape Jean-Paul II, un bourricot postiche ou un petit cheval, un sombrero , etc…. très kitch ! Mais çà marche car ils font leur beurre. Et j’en passe….
Après la messe, j’ai fait le tour du site en commençant par la basilique ancienne. Là j’ai eu vraiment le sentiment d’être ivre ! La basilique s’enfonçant, le sol n’est pas plat, çà monte, çà descend, les piliers ne sont pas verticaux ni parallèles, le maître autel tombe à la renverse, etc …. Il y a plus d’un mètre de différence de niveau entre l’entrée et le point le plus haut de l’église, points qui auraient dus être au même niveau. On se demande comment çà tient ! Puis visite du musée et des autres parties du site avec toujours la même vision de bascule.
En repartant, je traverse le marché où tout est à vendre, vêtements, fruits, légumes, bondieuseries, CD ou DVD, etc….. curieux et amusant ! Je reprends le métro pour le parc de Chapultepec. Je voulais visiter le Castillo de Chapultepec, mais la queue est immense, il faut laisser son sac (dans lequel j’ai l’ordinateur !) et il faut monter une longue côte. J’y renonce et vais me promener dans le parc de Chapultepec, lieu de promenade des Mexicains le dimanche. Pareil, les allées sont envahies de stands ou tout est à vendre, les statues ou images de la Vierge et du Christ côtoient des masques de carnaval, les barbes à papa, les stands de nourritures diverses et mexicaines de toutes les couleurs…. Je fais un tour au parc botanique. J’y vois quelques plantes intéressantes, mais cela ne vaut pas les parcs français. C’est le Mexique ! Ce n’est pas fini, c’est quelque peu à l’abandon.
Enfin, je retourne à l’hôtel pour récupérer mon sac et prendre un taxi pour l’aéroport. Là, pendant mon attente je lie conversation avec un jeune prêtre, légionnaire du Christ, très sympathique. Il me laisse son adresse internet en m’invitant à revenir au Mexique et à venir en particulier à Vera Cruz….
Un point de chute en plus !
On arrive à Tuxtla Guttierez vers 21h10. Comme San Cristobal est à plus de 80 Km, pour louer un taxi je fais équipe avec un professeur de relations internationales d’origine cubaine. Voyage sympathique et amusant. Nous prenons « l’auto pista » une soi-disant autoroute qui est en fait une voie rapide avec double bande blanche centrale. Mais cela ne dérange pas les mexicains. Ils roulent soit sur la voie normale, soit sur la voie d’arrêt d’urgence, soit à cheval et quand ils veulent doubler ils doublent ! Si quelqu’un arrive en face, il n’a qu’à rouler sur la voie d’arrêt d’urgence ! Mais si çà double des deux côtés ? …. La question ne s’est pas posée. Ce sera au plus rapide à réagir, je pense.
J’arrive enfin à bon port à l’hôtel Na Bolom qui est en fait un musée qui fait aussi hôtel. C’était la demeure d’un couple Suisse et Danois Gertrude et Frans Bolom, anthropologues passionnés par les peuples indigènes. Cet hôtel a un cachet particulier sympathique et original. Ma première chambre était assez rustique, il n’y avait pas d’eau chaude ! Pour la douche ce n’est pas génial ! Aussi quand j’en ai fait la remarque ce matin, ils m’ont changé de chambre. La nouvelle chambre est bien plus belle avec des décorations, des bibelots et une cheminée où ce soir j’ai fait un bon feu car il fait assez frais.
Arrivé de bonne heure, j’ai pu diner à l’hôtel. J’ai dîné avec un argentin très sympathique style baba cool, cheveux et barbe longue, un peu une figure de Christ style orthodoxe. Il est là pour aider un anthropologue à étudier et écrire un livre sur les tissus indigènes.
La prochaine fois, je raconterai ma journée d’aujourd’hui.
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3 commentaires:
Merci c'est une exploration tres vivante
Nicolas
Nous sommes entraînés dans ton sillage...merci d'être nos yeux. A quand la suite...
Bravo, non pour ce carnet de voyage, mais pour ce livre, c'est très intéressant, merci de continuer ainsi à nous faire voyager ... à l'oeil...qui lit...!
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